Chroniques de souveraineté numérique III : garder le contrôle de la description de notre territoire

L’l’Institut national de l’information géographique et forestière (IGN) français, vient de publier une nouvelle app cartographique présentant une foule d’information sur le territoire et les activités qui s’y déroulent. C’est un pas important pour restaurer la souveraineté numérique en matière de cartographie, en rendant au service public le pouvoir de choisir comment il décrit son territoire. Selon les mots de son directeur Sébastien Soriano supra franceinfo, « On ne peut pas laisser des grands acteurs [sous-entendu : les GAFAM] capturer notre manière de nous représenter notre propre territoire ».

Comme je le développe dans mon récent livre « Pour une souveraineté numérique », la cartographie est un élément essentiel de la souveraineté.

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Mon bilan de législature (1) : l’eau potable

J’ai la chance d’être en charge de la ressource liquide la plus consommée, même dans la commune qui a la plus grande surface viticole du canton ;), l’eau potable.

Voici notamment ce que j’ai réalisé au cours de la législature 2016-2021:


Un réseau d’eau performant et économe. Bourg-en-Lavaux a la chance d’être presque autonome en eau potable (en temps normal, nous ne devons qu’acheter un peu d’eau à la Ville de Lausanne et à nos voisines de l’Association intercommunale des eaux du Jorat). Pour cela, il faut un réseau régulièrement entretenu et amélioré. Avec le soutien du Conseil communal, la municipalité a acquis un système moderne de détection précoce des fuites, le « Lorno » (photo). Bourg-en-Lavaux fera des économies d’eau… et de travaux de génie civil (parce qu’une fuite détectée trop tard peut grandir, grandir et finir par causer d’énormes dégâts à la route qui se trouve au-dessus de la conduite endommagée !).

L’antenne du Lorno, un système qui « écoute » les fuites…


Une facturation équitable et transparente. Lors de la précédente législature, la municipalité avait, sans base légale et dans des conditions douteuses, accordé des rabais sur leur facture d’eau à certains propriétaires de la commune. J’ai mis immédiatement fin à ces pratiques. Pour en savoir plus…


Chlorothalonil : crise gérée. Comme beaucoup d’autres communes, Bourg-en-Lavaux est concernée par la pollution au chlorothalonil. Alors que les habitant-e-s et les autorités d’autres communes ont appris le problème par la presse, la municipalité a réagi vite, bien, et en toute transparence. Désormais, notre eau respecte les normes en vigueur et la population a reçu des informations régulières. Il convient de saluer ici la réactivité et le professionnalisme du Service des eaux de la Commune.

Privatisation du passeport électronique : une attaque contre l’autonomie communale et une discrimination numérique

Attester d’une identité et émettre des documents d’identité comme des passeports est une tâche importante des cantons et des communes. La révolution numérique nécessite que cela soit désormais possible en ligne. Mais, au lieu d’écouter les nombreux cantons et communes qui étaient prêts à développer une identité électronique (eID), le Parlement fédéral imposé sa privatisation. Si la loi sur les services d’identification électronique est acceptée le 7 mars prochain, ce sont de grandes entreprises comme des assurances, des caisses-maladies ou des banques qui pourront émettre un identifiant électronique pour attester de l’identité des citoyens et des résidents suisses. Ces entreprises privées auront donc le droit d’émettre de véritables passeports numériques. Cette privatisation est aussi une atteinte à l’autonomie communale.

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Dépolitisons !

Mardi, le PLR vaudois présentait ses propositions pour « externaliser et autonomiser » le CHUV. En plus de l’habituel jargon un peu fourre-tout prônant une « gouvernance moderne et efficiente », un mot a attiré mon attention : le CHUV doit être « dépolitisé ». Le principal parti de droite du canton, où la composante radicale a jadis régné sans partage, juge le principal hôpital vaudois trop « politisé ». Parce qu’il est sous la tutelle du Conseil d’Etat, un organe éminemment « politique ». Et qui a – c’est probablement son principal défaut du point de vue libéral-radical – le tort d’avoir une majorité de gauche. Et d’avoir confié les rênes de la politique de la santé à un socialiste (Pierre-Yves Maillard). Continuer la lecture

Quand la dérégulation, l’austérité et la « lutte contre la bureaucratie » favorisent la captation des biens publics

Cela pourrait être une énième, et malheureusement désormais banale, histoire d’une multinationale qui s’accapare presque gratuitement des ressources naturelles, assèche les réserves destinées à la population locale et en tire d’énorme bénéfices. Mais c’est aussi un exemple assez frappant des effets de la dérégulation néolibérale à l’œuvre dans de nombreux pays, y compris en Suisse. Cette frénésie de désengagement de l’Etat est si peu populaire que ses promoteurs la camouflent souvent en « lutte contre la bureaucratie ». Car la « bureaucratie », personne n’aime ça. Pourtant, derrière cette « bureaucratie » tant honnie par les ultralibéraux il y a des règles d’intérêt public qui protègent la population… et empêchent que l’on fasse des profits sur son dos. Une variante consiste à exiger des coupes budgétaires pour pouvoir « baisser les impôts dans l’intérêt des contribuables (aisés) ». Les impôts, ce n’est pas très populaire non plus. Mais cela sert notamment à faire appliquer les règles d’intérêt public.

En juillet dernier, « Le Monde » a raconté l’histoire d’une source que possède Nestlé dans la région de San Bernardino en Californie. L’article (« En Californie, les bouteilles amères de Nestlé ») n’est disponible que pour les abonnés, mais je le résume ici. Continuer la lecture

Vive les journaux gratuits!

Les récents débats sur «No billag» ont permis d’aborder la question de la valeur de l’information… et le fait qu’une information de qualité n’est jamais gratuite. Pourtant, lors de la campagne, bon nombre des partisans de l’initiative arguaient qu’un service public médiatique n’était « pas nécessaire pour s’informer correctement, en raison de l’existence des journaux gratuits ». C’est vrai, quoi, pourquoi payer une redevance si l’info est disponible gratuitement et facilement dans toutes les gares et sur internet? Eh bien, voici un exemple de la qualité des journaux gratuits… et de l’impact de leur modèle d’affaire (financement par la publicité) sur leur contenu et leur ligne éditoriale.

Récemment, la Coop a ouvert un nouveau supermarché à Lutry. Le jour même, « le Régional », hebdomadaire gratuit de l’Est vaudois, se fend d’une pleine page de louanges dithyrambiques pour ce nouveau centre commercial : varié, pratique, écologique, frais, local et j’en passe. Il y a tant de qualificatifs élogieux que le lecteur finit par se demander pourquoi il ne se précipite pas séance tenante à la Coop « Petite Corniche » pour profiter de ses vins régionaux, de ses fleurs parfumées, de son poulet rôti et de son pain frais et, on le devine, croustillant à souhait.

Bon, OK, cette Coop n’est pas mal, mais ça reste une Coop. Pas besoin d’en rajouter. Surtout que ce nouveau supermarché risque de rendre la vie encore plus difficile aux petits commerçants locaux.

Mais l’explication de ce torrents de louanges se trouve… juste à la page précédente. En effet, on peut y trouver une pleine page de pub payée plusieurs milliers de francs… par le nouveau centre commercial « Petite Corniche ». Ceci explique cela. En revanche, pour une information utile et objective, il faudra repasser, car servir la soupe aux généreux annonceurs est plus important.

le-regional-et-la-nouvelle-coop

Créer des pauvres pour lutter contre la pauvreté ?

Lors des discussions à propos des nouvelles lignes de bus longue distance destinées à concurrencer les CFF à des conditions de qui relèvent de la sous-enchère, un argument m’a particulièrement frappé : « des transports à bas prix, c’est bon pour les pauvres, qui pourront enfin se déplacer sans se ruiner en billets de train ». L’argument est même venu d’une ancienne collègue syndicaliste, qui négociait avec les grandes enseignes du commerce de détails connues pour leurs très bas salaires, et à qui il ne serait jamais venu à l’idée (en tout cas à l’époque) de revendiquer des baisses de salaire pour le personnel des grandes surfaces, au motif que cela permettrait de « baisser les prix et rendrait donc service aux pauvres ». C’est vrai qu’à première vue, l’argument peut sembler pertinent. Il est vrai que le prix des transports publics est trop cher pour certains. D’aucun peuvent donc en tirer la conclusion qu’il faut le baisser en privilégiant les offres à bas coûts, quitte à pour cela générer une concurrence sauvage dont les autres prestataires de service public feront les frais. Mais cette argumentation – outre le fait qu’elle vient souvent de personnes qui se soucient comme d’une guigne des pauvres et de leur sort – est bancale pour deux raisons. Continuer la lecture

No billag = no switzerland !

Une poignée d’ultralibéraux allergiques à la solidarité confédérale veut supprimer la redevance billag et avec elle la SSR et toutes les radios-TV locales et régionales. Leur initiative « no billag » (qui n’a même pas de titre dans une langue nationale) causerait un tort considérable à la Suisse. Continuer la lecture

Le « mobility pricing » exige des travailleurs une flexibilité qu’ils n’ont pas

Le Conseil fédéral souhaite instaurer une tarification de la mobilité, ou « mobility pricing » en franglais dans le texte. Concrètement, celui qui utilise les transports publics ou circule aux heures de pointes paie plus cher que celui qui peut se permettre de se déplace pendant les heures creuses. L’objectif ? Mieux répartir les usagers sur l’entier de la journée et éviter tant les bouchons routiers que la surcharge des transports publics. Cela part d’une bonne intention, mais, sans refonte du droit du travail, cette idée risque bien de se transformer en poison pour les travailleurs. Continuer la lecture