L’initiative prétendument « en faveur » du service public veut interdire aux entreprises du service public de viser un but lucratif. Cela part d’une bonne intention, mais enfonce aussi des portes ouvertes en ce qui concerne les CFF, qui réinvestissent déjà tous leurs bénéfices et ne distribuent pas de dividende. Mais, concrètement, cela pourrait surtout avoir des conséquences importantes sur les finances publiques en provoquant des baisses importantes de recettes et des dépenses extraordinaires colossales. Continuer la lecture
Archives de catégorie : service public
L’initiative sur le service public ne baissera pas les salaires que l’on croit
L’initiative prétendument « en faveur du service public » contient un point intéressant (même s’il ne justifie en aucun cas que l’on accepte cette initiative trompeuse) : la limitation des salaires des employés des entreprises publiques. Le texte de l’initiative dit : « La Confédération veille à ce que les salaires et les honoraires versés aux collaborateurs de ces entreprises ne soient pas supérieurs à ceux versés aux collaborateurs de l’administration fédérale. ». Le but est d’éviter que les dirigeants de swisscom, de la Poste ou des CFF ne gagnent plus qu’un conseiller fédéral. Cela part d’une bonne intention, car il n’y a pas de raison valables, d’une part pour que ces salaires soient si élevés (1,8 million pour le directeur de swisscom, environ 1 million pour les dirigeants des CFF et de la Poste) et d’autre part pour que ces gens gagnent autant qu’un membre du gouvernement fédéral devant assumer des responsabilités bien plus importantes. Mais cette disposition, mis à part le fait qu’elle ne prévoit pas qu’un dirigeant d’entreprise publique gagne moins qu’un conseiller fédéral, pourrait avoir des effets pervers, qui justifient encore plus que l’on vote non. Continuer la lecture
Détruire la cohésion nationale ? C’est non !
Sans service public, il n’y aurait pas de Suisse. Il assure en effet la cohésion nationale en garantissant que les prestations d’intérêt public soient fournies à des conditions avantageuses sur l’ensemble du territoire. Sans service public, sans entreprises publiques dotées d’un monopole, seuls les centres urbains bénéficieraient de ces prestations, car, ailleurs, elles ne seraient tout simplement pas rentables. Continuer la lecture
« Pro service public » : non à l’arnaque publicitaire !
Le service public est un élément déterminant du succès du modèle suisse, de la cohésion nationale et de la redistribution des richesses. Mais alors, pourquoi refuser une initiative intituée « en faveur du service public » ? Parce qu’elle a tout de la publicité mensongère. Elle n’est en effet rien d’autre qu’un coup marketing des magazines « K-Tipp » et « Bon à savoir », qui ont abusé des droits populaires attirer l’attention. En outre, comme toute publicité, elle a l’air très attrayante. Mais c’est ce qui la rend mensongère, car, malgré son nom, elle n’a rien de favorable au service public. Le Parlement ne s’est d’ailleurs pas laissé arnaquer : c’est à l’unanimité qu’il recommande le rejet de l’initiative. Continuer la lecture
Quand le libre-échange tue service public et démocratie
De nouveaux traités de libre-échange sont négociés en grand secret. Ils ont pour nom TISA/ACS, TTIP/TAFTA, TPP ou encore CETA. Leurs promoteurs se contentent de dire qu’ils « favoriseront le commerce international ». Mais, pour le reste, ils taisent leur contenu exact. Ce qui n’est pas étonnant. Les versions fuitées de ces accords révèlent en effet qu’ils pourraient avoir des conséquences désastreuses sur le service public, sur le droit du travail, sur la protection de la santé et de l’environnement, sur l’agriculture, mais aussi sur la démocratie elle-même. Continuer la lecture
Révision de la LRTV : Oui à la cohésion nationale, oui au service public !
Dans un petit pays multilingue à forte diversité culturelle comme la Suisse, il est indispensable de pouvoir compter sur des médias de service public forts. Sans médias de service public, il n’y aurait en effet pas de marché suffisant pour des chaînes régionales ou locales en Suisse romande, ni d’ailleurs pour des chaînes italophones ou de langue romanche. En Suisse romande, nous n’aurions qu’à nous contenter des médias audiovisuels français. Et même en Suisse alémanique, les chaînes allemandes seraient probablement la seule offre (ce n’est d’ailleurs pas étonnant que l’adversaire la plus violente du service public est une de mes collègues UDC/ZH qui travaille… pour une agence qui vend des fenêtres publicitaires aux chaînes de TV allemandes).
Par ailleurs, des médias de service publics sont capitaux pour le bon fonctionnement d’une démocratie comme la nôtre. Continuer la lecture
La démocratie de demain passera par la neutralité du Net
La décision de l’autorité de régulation des télécommunications aux USA sur la neutralité du Net est historique et ne manquera pas, espérons-le, d’avoir un impact en Suisse, où le Conseil des Etats doit bientôt se prononcer sur une motion déjà adoptée par le Conseil national. Mais qu’est-ce qui se cache derrière ce sabir technique que sont les termes « neutralité du Net » ? Rien de moins qu’un Internet libre, démocratique et innovant. Continuer la lecture
Les nouveaux accords de libre-échange menacent le « modèle suisse »
Le succès du « modèle suisse » de cohésion sociale repose notamment sur la qualité du service public, sur la force de notre démocratie et sur une politique économique qui – certes imparfaitement – redistribue les richesses et privilégie la demande, en particulier le pouvoir d’achat. Ce n’est certainement pas un hasard si un pays dont tous les services essentiels (santé, éducation, eau, énergie, transports, etc.) sont en mains publiques est en si bonne santé. Le service public joue un rôle déterminant en matière de cohésion nationale et de redistribution des richesses : il garantit que les prestations nécessaires soient disponibles dans tous le pays à un coût abordable, tandis que les bénéfices des entreprises publiques reviennent aux contribuables.
Or, ces avantages sont menacés par de nouveaux accords de libre-échange qui visent à imposer le primat du marché à de larges pans du service public, tout en restreignant l’usage des droits démocratiques. La Suisse n’est pas partie aux négociations de tous ces accords (la plupart ne concerne formellement que les USA, le Canada et l’UE), mais pourrait se voir forcée de les appliquer, notamment par le biais du « Cassis de Dijon ». Continuer la lecture
Discours du 1er août 2014, Cully
Mesdames et Messieurs les représentants des autorités en vos titres et fonctions,
Chères concitoyennes, chers concitoyens,
Chers habitantes et habitants de Bourg-en-Lavaux et d’ailleurs,
Chers amies et amis de la Suisse,
Il n’y a pas meilleure occasion que la fête nationale pour célébrer nos points forts. C’est l’occasion de réfléchir à comment les améliorer, mais aussi comment les défendre contre ceux qui souhaiteraient les affaiblir au mépris de l’intérêt général.
Parmi les avantages incontestés de la Suisse, il y a le service public. Nous avons la chance de pouvoir compter sur de nombreuses entreprises publiques fiables, efficaces, présentes sur la totalité du territoire et qui appartiennent aux citoyennes et aux citoyens. Chaque jour, elles contredisent le mythe qui voudrait que le secteur public soit systématiquement trop cher, éloigné des besoins des usagers et incapable d’innover.
Plusieurs de ces entreprises ont démontré qu’au contraire, même s’il peut et doit toujours être amélioré, le secteur public suisse est capable d’offrir à la population le meilleur service au meilleur prix.
Prenons l’exemple de la SUVA, notre caisse nationale d’assurance-accident. Cette institution publique est bien gérée. Elle est meilleure marché et plus efficace que ses concurrentes. Elle génère moins de frais administratifs que les assureurs privés. Ses prestations, en particulier le remboursement par tiers payant, sont incontestablement meilleures. Elle n’a pas besoin de pléthore d’administrateurs et de directeurs exigeant des bonus mirobolants. Elle n’arrose pas les partis de dons opaques, ni ne gratifie de mandats juteux les élus qui suivraient ses désidératas. Elle peut ainsi dégager beaucoup de moyens pour une prévention efficace, ce qui est dans l’intérêt des assurés.
En matière d’assurance-accident, une caisse publique est indéniablement plus avantageuse. La Suisse peut être fière de son assurance-accident publique.
Prenons aussi l’exemple vaudois de l’Etablissement Cantonale d’Assurance. L’ECA bénéficie d’un monopole, mais ce monopole ne l’empêche pas d’être une des assurances-incendie les plus performantes et surtout les moins chères de Suisse. Même sans primes excessives, l’ECA peut dégager beaucoup de moyens pour la prévention. En matière d’assurance-incendie aussi, une caisse publique est indéniablement plus avantageuse. Le canton de Vaud peut être fier de son assurance-incendie publique.
Le premier août est l’occasion idéale de se rappeler la chance que nous avons de pouvoir compter sur ces institutions publiques. Si elles sont aussi efficaces et bon marché, c’est parce qu’elles ne recherchent pas le profit à tout prix et mettent l’intérêt de leurs assurés en première priorité et non celui de leurs dirigeants ou de leurs actionnaires.
Ces institutions sont soumises au contrôle démocratique : si une poignée d’idéologues plus intéressés par le cours de la bourse que par la qualité du service tentaient de les privatiser, nous pourrions l’empêcher par référendum. De nombreux pays nous envient d’avoir pu stopper la privatisation de notre énergie, de nos banques cantonales, de nos sources d’eau potable. Peut-être devrons-nous bientôt empêcher la privatisation de nos lignes régionales de chemin de fer ou de nos hôpitaux. Mais je fais confiance au génie suisse : en matière de service public, lorsqu’il doit choisir entre qualité des prestations et course au profit, le peuple privilégie systématiquement la défense du service public. Nous avons toutes et tous le devoir de veiller à ce qu’il en soit ainsi à l’avenir.
Merci de votre attention, très bonne soirée et vive le premier août !
Privatisations: le grand retour
Les années 90 ont vu le triomphe du néolibéralisme et la défaite de l’intérêt général. La plupart des gouvernements ont privatisé à tour de bras. Partout, la population a subit baisse des prestations et hausse des tarifs. Les employés des services publics ont vu leurs conditions de travail se dégrader et leur pouvoir d’achat baisser, quand ils n’ont pas purement et simplement dû aller timbrer au chômage. Et, partout, les seuls bénéficiaires ont été les investisseurs privés, dont les affaires ont été d’autant plus juteuses que l’adage «privatisation des bénéfices, socialisation des pertes» a été rigoureusement appliqué: à chaque fois qu’un service privatisé a été en difficulté, l’Etat et les contribuables n’ont pas tardé à voler à son secours.
Cette vague a fait des ravages partout… sauf en Suisse. Continuer la lecture