Les bonnes excuses d’Ueli

Ueli a une belle armée. Enfin, une armée dont il voudrait qu’elle soit belle. Bref, euhm, une armée, quoi. Malheureusement, il n’a pas de sous pour acheter du nouveau matos pour son armée. Mais Ueli est un petit malin et il a toujours une bonne raison prête à l’emploi :
«On a besoin de nouveaux avions pour chasser les Roms.»
«On a besoin d’acheter des avions au pote de Sarkozy, comme ça, Sarkozy sera sympa avec nous et sa femme, elle est drôlement chouette. Et pis, être copain avec le roi de la francophonie, ça peut toujours servir.»
«Le vieux système informatique a planté, il en faut un nouveau.»
«Le nouveau système informatique (celui qu’on avait acheté pour remplacer le vieux) a planté, il en faut un autre.»
«Mon parti veut qu’il y ait un soldat en armes planqué derrière chaque sapin. Et pis, des sapins, y’en a quand même beaucoup par chez nous.»
«Mes consultants me disent qu’il faut acheter des tas de trucs. Mais qu’il faut aussi payer leurs honoraires d’abord.»
« On doit se débarrasser de toute une série de bunkers un peu chérots à entretenir, mais pour ça, il faut se payer un agent immobilier (c’est un consultant qui me l’a dit).»
«On doit se débarrasser de tout un tas de matos dont on a plus besoin, c’est bien la preuve qu’on doit racheter des trucs utiles.»
Et, quand toutes ces bonnes raisons ne suffisent pas à convaincre les plus récalcitrants, Ueli (qui est un petit malin, ne l’oublions pas) en sort une qui marche à chaque fois :
«On doit acheter de nouveaux tanks, parce qu’on en a bousillé quelques-uns dans un accident de la route.»

Chronique de politique chronique parue dans «Le Tromblon»

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Haras… les mottes

D’un côté, il y a le chef du département fédéral des finances, le libéral-radical Merz, qui, qui n’en est pas à son galop d’essai en matière de coupes budgétaires. Avec le plein soutien du groupe libéral-radical des chambres, tellement engoncé dans ses œillères du «moins d’Etat» qu’exiger une diminution des dépenses publiques est pour ainsi dire devenu le dada. Et qui ne peut donc que piaffer d’impatience à l’annonce du nouveau train de mesures d’économie annoncé par le conseil fédéral (économiser 1,5 milliard alors qu’on fait 2,7 milliard de bénéf’… cherchez la logique).
Et de l’autre, il y a tous les parlementaires libéraux-radicaux de la Broye, qui ne semblent pas se réjouir autant de ces nouvelles mesures d’économie. En effet, dès qu’une d’entre elles, la suppression du haras fédéral d’Avenches, a été rendue publique (de manière plutôt cavalière il est vrai), ils sont montés sur leurs grands chevaux pour défendre, mors aux dents, cette vénérable institution et condamner sa suppression qu’ils jugent «brutale» et «irréfléchie». Quel camp tournera sa bride lors de la prochaine assemblée du PLR?

Chronique de politique chronique parue dans le Tromblon.

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Bärengraben

Ça devait finir par arriver. Occupé à rattraper sa carte naruto qu’un coup de vent a emporté, le petit Kevin Imobersteg est tombé dans la fosse aux ours. L’ours Grunt, récent chouchou du public et amateur de chair fraîche, s’est rué sur lui. Affolé, le Bärenwachtmeister Stämpfli téléphone au Kommandant von Graffenried, chef de la police municipale.

– Chef, z’est horribleu, il y a Grunt qui bouffe un betit gamin gui est tombé dans le Bärengraben!

-Pas de panik, Stämpfli, prozédure habituelle. Tu détournes l’attenzion de l’ours afec des karottes, etzetera. Et zi za fa pas, tu rappelles, iverstande?

– Jawohl Chef! Zu Befehl!

(…)

– Chef, z’est terribleu. Grunt ne veut pas lâcher le bueb. Pourtant, on a tout essayé, karottes, zaucisses, requérant d’asile pien dodu, nüt funktioniert.

– Pas de panik, Stämpfli, prozédure habituelle. Si le Bär ne réagit pas, tu peux tirer. Alors, tu vas chercher le fusil, tu le mets en joue et tu me rappelles. Klar?

– Jawohl chef! Zu Befehl!

(…)
– Chef, za y est, ch’ai l’ours dans mon fiseur. Autorzation de faire feu, chef?

– Désolé, Stämpfli, y’a Maîtreu Ponzet, l’avocat de Grunt qui a téléphoné entre temps. Il nous menace de poursuites judiciaires si on tire. En plus, si l’ours mange le gamin, z’est qu’il était mal nourri et l’avocat dit que za pourrait jouer contre nous au prozès. Tant pis pour le bueb. Rrrompez!

– Jawohl chef! Zu Befehl!

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Chronique de politique chronique parue dans le Tromblon.

Ce que nous promet la révision de la LACI

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Directive du SECO no X27-3000PI/28 à l’attention des offices cantonaux du chômage

Suite à la révision de la loi sur l’assurance-chômage (LACI), les procédures ont changé. Voici donc une marche à suivre pour vous y retrouver. Elle devrait être aussi très utile pour accélérer le traitement des demandes. En effet, nos services ont remarqué que, pour une raison que nous ignorons encore, les files d’attentes sont de plus en plus longues dans les ORP.
Merci de votre coopération.
Votre dévoué Secrétariat d’Etat à l’Economie

1. Le client est:
* Jeune, allez en 2
* Pas si jeune que ça, allez en 3
* Un vieux schnoque, allez en 9

2. Dites au client : «Alors, tu vas te décider à bosser, petit con?»
Si le client a:
* Moins de 25 ans, allez en 4
* Entre 25 et 30 ans, allez en 5

3. Dites au client: «Z’avez pas mieux à faire que de devenir chômeur, non?», puis allez en 6.

4. Dites au client: «Tu n’as plus droit qu’à 130 indemnités journalières au lieu de 400, ça la fout mal, hein?» Puis allez en 7.

5. Dites au client: «Tu n’as plus droit qu’à 260 indemnités journalières au lieu de 400. Ça t’apprendra à être jeune.» Puis, allez en 7.

6. Si le client a cotisé:
* moins de 12 mois: allez en 9
* plus de 12, mais moins de 18 mois: allez en 8
* au moins 18 mois: Dites au client: «Rien n’a changé, mais méfiez vous de la prochaine révision de la LACI! Au suivant!» (Fin de la procédure)

7. Dites au client: «Ah oui, au fait, tu es désormais obligé d’accepter n’importe quel emploi, même si ça n’a rien à voir avec ce que tu sais faire…». Puis, allez en 9.

8. Dites au client: «Vos prestations ont été drastiquement réduites, mais fallait bien économiser quelque part.» Puis, allez en 9.

9. Donnez au client l’adresse de l’aide sociale, puis dites-lui: «On ne peut rien faire pour vous, désolé, mais vous êtes foutu, au suivant!» (Fin de la procédure)

Chronique de politique chronique parue dans le Tromblon

La Confédération: toujours à votre service!

De: Département Fédéral des Phynances
A: Projet d’utilité publique c/o association citoyenne

Madame, Monsieur,
Nous avons examiné votre dossier et vous accordons une subvention de Fr. 825.50. Nous vous rappelons qu’en vertu des art. 13 et 52bis de la loi sur les phynances ainsi que des art. 1er, 1bis et 1ter de la loi sur les subventions, vous êtes tenus de nous fournir mensuellement un rapport détaillé de vos activités, de nous consulter avant toute décision importante et de procéder à une évaluation externe de votre projet par un bureau de consulting (à choix, mais à votre charge). Nous vous rappelons en outre que les frais salariaux ne peuvent excéder les 13,87% de la somme totale hors TVA et qu’aucun bonus n’est admis.

Salutations distinguées, etc.
*   *   *
De: Département Fédéral des Phynances
A: UBS, 4ème boîte aux lettres à gauche en entrant, Jersey

M. le senior manager, lieber Hansruedi,
L’argent (68 milliards, comme convenu l’autre soir au stamm) a été viré sur le compte. Fais quand même un peu attention à ne pas le perdre comme l’autre fois.

Avec mes amitiés à Gudrun et tschau zäme à l’attention du Verwaltungsrat

Chronique de politique chronique parue dans le tromblon

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Ce banquier, quel cas (y ment)!

Y’a des jours où je préférerai être citoyen-contribuable (surtout contribuable, à dire vrai) de Singapour ou des Îles Caïmans. Il faut dire qu’ils savent s’y prendre en matière d’intervention publique quand une banque est en danger. Singapour, d’abord. Alors que le conseil fédéral accepte de dépenser 68 milliards pour sauver l’UBS (tout en expliquant que 800 millions pour l’AVS flexible, c’est niet), il n’est pas question ni d’obtenir un droit de regard dans la gestion de la banque, ni d’entrer au conseil d’administration. C’est vrai que la finance, c’est devenu tellement la honte qu’on peut comprendre que ces braves gens ne veulent pas se salir les mains. En revanche, lorsque le fond souverain singapourien investit dans l’UBS, il entre dans le capital (avec tous les droits qui vont avec) et au conseil d’administration (avec tous les droits qui vont avec). Y’en a qui savent prendre soin de leurs sous. Et qui comprennent l’adage «qui paie commande».
Et, quand il s’agit de domicilier la société spéciale devant liquider tous les actifs «toxiques» d’UBS, pas question de la domicilier dans un paradis fiscal bien de chez nous, genre Zoug, Buchillon ou Wollerau. Les Îles Caïmans sauront faire ça bien mieux. Décidément, le savoir-faire helvétique fout l’camp.

Chronique de politique chronique parue dans le «Tromblon».

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Embarras du libre choix

«Vous n’avez pas une idée d’une école où je pourrai inscrire ma fille l’an prochain? L’école publique de mon quartier n’a plus un rond et en plus, elle est pleine de pauvres et d’étrangers…». «Mon fils va à l’école primaire de Ste-Croix, on y apprend le swahili dès la 2ème! Et 50Km aller-retour tous les jours, ce n’est pas si terrible. Et le chèque scolaire couvre tous les frais d’essence.». «Moi, je mets le mien à la A-One-Education. Pratique, c’est à côté de mon bureau; je le dépose le matin et le reprends le soir». «Vous devriez penser à la pré-business school of Peney-le-Jorat. Leurs uniformes sont signés des plus grands couturiers. En plus, si les parents sont actionnaires, leurs enfants ont une bonne note supplémentaire par mois!». «Et pourquoi pas l’école coranique d’Yverdon? Elle est sortie en tête du dernier ranking.» «Et de toute façon, si ça vous plaît pas et si les enseignants ne font pas exactement ce que vous voulez, vous pouvez changer chaque année!» «Vous devriez faire comme moi. Cela fait 10 ans que tous mes enfants vont à la elite&smart boarding school of St Sulpice. Le standing y est toujours aussi élevé, mais maintenant, grâce au chèque scolaire, on nous paie pour y aller.»

Chronique de politique chronique parue dans le Tromblon.

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Science-traction

3 juillet 2058. Ronald Rochat rentre du boulot. Genève-Lausanne, comme tous les jours. Debout et coincé, bien sûr. Et 3 heures de trajet, ça fait long. Ben ouais, faut souvent attendre aux croisements pour laisser passer d’autres convois. Et, de toute façon, faut pas rouler trop vite, le train risque de dérailler. Déjà que l’argent prévu pour la troisième voie ne suffit pas à réparer la deuxième… Mais c’est pas grave, tout ça. Ronald a une distraction. De quoi rêver en attendant la semaine de congé annuelle (dans 6 mois): Mater les belles bagnoles sur l’autoroute adjacente. Qui peuvent foncer, forcément, y’a trois pistes. Dans chaque sens, s’il vous plaît. Et presque vides avec ça, au prix où est le pétrole. Mais on s’en remet, paraît-il, du prix du pétrole, vu qu’avec la réforme de l’imposition des entreprises VI, on peut déduire les trois premiers millions de frais de carburant. Tiens, il y a le 4X4 du CEO de la lake of geneva rail Ltd qui passe en trombe. Ronald n’est pas fâché de savoir que le prix de son ticket serve au moins à ce que quelqu’un soit confortablement transporté.

Chronique de politique chronique parue dans «Le tromblon».

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L’arbitre et l’arbitraire

A force de faire passer n’importe quel vote pour «démocratique», l’UDC finira par atteindre son réel objectif: décrédibiliser la démocratie. Un vote est démocratique lorsque le corps électoral est en mesure d’étudier le dossier en détail. En outre, une décision sur un cas particulier doit être motivée et doit être susceptible de recours en justice (c’est vrai, quoi, tout le monde peut se tromper). Elle ne doit pas se fonder sur des motifs qui n’ont rien à voir avec le cas, bref, ne pas s’accorder à la tête du client.
Une naturalisation est une décision sur un cas individuel nécessitant une étude approfondie. L’initiative «pour des naturalisations démocratiques», qui prévoit un vote populaire sans possibilité de recours, est donc tout ce qu’il y a de plus contraire à la démocratie.
On vote le 1er juin. La semaine suivante, c’est l’eurofoot (vous aviez déjà oublié, hein?); on aura l’occasion d’acclamer les naturalisés de la «nati». Qui ne l’auraient peut-être pas été s’ils avaient dû passer devant le peuple. Mais nul doute qu’une équipe composées uniquement de purs Waldstätten serait meilleure…

Chronique de politique chronique parue dans le Tromblon.

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Torpille contre le transfert de la route au rail

La principale caractéristique du marché, c’est que ça ne marche pas. Ses partisans nous gonflent pourtant en permanence avec la « main invisible », qui voit tout, sait tout, règle tout, régit tout, résout tout. Eh ben non. La preuve par le transfert de la route au rail.

CFF Cargo a une double mission de service public. La première, faire en sorte qu’il y ait le moins possible de camions polluants et dangereux sur nos routes. La deuxième, offrir des emplois de qualité, même dans les régions excentrées. Lorsque des élus de droit, profitant de la passivité du ministre pseudo-socialiste, tentent, sous prétexte de libéralisations, de demander à l’entreprise d’être rentable sans subventions publiques, et ben, elle se casse la gueule. Mais faut avouer qu’ils ont des remords. Une fois qu’ils se rendent compte que la logique du marché appliquée aux emplois de LEUR canton fait des ravages, ils sont les premiers à aller manifester.

Chronique de politique chronique parue dans le mensuel satirique le tromblon.

Les sites de soutien au personnel de CFF Cargo à Bellinzone et à Fribourg.