L’affaire Telegram est une démonstration de souveraineté numérique : un Etat prend des mesures de répression pénale contre le directeur d’une entreprise qui ignore sciemment et constamment ses injonctions judiciaires. Ce qui serait on ne peut plus normal dans le monde analogique soulève l’indignation d’une frange complotisto-libertarienne des milieux de la technologie : l’entreprise de M. Durov étant basée à Dubaï, elle ne devrait se soumettre qu’au droit de cet Etat, quand bien même elle propose des services à des habitants d’autres Etat ou lorsque ces services servent de véhicules à des délits impactant ces autres Etats. Parmi ces orfraies, on retrouve aussi les tenants d’une liberté d’expression absolue… comme si la liberté d’expression couvrait le fait de refuser d’informer les autorités de poursuite pénale enquêtant sur des crimes ne relevant pas de la liberté d’expression comme la pédocriminalité (bon résumé dans « Le Monde » – paywall), les trafics et activités mafieuses en tout genre. Sans oublier que la liberté d’expression a aussi ses limites, notamment en cas de diffusion de messages haineux ou d’atteinte à l’honneur (une restriction dument prévue par tous les textes protégeant les droits fondamentaux).
Dans ce contexte, le patron de Proton a donné un entretien assez hallucinant au « Temps » (paywall), dans lequel, outre le fait de se ranger du côté des complotisto-libertariens évoqués plus haut, il foule aux pieds l’idée même d’une souveraineté numérique. Ce qui est fort dommage, car ce sont justement les entreprises suisses comme Proton qui pourraient profiter d’une politique volontariste en matière de souveraineté numérique. Cette entreprise fournit notamment des services de messagerie chiffrée (pas comme Telegram soit-dit en passant).
Passons en revue ses arguments (extraits de l’article du Temps) :
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