De nouveaux traités de libre-échange sont négociés en grand secret. Ils ont pour nom TISA/ACS, TTIP/TAFTA, TPP ou encore CETA. Leurs promoteurs se contentent de dire qu’ils « favoriseront le commerce international ». Mais, pour le reste, ils taisent leur contenu exact. Ce qui n’est pas étonnant. Les versions fuitées de ces accords révèlent en effet qu’ils pourraient avoir des conséquences désastreuses sur le service public, sur le droit du travail, sur la protection de la santé et de l’environnement, sur l’agriculture, mais aussi sur la démocratie elle-même. Continuer la lecture
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Les nouveaux accords de libre-échange menacent le « modèle suisse »
Le succès du « modèle suisse » de cohésion sociale repose notamment sur la qualité du service public, sur la force de notre démocratie et sur une politique économique qui – certes imparfaitement – redistribue les richesses et privilégie la demande, en particulier le pouvoir d’achat. Ce n’est certainement pas un hasard si un pays dont tous les services essentiels (santé, éducation, eau, énergie, transports, etc.) sont en mains publiques est en si bonne santé. Le service public joue un rôle déterminant en matière de cohésion nationale et de redistribution des richesses : il garantit que les prestations nécessaires soient disponibles dans tous le pays à un coût abordable, tandis que les bénéfices des entreprises publiques reviennent aux contribuables.
Or, ces avantages sont menacés par de nouveaux accords de libre-échange qui visent à imposer le primat du marché à de larges pans du service public, tout en restreignant l’usage des droits démocratiques. La Suisse n’est pas partie aux négociations de tous ces accords (la plupart ne concerne formellement que les USA, le Canada et l’UE), mais pourrait se voir forcée de les appliquer, notamment par le biais du « Cassis de Dijon ». Continuer la lecture
Privatisations: le grand retour
Les années 90 ont vu le triomphe du néolibéralisme et la défaite de l’intérêt général. La plupart des gouvernements ont privatisé à tour de bras. Partout, la population a subit baisse des prestations et hausse des tarifs. Les employés des services publics ont vu leurs conditions de travail se dégrader et leur pouvoir d’achat baisser, quand ils n’ont pas purement et simplement dû aller timbrer au chômage. Et, partout, les seuls bénéficiaires ont été les investisseurs privés, dont les affaires ont été d’autant plus juteuses que l’adage «privatisation des bénéfices, socialisation des pertes» a été rigoureusement appliqué: à chaque fois qu’un service privatisé a été en difficulté, l’Etat et les contribuables n’ont pas tardé à voler à son secours.
Cette vague a fait des ravages partout… sauf en Suisse. Continuer la lecture
Petits commerçants, démocrates-chrétiens, églises, etc.: Tous manipulés par les syndicats?
A plusieurs reprises, les partisans de la libéralisation des horaires d’ouverture des shops ont fustigé les syndicats, ces «ayatollahs» qui refusent de faire passer les envies des consommateurs avides de saucisses à 3h du matin avant les intérêts des travailleurs de la vente. Que la droite n’ait pas de sympathies syndicales n’est malheureusement pas étonnant. Mais quand on la confronte au fait que les petits commerçants, les églises, voire des sections cantonales de partis et élus de droite refusent eux-aussi cette libéralisation, leur réponse est toute prête: Ces pauvres ont été «manipulés», ou «empapaoutés». Continuer la lecture
Votation sur la libéralisation des horaires de travail: mise au point
Les partisans du travail 24h/24 ont bien compris qu’ils perdront le vote du 22 septembre si la population comprend que son réel enjeu est bien la libéralisation totale des horaires de tous les commerces (par petites étapes) et qu’il ne se limite pas donc à une poignée de shops vendant quelques saucisses et autres six-pack de boissons gazeuses. Ils ne reculent donc devant aucune contre-vérité, qui sont décryptées ci-après.
Le 22 septembre, NON à la libéralisation des horaires des shops, NON à la journée de travail de 24 heures!
Personne ne veut d’une libéralisation totale des horaires, promis!
Pauvres partisans du travail 24h/24! A peine leur reproche-t-on de ne pas vouloir se limiter à quelques «shops», qu’ils jurent leurs grands dieux que jamais au grand jamais ils n’accepteraient une libéralisation totale des horaires de travail. D’ailleurs, selon ces grands défenseurs de consommateurs brimés, le vote du 22 septembre ne porte que sur quelques saucisses à rôtir dans une poignée de shops et n’est donc pas «une libéralisation des heures d’ouverture». Et toute la bande de se confondre en promesses que leur proposition ne vise qu’à satisfaire un besoin ponctuel des consommateurs ou à introduire un «minimum de souplesse», mais que, promis-juré-craché, pas question d’aller plus loin. Une rapide analyse des faits ne tarde pas à lever le voile sur ces larmes de crocodile. Continuer la lecture
Shops de stations-service: Voilà ce que nous empêcherons en votant «non»
Le 22 septembre, nous nous prononçons sur l’ouverture 24h/24 des échoppes («shops») de stations-service situés le long de certains axes routiers. Cette flexibilisation des horaires de travail, uniquement destinée à satisfaire les besoins de quelques consommateurs impatients, est déjà suffisamment néfaste pour les conditions de travail du personnel concerné (souvent précaire et sans convention collective) que pour la survie des petits commerces (dont les associations s’opposent aussi à la libéralisation des horaires). Mais c’est aussi un vote de principe. Un vote qui permettra de stopper, probablement pour un bout de temps, la vague dérégulatrice initiée par une poignée d’ultralibéraux, qui tente de saborder petit à petit le droit du travail en commençant par les horaires d’ouverture des magasins, ce qui force, par ricochet, d’autres branches à prolonger leurs horaires (nettoyage, sécurité, transports, livraisons, services financiers, etc.). Continuer la lecture
Horaires d’ouverture: le piège à nigaud des «régions touristiques»
C’est le dernier argument à la mode chez les partisans du travail 24h/24: C’est pour satisfaire les «besoins des touristes» qu’il faut ab-so-lu-ment libéraliser les horaires d’ouverture des commerces. Jusqu’à présent, ils prétendaient que c’était surtout pour satisfaire «les besoins des consommateurs» (de chez nous). Mais il faut dire que les nombreux votes populaires clairement opposés à toute prolongation des horaires finissent par rendre évident que lorsqu’on leur pose directement la question, les consommateurs-électeurs, semblent se satisfaire pleinement des horaires actuels et ne sont pas d’accord de sacrifier le personnel d’un secteur aux conditions de travail plutôt précaires.
Motion «Abate»: Nouvelle tranche de salami pour qu’on bosse 24h/24
Ça n’en finit décidément pas. Même après plusieurs défaites cinglantes dans les urnes, les partisans des ouvertures des commerces 24h/24 tentent de couper une nouvelle tranche de salami: Cette fois, c’est la motion Abate (conseiller aux Etats PLR/TI). Son objectif: «modifier» la notion de «zone touristique», qui autorise les ouverture dominicales, pour l’«adapter au tourisme moderne». Derrière ce «modifier» se cache en fait l’idée de faire du pays tout entier une vaste «zone touristique». Donc d’y autoriser partout les ouvertures dominicales. Certainement préludes aux ouvertures 24h/24.
Certes, ce bon Monsieur Abate demande que l’on «ne porte pas atteinte à la protection des travailleurs». Comme c’est munificent. S’il connaissait quoi que ce soit à la branche dont il prétend se soucier, il demanderait probablement une amélioration de ladite protection. Mais peut-être ce Grand Seigneur ignore-t-il que les salariés qui travaillent régulièrement le dimanche n’ont légalement pas droit à un supplément de salaire, ou que le commerce de détail est une branche dont les conditions de travail sont très précaires, dont les salaires sont bas et où il n’existe que très peu de conventions collectives de travail. Ou peut-être ne l’ignore-t-il pas, mais s’en fiche royalement. Car son objectif n’est pas de venir en aide au tourisme, ne soyons-pas naïfs. Son objectif, comme celui des autres auteurs de propositions visant à libéraliser petit à petit tous les horaires de travail en commençant par les horaires d’ouverture des commerces, est d’instaurer une société du 24H/24 qui plaira à une minorité de consommateurs impatients. Et se fera au détriment des travailleurs concernés (toujours plus nombreux) et de leurs familles. Le peuple devra mettre le holà. Il aura une première occasion lors de la votation – probable – sur la libéralisation des horaires d’ouverture des échoppes de stations-service.
N’en déplaise aux consommateurs impatients…
Ces dernières années, plusieurs des tentatives de libéraliser les horaires de travail sont venues de Zurich. Ainsi, c’est pour légaliser a posteriori le centre commercial «shopville» sis sous la gare centrale de Zurich que l’initiative Hegetschwiler pour libéraliser le travail dominical dans toutes les grandes gares a été déposée. Plus récemment, c’est parce que quelques échoppes (ou «shops») de stations-service zurichoises se sont fait interdire d’ouvrir la nuit par le tribunal fédéral (qui a, comme la loi l’exige, donné la priorité à la santé et à la vie familiale des travailleurs concernés) que l’initiative Lüscher a été lancée, afin qu’ils puissent ouvrir 24h/24 en faveur d’une petite minorité de consommateurs impatients. A chaque fois, on a l’impression que c’est la «grande ville moderne» qui veut faire tomber des législations «obsolètes» et «contraires aux intérêts des consommateurs». On en était presque à la lutte des urbains visionnaires contre les bouseux conservateurs.
Aujourd’hui 17 juin, les zurichois ont fait mentir ce cliché de la manière la plus nette qui soit en rejetant massivement l’initiative du PLR «le client est roi», qui souhaitait libéraliser complètement les horaires de travail de tous les commerces (et des branches à leur service, nettoyage, logistique, sécurité, etc.). Le même jour, les électeurs lucernois ont aussi refusé d’étendre les horaires des commerces. Cette nette double-défaite des ultralibéraux montre que, contrairement à ce que l’on pourrait croire, les zurichois tiennent eux aussi à la santé des salariés et à la qualité de vie, qu’une prolongation des horaires des magasins n’aurait pas manqué de diminuer (trafic, bruits, attroupement, nuisances dues à l’alcool, etc.). Ce résultat est de très bon augure avant le référendum – très probable – contre le travail de nuit et du dimanche dans les échoppes de stations-service. A moins que le Conseil des Etats, qui va bientôt se saisir de l’initiative «Lüscher» ne prenne soudain conscience que le peuple, et ce n’est pas la première fois, n’est pas du côté de ceux qui veulent une société qui ne se repose jamais.