Libérer les hôtels de la tutelle de booking.com est-il une entrave à la liberté contractuelle ?

Réponse : oui. Mais cette entrave est vraiment justifiée. Qui plus est par des arguments en faveur du libre marché et de la concurrence efficace. Il y a donc de quoi être surpris quand on voit à quel point la frange la plus (ultra)libérale du Parlement fédéral est vent debout contre cette proposition (la « lex booking.com »). Ce qui est aussi très surprenant, c’est que, dans ce dossier, le PLR tient une position hostile aux PME suisses, à l’innovation et à la souveraineté numérique. Mais reprenons depuis le début.

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Avenir.suisse et la liberté… de dire des âneries

Les fournisseurs de substances psychotropes des apprentis sorciers d’Avenir.suisse ont encore frappé. Et ils n’y sont pas allé de main morte sur les psilocybes. Cette fois, la machine de propagande d’une poignée de grandes entreprises nous a pondu un « indice de liberté » des cantons. Il suffit de se pencher sur les indicateurs qui constituent cet indice pour 1. rire un bon coup (on en a bien besoin) et 2. leur conseiller de prendre des vacances (ils en ont bien besoin). Voyons-un peu.

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Quand la dérégulation, l’austérité et la « lutte contre la bureaucratie » favorisent la captation des biens publics

Cela pourrait être une énième, et malheureusement désormais banale, histoire d’une multinationale qui s’accapare presque gratuitement des ressources naturelles, assèche les réserves destinées à la population locale et en tire d’énorme bénéfices. Mais c’est aussi un exemple assez frappant des effets de la dérégulation néolibérale à l’œuvre dans de nombreux pays, y compris en Suisse. Cette frénésie de désengagement de l’Etat est si peu populaire que ses promoteurs la camouflent souvent en « lutte contre la bureaucratie ». Car la « bureaucratie », personne n’aime ça. Pourtant, derrière cette « bureaucratie » tant honnie par les ultralibéraux il y a des règles d’intérêt public qui protègent la population… et empêchent que l’on fasse des profits sur son dos. Une variante consiste à exiger des coupes budgétaires pour pouvoir « baisser les impôts dans l’intérêt des contribuables (aisés) ». Les impôts, ce n’est pas très populaire non plus. Mais cela sert notamment à faire appliquer les règles d’intérêt public.

En juillet dernier, « Le Monde » a raconté l’histoire d’une source que possède Nestlé dans la région de San Bernardino en Californie. L’article (« En Californie, les bouteilles amères de Nestlé ») n’est disponible que pour les abonnés, mais je le résume ici. Continuer la lecture

« Monnaie pleine » et le fléau de l’indépendance des banques centrales

L’indépendance des banques centrales est une des positions idéologiques que les ultralibéraux défendent avec le plus d’acharnement. Basé sur les théories monétaristes (dont un des porte-drapeaux est Milton Friedmann), ce dogme prône une indépendance totale des banques centrales, qui ne doivent recevoir aucune instruction des autorités politiques élues. Justification officielle : les « experts » doivent mener la politique monétaire en se mettant au-dessus des querelles partisanes et éviter que celle-ci ne soit influencée par des objectifs politiques à court terme. Véritable justification : les banques centrales doivent avant tout lutter contre l’inflation, que les spéculateurs craignent comme la peste car elle diminue leurs bénéfices ainsi que les dettes de leurs débiteurs. Or, notamment en période de récession ou de déséquilibre monétaire, la politique souhaite – et c’est légitime – que la banque centrale mène une politique monétaire qui tienne aussi compte de l’emploi, de la croissance ou encore de la parité du pouvoir d’achat. Confer ces décisions à des experts « indépendants » permet, selon les partisans de l’indépendance des banques centrales, d’éviter que les élus mettent trop leur nez dans la politique monétaire, afin que celle-ci se calque sur les intérêts de la finance. Continuer la lecture

Privatisations: le grand retour

Les années 90 ont vu le triomphe du néolibéralisme et la défaite de l’intérêt général. La plupart des gouvernements ont privatisé à tour de bras. Partout, la population a subit baisse des prestations et hausse des tarifs. Les employés des services publics ont vu leurs conditions de travail se dégrader et leur pouvoir d’achat baisser, quand ils n’ont pas purement et simplement dû aller timbrer au chômage. Et, partout, les seuls bénéficiaires ont été les investisseurs privés, dont les affaires ont été d’autant plus juteuses que l’adage «privatisation des bénéfices, socialisation des pertes» a été rigoureusement appliqué: à chaque fois qu’un service privatisé a été en difficulté, l’Etat et les contribuables n’ont pas tardé à voler à son secours.

Cette vague a fait des ravages partout… sauf en Suisse. Continuer la lecture