6 semaines de vacances pour tous: une adaptation nécessaire aux réalités du monde du travail

L’initiative populaire «6 semaines de vacances pour tous», qui prévoit de faire passer de 4 à 6 semaines le droit légal aux vacances, répond à un besoin avéré des travailleurs et des travailleuses. L’augmentation du droit aux vacances permettrait notamment d’alléger le stress qui pèse sur de nombreux salariés et d’en réduire nettement les effets négatifs, lesquels sont extrêmement coûteux pour l’économie. En effet, les coûts du stress au travail sont estimés à environ 10 milliards de francs par an, soit 2% du PIB. Ces coûts pourraient bien aller croissant ces prochaines années, car les salariés doivent faire face à des conditions toujours plus difficiles: augmentation de la précarité et de la pénibilité, difficultés à concilier vie familiale et professionnelle, etc. Continuer la lecture

Le centre patronal commande, la droite obtempère, les contribuables trinquent

Le grand conseil vient, par surprise et suite à une opération de lobbying rondement menée par les cliniques privées, de refuser d’une courte tête d’entrer en matière sur la révision de la loi sur la planification hospitalière (LPFES). Les motifs avancés par radicaux, libéraux et UDC étaient notamment que ce projet de loi ne prévoyait pas assez d’exceptions favorables aux cliniques privées, qui lorgnent désormais sur un subventionnement public. Lors des débats en commission, il n’y avait pourtant pas eu d’opposition de principe à cette révision de la LPFES. Et aucun commissaire du centre-droit ou de l’UDC n’avait soutenu un amendement visant à créer une loi sur mesure pour les cliniques privées. En outre, lors du vote final sur le projet de loi amendé par la commission, il n’y avait pas eu une seule opposition à l’entrée en matière, tout juste quelques abstentions. Enfin, ces abstentionnistes avaient considéré avoir reçu suffisamment d’assurances du Conseil d’Etat et avaient renoncé à déposer un rapport de minorité. Continuer la lecture

Les cliniques privées veulent le beurre et l’argent du beurre

Le Grand Conseil s’apprête (dès ce mardi, s’il tient son horaire) à débattre de la modification de la loi cantonale sur la planification hospitalière (LPFES), qui doit se conformer aux nouvelles règles fédérales du financement hospitalier. Ces nouvelles règles limitent la souveraineté des cantons et tentent d’introduire plus de concurrence entre hôpitaux privés et publics. Cependant, les règles du droit fédéral (art. 39 al. 1 LAMal; art. 58a ss OAMal) laissent une importante marge de manœuvre aux cantons, qui conservent la possibilité de planifier l’offre en soins hospitaliers.
L’enjeu de cette révision est la «liste LAMal» cantonale. Tout hôpital, public ou privé, inscrit sur cette liste pourra prétendre à un financement public de ses activités de soins stationnaires. Cette possibilité nouvelle n’a pas manqué d’attiser les convoitises. Ainsi, les cliniques privées, que l’Etat ne doit actuellement pas subventionner, n’ont pas manqué de revendiquer leur part du gâteau. Cette part serait loin d’être négligeable: Si toutes les cliniques du canton devenaient subventionnées, il en coûterait environ 70 millions de francs supplémentaires par an aux contribuables vaudois, sans que la qualité des soins ne soit améliorée. Continuer la lecture

Les assureurs-maladies sont-ils intègres lorsqu’ils prônent les soins intégrés?

Battus à plate couture lors du vote du 1er juin 2008 sur l’article constitutionnel «qualité et efficacité économique dans l’assurance-maladie», contre-projet à une initiative populaire de l’UDC souhaitant réduire les prestations de l’assurance-maladie obligatoire, les assureurs sont revenus à la charge. La mesure-phare de ce contre-projet était la «liberté de contracter», permettant aux caisses-maladie de choisir les prestataires de soins qu’elles remboursent. Les opposants à cette proposition avaient à juste titre averti que cela ne pouvait que mener à une médecine à deux (ou plusieurs) vitesses, les prestataires de soins coûtant le plus cher parce qu’ils prennent en charge beaucoup de malades âgés ou chroniques ayant toutes les chances de se faire exclure – et leur patients avec eux – du remboursement par l’assurance de base. Continuer la lecture

L’UDC prend 17 millions aux familles vaudoises

La Confédération devait verser environ 200 millions de francs aux cantons, pour qu’ils puissent alléger la charge des primes d’assurance-maladie des familles, dont les primes ont explosé cet automne. Au Parlement fédéral, cette mesure a été coulée par la majorité UDC-PLR. Si elle ne l’avait pas été, les familles vaudoises auraient bénéficié de 17 millions de francs de réduction de primes. Le groupe socialiste au Grand Conseil a donc déposé au amendement au budget 2010, pour que les familles vaudoises qui subissent de fortes hausses de primes bénéficient bénéficient tout de même de ce coup de pouce. L’UDC, qui prétend parfois soutenir les familles, s’y est opposée. Au vote, égalité des voix. Le président du Grand Conseil, l’UDC Laurent Chappuis, a tranché en défaveur des familles. Ces subventions passent donc définitivement à la trappe.

(Les débats budgétaires se poursuivent…)

Signez pour un rabais d’impôt contre la hausse des primes

bouton_1b_blackeyes.gifLe parti socialiste vaudois (PSV) avait soutenu une partie du paquet fiscal voté par le peuple vaudois en février dernier, pour engranger son succès obtenu devant le grand conseil: des baisses d’impôts plafonnées pour les familles de la classe moyenne. Mais il avait aussi promis qu’il lancerait une initiative « de rattrapage » pour annuler les cadeaux fiscaux inutiles faits aux gros actionnaires, que la majorité bourgeois du grand conseil avait lié aux mesures en faveur des familles, sachant très bien que la réforme de l’imposition des entreprises serait indéfendable seule devant le peuple. Continuer la lecture

Lutte contre la fumée passive: l’initiative devant le grand conseil

Mardi prochain, le grand conseil vaudois se prononcera sur l’initiative contre la fumée passive. Et sur le contre-projet. La minorité de la commission, dont je suis rapporteur (le rapport de minorité en pdf ), préconise d’accepter l’initiative plutôt que ce dernier. En effet, le contre-projet a de nombreux défauts, notamment sur deux sujets qui me sont chers: la protection des travailleurs et des jeunes.

Les fumoirs prévus par le contre-projet ne protègent pas efficacement le personnel des cafés. Ils sont certes censés être « sans service », mais cet état de faits sera difficile à contrôler et à faire appliquer. On peut aussi redouter que les patrons incitent leur personnel à s’y rendre quand même, par exemple grâce au très efficace couplet « il y en a des tas qui seraient ravis d’avoir ton emploi… ». En outre, construire des fumoirs totalement hermétiques n’est peut-être techniquement pas possible: des fumées pourraient alors se répandre dans la partie non-fumeurs des établissements. Enfin, même dans le cas où les fumoirs seraient étanches et réellement sans service, le personnel chargé de les nettoyer serait tout même exposé à la fumée et aux particules fines qui y abondent.

Les fumoirs du contre-projet auraient aussi une mauvaise influence sur les efforts de prévention déployés envers les jeunes. Si l’on veut empêcher qu’ils commencent à fumer, il faut réduire les incitations (lieux où l’on peut fumer) au maximum. Créer des fumoirs va certainement à l’encontre de cette stratégie.

Enfin, des lieux 100% sans fumée tels que le préconise l’initiative sont le moyen la plus efficace pour la prévention du tabagisme. C’est en tout cas l’avis des spécialistes de la question. Et ce quoiqu’en pense GastroVaud, qui a tenté, dans une lettre aux députés, de faire croire que le responsable du CIPRET-VD, le Dr Cornuz, était partisan du contre-projet – soutenu par GastroVaud – au moyen d’une citation erronée et sortie de son contexte. Ce que le CIPRET et le Dr Cornuz ont démenti dans une lettre de rectification (Rectificatif du CIPRET.pdf)  envoyée à tous les députés. GastroVaud, qui s’est signalée à maintes reprises par ses tactiques dilatoires pour torpiller l’interdiction de fumer dans les lieux publics, ne sait décidément plus quoi inventer.

Bottelònes: la jeunesse socialiste suisse joue les bout-en-train

Voilà un bel exemple de politique d’opposition à tout prix, dont le but unique est de se profiler. Et, malheureusement, il provient de mon propre parti.
C’est avec consternation que j’ai lu ce communiqué de presse de la JSS d’hier, qui annonce «soutenir toute forme d’opposition collective» et appelle donc à «ignorer les interdictions et se rendre quand même aux beuveries (bottelòn)».
S’il y a bien une chose que ces beuveries collectives ne sont pas, c’est bien de «l’opposition collective». Car elle n’ont aucune revendication, aucun message ni programme politique. Il s’agit de boire, point barre. Et elles n’ont aucune forme d’organisation collective non plus, vu que les organisateurs de la plupart de ces rencontres n’ont fait que lancer l’idée sur facebook de manière spontanée, sans réfléchir aux conséquences et se sont ensuite empressés de se défiler une fois sous les feux des médias. En outre, ces courageux organisateurs n’exercent pas de droit constitutionnel, contrairement, par exemple, aux organisateurs d’une manifestation politique. Les libertés fondamentales ne protègent en effet pas l’utilisation abusive du domaine public. Heureusement.
Là où la JSS se plante encore plus, c’est lorsqu’elle prétend que les beuveries sont «une réaction à la commercialisation du temps libre». Ce phénomène existe impossible de le nier, mais les beuveries géantes, comme l’a démontré si justement Alain Hubler, ne sont qu’une manifestation supplémentaire de cette commercialisation.
Les Bottelònes posent de réelles questions. Auxquelles Pierre Maudet, président radical de la commission fédérale de l’enfance et de la jeunesse, répond de manière beaucoup plus pertinente que mes camarades de la JSS. Quelle prévention face à la surconsommation d’alcool (j’avais déposé un postulat il y a quelques temps sur ce sujet)? Quelles mesures pour limiter la vente d’alcool fort bon marché et à toute heure? Quels espaces publics laisser aux jeunes? Quelle politique de la jeunesse en milieu ouvert? La JSS se garde malheureusement bien de répondre à ces questions. Mais qu’importe, puisque l’objectif de ce communiqué de presse était plutôt de critiquer les municipalités socialistes, ce qui suscite toujours l’intérêt des médias.

Retrait de mon postulat sur la pénurie de médecins

Au printemps passé, j’avais déposé un postulat demandant au conseil d’Etat d’étudier des mesures pour lutter contre la pénurie de médecins, notamment en augmentant le nombre de places de formation à l’université, ainsi que les places de stage pré- et postgradués dans les hôpitaux vaudois. Suite aux débat en commission, j’ai retiré ce postulat. En effet, le Conseil d’Etat a déjà pris des mesures pour palier à la pénurie de personnel soignant, en particulier de médecins de premier recours. Ces mesures ont été détaillées dans le rapport de politique sanitaire 2008 – 2012, publié en juillet (soit bien après le dépôt de mon postulat en avril). Mesures qui ont été complétées par la décision (prise entre temps, elle aussi) d’augmenter de 25% le nombre de places à la faculté de médecine. Il reste encore une série de point à régler, notamment en ce qui concerne le pilotage de la création de cabinet (p. ex. dans les régions périphériques, qui manquent de généralistes), mais le gouvernement a très clairement annoncé qu’il s’y atèle.

Mon postulat n’avait donc plus de raison d’être, sauf éventuellement pour informer en détail le Parlement -au prix de nombreuses séances- et produire pas mal de papier (rapport du conseil d’Etat, rapport(s) de la commission parlementaire). Je continuerai néanmoins à suivre le dossier, en premier lors des débats sur le rapport de politique sanitaire.