Ce n’est pas ainsi qu’on soutient efficacement les familles…

L’initiative du PDC, autoproclamé « parti des familles » (même s’il ne rechigne pas à s’attaquer aux plus modestes d’entre elles comme on le verra plus loin), part d’un bon sentiment. Qui, en effet, peut se permettre d’être contre le fait « d’aider les familles » ? Mais pour soutenir vraiment les familles qui ont besoin de soutien, point n’est besoin de soutenir l’initiative populaire « Aider les familles ! Pour des allocations pour enfant et des allocations de formation professionnelle exonérées de l’impôt ». Il vaut plutôt la refuser, tant cette initiative aussi coûteuse qu’injuste risque de porter préjudice aux familles des classes moyennes et modestes, lesquelles seront de toute manière exclues du cercles de ses bénéficiaires. Continuer la lecture

Impôt fédéral sur les successions : renforcer l’AVS avec une mesure juste et ciblée

La votation sur les forfaits fiscaux à peine terminée, voilà que la droite sonne l’hallali contre l’initiative pour imposer les grosses successions en faveur des cantons et de l’AVS, arguant qu’elle mettrait en danger des emplois, menacerait la classe moyenne et nuirait au « modèle suisse » (comme si le « modèle suisse », c’était la cupidité et la croissance des inégalités). Ces attaques teintées d’idéologie bornée montre surtout que les adversaires de ce projet équilibré et juste n’ont pas lu le texte qu’ils combattent. Ou se fichent complètement de ce qu’ils ont lu.

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Intérêt public ou bon plaisir du prince ?

halte Les partisans des forfaits fiscaux n’ont de cesse d’étaler la « générosité » des bénéficiaires de ce traitement de faveur. Ces derniers paient en effet des montants sans rapport avec leur capacité économique, à l’aune de laquelle tous les autres contribuables sont imposés. Mais peu importe ! ils se « rattrapent » en couvrant de dons et legs communes et sociétés locales. L’un de ces munificents personnages finance par exemple des logements protégés, l’autre est mécène d’un festival. Les partisans des forfaits fiscaux en tirent la conclusion qu’il ne faut surtout pas taxer ces contribuables fortunés comme vous et moi, car ils cesseraient d’être aussi « généreux ». Et ce chœur des pleureuses de prédire des lendemains qui déchantent aux sociétés locales, à la culture, aux œuvres d’entraide, sans oublier aux fabricants de plaques commémoratives. Alors, pourquoi diable soumettre ces nababs aux mêmes règles fiscales que le commun des mortels ? Continuer la lecture

Initiative « Sauver l’or de la BNS » : Entre fantasme protectionniste et délire alchimique

yen1q88hs1f254neayir A l’inverse des alchimistes, l’UDC souhaite transformer l’or en plomb. Parti du fantasme nostalgico-protectionniste de l’Etalon-Or (qui n’a plus la moindre utilité en politique monétaire), l’extrême-droite veut d’une part forcer la Banque Nationale Suisse à détenir 20% de ses réserves en or, et, d’autre part, à les stocker en Suisse. Cette initiative témoigne d’une profonde méconnaissance des mécanismes monétaires et aurait des conséquences désastreuses.

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Initiative TVA: Non à un bricolage inutile et coûteux!

L’initiative de GastroSuisse veut un grand bricolage de la TVA, mais ne propose pas de mode d’emploi. En cas d’acceptation, le législateur aura donc à choisir entre deux possibilités pour harmoniser les taux de TVA de la restauration «traditionnelle» et de la restauration à l’emporter : augmenter le taux le plus bas ou baisser le plus élevé. Quelle que soit la variante choisie, les conséquences seront négatives et les coûts énormes.  Continuer la lecture

Privatisations: le grand retour

Les années 90 ont vu le triomphe du néolibéralisme et la défaite de l’intérêt général. La plupart des gouvernements ont privatisé à tour de bras. Partout, la population a subit baisse des prestations et hausse des tarifs. Les employés des services publics ont vu leurs conditions de travail se dégrader et leur pouvoir d’achat baisser, quand ils n’ont pas purement et simplement dû aller timbrer au chômage. Et, partout, les seuls bénéficiaires ont été les investisseurs privés, dont les affaires ont été d’autant plus juteuses que l’adage «privatisation des bénéfices, socialisation des pertes» a été rigoureusement appliqué: à chaque fois qu’un service privatisé a été en difficulté, l’Etat et les contribuables n’ont pas tardé à voler à son secours.

Cette vague a fait des ravages partout… sauf en Suisse. Continuer la lecture

La droite sabote les règles anti-blanchiment du GAFI… et la réputation de la place financière

Le secret bancaire est mort, il ne permettra plus de couvrir la soustraction fiscale. Les banques doivent mettre un terme définitif à un modèle d’affaire qui reposait sur l’argent non-déclaré. La pression des USA et de l’OCDE y a contribué. Plus le temps passe, moins communauté internationale tolère les transferts opaques dans les paradis fiscaux. Pendant des décennies, le PS s’est battu pour une place financière propre, qui mise sur la qualité de ses prestations plutôt que sur l’argent non-déclaré. Ces récentes évolutions lui donnent raison. Continuer la lecture

Le salaire minimum ne nivelle pas les salaires vers le bas. Ni ne détruit d’emplois.

«Un autogoal pour les travailleurs» clament les opposants à l’initiative pour des salaires décents, même si, le reste de l’année, ils se soucient des travailleurs comme d’une guigne. Selon eux, le salaire minimum nivellerait tous les salaires vers le bas et détruirait des emplois. A l’appui de leurs arguments, pas d’études empiriques qui démontrerait qu’ils ont raison (il n’en existe pas), mais plutôt de la pseudo-logique: Si les bas salaires augmentent, les employeurs devront baisser les autres salaires pour compenser et, si cela ne suffit pas licencier. A première vue, cela semble effectivement logique. Sauf que, fort heureusement, aucune de ces conséquences n’est constatée en pratique. En outre, dans les branches avec des CCT, un nivellement des salaires serait tout bonnement illégal. Enfin, ces prévisions alarmistes ne tiennent pas compte d’une augmentation du pouvoir d’achat des classes moyenne et modeste.  Continuer la lecture

Le salaire minimum réduira la «facture sociale»

Les montants de la «facture sociale» font régulièrement parler d’eux dans notre canton. Les communes se plaignent de manière récurrente de leur augmentation… et surtout du fait qu’elles n’aient pratiquement aucun pouvoir sur eux. La droite du parlement cantonal annonce d’ailleurs vouloir s’y attaquer à grands renforts de roulements de tambours. Or, ceux qui déplorent l’augmentation des dépenses sociales ne lèvent que rarement le petit doigt lorsqu’un objet fédéral entraîne un report de charges sur les dépenses sociales (on peut penser aux révision de la LACI ou de l’AI), ou, comme c’est le cas du salaire minimum, permettent de les diminuer. Continuer la lecture

Une déduction injuste, absurde et qui coûte 1,4 milliard? NON!

1450246_10152715031784897_598405457_n L’initiative de l’UDC dite «pour les familles» devrait plutôt s’intituler «vider les caisses de l’Etat au profit des familles aisées». En effet, elle propose que la minorité de familles dont un seul parent travaille et qui n’ont aucun frais de garde d’enfants bénéficient tout de même d’une déduction fiscale. Or, qui dit «déduction» dit: avantage pour une minorité de contribuables aisés. En effet, environ 30% des familles ne paient pas d’impôt fédéral direct et environ 40% ne paient pas d’impôt cantonal ou communal. Ces familles ne verraient donc pas la couleur de cette déduction. En revanche, les contribuables très aisés en bénéficieraient largement. Pour les familles de la classe moyenne concernées par l’initiative, la facture fiscale ne baisserait que de quelques dizaines de francs par an. Quant aux familles monoparentales, une réalité que l’UDC semble ignorer, l’initiative les exclut purement et simplement de son champ d’application, indépendamment de leur revenu. Ce n’est certainement pas ainsi que l’on soutient efficacement les familles.

Cette déduction n’est pas seulement injuste, elle est aussi absurde, car une déduction doit avoir pour objectif de compenser une dépense. Or, la proposition de l’UDC veut que l’on puisse déduire… des frais inexistants. C’est un peu comme si on permettait à celui qui travaille à côté de chez lui de déduire des frais de transport fictifs. C’est absurde et injuste par rapport à celui qui doit réellement assumer de tels frais!

Mais surtout, l’initiative de l’UDC sera fort coûteuse. Selon la Conférence des directeurs cantonaux des finances, elle provoquerait une perte cumulée d’au moins 1,4 milliard de francs par an pour la Confédération, les cantons et les communes. Pour le canton de Vaud et les communes vaudoises, la facture se montera à 80 millions de francs. Il n’y a que deux options pour compenser cette perte colossale: 1. réduire les prestations destinées à la population, y compris aux familles, ou 2. augmenter les impôts ou la dette publique. Or, la situation financière inquiétante des pays voisins devrait plutôt nous inciter à la prudence. Le bon sens recommande donc de dire NON à une initiative aussi coûteuse qu’injuste.

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Il est intéressant de constater qu’une bonne partie des adversaires de «1 à 12» ne pipent mot des pertes fiscales qu’engendrerait l’initiative dite «pour les familles» et ne semblent pas s’en inquiéter (quand ils ne soutiennent pas cette initiative), alors que ces prévisions de pertes fiscales reposent sur des prévisions beaucoup plus fiables que celles sur lesquelles reposent les scénarios-catastrophes qu’on nous promet en cas de «oui» à la justice salariale. Ces prévisions de pertes fiscales sont en outre admises par les partisans de l’initiative de l’UDC. Par exemple, toute à ses pamphlets contre «1 à 12», l’USAM reste coite sur une initiative dont on sait pourtant avec précision qu’elles coûtera très cher aux collectivités publiques. C’est bien la preuve que ces soudaines vocations de défenseurs des recettes fiscales ne sont ni crédibles, ni durables.