Demain, le canton inaugure dans la liesse le métro M2. Parmi le concert (justifié) des louanges et des superlatifs, difficile de trouver une voix discordante. Même les opposants de naguère semblent être devenus des partisans convaincus (il faut dire qu’il y a de quoi s’enthousiasmer!). Et pourtant.
Souvenons-nous des débats qui précédèrent le vote des vaudoises et vaudois. Charles Favre, alors conseiller d’Etat responsable des finances, avait proposé posé cette condition, qui s’apparentait à une forme de chantage: « pas de M2 sans vente des actions de la BCV » (« 24 heures » d’hier le rappelle dans le portrait de Philippe Biéler qui n’est pas disponible en ligne). Le grand argentier radical n’acceptait la réalisation d’un des chantiers majeurs du service public vaudois qu’à condition de privatiser la banque cantonale. Il se servait ainsi abusivement d’un projet nécessaire au développement du canton pour faire passer en force une idée néolibérale. Quelques années et trois votes populaires plus tard, Vaud inaugure son métro avec fierté (même si la voie unique entre gare et Grancy démontre à quel ridicule peut mener l’orthodoxie budgétaire), la banque cantonale est restée majoritairement en mains publiques suite à la victoire du référendum socialiste… et Charles Favre n’a pas été élu au conseil des Etats, entraînant la perte d’un siège que les radicaux considéraient pourtant comme leur.


L’auteure du best-seller «no logo» s’attaque à Milton Friedmann et à l’école de Chicago. Avec une thèse qui fait froid dans le dos. Ces ultralibéraux sont en effet conscients que leurs thèses ne peuvent qu’être impopulaires, tant elles visent à limiter l’Etat à une portion congrue et à rogner au maximum sa marge de manoeuvre, à privatiser le plus de services publics possibles (le mieux étant des les vendre à des multinationales), tâches régaliennes (notamment la sécurité publique) incluses et à jeter par dessus-bord législation de protection des travailleurs et assurances sociales. Puisqu’ils ne peuvent guère les imposer dans les urnes, ou dans ce cas devoir faire face à un mécontentement populaire justifié, ils en sont réduits à devoir profiter d’une «crise» ou d’un «choc» violent dont la principale qualité est de réduire à néant la capacité de réaction des élus et des populations, qui sont alors «mûrs» pour accepter, ou se faire imposer n’importe quoi. Une crise peut être une catastrophe naturelle, un bouleversement politique ou économique (p. ex. une crise monétaire), mais aussi une guerre, souvent un coup d’Etat. Après la crise, les néolibéraux pensent disposer d’une «page blanche» pour réformer l’Etat à leur manière. Et la crise a brisé toute résistance.