5 textes suite à la défaite du parti socialiste aux élections européennes

Si la déroute subie par les socialistes européens lors des élections du 7 juin ne devait pas être suivie par une profonde remise en question de la sociale-démocratie européenne, elle serait à n’en pas douter suivie rapidement d’autres débâcles. Avec pour corollaire une dégradation de la situation des classes moyennes et inférieures, des droits des salarié-e-s, de l’environnement, de la redistribution des richesses, ainsi qu’une aggravation des inégalités sociales ou fiscales. S’ils ne veulent pas voir disparaître en même temps qu’eux leurs thèmes fondateurs, les socialistes vont devoir trouver le moyen de rebondir.

Le quotidien « Le Monde » a publié samedi 5 opinions sur le sujet. Certains sont ciblés sur la situation en France, d’autres donnent des pistes que tous les socialistes européens se doivent de creuser. Ainsi, le professeur suédois Bo Rothstein préconise un retour à l’un des thèmes fondateurs du socialisme: la lutte contre les inégalités sociales. Le député travailliste anglais Dennis MacShane prône quant à lui le resserrement des liens avec les syndicats mais aussi de cesser d’adopter un profil uniquement contestataire. Une lecture chaudement recommandée!

Les 5 textes sur le site du PS françaisBo Rothstein, Dennis MacShane, Harlem Desir, Gaetan Gorce, Bernard Poignant.

Les gendarmes doivent-ils servir et se taire?

Les syndicats de gendarmes vaudois n’ont pas fait que des heureux en lançant l’initiative dite «opération d’Artagnan» pour une police unifiée (que je soutiendrai à titre personnel). Vu l’ampleur d’une telle réforme et les changements en profondeur qu’elle implique, on peut sans problème l’imaginer. Ce qui est en revanche plus surprenant, c’est la façon qu’ont certains de se plaindre que les gendarmes participent ainsi au débat démocratique. Ainsi, on a pu lire et entendre de nombreux députés de tous bords (radicaux, UDC, socialistes) avant (voir cet article du Temps évoqué sur politis.ch – le blog de Lyonel Kaufmann) et pendant les débats parlementaires de déplorer que les gendarmes soient «allés trop loin», ou qu’ils aient carrément «outrepassé leur devoir de loyauté» en «développant une logique propre et indépendante» dans un contexte de manifestations, grève des amendes et de négociations salariales plutôt musclées. Et un député UDC de clamer aujourd’hui que les gendarmes auraient dû purement et simplement «se soumettre à leurs supérieurs et retirer leur initiative». Allons bon!

«D’Artagnan» a eu le mérite de débloquer plusieurs années d’atermoiement en matière de police. Alors que les cantons voisins ont su faire le choix de la police unifiée, la discussion vaudoise s’enlisait. Ce débat, ce sont les gendarmes qui l’ont provoqué. En cela, ils n’ont ni fait preuve de déloyauté, ni fait pression sur les élus, ni développés une logique propre. Ils ont tout simplement fait une proposition crédible (le fait que le Conseil d’Etat se soit senti obligé d’y opposer un contre-projet le prouve – quel que soit l’avis que l’on puisse avoir sur le fonds) sur un sujet qu’ils connaissent de près. Pour un syndicat, quoi de plus normal en effet que de participer au débat public en faisant usage des droits démocratiques? Cela ne les empêchera pas, quels que soient le déroulement de la campagne et le résultat de la votation, de faire preuve la loyauté envers le pouvoir politique qu’exigent les règles de l’Etat de droit.

Le droit de vote à 16 ans vaudois par où on ne l’attendait pas

Quelle ne fut pas ma surprise à la lecture de cette initiative déposée par le groupe UDC au grand conseil vaudois: Oui, vous avez bien lu, c’est bien du droit de vote à 16 ans au niveau communal qu’il s’agit. Et l’UDC de justifier sa proposition avec un vocabulaire qu’on ne lui connaissait pas: « faire confiance aux jeunes », « équilibre entre les générations », « ils sont capables de discernement », « renforcer la démocratie », etc.

Là où ça devient franchement rigolo, c’est quand on compare cette initiative avec les positions antérieures de l’UDC, notamment des jeunes UDC…vaudois, qui sont sans exceptions opposées au droit de vote à 16 ans. Avec des arguments exactement inverses, par exemple: « tous les jeunes n’ont pas la maturité pour voter à 16 ans », « risque pour la démocratie » ou « nivellement par le bas de l’électorat ». Des arguments que le groupe UDC au grand conseil réfute aujourd’hui catégoriquement, les traitant de « réducteurs » ou « d’excuses pour ne pas discuter la proposition ». Les discussions internes entre « tenants d’un discours réducteur » et « partisans du nivellement par le bas » vont à n’en pas douter être passionnantes.

Mais alors, d’où vient cette proposition, contraire à toutes les précédentes? Ordre de Zurich? Profil médiatique avec un thème porteur? Provocation? Ou, tout simplement, changement d’avis? L’UDC vaudoise, qui a déjà changé plusieurs fois d’avis sur Harmos, n’en serait pas à son coup d’essai… A moins que le parti de M. Blocher n’ait regardé avec envie le fait que les jeunes autrichiens de 16 à 18 ans aient voté massivement pour l’extrême-droite.

En revanche, je doute que la vision qu’à l’UDC de la jeunesse n’ait beaucoup évolué. En 2007, son programme électoral parlait plus des jeunes « criminels », des jeunes « violents », des jeunes à l’aide sociale (qu’elle traite de « paresseux ») que de politique en faveur des jeunes. Bref, aux yeux de l’UDC, les jeunes sont surtout considérés comme un, voir une accumulation de problèmes.

L’initiative sera développée normalement mardi en fin d’après-midi (à condition que le parlement tienne son horaire).

Moritz Leuenberger, conseiller fédéral assidu

Doyen de fonction du conseil fédéral, mon camarade Moritz Leuenberger semble plus que jamais vouloir s’accrocher à son mandat. C’est regrettable. D’autant plus qu’il commence à donner des signes de lassitude bien plus graves que quelques réflexions désabusées sur un blog: Il vient en effet d’avouer dans la presse dominicale alémanique que, parfois, il ne lit pas les documents des séances (du conseil fédéral) auxquelles il participe.
Bien entendu, ses adversaires politiques se sont empressés de condamner (dans le «Blick am Abend» d’hier (cf p. 2 du pdf) cette attitude désinvolte, inacceptable de la part d’un élu d’exécutif. La jeunesse socialiste les a à juste titre rejoint dans leur critique.
Pour Moritz Leuenberger, il est donc plus que temps de penser à démissionner. M. Couchepin, en fin stratège (pour une fois) a pensé à démissionner suffisamment de temps avant les élections fédérales pour que la personne qui lui succédera ait le temps de faire sa place et pour que ceux et celles qui auront postulé sans succès à son siège puissent se profiler et assurer leur réélection en 2011. Le PS aurait lui aussi bien besoin de sang neuf au sein du conseil fédéral. D’une part, parce qu’il dispose d’une relève compétente et d’autre part, parce qu’il aurait besoin du tremplin que représente un nouvel élu ou une nouvelle élue au gouvernement. Avec la récession qui prend de l’ampleur, la Suisse aura plus que jamais besoin d’un parti socialiste fort, car il n’y a que lui pour défendre efficacement les salariés, les retraités, les assurés. Or, le PS ne peut que souffrir d’un conseiller fédéral inactif (surtout s’il se ridiculise en avouant être inactif). A plus forte raison s’il détient un département permettant d’agir en matière d’écologie et ce alors que le PS a de la peine à rendre ses propositions en matière d’environnement visibles, notamment par rapport à celles –quasi similaires — des verts.

Passe-droit à la sauce UDC

Une éminente élue UDC accordant un passe-droit pour que l’employée de maison bulgare d’un haut fonctionnaire reçoive une autorisation de séjour que l’office fédéral des migrations, se basant sur la nouvelle législation sur les étrangers, ne veut pas lui donner? Allons, vous n’y pensez pas. Jamais une UDC ne s’engagerait pour l’accès d’une bulgare au marché du travail suisse; l’UDC s’est opposée à l’extension de la libre circulation des personnes à la Bulgarie. Et jamais une UDC ne se serait opposée aux décisions d’un office fédéral qui dépendait alors de son chef de file Christoph Blocher. Et puis d’ailleurs, jamais une UDC ne remettrait en cause une législation sur les étrangers largement inspirée des positions de ce parti.

C’est pourtant ce qui serait arrivé à Rita Fuhrer, conseillère d’Etat en charge de l’économie, proche de Christoph Blocher et égérie de l’aile dure zurichoise de l’UDC. Comme le rapporte aujourd’hui le Tages-Anzeiger (qui titre: « politique des petits copains »), Mme Fuhrer, outrepassant ses droits, serait intervenue personnellement pour que l’employée de maison bulgare (avant l’entrée en vigueur de l’extension de la libre circulation) du directeur du théâtre de la ville de Zürich se voie accorder une autorisation de séjour. Ce qui n’a pas été possible: L’office fédéral des migrations (qui dépendant à l’époque de M. Blocher) lui a rétorqué que cela serait illégal. A cause de la loi sur les étrangers, soutenue par l’UDC. N’ayant pas pu accorder l’autorisation de séjour, les services de Mme Fuhrer auraient ensuite, sciemment et sur l’ordre de la cheffe du département, ignoré ce cas de travail au noir. Ce qui fait désormais l’objet d’une plainte administrative.

Moralité, lorsqu’il s’agit d’accorder des passe-droits, l’UDC, même sa section zurichoise, est capable de violer la législation sur les étrangers qu’elle a elle-même contribué à durcir.

Le début de la fin des multicheck

Le grand conseil a définitivement approuvé aujourd’hui la nouvelle loi vaudoise sur la formation professionnelle en deuxième lecture (avec un court troisième débat). Fort heureusement, il n’a pas remis en cause ses décisions progressistes du premier débat: fonds vaudois pour la formation professionnelle, amélioration de la surveillance de l’apprentissage, de la validation des acquis, déplafonnement du remboursement des frais de formation des apprentis. Ce remboursement des frais a d’ailleurs bien failli disparaître, comme le demandait un amendement libéral soutenu par l’UDC. Le POP avait en effet malencontreusement rouvert le débat pour faire de la surenchère sur le montant du remboursement… La majorité de droite de la commission a également tenté de réintroduire le plafonnement à 1200.—Fr. par mois. Fort heureusement, le compromis du premier débat (80.—Fr./mois, déplafonné) a tenu bon.
Le grand conseil a aussi confirmé l’obligation pour les employeurs qui demandent un test de sélection externe de type multicheck de le payer, même si le jeune postulant n’est pas engagé.
Cette proposition du groupe socialiste vise à décourager les entreprises de faire appel à ces tests bidons et à mettre un terme au petit business qui s’est monté sur le dos des jeunes qui cherchent une place d’apprentissage et de leurs familles. Rappelons qu’un de ces tests coûte dans les 100 à 150.—Fr., qu’il faut parfois en faire plusieurs (il en existe plusieurs marques et, pour chaque marque, plusieurs tests censés être adaptés aux branches) et qu’il existe des cours de préparation à ces tests, pour 170.—Fr.. Si les entreprises formatrices doivent payer ces tests, nul doute qu’elles s’intéresseront de plus près à leur contenu et se rendront compte qu’ils n’ont aucun rapport avec le métier, qu’ils contiennent des questions absurdes qui ne permettent pas de se faire un idée des compétences du futur apprentis, voire qu’ils prennent carrément les futurs apprentis pour des imbéciles. Nul doute également qu’elles se rabattront, comme le font déjà de nombreuses branches depuis de nombreuses années, sur des tests sérieux, en rapport avec le futur métier et organisé par de vrais spécialistes, les associations professionnelles. Une sélection sérieuse des futurs apprentis est en effet un devoir important des entreprises formatrices: C’est rendre service au jeune postulant que d’éviter qu’il ne se lance dans un métier qui n’est pas pour lui. Une sélection sérieuse est donc indispensable. Mais on ne peut en aucun cas parler d’une telle sélection au sujet des multicheck!
Après plusieurs années de combat contre les multichecks, basic-check et consorts, c’est une belle victoire!

Florilège de mesures contre le chômage des jeunes

En février, lorsque l’Union Syndicale Suisse annonçait 30’000 jeunes chômeurs de moins de 25 ans pour fin 2009, beaucoup avaient crié à l’alarmisme de mauvais aloi. Avec le récent pronostic de l’Union patronale suisse – 43’000 jeunes chômeurs pour 2010 – plus question de remettre en question la nécessité d’agir pour l’emploi des jeunes. Doris Leuthard, conseillère fédérale responsable, a associé les partenaires sociaux à son appel aux entreprises de créer de nouvelles places de stages pour jeunes demandeurs d’emploi. Mais, comme les appels à la bonne volonté ne suffiront probablement pas, d’autres mesures seront nécessaires. Jetons un regard critique sur quelques-unes d’entre elles: Continuer la lecture

Loi sur la formation professionnelle: premier débat (suite)

Cet après-midi, le grand conseil a achevé l’examen en 1er débat de la nouvelle loi cantonale sur la formation professionnelle (nLVFPr) (compte-rendu du début du premier débat).

La semaine passée, la droite avait imposé ses vues et taillé dans le pouvoir d’achat des apprenti-e-s et de leur familles en supprimant la prise en charge de la demi-prime d’assurance-maladie par l’employeur, sans tenir compte des faibles salaires des apprenti-e-s ou de l’explosion des primes annoncées pour cet automne. Aujourd’hui, le grand conseil a limité les dégâts, en acceptant le modèle d’allocation de formation, censé remplacer la demi-prime. C’est mieux que rien, mais le montant mensuel de 80.—Fr. est inférieur aux 90.—Fr. à 100.—Fr. dont bénéficient actuellement en moyenne les apprenti-e-s et leur familles. Le groupe socialiste s’est finalement rallié à cette proposition (d’autant plus qu’il en a obtenu le déplafonnement, voir ci-après), afin que le pouvoir d’achat des jeunes en formation ne soit pas trop diminué.

Non aux effets des seuils!
En revanche, il s’est – avec succès – fermement opposé au plafonnement de cette allocation. La majorité du grand conseil (PS, AGT, presque tous les verts, presque toute l’AdC, quelques radicaux et UDC) a en effet accepté de déplafonner cette allocation pour supprimer l’effet de seuil, contre l’avis de la majorité de la commission. On ne peut que s’en réjouir, car sinon, les apprentis touchant plus de 1200.—Fr. par mois auraient perdu leur demi-prime sans bénéficier de l’allocation censée la remplacer et auraient donc été les grands perdants de cette histoire. Ce plafonnement aurait entraîné d’autres effets pervers, par exemple une entrave à la négociation collective: une hausse de salaire entraînant le dépassement du plafond signifierait en fait…  une baisse des revenus des apprentis concernés. Absurde!

Il ne reste plus qu’à confirmer cette bonne décision lors du 2ème débat (qui aura probablement lieu la semaine prochaine).

Les autres points de la loi n’ont guère fait débat et le PS a pu engranger d’autres succès importants (après celui de la semaine passée contre les multichecks), notamment la refonte du système de surveillance de l’apprentissage, l’amélioration de la validation des acquis, du soutien à la formation continue et la création du fonds cantonal pour la formation professionnelle.

Un fonds vaudois pour encourager les entreprises formatrices!
Il était temps que le canton de Vaud se dote, à l’instar des autres cantons romands, du Tessin et de Zürich, d’un fonds qui répartis les frais de formation professionnelle sur toutes les entreprises, et pas seulement sur celles qui se donne la peine de former des apprenti-e-s. Les entreprises non formatrices (plus de 4 entreprises sur 5) seront désormais incitées à former. Et, si elle décident de persister dans la resquille (profiter du bon niveau de formation des jeunes formés par d’autres), elles passeront à la caisse. Quant aux entreprises formatrices, elles seront concrètement soutenues sans que cela ne coûte un centime au contribuable, le fonds étant uniquement financé par les cotisations patronales, 0,1% de la masse salariale au maximum. Ce mécanisme de redistribution rétablit donc l’équilibre en faveur des entreprises formatrices.
On peut certes regretter que le fonds ne permette pas de financer une palette plus large de projets en faveur de la formation professionnelle, notamment en faveur de l’égalité des genres comme cela est le cas dans le canton du Jura. Le groupe socialiste a cependant renoncé à déposer des amendements sur ce sujet, jouant le jeu du compromis général sur lequel se base cette loi.
Il faut encore relever l’évolution positive des partis bourgeois et des milieux patronaux: S’ils rejetaient unanimement l’initiative socialiste et syndicale «pour des places d’apprentissage» qui préconisait la création d’un tel fonds en 2003, ils se sont désormais ralliés à ce modèle et l’ont soutenu depuis le début. Ils ont renoncé à suivre l’exemple de leurs homologues jurassiens et zurichois, qui ont attaqué le fonds cantonal par référendum et largement perdu dans les urnes (mais il faut noter que le revirement patronal vaudois date d’avant ces votations). Ainsi, on a par exemple entendu le député UDC Bertrand Clot parler de fonds «utile» ou le député radical Olivier Feller vanter «l’équité» de ce modèle. Nos idées font leur chemin!

D’autres informations, notamment sur le second débat, suivront sur ce blog…

Loi sur la formation professionnelle: premier débat

Cet après-midi, le grand conseil est entré en matière sur la nouvelle loi vaudoise sur la formation professionnelle (nLVFPr). L’entrée en matière n’était contestée par aucun bord, car le projet repose sur un large consensus, auquel les partenaires sociaux ont été associés dès le début (le dialogue social se poursuit d’ailleurs pour l’élaboration du règlement d’application).

Le début de la fin des multicheck:
Le PS a pu engranger un premier succès avec l’acceptation en premier débat de sa proposition de mettre les tests de sélection payants (style multicheck) à la charge des employeurs qui les exigent. Cette disposition devrait encourager les entreprises formatrices à renoncer à utiliser ces test peu sérieux et discriminatoires et privilégier des tests organisés par les associations professionnelles et testant réellement l’aptitude des candidat-e-s à l’apprentissage à apprendre le métier en question.

Mauvais tour contre le pouvoir d’achat des apprenti-e-s:

Comme on pouvait le prévoir, les débats se sont surtout concentrés sur la proposition de la majorité bourgeoise de la commission de supprimer la prise en charge de la demi-prime d’assurance-maladie par l’entreprise formatrice. Malheureusement, la droite a imposé ses vues et taillé dans le pouvoir d’achat des apprenti-e-s et de leur familles en confirmant la suppression de la demi-prime, sans tenir compte des faibles salaires des apprenti-e-s ou de l’explosion des primes annoncées pour cet automne. Mais le groupe socialiste ne renoncera pas à défendre les apprenti-e-s et tentera de rappeler la majorité à la raison en deuxième débat.
Les autres points de la loi seront débattu lors de la suite du premier débat qui aura normalement lieu mardi prochain.

Subventionnement de la création de places d’apprentissage: scepticisme

Le conseil d’Etat du canton de Vaud vient d’annoncer, dans le cadre de ses mesures de crise, la création d’une subvention de 5000.—Fr. pour chaque création de nouvelle place d’apprentissage, ainsi qu’une subvention de 500.—Fr. pour chaque place maintenue.
S’il faut saluer le fait que le gouvernement agisse concrètement en faveur de l’emploi des jeunes et la création de places d’apprentissage (dont le marché est dans une situation inquiétante qui pourrait s’aggraver avec la récession), je ne peux m’empêcher d’avouer un certain scepticisme face à ce type de subventionnement, sans toutefois connaître le projet dans les détails.
En effet, une mesure similaire a été introduite en Autriche il y a quelques années («bonus Blum») et n’a pas été un franc succès. Le subventionnement autrichien, même s’il a certes influencé positivement l’offre en place de formation, a été victime d’un effet d’aubaine important (la plupart des places subventionnées auraient été créées de toute façon) et a coûté très cher pour pas grand’chose: Entre 70% et 77% des places d’apprentissage créées en Autriche entre 2005 et 2006 l’auraient été sans la prime «Blum». En outre, le coût réel de chaque nouvelle place créée était énorme: entre 28’000 et 37’000€, alors que la subvention ne s’élève qu’à 8400€ par nouvelle place (source: actualités de la formation professionnelle (pdf)).
A mon avis, la décision de former ou non des apprenti-e-s ne dépend pas de considérations financières à court terme, mais peut être influencée par un soutien à long terme, par exemple grâce à un fonds cantonal comme celui qui est prévu par la nouvelle loi sur la formation professionnelle (nLVFPr). Dont le grand conseil entame l’examen cet après-midi (à moins qu’il ne traîne trop – des nouvelles bientôt sur ce blog!).
Si le gouvernement peut débloquer 5 millions en faveur de l’emploi des jeunes, peut-être ces montants pourraient-ils être mieux utilisés, par exemple pour des mesures soutenant les entreprises formatrices en difficulté afin que leurs apprenti-e-s puissent terminer leur formation, ou des mesures en faveur des jeunes qui ont terminé leur apprentissage et qui ne trouvent pas d’emploi.
En revanche, il faut saluer sans retenue les moyens supplémentaires alloués au projet TEM (transition école-métier, qui devrait être pérennisé lui aussi dans le cadre de la nLVFPr) par le conseil d’Etat. Le système TEM est en effet un moyen efficace de prévenir la rupture de contrats d’apprentissage.