Le grand conseil a définitivement approuvé aujourd’hui la nouvelle loi vaudoise sur la formation professionnelle en deuxième lecture (avec un court troisième débat). Fort heureusement, il n’a pas remis en cause ses décisions progressistes du premier débat: fonds vaudois pour la formation professionnelle, amélioration de la surveillance de l’apprentissage, de la validation des acquis, déplafonnement du remboursement des frais de formation des apprentis. Ce remboursement des frais a d’ailleurs bien failli disparaître, comme le demandait un amendement libéral soutenu par l’UDC. Le POP avait en effet malencontreusement rouvert le débat pour faire de la surenchère sur le montant du remboursement… La majorité de droite de la commission a également tenté de réintroduire le plafonnement à 1200.—Fr. par mois. Fort heureusement, le compromis du premier débat (80.—Fr./mois, déplafonné) a tenu bon.
Le grand conseil a aussi confirmé l’obligation pour les employeurs qui demandent un test de sélection externe de type multicheck de le payer, même si le jeune postulant n’est pas engagé.
Cette proposition du groupe socialiste vise à décourager les entreprises de faire appel à ces tests bidons et à mettre un terme au petit business qui s’est monté sur le dos des jeunes qui cherchent une place d’apprentissage et de leurs familles. Rappelons qu’un de ces tests coûte dans les 100 à 150.—Fr., qu’il faut parfois en faire plusieurs (il en existe plusieurs marques et, pour chaque marque, plusieurs tests censés être adaptés aux branches) et qu’il existe des cours de préparation à ces tests, pour 170.—Fr.. Si les entreprises formatrices doivent payer ces tests, nul doute qu’elles s’intéresseront de plus près à leur contenu et se rendront compte qu’ils n’ont aucun rapport avec le métier, qu’ils contiennent des questions absurdes qui ne permettent pas de se faire un idée des compétences du futur apprentis, voire qu’ils prennent carrément les futurs apprentis pour des imbéciles. Nul doute également qu’elles se rabattront, comme le font déjà de nombreuses branches depuis de nombreuses années, sur des tests sérieux, en rapport avec le futur métier et organisé par de vrais spécialistes, les associations professionnelles. Une sélection sérieuse des futurs apprentis est en effet un devoir important des entreprises formatrices: C’est rendre service au jeune postulant que d’éviter qu’il ne se lance dans un métier qui n’est pas pour lui. Une sélection sérieuse est donc indispensable. Mais on ne peut en aucun cas parler d’une telle sélection au sujet des multicheck!
Après plusieurs années de combat contre les multichecks, basic-check et consorts, c’est une belle victoire!
Salut Jean-Christophe (permets-moi de te tutoyer eu égard à nos âges sensiblement égaux).
Je travaille comme formateur dans une fondation à vocation intégrative pour les jeunes non-diplômés « désirant » (c’est-à-dire étant à peu près forcés à souscrire à une bourse pour) s’insérer sur le marché de l’emploi. Dans notre fondation, nous vendons des mesures à l’Etat comprenant des cours, mais aussi la possibilité de rencontrer des entreprises pour accomplir des stages en vue de décrocher un contrat d’apprentissage.
Certains donc de mes collègues sont chargés de faire le pont entre les entreprises et nos jeunes, et à chaque fois ou presque que le premier contact se fait, les entreprises exigent le Multicheck. Evidemment, comme dans ce cas-là les participants sont au sein d’une institution, le boulot de mes collègues est de les motiver à passer ce test, cher et inutile, et nous en sommes même à devoir les y préparer en cours (ce qui n’est pas chose facile tant les questions du Multicheck sont enduites d’une épaisse couche de secret).
Nous sommes donc une entreprise financée par l’Etat recevant des jeunes boursiers et nous les encourageons lourdement à payer pour ces tests inutiles devant selon la loi être financés par les entreprises. Magique, non ?
Puisque je suis en général très d’accord avec toi sur ce sujet, j’aimerais connaître ton avis et éventuellement une solution miracle (sait-on jamais).
Par ailleurs, je n’ai pas trouvé sur ton blog de références au changement de statut des bénéficiaires jeunes du RI en boursiers. J’aimerais également ton avis là-dessus parce que ça a créé des dynamiques vraiment bizarres dans notre entreprise, notamment des bénéficiaires qui refusent des prestations auxquelles ils auraient droit (parfois après une année réussie de CFC) parce que celles-ci sont désormais dépendantes de parents qu’ils ne souhaitent pas poursuivre en justice.
Voilà, merci d’avance si tu as le temps de répondre.