A plusieurs reprises, les partisans de la libéralisation des horaires d’ouverture des shops ont fustigé les syndicats, ces «ayatollahs» qui refusent de faire passer les envies des consommateurs avides de saucisses à 3h du matin avant les intérêts des travailleurs de la vente. Que la droite n’ait pas de sympathies syndicales n’est malheureusement pas étonnant. Mais quand on la confronte au fait que les petits commerçants, les églises, voire des sections cantonales de partis et élus de droite refusent eux-aussi cette libéralisation, leur réponse est toute prête: Ces pauvres ont été «manipulés», ou «empapaoutés». Les petits commerçants sont par exemples nombreux à rejeter la libéralisation des horaires des shops. Associations nationales (SDV, VELEDES), cantonales (association des commerçants du canton de Fribourg) ou locale (My Flon), toutes ont bien compris que l’extension des horaires d’ouverture profitent systématiquement aux grandes enseignes et créent une concurrence déloyale dont souffrent les petits commerces indépendants. Comme c’est un électorat plutôt de centre-droit, souvent PLR, il est im-pen-sable que ces gens ait pu de leur propre chef parvenir à une conclusion aussi peu en phase avec la propagande du parti. C’est donc qu’ils ont été «manipulés».
Les églises, d’habitude si proches du PDC? Elles aussi combattent l’extension sans fin des horaires de travail et son impact négatif sur la vie sociale et familiale. C’est une position solide, réfléchie, et surtout de longue date. Pour sûr, cela fait donc longtemps que les syndicats, dont on connaît l’influence occulte tant au Vatican que dans les synodes, les ont «empapaoutées».
Restons au PDC, dont la section saint-gallois prône le NON à la libéralisation des horaires des shops. Et dont la section lucernoise ne suit le mot d’ordre national que d’une très courte majorité. Que dire aussi des verts libéraux de Bâle-Campagne, qui laissent la liberté de vote alors que c’est leur parti national, qui prône ouvertement les ouvertures 24h/24 dans tous les supermarchés jusqu’à 120m2, qui mène la campagne pour le centre-droit? Que dire enfin de Jérôme Buttet, chef du groupe PDC du Bas au Grand conseil valaisan ou de Jean-Luc Addor, député valaisan et vice président de l’UDC-VS opposés à la libéralisation des shops? Là encore, on devine l’influence tentaculaire et manipulatrice des syndicats.
Restons sérieux! On peut être, une fois n’est pas coutume, du même avis que ses adversaires politiques sans pour autant s’être fait avoir par ces derniers. Penser que des gens de son propre camp puissent avoir un autre avis, non pas de leur propre chef et suite à leur propre réflexion, mais parce qu’ils ont été «manipulés» par l’autre camp est tout simplement méprisant. Cela montre aussi la faiblesse de l’argumentation des partisans de la libéralisation totale des horaires de travail. Mais peut-être qu’à force de marteler sans arrêt qu’il ne s’agit «que de saucisses» et d’occulter que d’autres propositions d’extension des horaires se fondent sur la libéralisation des horaires des shops, eux-mêmes ont fini par oublier que l’enjeu réel du vote du 22 septembre est une flexibilisation générale de tous les horaires d’ouverture. Et, à terme, de tous les horaires de travail.
Là, Jean Christophe ton texte me fait hurler de rire, penser que les syndicats puissent manipuler tous ces gens. Si c’était vraiment le cas, l’ouvrier travaillerait dans un monde de paix et de bonheur, aurait de quoi payer ces factures avec le sourire et irait au travail en sifflotant.
Le camps adverse s’enfonce
J’AIME