Ce que cache la baisse du chômage

On ne peut que se réjouir de la baisse du taux de chômage (voir les chiffres du SECO), spécialement de la baisse plus marquée chez les jeunes. Même si ces statistiques ne prennent en compte que les chômeurs inscrits et occultent donc une bonne partie des sans-emplois (par exemples les personnes –chez les moins de 25 ans, une sur deux– qui ne s’inscrivent pas au chômage, les chômeurs-euses en fin de droit, les gens poussés vers l’AI ou mis à la retraite anticipée parce que l’économie n’en veut plus, etc.), la baisse est indéniable. Alors, Mme Leutahrd, les milieux économiques, les politiques, etc. ont-ils remplis leur tâche? Peuvent-ils passer à autre chose et considérer leur politique de l’emploi comme un succès? Certainement pas.
Continuer la lecture

Aide sociale : les chiffres qui font mal

La prise de position de la conférence suisse des institutions d’aide sociale (CSIAS) sur les jeunes et l’assistance publique confirme que socialistes et syndicats ont raison lorsqu’ils revendiquent un droit à une formation post-obligatoire. En effet, 3,9% des jeunes de 18 à 25 ans sont dépendant-e-s de l’aide sociale, contre 3% de l’ensemble de la population (seuls les enfants sont plus touchés, avec 4,4%). En cause (notamment), le manque de formation: 65% des jeunes bénéficiaires de l’aide sociale n’ont pas de formation post-obligatoire (maturité, CFC, etc.), contre 46% de tous les bénéficiaires de l’aide sociale et 23% de l’ensemble de la population. Conclusion: l’Etat doit garantir le droit à la formation post-obligatoire pour tous et donc mettre lui-même à disposition les places manquantes, par exemple en ouvrant des écoles des métiers, des écoles de commerce ou toute autre forme de formation à plein temps menant à une qualification. Un tel droit aurait certes son coût: mais il vaut à mon avis bien mieux investir aujourd’hui dans la formation, plutôt qu’assumer à long terme les coûts croissants de l’aide sociale.
La CSIAS soutient désormais cette revendication syndicale de longue date. Du côté des opposants, toujours les même : les milieux patronaux (l’USAM en tête) et l’inévitable OFFT, décidément peu au fait de la situation de l’emploi des jeunes.

Sur le même sujet…

Le site de la CSIAS et sa prise de position détaillée.

Une bonne journée pour la formation professionnelle vaudoise.

Les partenaires sociaux (association patronale GIM-CH) et syndicat (Unia) ont présenté aujourd’hui les résultats de la fondation vaudoise pour la formation professionnelle dans l’industrie des machines, électrotechnique et mécanique (MEM). Ce fonds, financé par des cotisation patronales et salariales a permis de créer des places d’apprentissage dans l’industrie, alors que celle-ci était confrontée à la fois une baisse drastique du nombre de place de formation et à un manque croissant de main d’œuvre qualifiée. C’est un véritable succès du partenariat social, dont on ne peut qu’espérer qu’il se répande dans d’autres branches ou cantons. Et, le même jour, le Conseil d’Etat a –encore une bonne nouvelle– annoncé vouloir privilégier les entreprises formatrices lors de l’attribution des mandats publics. Bref, une bonne journée pour la formation professionnelle vaudoise !
Continuer la lecture

Places d’apprentissage : le conseil fédéral se fend d’un rapport.

A force d’insister, ça finit par rentrer : le Conseil fédéral, en réponse à un postulat de la conseillère nationale socialiste zurichoise Chantal Galladé, publie un rapport sur l’état du marché des places d’apprentissage. Alors que la dernière rengaine officielle était « circulez, y’a rien à voir, tout va bien », le rapport avoue enfin, chiffres à l’appui, que la situation est « tendue ». Quelle évolution depuis les paroles de la nouvelle directrice de l’OFFT, Ursula Renold, qui, en août 2005, prétendait dans la Mittelllandzeitung « qu’il n’y a pas de crise des places d’apprentissage » ! Certes, le mot « crise », qui serait particulièrement adapté à la situation, n’apparaît pas dans le rapport. Mais on sent un début de prise de conscience.
Toutefois, rapport et changement de vocabulaire ne signifient pas que des mesures efficaces vont suivre. Le Conseil fédéral reste persuadé que la démographie va tout arranger et qu’il suffit de donner un coup de main aux jeunes en difficulté. En outre, il avance quelques statistiques faussées, histoire d’enjoliver tout de même la situation. Par exemple, il prétend que près de 30% des entreprises sont formatrices (alors que le recensement des entreprises 2001 de l’Office Fédéral de la statistique en compte à moins de 18%…). Mais pour cela, il ne prend en compte que les entreprises qu’il définit lui-même et arbitrairement comme « potentiellement formatrices ». Et vu qu’il ne considère qu’il n’y a guère de problème au niveau des entreprises formatrices, il se contente de demi-mesures, comme soutenir « speranza », dont on peut découvrir les défaut ici.
Bref, c’est encore insuffisant. Allez, encore un effort !

Sur le même sujet.

Formation professionnelle : les romands gaspillent-ils ?

Une étude de PriceWaterhouseCoopers (disponible sur le site de l’OFFT) sur les coûts de la formation des apprenti-e-s évoquée dans la « NZZ am Sonntag » (désolé, l’article n’est pas disponible en ligne…) et « le Temps » (en espérant que l’article restera en ligne…) montre que la formation professionnelle est beaucoup plus chère en Romandie et dans les cantons-villes que dans le reste de la Suisse. Ainsi, une formation initiale coûte en moyenne suisse 14400.—Fr. contre 15900.—Fr. dans le canton de Vaud, 19600.—Fr. à Neuchâtel, 25600.—Fr. à Genève et seulement 5200.—Fr. à Appenzell Rhodes Intérieures. En cause, le plus grand nombre de places de formation professionnelle en école à plein temps (école de commerce, école des métiers). Les romands gaspillent-ils ?
Continuer la lecture

Places d’apprentissage « speranza » : de la propagande électorale… mais de la bonne !

Qui a dit que les radicaux négligeaient l’apprentissage ? Otto Ineichen, entrepreneur iconoclaste et conseiller national radical a lancé « speranza », un projet de création des places de formation, avec le soutien de la Confédération (comme quoi le libéralisme n’empêche pas de demander des subventions…). Son objectif de 2’000 nouvelles places, notamment d’apprentissage avec attestation (nouvel apprentissage en deux ans pour les élèves en difficultés scolaires) est presque atteint : près de 1800 places ont été créées.
Qu’en penser ? Si l’on ne peut que se réjouir de ces nouvelles places, il faut s’inquiéter du nombre important de places de « stages » ou de « préapprentissage » qui n’offrent guère de perspectives professionnelles aux jeunes. Et il faut surtout regretter que le parti radical ne se préoccupe des problèmes des jeunes qu’en période pré-électorale…
Continuer la lecture

Mme Leuthard et la crise des places d’apprentissage

Doris Leuthard vient de présenter, conjointement avec les partenaires sociaux, quelques mesures pour lutter contre la pénurie des places d’apprentissage et le chômage des jeunes. Première bonne nouvelle : Mme Leuthard semble prendre le problème au sérieux. Seconde bonne nouvelle : les mesures proposées, pour peu qu’elles soient appliquées, sont de bonne facture. Mais il subsiste un bémol de taille : rien n’est prévu pour encourager la création de places de formation. Or c’est là que se situe à mon avis la clef du problème.

Continuer la lecture

Marché des places d’apprentissage, la détente ou le miroir aux alouettes ?

Selon le récent « baromètre des places d’apprentissage », il y a plus de places d’apprentissage et moins de jeunes qui en cherchent. Mmes Leuthard (conseillère fédérale) et Renold (directrice de l’OFFT) peuvent-elles donc plastronner ? Les syndicats avaient-ils tort de s’alarmer ? Et ont-ils tort de continuer à peindre le diable sur la muraille (voir le communiqué de l’USS) ? Malheureusement pas.
Continuer la lecture