Une bonne journée pour la formation professionnelle vaudoise.

Les partenaires sociaux (association patronale GIM-CH) et syndicat (Unia) ont présenté aujourd’hui les résultats de la fondation vaudoise pour la formation professionnelle dans l’industrie des machines, électrotechnique et mécanique (MEM). Ce fonds, financé par des cotisation patronales et salariales a permis de créer des places d’apprentissage dans l’industrie, alors que celle-ci était confrontée à la fois une baisse drastique du nombre de place de formation et à un manque croissant de main d’œuvre qualifiée. C’est un véritable succès du partenariat social, dont on ne peut qu’espérer qu’il se répande dans d’autres branches ou cantons. Et, le même jour, le Conseil d’Etat a –encore une bonne nouvelle– annoncé vouloir privilégier les entreprises formatrices lors de l’attribution des mandats publics. Bref, une bonne journée pour la formation professionnelle vaudoise !

Dans les années 2000, l’industrie vaudoise a supprimé des places de formation à tour de bras (plus de 200 !) et des grands centres de formation, par exemple celui de SAPAL, étaient tout simplement menacés de fermeture. La création du fonds MEM pour la formation professionnelle a non seulement permis d’enrayer cette tendance, mais surtout à créer de nouvelles places dans l’industrie vaudoise, alors que leur nombre a continué à diminuer dans la même branche dans d’autres cantons. Certes, les résultats ne sont pas encore mirobolants, mais ils sont encourageants : depuis 2003, une dizaine de nouvelles entreprises sont devenues formatrices, surtout des PME, et 24 places ont pu être créées, ce qui donne un résultat positif de 14 places, car 10 autres ont été supprimées. Le fonds finance les frais de formation des entreprises, des mesures de promotion des métiers industriels ainsi que la formation continue. Il est géré par les partenaires sociaux et alimenté par une cotisation de toutes les entreprises de la branche (part patronale : 0,18% de la masse salariale, part employés : 0,07%), ce qui a un effet incitatif pour encourager les entreprises à devenir formatrices. La loi cantonale qui permet l’existence du fonds avait été soutenue à l’unanimité par le Grand conseil, preuve que les fonds pour la formation professionnelle sont d’excellents compromis, quoi qu’en disent les idéologues de certaines associations patronales nationales, opposées à toutes mesure encourageant la création de places d’apprentissage.

Des innovations pour la formation duale :
Le fonds finance aussi des «années d’apprentissage de base» ou «formations longues»; Ces modèles permettent de diminuer les coûts de formation, ce qui est très important dans l’industrie de précision, où la plupart des formations ne sont pas rentables pour l’entreprise formatrice. Cela encourage donc la création de nouvelles places d’apprentissage. Dans une année d’apprentissage de base, l’apprenti-e passe sa première année dans un centre de formation, puis rejoint l’entreprise dès la seconde année. Ainsi, il est beaucoup plus efficace et productif, dispose de meilleures bases théoriques, et l’entreprise formatrice épargne une partie des frais d’encadrement, qui sont plus élevés lors de la première année d’apprentissage. Ces modèles se développent aussi dans d’autres cantons et d’autres branches, par exemple dans le Jura Bernois pour la formation des décolleteurs. Mais une introduction généralisée a échoué l’an passé, car la droite patronale et l’OFFT ont mis les pieds au mur et refusé une proposition socialiste à ce sujet. Peut-être que le succès de l’exemple vaudois les incitera à revenir sur leur blocage idéologique.

Il faut d’autres fonds…

L’industrie des machines n’est pas la seule branche à manquer de main d’œuvre qualifiée. D’autres, par exemple l’horlogerie, font face à une pénurie sérieuse. Et le nombre de jeunes à la recherche d’une place de formation est toujours très élevé (à ce sujet). Il faut donc étendre ce système de fonds pour la formation professionnelle à d’autres branches. Le canton de Vaud doit notamment se doter d’un fonds cantonal pour la formation professionnelle afin de pouvoir soutenir les entreprises formatrices de toutes les branches et inciter toutes celles qui ne forment pas à le faire. Les fonds pour la formation professionnelle existent dans de nombreux cantons romands (GE, NE, FR, VS et bientôt JU, même si le fonds jurassien est menacé par un référendum de certaines associations patronales irresponsables). La nouvelle loi cantonale vaudoise sur la formation professionnelle, qui sera la base légale d’un tel fonds, devrait être bientôt mise en consultation et passera au grand conseil au printemps prochain. Il faudra donc que les électrices et électeurs vaudois élisent des député-e-s qui comprennent les problème d’emploi des jeunes et de formation professionnelle. C’est mon cas (au diable la modestie !) (à ce sujet).

Les cantons ont (presque) toujours raison.

Cet exemple démontre une fois de plus que les cantons sont bien plus conscients du problème de l’emploi des jeunes que la Berne fédérale, particulièrement l’OFFT et ont en général de meilleures solutions à proposer. Il est vrai que ce sont eux qui voient les chiffres de l’aide sociale exploser chez les jeunes. Même si une légère amélioration se dessine à Berne depuis le remplacement de M. Deiss par Mme Leutahrd, la Confédération doit en prendre de la graine et mieux soutenir les projets cantonaux qu’elle n’a l’habitude de le faire.

Encourager les entreprises formatrices…

Le conseil d’Etat vaudois a pris le même jour une autre décision importante : les entreprises formatrices seront avantagées lors de l’attribution de mandats publics (voir le communiqué de presse). C’est aussi un pas dans la bonne direction. De nombreux cantons ont déjà adopté une telle méthode, et la Confédération s’y est mise elle aussi, suite à plusieurs interventions parlementaires. La portée de cette mesure est surtout symbolique. En effet, les règles de l’OMC concernant les soumissions ne laissent que peu de marge de manœuvre. En revanche, il est tout à fait possible d’avantager une entreprise formatrice à qualité égale de l’offre. Et surtout, la portée symbolique est à mon avis non négligeable : l’Etat signale l’importance de la formation professionnelle et reconnaît concrètement les efforts des entreprises formatrices.

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