Les «réformes structurelles» selon avenir suisse: abolir la démocratie

La Corée du Nord a le «Juché», la Libye avait la «Jamahiriya», la Suisse a désormais les «Idées pour la Suisse» ou «44 chances pour l’avenir» d’avenir suisse. Oh, certes, les dernières nommées ressemblent un peu plus à une étude sérieuse, menée par des gens sérieux qu’au «Petit livre vert» de M. Kaddhafi ou à la propagande des services de M. Kim. Les éditeurs et auteurs du dernier opus de la boîte à idée des grandes entreprises suisses se targuent en effet de nombreux et ronflants titres académiques qui inspirent confiance et ils ont truffé leur calembredaines de notes de bas de pages qui font bien dans le paysage, le tout dans un emballage moderne joliment mis en page. Mais il n’en demeure pas moins qu’avec ses «44 idées», avenir suisse n’en part pas moins du constat que ce sont surtout les votes populaires qui font obstacles aux «indispensables réformes» dont notre pays aurait besoin s’il ne veut pas «sombrer» au niveau des autres pays européens. Et le «think-tank» ultralibéral de prôner, en conclusion… la restriction de la démocratie directe.

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Offensive du PLR contre la formation

«Notre matière première la plus précieuse est le savoir de nos salariés. Il est important d’investir dans la formation de nos enfants pour leur assurer de bons emplois dans le futur. Le système de formation doit s’améliorer continuellement. Les universités de pointe ainsi que le système dual de formation professionnelle ne s’excluent pas – ils sont nécessaires et complémentaires à notre économie». Voici comment commence le chapitre 2.4. du programme du PLR consacré à l’emploi, qui s’intitule «Investir dans la formation pour assurer des emplois». Waouh. C’est beau. Mais quand on compare avec les récentes propositions concrètes du PLR en matière de formation, ces belles paroles sont plus proches du prêchi-prêcha. Continuer la lecture

Le peuple a été berné, economiesuisse tente de faire croire le contraire

La réforme de l’«imposition des entreprises II» se transforme petit à petit en un des plus gros scandales politico-financiers de ces dernières années. Alors qu’avant la votation (perdue de peu par la gauche) personne parmi les partisans (y compris le Conseil fédéral, pourtant auteur de la réforme) n’était capable d’estimer correctement les pertes fiscales due au principe de l’«apport en capital». Or, il s’est avéré que non seulement les pertes pourraient être colossale (47 milliards de francs!) mais qu’en plus, il ne s’agit pas de baisse d’impôt pour les PME (l’objectif de la réforme selon ses partisans), mais plutôt pour les gros actionnaires de grandes entreprises (ce qu’on toujours dit les adversaire, malheureusement sans qu’on les croie), en témoigne cette édifiante liste des bénéficiaires de la réforme, dont aucun ne peut être considéré comme «patron de PME». Il est intéressant de relever qu’il se trouve parmi eux un conseiller national UDC, patron d’une grande entreprises, qui s’est visiblement servi la soupe à lui-même lors des débats parlementaires… Continuer la lecture

Sus aux smart-traîtres!

Smartvote est décidément bien pratique. Cet outil qui se prétend intelligent ne permet pas seulement de classer facilement tous les candidats dans des catégories rigides (parfois pour de mauvaises raisons), il permet aussi de faire la chasse aux «traîtres». Ou en tout cas aux «dissidents en puissance» qui ont, en tout cas selon smartvote, des avis différents de celui de leur parti. C’est la nouvelle utilisation de smartvote que le vante tsrinfo.ch. A l’aide de la smartspider, on peut désormais débusquer sans beaucoup d’effort les profils qui divergent beaucoup de celui de leur parti: il suffit de superposer les toiles d’araignées et de voir, un peu au pifomètre, si ça correspond grosso-modo. Et tant pis si cela aboutit à des lapalissades telles que «PBD plutôt conservateur» voire des absurdités comme «vert-libéral hors-parti». Les candidats en question pourront donc se targuer d’être «indépendant des logiques partisanes» tout en étant conspués pour «ne pas s’en tenir à la ligne». Bref, il y en aura pour tous les goûts.

Mais la réalité est, une fois de plus, beaucoup plus subtile que smartvote, qui ne permet pas de déceler les vraies différences entre les candidats et la ligne de leur formation politique. Ainsi, la smartspider d’un candidat vert vaudois qui vote très souvent avec la droite au Grand conseil reste étrangement semblable à celle de sa liste au Conseil national. Smartvote, qui ne tient pas compte du contexte des décisions politiques, ni du vote final des élus, ne le considérera donc pas comme un élu «en marge de son parti», alors que, dans les faits, il ne vote pas toujours avec son camp, y compris lors de votes de principe gauche-droite. Ce que smartvote, qui pose des questions imprécises et hors de tout contexte, est totalement incapable de mettre en évidence. Il s’agit pourtant d’une information cruciale pour les électeurs, tant pour ceux qui privilégient l’engagement collectif et souhaite voter pour des gens en phase avec le programme de leur parti, que pour ceux qui privilégient l’indépendance d’esprit.

Il convient ici de rappeler que la politique est un engagement collectif, en particulier lors d’une élection à la proportionnelle, et qu’aucun élu ne le serait sans la force de sa liste. Dans ce contexte, les candidats qui prennent beaucoup le contre-pied des positions de leurs propres listes ne jouent guère le jeu. Mais, s’il est important de les identifier, il faut éviter de laisser à un outil aussi peu fiable que smartvote le soin de le faire. C’est plutôt aux partis de veiller à l’équilibre leur liste, aussi du point de vue des positions personnelles des candidats et de leurs éventuelles divergences avec le programme commun.

PS: J’avais répondu «plutôt oui» à la question smartvote concernant le «managed care», car le principe me semble intéressant. Vu la décision des chambres à ce sujet, je penche désormais fermement pour le «non». Si smartvote avait posé une question un tant soit peu complète (il aurait d’ailleurs fallu en poser plusieurs), cette prise position aurait été visible dans le résultat du questionnaire. Mais ce dernier est totalement statique, alors que le monde réel, lui, ne cesse d’évoluer. Dommage.

Achat d’adresses…

C’est un secret de polichinelle. Certains partis et candidats dépensent beaucoup, beaucoup d’argent pour tenter de convaincre les électeurs. Argent qui vient souvent d’entreprises ou groupes d’intérêt qui attendent un «retour sur investissement» (on l’a par exemple constaté dans le canton de Vaud, où les clinique privées ont convaincu leurs stipendiés du PLR et de l’UDC de torpiller la révision de la planification hospitalière).

Et, parmi les dépenses de campagne, l’achat d’adresses tient une bonne place. Tout le monde – ou presque – à déjà vu sa boîte aux lettres abreuvée de courriers personnalisés dans lesquels des candidats que l’on ne connaît ni d’Eve ni d’Adam s’adressent à nous comme à de vieux amis pour vanter leur programme personnel.

Pour ce faire, ils ont dépensé une partie de leur budget de campagne pour acheter les adresses. Par exemple à l’entreprises BVA, qui fait en ce moment un marketing très agressif auprès des candidats: J’ai déjà reçu trois fois leur courrier dans lequel il promettent élection dans un fauteuil, monts et merveilles… en achetant des adresses de particuliers et en leur envoyant des courriers personnalisés ciblés. Ces courriers peuvent être ciblés par localité, mais aussi par profession (et probablement en fonction d’autres critères comme le revenu?). Et ce à un prix fort intéressant: dès 35 centimes l’adresse (la liste ne détaille pas les autres prix, par exemple celui d’un fichier plus précis contenant âge, profession, situation familiale, revenu, fortune, opinions politiques, temps passé sur facebook et pointure des pieds).

La pub de BVA ne dit en revanche rien de la protection des données et de la façon dont ils se procurent ces adresses ciblées. BVA n’explique par exemple pas aux  personnes qui figurent dans se fichiers comme ils se sont procuré leurs données, ni sur le prix auquel ces données sont revendues aux candidats. Mais à quoi bon, la transparence n’existe pas non plus en matière de financement des campagnes politiques…

 

PS: Mes propres dépenses de campagne se montent actuellement à 0.—Fr. Comme les autres candidat-e-s de ma liste (no 6), j’enverrai quelques centaines de cartes postales à mes connaissances. Au PS, l’engagement est collectif.

Le PS veut baisser les impôts, la droite refuse que le peuple vote

Dans l’esprit de bon nombre d’élus bourgeois, «un socialiste, ça ne fait qu’augmenter les impôts». Cette antienne, martelée à longueur d’année, est bien pratique pour tenter de détourner du PS une grande partie de l’électorat, qui craint de voir les impôts augmenter. Or, avec l’initiative «pour un rabais d’impôt qui protège les assurés au lieu des actionnaires», les socialistes vaudois s’apprêtent à balayer ce jugement préconçu. Car cette initiative prévoit de baisser de plusieurs dizaines de millions de francs la charge fiscale de la classe moyenne. Continuer la lecture

Smartvote ou l’échec du vote dit intelligent

A chaque élection, il faut sacrifier au remplissage du désormais incontournable questionnaire en ligne «smartvote». Cet outil de «vote intelligent» (enfin, c’est ce qu’il laisse entendre) s’est malheureusement taillé un monopole inexpugnable et malheur au candidat qui n’y serait pas présent: il risquerait de perdre toute chance de rendre ses positions un tant soit peu visibles. Et force est de constater que l’objet sait susciter l’enthousiasme. Les candidats sont tout fiers de comparer et de commenter leurs position dans le classement des meilleures réponses et leur fringantes «smartspider». Et tant pis si la campagne de l’APG pour faire la promotion du machin donne presque la nausée avec ses photos hideuses qu’il est impossible de ne pas voir moins de trente fois par jour, à moins de s’exiler dans une région sans panneau d’affichage.

Malheureusement, smartvote reste truffé d’erreurs si monumentales qu’il serait déraisonnable de faire confiance à ce logiciel pour remplir son bulletin de vote. Même pour se faire une idée sérieuse des véritables motivations des candidats, il faudra repasser. Voici pourquoi à l’aide de quelques-unes des questions proposée par ce logiciel: Continuer la lecture

UDC tricheurs: la liste s’allonge

A peine apprend-on qu’un élu UDC ne se comporte pas en honnête citoyen qu’on en découvre un autre. Le tricheur du jour: Roland Jakob, chef du groupe UDC au conseil de ville de Berne. Le Blick d’aujourd’hui révèle que cet élu, qui clamait pourtant dans la presse bernoise «qu’un élu doit être exemplaire», est aux poursuites pour 300’000.—Fr. d’impayés d’impôts, de cotisations aux assurances sociales et aux caisses de pensions. Bref, M. Jakob prélève les charges sociales de ses salariés et la TVA de ses clients, mais ne verse pas ces sommes aux assurances sociales ou au fisc. Pour faire simple, il triche aux dépens de ses clients, de ses salariés et des assurances sociales. En outre, ce digne représentant du parti blochérien avoue devoir des arriérés de salaire, que le Blick estime à 40’000.—Fr.
Cette navrante histoire démontre qu’en matière d’«abus», l’UDC est aussi crédible qu’un M. Kaddhafi parlant des droits humains. Mais le comble est que le tricheur UDC en cause siège dans la commission chargée de veiller à ce que les entreprises qui remportent les appels d’offres de la ville de Berne respectent la législation, les CCT et soient correctement affiliées aux assurances sociales. Ça rassure de savoir que de tels dossiers sont confiés à un pareil spécialiste.

Encore un tricheur UDC pincé…

Décidément, plus on cherche de tricheurs au sein de l’UDC, plus on en trouve. Après le président de l’UDC soleuroise condamné en première instance pour fraude fiscale, voici un membre de l’exécutif de la commune bernoise d’Aarwangen qui a volé 36’000.—Fr. à son pupille. L’office de surveillance des tutelles a déposé plainte pour escroquerie. C’est ce que révèle le Blick d’aujourd’hui.
Ce cas est très choquant, car l’élu UDC en question s’en est pris à son pupille, une personne qu’il était plutôt censé protégé et dont il devait gérer la fortune au mieux. Sa ligne de défense est ahurissante: «Je ne savais pas que c’était interdit», répond-il au quotidien alémanique. Ah bon. Même sans les campagnes permanentes de l’UDC sur le thème de l’insécurité, ignorer que voler est un délit, c’est un sacré exploit. Et on se réjouit d’entendre Jean Fattebert prétendre qu’il «ne savait pas» que le travail au noir est interdit. Ou alors This Jenny, qui, certainement, «ne savait pas» que la sous-enchère salariale est prohibée.
Bref, à l’UDC, en matière de criminalité c’est seulement «faites ce que je dis». Et si c’était «faites ce que je fais», ce serait sacrément dangereux de sortir de chez soi.

Les bonnes excuses d’Ueli

Ueli a une belle armée. Enfin, une armée dont il voudrait qu’elle soit belle. Bref, euhm, une armée, quoi. Malheureusement, il n’a pas de sous pour acheter du nouveau matos pour son armée. Mais Ueli est un petit malin et il a toujours une bonne raison prête à l’emploi :
«On a besoin de nouveaux avions pour chasser les Roms.»
«On a besoin d’acheter des avions au pote de Sarkozy, comme ça, Sarkozy sera sympa avec nous et sa femme, elle est drôlement chouette. Et pis, être copain avec le roi de la francophonie, ça peut toujours servir.»
«Le vieux système informatique a planté, il en faut un nouveau.»
«Le nouveau système informatique (celui qu’on avait acheté pour remplacer le vieux) a planté, il en faut un autre.»
«Mon parti veut qu’il y ait un soldat en armes planqué derrière chaque sapin. Et pis, des sapins, y’en a quand même beaucoup par chez nous.»
«Mes consultants me disent qu’il faut acheter des tas de trucs. Mais qu’il faut aussi payer leurs honoraires d’abord.»
« On doit se débarrasser de toute une série de bunkers un peu chérots à entretenir, mais pour ça, il faut se payer un agent immobilier (c’est un consultant qui me l’a dit).»
«On doit se débarrasser de tout un tas de matos dont on a plus besoin, c’est bien la preuve qu’on doit racheter des trucs utiles.»
Et, quand toutes ces bonnes raisons ne suffisent pas à convaincre les plus récalcitrants, Ueli (qui est un petit malin, ne l’oublions pas) en sort une qui marche à chaque fois :
«On doit acheter de nouveaux tanks, parce qu’on en a bousillé quelques-uns dans un accident de la route.»

Chronique de politique chronique parue dans «Le Tromblon»

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