L’UBS et l’AVS

Avec un titre pareil, je vois déjà venir les critiques: «ça y est, il va encore nous ressortir le coup du «si on peut verser 68 milliards pour l’UBS, on peut bien mettre 800 millions pour l’AVS flexible»…». Encore que cet argument ne soit pas dénué de pertinence, ce n’est pas de ça que je veux parler dans ce billet. Je souhaite plutôt montrer cette publicité, découverte au détour du site internet de la grande banque sise aux îles Caïmans sur la Piratenplatz sur la Paradeplatz.
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Elle montre bien d’une part que la retraite anticipée est d’ors et déjà une réalité (ce qui ne choque pas les adversaires de l’initiative «pour un âge de l’AVS flexible», qui pourtant clament sur tous les toits que «la retraite anticipée menace la santé financière de l’AVS») et d’autre part que la retraite anticipée est un privilège. Un privilège réservé à ceux qui sont déjà privilégiés. Et que l’UBS accueille à bras ouverts.
Aujourd’hui, 4 salariés sur 10 ne sont plus actifs entre 60 et 64 ans. Dans les banques et les assurances par exemple, plus d’un salarié sur deux peut se permettre de partir à la retraite anticipée (contre moins de 15% dans l’hôtellerie ou la restauration…). Pour les uns, la retraite anticipée se passe dans de bonnes conditions (merci, «UBS comfort»!). Pour les autres, elle signifie diminution à vie de la rente AVS, recours aux prestations complémentaires, et restrictions drastiques de la qualité de vie. Et pour beaucoup d’autres, la retraite anticipée n’est qu’un rêve. Pour une AVS flexible enfin ouverte àtous, votons oui le 30 novembre!

Et à ceux qui doutent encore de la capacité du 1er pilier à affronter les changements démographiques, je conseille ce lien.

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L’AVS ou la famine?

« Vous verrez, en 2020, l’AVS sera en déficit, car il n’y aura plus que deux actifs par retraité! » n’arrête-t-on pas de nous seriner. Il est vrai que l’évolution démographique et la croissance de l’espérance de vie font qu’il y aura toujours moins d’actifs pour toujours plus de retraités. Mais l’équilibre financier de nos retraites n’est pas pour autant en danger. Voici un petit exemple pour le démontrer.

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Perdre d’inestimables collections?

Avant de glisser son bulletin dans l’urne, il faut examiner les conséquences d’un refus du musée cantonal des beaux-arts. Quel que soit l’avis que l’on ait sur l’emplacement, sur l’architecture ou sur l’opportunité d’un nouveau musée, il faut bien avoir à l’esprit qu’un «non» le 30 novembre signifierait la perte de collections d’arts inestimables.
Parmi elles, la collection Planque. D’une valeur de plus de 100 millions de francs. Qui contient notamment plusieurs Picasso (les seuls qui appartiendraient au musée cantonal des beaux-arts). Collection qui sera donnée au canton de Vaud, à condition qu’il construise un musée digne de l’accueillir. Mais la fondation n’a promis de donner la collection qu’à condition que le projet de musée progresse d’ici la fin de cette année. Passé ce délai, la collection quittera le canton, pour être confiée à qui saura saisir l’aubaine d’un tel cadeau.
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Représentation des parties devant les prud’hommes: succès de l’USS

Dans son projet de nouveau code de procédure civile unifié, le Conseil fédéral prévoyait d’interdire aux syndicalistes, mais aussi aux représentant(e)s des associations patronales, de locataires et de propriétaires, d’aller défendre leurs membres devant les tribunaux de prud’hommes, respectivement des baux (sur ce sujet). Cela aurait entraîné de facto la création d’un monopole pour les avocat(e)s, qui aurait été néfaste aux intérêts des salarié(e)s. Qui en effet connaît mieux les arcanes du droit du travail et des conventions collectives que les secrétaires syndicaux ? En outre, les coûts des procédures judiciaires risquaient d’augmenter, car il aurait fallu payer des honoraires d’avocat(e)s, et ces derniers auraient probablement été enclins à les arrondir en poussant les parties à ne pas transiger ou à recourir, même lorsque les chances de succès auraient été faibles. Cela aurait certaine-ment découragé plus d’un(e) salarié(e) de faire valoir ses droits devant la justice.
Suite à l’intervention de l’USS et à un amendement déposé par Carlo Sommaruga (PS/GE), le Conseil national a réintroduit la possibilité pour les cantons d’autoriser les « mandataires professionnellement qualifiés » (p. ex. les secrétaires syndicaux) à représenter les parties d’un procès à titre professionnel. Le Conseil des États s’est ensuite rangé à cet avis.
Le combat se déplace maintenant dans les cantons. C’est désormais là qu’il faudra lutter pour conserver la possibilité pour les syndicats de défendre leurs membres devant les tribunaux de prud’hommes, si elle existe (ce qui n’est pas le cas partout). Parfois, c’est carrément l’existence même de ces tribunaux qu’il faut défendre. En effet, certains cantons, prétendant que le droit fédéral souhaite les interdire (ce qui est faux), tentent de les supprimer, ou l’ont même déjà fait, par exemple St-Gall (malgré un référendum lancé par les syndicats et le PS). Ces tribunaux doivent absolument être maintenus, car ils sont bons marchés, faciles d’accès, rapides et surtout organisés paritairement. C’est ainsi que les droits des salarié(e)s sont le mieux défendus.

Pour en finir avec les tests «multicheck»

Lundi, une commission du grand conseil (à laquelle j’appartiens) entame l’examen de la nouvelle loi vaudoise sur la formation professionnelle (nLVFPr). Cet important dossier retient toute l’attention du parti socialiste et des syndicats vaudois et je l’ai suivi depuis le début. La loi fédérale sur la formation professionnelle (LFPr) laisse en effet une large marge de manœuvre aux cantons, et il est souhaitable que ceux-ci en fassent usage, notamment pour encourager les entreprises la création de places de formation. Je reviendrai dans d’autres billets sur cet important projet législatif (une fois les travaux de la commission achevés, cela va de soi).

Le groupe socialiste profitera de cette nouvelle loi pour tordre le cou à un petit business qui s’est développé ces dernières années sur le dos des apprenti-e-s et de leur familles: les tests de sélection payant genre «multicheck» ou «basic-check». Ces tests, qui coûtent jusqu’à 100.—Fr. par tentative sont une forme de sélection des apprenti-e-s par l’argent. Qui postule dans plusieurs métiers différents doit souvent faire plusieurs tests. Qui veut assurer son coup peut s’offrir un cours de préparation, payant lui aussi (une école privée bernoise offre des cours de préparation coûtant 170.—Fr.). Et qui rate le test ne peut souvent plus postuler, car de nombreuses entreprises en font une condition sine qua non à toute postulation. Bref, c’est un coup dur pour toutes les familles modestes dont les enfants souhaitent entrer en formation professionnelle.
Mais il n’y a pas que le coût de ces tests, il y a aussi leur contenu. En effet, ces tests testent soit des compétences purement scolaires (c’est à se demander à quoi ils servent), soit des compétences de pseudo-logique dont on peut mettre l’utilité en doute:

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(exemple tiré du test «basic-check»)
Et, parfois, ils vont même jusqu’à prendre les jeunes carrément pour des imbéciles, en témoigne cette question (tirée elle aussi du «basic-check»):

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Dans quel sens faut-il tourner la scie pour qu’elle produise un effet?
a) dans le sens contraire des aiguilles d’une montre
b) dans le sens des aiguilles d’une montre
c) ce ne joue aucun rôle
(pour ceux qui auraient un doute, la réponse est b))

La sélection obtenue «grâce» à ces tests est donc, en plus d’être discriminante, tout sauf sérieuse. Mais cela n’empêche pas leurs inventeurs de s’en mettre plein les poches. Aux dépens des jeunes à la recherche d’une place d’apprentissage. Je déposerai donc un amendement pour interdire ces tests payants dans le canton de Vaud.

La nécessaire flexibilisation de l’âge de l’AVS

Selon une enquête parue hier, un travailleur Suisse sur deux serait d’accord de travailler au-delà de l’âge légal de la retraite. A condition d’être en bonne santé et d’avoir un bon emploi. Voilà qui apporte de l’eau au moulin de l’initiative pour le libre choix de l’âge de l’AVS dès 62 ans. Et contre un des principaux arguments de ses adversaires. Continuer la lecture

UBS: généreux boni, généreuse avec les partis

Le «sonntagsblick» (repris par le «matin dimanche») le révèle aujourd’hui: UDC, radicaux et PDC sont financés depuis des années par l’UBS. A hauteur de plusieurs centaines de milliers de francs annuels. Et, probablement par le plus grand des hasards, ces partis s’opposent à une plus forte régulation du secteur bancaire et prétendent, malgré les échecs patents du libéralisme, que l’Etat n’a pas à s’en mêler. Ils s’apprêtent en outre à accepter l’injection d’argent public dans l’UBS, sans conditions, sans contrepartie, sans entrée de la Confédération dans le capital, sans droit de regard ni de codécision. Et ne bronchent pas lorsqu’il s’agit de domicilier la société de gestion des actifs «pourris» dans un paradis fiscal. Tout au plus demandent-ils aux managers fautifs de «rendre leurs boni», bien conscients que ce genre de déclarations n’ont aucun effet si elles ne sont pas accompagnées de mesures contraignantes. Mesures contraignantes qu’ils refusent, bien entendu. Seront-ils cohérents et rendront-ils les montants que leur a généreusement alloué l’UBS ces dernières années?

Ah oui, j’allais presque l’oublier. Ces même partis, tout heureux qu’ils sont d’être financés par les instigateurs de la crise financière, s’opposent vigoureusement à toute transparence dans le financement des partis politiques, malgré les nombreuses propositions du PS au niveau national comme cantonal

Scandale de l’UBS: signez la pétition du PSS!

Le dossier du PSS sur la crise financière

Enfin une vraie retraite flexible!

La retraite anticipée est une réalité: un salarié âgé de 60 à 64 sur deux n’est plus actif. Mais elle est aussi un privilège réservé à ceux qui sont déjà privilégiés. Certains la prennent dans de bonnes conditions, par exemple parce qu’ils ont pu s’offrir un plan de prévoyance-vieillesse adéquat. D’autres y sont forcés, souvent parce que le marché du travail ne veut plus d’eux. Les faibles chances des plus de 55 ans de retrouver un emploi sont de notoriété publique. Pour ces salariés, retraite anticipée est synonyme de réduction des revenus et de précarité. Continuer la lecture