La retraite anticipée est une réalité: un salarié âgé de 60 à 64 sur deux n’est plus actif. Mais elle est aussi un privilège réservé à ceux qui sont déjà privilégiés. Certains la prennent dans de bonnes conditions, par exemple parce qu’ils ont pu s’offrir un plan de prévoyance-vieillesse adéquat. D’autres y sont forcés, souvent parce que le marché du travail ne veut plus d’eux. Les faibles chances des plus de 55 ans de retrouver un emploi sont de notoriété publique. Pour ces salariés, retraite anticipée est synonyme de réduction des revenus et de précarité.
L’initiative «pour un âge de le retraite flexible» apporte une réponse simple et concrète à ce réel problème de société. Elle permet aux travailleurs de terminer dignement leur vie active. Pour ce faire, elle introduit le libre choix de l’âge de la retraite dès 62 ans: les salariés et indépendants gagnant moins de Fr. 120’000.— par an pourront, s’ils cessent de travailler, recevoir une rente AVS complète. Ce n’est pas, contrairement à ce que certains prétendent, un abaissement obligatoire de l’âge de la retraite. En effet, les travailleurs qui ont un bon emploi et sont en bonne santé le conserveront certainement jusqu’à 65 ans. Et ceux qui ne souhaiteront pas se contenter d’une rente AVS et préféreront arrondir encore leur 2ème pilier choisiront aussi de continuer encore quelques années. Mais tous ceux qui méritent de prendre leur retraite, soit parce qu’ils ne sont plus en bonne santé, soit parce qu’ils ne retrouvent plus d’emploi, pourront choisir le moment de leur départ. Plutôt que de fixer de manière rigide un âge légal de la retraite qui ne correspond plus à rien, l’initiative fait confiance à la responsabilité individuelle des travailleurs et les laisse décider ce qui est bon pour eux.
L’initiative pour la retraite flexible est bon marché. Selon le message du Conseil fédéral lui-même, elle ne coûtera que 780 millions de francs par an. En outre, l’initiative ne menace pas la stabilité financière de l’AVS, car elle demande un financement supplémentaire. Qui sera tout à fait supportable pour les assurés, car il ne correspondra qu’à une augmentation des cotisations de Fr.6.50 par mois. En outre, l’initiative générera des économies au niveau de l’assurance-invalidité, de l’assurance-chômage, de l’aide sociale ou des prestations complémentaires, qui sont souvent obligées de prendre le relais lorsque l’économie ne veut plus des travailleurs âgés.
Renforcer l’AVS en l’adaptant à la réalité du monde du travail est un choix judicieux à l’heure de la crise financière. En effet, grâce à son financement par répartition (les actifs financent les retraites) et non par capitalisation, l’AVS reste solide, malgré les turbulences boursières. En revanche, les 2ème et 3ème piliers en dépendent beaucoup et sont par conséquent bien moins sûrs. Il est donc plus raisonnable de compter sur une AVS flexible pour créer un modèle de retraite anticipée ouvert à tous. Nous pourrons le faire le 30 novembre en votant oui à l’initiative «pour un âge de l’AVS flexible ».
Texte paru hier dans 24heures.
Sur le même sujet, cet article paru le lendemain dans le «Temps».