Discours du 1er août 2014, Cully

Mesdames et Messieurs les représentants des autorités en vos titres et fonctions,
Chères concitoyennes, chers concitoyens,
Chers habitantes et habitants de Bourg-en-Lavaux et d’ailleurs,
Chers amies et amis de la Suisse,

Il n’y a pas meilleure occasion que la fête nationale pour célébrer nos points forts. C’est l’occasion de réfléchir à comment les améliorer, mais aussi comment les défendre contre ceux qui souhaiteraient les affaiblir au mépris de l’intérêt général.
Parmi les avantages incontestés de la Suisse, il y a le service public. Nous avons la chance de pouvoir compter sur de nombreuses entreprises publiques fiables, efficaces, présentes sur la totalité du territoire et qui appartiennent aux citoyennes et aux citoyens. Chaque jour, elles contredisent le mythe qui voudrait que le secteur public soit systématiquement trop cher, éloigné des besoins des usagers et incapable d’innover.
Plusieurs de ces entreprises ont démontré qu’au contraire, même s’il peut et doit toujours être amélioré, le secteur public suisse est capable d’offrir à la population le meilleur service au meilleur prix.

Prenons l’exemple de la SUVA, notre caisse nationale d’assurance-accident. Cette institution publique est bien gérée. Elle est meilleure marché et plus efficace que ses concurrentes. Elle génère moins de frais administratifs que les assureurs privés. Ses prestations, en particulier le remboursement par tiers payant, sont incontestablement meilleures. Elle n’a pas besoin de pléthore d’administrateurs et de directeurs exigeant des bonus mirobolants. Elle n’arrose pas les partis de dons opaques, ni ne gratifie de mandats juteux les élus qui suivraient ses désidératas. Elle peut ainsi dégager beaucoup de moyens pour une prévention efficace, ce qui est dans l’intérêt des assurés.
En matière d’assurance-accident, une caisse publique est indéniablement plus avantageuse. La Suisse peut être fière de son assurance-accident publique.

Prenons aussi l’exemple vaudois de l’Etablissement Cantonale d’Assurance. L’ECA bénéficie d’un monopole, mais ce monopole ne l’empêche pas d’être une des assurances-incendie les plus performantes et surtout les moins chères de Suisse. Même sans primes excessives, l’ECA peut dégager beaucoup de moyens pour la prévention. En matière d’assurance-incendie aussi, une caisse publique est indéniablement plus avantageuse. Le canton de Vaud peut être fier de son assurance-incendie publique.

Le premier août est l’occasion idéale de se rappeler la chance que nous avons de pouvoir compter sur ces institutions publiques. Si elles sont aussi efficaces et bon marché, c’est parce qu’elles ne recherchent pas le profit à tout prix et mettent l’intérêt de leurs assurés en première priorité et non celui de leurs dirigeants ou de leurs actionnaires.
Ces institutions sont soumises au contrôle démocratique : si une poignée d’idéologues plus intéressés par le cours de la bourse que par la qualité du service tentaient de les privatiser, nous pourrions l’empêcher par référendum. De nombreux pays nous envient d’avoir pu stopper la privatisation de notre énergie, de nos banques cantonales, de nos sources d’eau potable. Peut-être devrons-nous bientôt empêcher la privatisation de nos lignes régionales de chemin de fer ou de nos hôpitaux. Mais je fais confiance au génie suisse : en matière de service public, lorsqu’il doit choisir entre qualité des prestations et course au profit, le peuple privilégie systématiquement la défense du service public. Nous avons toutes et tous le devoir de veiller à ce qu’il en soit ainsi à l’avenir.

Merci de votre attention, très bonne soirée et vive le premier août !

Privatisations: le grand retour

Les années 90 ont vu le triomphe du néolibéralisme et la défaite de l’intérêt général. La plupart des gouvernements ont privatisé à tour de bras. Partout, la population a subit baisse des prestations et hausse des tarifs. Les employés des services publics ont vu leurs conditions de travail se dégrader et leur pouvoir d’achat baisser, quand ils n’ont pas purement et simplement dû aller timbrer au chômage. Et, partout, les seuls bénéficiaires ont été les investisseurs privés, dont les affaires ont été d’autant plus juteuses que l’adage «privatisation des bénéfices, socialisation des pertes» a été rigoureusement appliqué: à chaque fois qu’un service privatisé a été en difficulté, l’Etat et les contribuables n’ont pas tardé à voler à son secours.

Cette vague a fait des ravages partout… sauf en Suisse. Continuer la lecture

«Pro service public»: un projet néfaste dans un bel emballage

Il y a quelques mois, quelques magazines de défense des consommateurs ont lancé une initiative populaire intitulée «pro service public». Un titre intéressant, à plus forte raison quand on connaît les tendances libéralisatrices et favorables à une concurrence à outrance qu’on eu ou que peuvent avoir certaines associations de défense des consommateurs. L’idée de base qui sous-tend l’initiative est aussi très bonne, car il s’agit, selon les initiants de garantir un service public de qualité au meilleur prix. Malheureusement, cette initiative contient de nombreux pièges (dans lesquels le POP semble être tombé en appelant à la soutenir) et elle pourrait s’avérer nuisible au service public. Je ne la soutiendrai donc pas. Continuer la lecture