Chasse aux z’abus

S’il y a un argument qui marche à tous les coups, c’est bien celui des abus. Des abus commis par des étrangers. Aux dépens des nos assurances sociales. Les opposants à la retraite flexible pour toutes et tous ne dérogent pas à cette règle (il faut dire qu’ils ont remarqué que la base de l’UDC a plutôt tendance à soutenir l’initiative) et avertissent que « l’initiative encouragera les abus des retraités étrangers rentrés dans leur pays, qui toucheront une rente anticipée sans cesser de travailler ». D’ailleurs, poursuivent-ils, « 31% des rentes AVS sont versées à l’étranger » (même s’ils se gardent bien de dire que seuls 13% de la somme totale des rentes ne sont pas versés en Suisse). C’est bien la preuve que le potentiel d’abus est énorme. Et que les suisses et suissesses feraient mieux de refuser cette initiative, même si elle leur est favorable.

Mais, comme d’habitude, cet argument des abus est abusif. En effet, les risques d’abus ne sont pas plus élevés qu’avec la situation actuelle, pour deux raisons. Continuer la lecture

L’UBS et l’AVS

Avec un titre pareil, je vois déjà venir les critiques: «ça y est, il va encore nous ressortir le coup du «si on peut verser 68 milliards pour l’UBS, on peut bien mettre 800 millions pour l’AVS flexible»…». Encore que cet argument ne soit pas dénué de pertinence, ce n’est pas de ça que je veux parler dans ce billet. Je souhaite plutôt montrer cette publicité, découverte au détour du site internet de la grande banque sise aux îles Caïmans sur la Piratenplatz sur la Paradeplatz.
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Elle montre bien d’une part que la retraite anticipée est d’ors et déjà une réalité (ce qui ne choque pas les adversaires de l’initiative «pour un âge de l’AVS flexible», qui pourtant clament sur tous les toits que «la retraite anticipée menace la santé financière de l’AVS») et d’autre part que la retraite anticipée est un privilège. Un privilège réservé à ceux qui sont déjà privilégiés. Et que l’UBS accueille à bras ouverts.
Aujourd’hui, 4 salariés sur 10 ne sont plus actifs entre 60 et 64 ans. Dans les banques et les assurances par exemple, plus d’un salarié sur deux peut se permettre de partir à la retraite anticipée (contre moins de 15% dans l’hôtellerie ou la restauration…). Pour les uns, la retraite anticipée se passe dans de bonnes conditions (merci, «UBS comfort»!). Pour les autres, elle signifie diminution à vie de la rente AVS, recours aux prestations complémentaires, et restrictions drastiques de la qualité de vie. Et pour beaucoup d’autres, la retraite anticipée n’est qu’un rêve. Pour une AVS flexible enfin ouverte àtous, votons oui le 30 novembre!

Et à ceux qui doutent encore de la capacité du 1er pilier à affronter les changements démographiques, je conseille ce lien.

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Perdre d’inestimables collections?

Avant de glisser son bulletin dans l’urne, il faut examiner les conséquences d’un refus du musée cantonal des beaux-arts. Quel que soit l’avis que l’on ait sur l’emplacement, sur l’architecture ou sur l’opportunité d’un nouveau musée, il faut bien avoir à l’esprit qu’un «non» le 30 novembre signifierait la perte de collections d’arts inestimables.
Parmi elles, la collection Planque. D’une valeur de plus de 100 millions de francs. Qui contient notamment plusieurs Picasso (les seuls qui appartiendraient au musée cantonal des beaux-arts). Collection qui sera donnée au canton de Vaud, à condition qu’il construise un musée digne de l’accueillir. Mais la fondation n’a promis de donner la collection qu’à condition que le projet de musée progresse d’ici la fin de cette année. Passé ce délai, la collection quittera le canton, pour être confiée à qui saura saisir l’aubaine d’un tel cadeau.
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La nécessaire flexibilisation de l’âge de l’AVS

Selon une enquête parue hier, un travailleur Suisse sur deux serait d’accord de travailler au-delà de l’âge légal de la retraite. A condition d’être en bonne santé et d’avoir un bon emploi. Voilà qui apporte de l’eau au moulin de l’initiative pour le libre choix de l’âge de l’AVS dès 62 ans. Et contre un des principaux arguments de ses adversaires. Continuer la lecture

Enfin une vraie retraite flexible!

La retraite anticipée est une réalité: un salarié âgé de 60 à 64 sur deux n’est plus actif. Mais elle est aussi un privilège réservé à ceux qui sont déjà privilégiés. Certains la prennent dans de bonnes conditions, par exemple parce qu’ils ont pu s’offrir un plan de prévoyance-vieillesse adéquat. D’autres y sont forcés, souvent parce que le marché du travail ne veut plus d’eux. Les faibles chances des plus de 55 ans de retrouver un emploi sont de notoriété publique. Pour ces salariés, retraite anticipée est synonyme de réduction des revenus et de précarité. Continuer la lecture

Oui à un musée pour tous les vaudois!

Le nouveau musée cantonal des beaux-arts à Bellerive est un bon projet, qui arrive au bon moment. Il permettra d’exposer enfin les trésors du patrimoine pictural vaudois, qui, pour le moment, dorment dans des caves faute de place. En effet seuls 2% des quelque 8’000 œuvres en possession du musée cantonal des beaux-arts peuvent être exposées. Et encore, elles ne le sont que dans des locaux vétustes et inadaptés. Tellement inadaptés qu’il est impossible de recevoir des œuvres d’autres musées en prêt, par exemple pour des expositions temporaires .
Ce futur musée – facilement accessible en transports publics (M2) et par la route– sera une belle carte de visite touristique pour notre canton, en témoigne l’engagement des milieux hôteliers et touristiques en faveur du oui. Il mettra en valeur les rives du lac, car l’endroit choisi n’est actuellement qu’un terrain vague posé sur des gravats datant des années 50-60. Ce que l’on ne peut pas vraiment considérer comme rive «naturelle». Le projet comprendra aussi une vaste terrasse publique avec vue sur le lac et un passage piétonnier le long de la rive ouvert jour et nuit. Passage qui sera d’ailleurs prolongé, car la ville de Lausanne étudie une passerelle au-dessus de la darse de la CGN, ce qui permettra aux piétons de cheminer tout au long des rives, ce qui n’est actuellement pas possible. Le tout sans déplacer, ni le cirque Knie, ni le Luna Park, car toute la place Bellerive restera libre.

C’est le bon moment!
Il faut bien avoir à l’esprit que si le musée est refusé le 30 novembre, les vaudois devront y renoncer pour longtemps, malgré la bonne santé financière retrouvée du canton. Les adversaires prétendent pourtant ne pas être opposés au principe d’un nouveau musée. Mais, à examiner leurs arguments et contre-propositions, on peut mettre cette assertion sérieusement en doute. En effet, ils proposent de maintenir le musée au Palais de Rumine, dont on sait depuis les années 1920 qu’il n’est pas adapté à un musée des beaux-arts. En outre, ils sont incapables de dire combien coûterait la rénovation du bâtiment actuel. Et au sujet des endroits où l’on devrait déplacer les autres musées (histoire naturelle, géologie, monnaies) et bibliothèque actuellement logés à Rumine, rien.
Dans tous les cas, aucune «alternative» ne pourrait se faire avant 15 ou 20 ans (premières études, concours d’architecture, vote du crédit d’étude, vote du crédit d’ouvrage, mise à l’enquête, oppositions, recours, etc.etc.). Si toutefois elle se fait, car qui peut garantir que les opposants d’aujourd’hui ne s’opposeront pas demain? Et, d’ici là, les collections qui ont été données au canton à condition qu’un musée soit construit pour les exposer auront disparu à l’étranger, loin des yeux des vaudoises et des vaudois.

Le 30 novembre, oui à un musée pour tous les vaudois!

L’AVS et les chiffres de M. Couchepin (2)

Le conseil fédéral, M. Couchepin en tête, et les milieux patronaux ont en ce moment pour principale activité de répandre de faux chiffres sur l’état des finances de l’AVS. Les objectifs? Faire peur à la population pour qu’elle accepte de couper dans les rentes et refuse d’améliorer le premier pilier. Le premier ayant largement échoué lors du naufrage dans les urnes de la 11ème révision de l’AVS, ils se concentrent désormais sur le deuxième objectif, le torpillage de l’initiative des syndicats et du PS pour le libre choix de l’âge de l’AVS dès 62 ans.
Pour couler une initiative, il y a une méthode éprouvée: faire croire qu’elle coûtera trop cher. Et là, aucune exagération n’est de trop. Le chiffre des opposants est donc impressionnant: «l’initiative coûtera 1,5 milliard», avancent-ils. Avec un coût pareil, même ceux qui sont convaincus de la bonne santé du premier pilier ont de quoi être effrayés. Fort heureusement ces chiffres sont faux.
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L’AVS et les chiffres de M. Couchepin (1)

En matière d’AVS, M. Couchepin, les partis bourgeois et les milieux économiques n’ont qu’une méthode: faire peur. Aux salariés, aux retraités, aux jeunes. A tous, le message est le même: « l’AVS est en faillite ». Ou presque. Ou alors elle le sera après-demain. Si c’est pas le jour d’après. Mais dans tous les cas, ça va mal et il faut craindre pour les retraites. Cette politique de la peur poursuit un double objectif: Forcer le souverain à accepter des coupes dans les retraites et le dissuader d’améliorer l’AVS, p. ex. en introduisant la retraite flexible en libre choix dès 62 ans. Il faut dire que M. Couchepin et consorts ne défendent guère l’AVS, formidable outil de redistribution des richesses, mais plutôt les intérêts du puissant lobby des caisses de pensions. Et, quand il s’agit de prendre de l’argent dans les caisses de l’AVS, par exemple lors de la réforme de l’imposition des entreprises II, ils n’hésitent pas, oubliant leurs prévisions alarmistes! Continuer la lecture

Les fonds pour la formation professionnelle passent la Sarine!

Un résultat d’une votation cantonale est passé presque inaperçu en Suisse romande. Pourtant, le sujet mérite qu’on le relève: le succès du fonds pour la formation professionnelle zurichois. La nouvelle loi cantonale a en effet été largement acceptée en votation populaire (près de 60% de oui), malgré l’opposition de toute la droite (verts libéraux compris) et surtout des milieux patronaux, notamment de l’USAM, qui en avait fait une affaire de principe en lançant le référendum. C’est en effet la première fois qu’un grand canton alémanique se prononce sur ce sujet (SH avait rejeté un tel projet en juin dernier). Et le net succès du fonds zurichois donnera certainement des idées aux autres cantons germanophones. Il apportera aussi de l’eau au moulin des initiatives lancées par la jeunesse socialiste dans de nombreux cantons (dont BS et SG).
Il faut dire que ces fonds sont un réel succès. Dans les cantons romands qui les ont mis en place (GE, FR, NE, VS et JU) ils permettent de répartir les frais de la formation des apprenti-e-s non pas sur les seules entreprises formatrices, mais sur toutes les entreprises, y compris celle qui «resquillent» en profitant des efforts formateurs des autres. En cela, ils encouragement concrètement la création de places de formation pour les jeunes.
En Romandie, seul le canton de Vaud n’a pas (encore) de tel fonds. Mais, fort heureusement, la création d’un fonds est prévue dans la nouvelle loi cantonale pour la formation professionnelle, dont les travaux parlementaires débutent le 3 novembre (les documents soumis au grand conseil se trouvent ici). Je serai membre de la commission parlementaire et ne manquerai pas de revenir sur cet important sujet sur ce blog. Dans notre canton, l’introduction du fonds ne devrait toutefois pas être aussi ardue qu’à Zurich, car les milieux patronaux sont, contrairement à leurs homologues des bords de la Limmat, partisans d’un tel système. Ils ont en effet bien compris qu’il faut soutenir les entreprises qui forment la relève et faire payer celles qui négligent la formation professionnelle.