Le «bon scolaire» vaudois sombre corps et biens

Le «lobby parents Vaud» vient d’annoncer qu’il ne lancera finalement pas d’initiative pour privatiser l’école vaudoise à l’aide du «bon scolaire» (ou «chèque éducation»). Une initiative qui était pourtant «prête à être lancée» depuis l’automne dernier. Mais, entre temps, les lobbyistes de l’école privée ont subi une claque monumentale dans les urnes de Bâle-Campagne, où une initiative similaire a été balayée par près de 80% des votes. Et, dans le canton de Vaud, la commission formation du parti radical les aurait plutôt fraîchement accueillis (la majorité des députés radicaux avait déjà refusé une première tentative libérale d’introduire le «libre choix» de l’école).
Le «lobby parents» se contentera d’une pétition, non contraignante et la plupart du temps sans le moindre effet. Sa présidente botte en touche dans un entretien accordé au «Temps» (disponible en ligne pour les abonnés) et prétend que la décision de se contenter d’une pétition n’est pas motivée par la débâcle de la tentative bâloise, mais doit plutôt «peser sur les débats de la refonte de la loi scolaire vaudois». Et le lobby des privatiseurs de menacer de lancer quand même une initiative, mais «ultérieurement».
Ne jouons pas avec les mots. Le retrait de l’initiative est un aveu d’échec. La votation de BL l’a confirmé: toute tentative de privatiser l’école obligatoire sera balayée dans les urnes, même si elle est joliment emballée dans un fallacieux «libre choix». L’école publique, gratuite et obligatoire est un des fondements de notre démocratie et la population y est attachée.

Encore un nouveau fonds cantonal pour la formation professionnelle!

Le grand conseil tessinois vient d’adopter en votation finale sa nouvelle loi sur la formation professionnelle, qui comprend un fonds cantonal. Ce fonds permettra de redistribuer 6 millions de francs par an aux entreprises qui forment des apprenti-e-s, dès 2010. C’est un succès du PS, qui avait lancé une initiative populaire demandant la création d’un tel fonds.

Après Genève, Fribourg, Neuchâtel, le Valais, Jura (plébiscité en vote populaire) et Zurich (plébiscité en vote populaire), le Tessin est donc le 7ème canton à se doter d’un tel fonds. Le canton de Vaud devrait bientôt suivre (des informations suivront bientôt, promis!) et peut-être Bâle-Ville, où une initiative populaire sera bientôt soumise au peuple. Dans les cantons où ils existent depuis longtemps, ces fonds ont fait leurs preuves et permettent de répartir les frais de la formation professionnelle sur toutes les entreprises, pas seulement sur celles qui forment. En effet, toutes les entreprises, qu’elles forment ou non des apprenti-e-s, contribuent aux fonds. Ainsi, ils diminuent les frais de formation et encouragent concrètement la création de places d’apprentissage.

Malgré ces bons résultats, les gouvernements des cantons de Saint-Gall et de Soleure recommandent à leur parlements de refuser l’introduction de tels fonds (sur proposition de la jeunesse et du parti socialiste), surtout au prétexte que ces idées viennent de gauche. Regrettable blocage idéologique qui empêche la création d’un instrument efficace!

(source: panorama)

La crise va frapper durement les jeunes

La récession et le chômage vont frapper durement notre pays. Les jeunes feront malheureusement partie des groupes les plus concernés. Premièrement, parce que la hausse du chômage des jeunes est toujours plus forte que celle du chômage en général. Les jeunes sont en effet les «derniers entrés et les premiers sortis»: lorsque les entreprises stoppent les embauches, ce sont les personnes nouvellement arrivées sur le marché du travail qui en font les frais. Lorsqu’elles licencient, elles se séparent souvent de leurs collaborateurs les moins expérimentés, collaborateurs qu’elles réengagent en dernier lorsque la situation économique s’améliore. Et deuxièmement, parce que, malgré les bonnes années que nous avons derrière nous, une grande partie des jeunes ne parvient pas à s’insérer dans la formation professionnelle (plus d’un sur 10). Pourtant, réussir cette transition diminue de beaucoup le risque de se retrouver au chômage ou à l’aide sociale.
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Faillite d’une école privée: faille du libre choix

L’actualité vient de rappeler de manière on ne peut plus claire un des défauts flagrants des privatisations: les privés peuvent faire faillite. Ça arrive même plus souvent qu’on ne le pense.

C’est en tout cas ce qu’ont appris à leurs dépens les élèves d’une école privée genevoise, comme le raconte «le temps» d’aujourd’hui. Dimanche soir, on les avertit que l’école ferme, qu’il n’y aura pas cours lundi matin, qu’ils n’ont plus qu’à trouver une autre école. Et que les écolages payés l’ont été pour rien. S’ils veulent être sûr de pouvoir bénéficier d’une formation, il ne leur reste plus qu’à retourner à l’école publique. Qui est d’ailleurs la seule à devoir accepter tous les enfants. En tout temps.

On est bien dans la logique qui prévaut lors de privatisation: Les privés font des bénéfices, mais quand il y a de la casse, c’est au secteur public d’assumer les coûts. Et dire qu’il y en a pour vouloir privatiser la formation à large échelle en introduisant le chèque scolaire.

Tests multicheck: le conseil d’Etat répond à deux interpellations

Le conseil d’Etat a répondu aux interpellations de mes collègues député-e Elisabeth Stucki (PS) et Bernard Borel (AGT) sur les tests « multicheck » et apparentés.

Le conseil d’Etat déplore que ces tests soient payants et à la charge des jeunes en formation et de leur familles, qu’ils pénalisent certains jeunes (p. 3), qu’ils se soient « progressivement orientés sur les connaissances générales des candidats, au détriment des capacités professionnelles » (p. 3) (sic!) et que les entreprises et associations professionnelles, en recourant à ces tests, « aient parfois tendance à se décharger sur des tiers du processus de sélection des apprentis, alors qu’elles assumaient jusqu’alors elles-mêmes cette responsabilité »(p. 4). Il finit par conclure que ces tests « ne sont pas forcément utiles » (p. 5).

Pourtant, il ne compte pas les interdire, car cela relève « de la liberté économique » et que l’Etat « n’est pas habilité à intervenir » (p. 3). Là, il se trompe. La liberté économique est certes un droit constitutionnel, mais, comme tout droit constitutionnel (à l’exception des plus fondamentaux), elle peut être restreinte dans le cadre d’un loi, si un intérêt public l’exige. En l’espèce, il y a un intérêt public à mettre un terme à ce petit business qui s’est développé sur le dos des jeunes à la recherche d’une place de formation et qui n’est en fait rien d’autre qu’une sélection par l’argent. L’intérêt public est d’autant plus manifeste qu’il existe une alternative crédible: les tests (gratuits) organisés par les associations professionnelles, qui ont l’immense avantage d’avoir un rapport avec le métier en question.

Le proposition du groupe socialiste d’interdire les multicheck et apparentés garde donc toute sa pertinence.

La réponse du conseil d’Etat aux interpellations Stucki et Borel en pdf

Net rejet de la privatisation de l’école à Bâle-Campagne

De nombreux amis bâlois m’avaient dit craindre un vote positif de Bâle-Campagne sur le libre choix de l’école. En effet, de nombreuses écoles privées, notamment l’école Steiner (ainsi que le quartier général des antroposophes) et des écoles internationales, y sont très bien implantées et y jouissent d’un large soutien. En outre, un large comité de soutien, ainsi qu’une prise de position pour le moins ambiguë des verts (soutien au libre choix, mais rejet de l’initiative, allez y comprendre quelque chose) laissaient augurer d’un bon score pour cette initiative de privatisation de l’école. Bon score qui aurait certainement encouragé d’autres initiatives, à ZH (où Chantal Galladé persiste, malgré la baffe qu’elle s’est prise devant le congrès du PSS) ou dans le canton de VD.
Fort heureusement, le vote du peuple est clair et net. La privatisation a été balayée par plus de 79% des voix. Les bâlois-e-s ne se sont pas laissés duper par les initiants, qui prétendaient de manière fallacieuse «diminuer les inégalités», «contrer l’école à deux vitesses» et «réduire les privilèges». Comme si privatisation et libre choix de l’école n’avaient jamais eu pour effet d’aggraver les inégalités sociales, de créer des écoles-ghettos, de coûter cher aux contribuables et de remplir les poches des promoteurs de l’éducation-business…

*  *  *

Malgré la clarté de ce résultat, le lobby parents suisse persiste. Il lancera une initiative dans le canton de Vaud. Et sa présidente de prétendre dans «le temps» d’aujourd’hui que le combat bâlois était «inégal», passant totalement sous silence que l’initiative était soutenue non pas par «quelques parents bénévoles», mais aussi par l’UDC, ainsi que de nombreux parlementaires d’autres partis bourgeois. Enfin, la présidente du «lobby parents vaud» conclut qu’«on ne peut pas ignorer une personne sur cinq quand il s’agit de formation.» Et bien si, on peut. Et, en l’espèce, on doit.

Pour en finir avec les tests «multicheck»

Lundi, une commission du grand conseil (à laquelle j’appartiens) entame l’examen de la nouvelle loi vaudoise sur la formation professionnelle (nLVFPr). Cet important dossier retient toute l’attention du parti socialiste et des syndicats vaudois et je l’ai suivi depuis le début. La loi fédérale sur la formation professionnelle (LFPr) laisse en effet une large marge de manœuvre aux cantons, et il est souhaitable que ceux-ci en fassent usage, notamment pour encourager les entreprises la création de places de formation. Je reviendrai dans d’autres billets sur cet important projet législatif (une fois les travaux de la commission achevés, cela va de soi).

Le groupe socialiste profitera de cette nouvelle loi pour tordre le cou à un petit business qui s’est développé ces dernières années sur le dos des apprenti-e-s et de leur familles: les tests de sélection payant genre «multicheck» ou «basic-check». Ces tests, qui coûtent jusqu’à 100.—Fr. par tentative sont une forme de sélection des apprenti-e-s par l’argent. Qui postule dans plusieurs métiers différents doit souvent faire plusieurs tests. Qui veut assurer son coup peut s’offrir un cours de préparation, payant lui aussi (une école privée bernoise offre des cours de préparation coûtant 170.—Fr.). Et qui rate le test ne peut souvent plus postuler, car de nombreuses entreprises en font une condition sine qua non à toute postulation. Bref, c’est un coup dur pour toutes les familles modestes dont les enfants souhaitent entrer en formation professionnelle.
Mais il n’y a pas que le coût de ces tests, il y a aussi leur contenu. En effet, ces tests testent soit des compétences purement scolaires (c’est à se demander à quoi ils servent), soit des compétences de pseudo-logique dont on peut mettre l’utilité en doute:

basiccheck2.jpg

(exemple tiré du test «basic-check»)
Et, parfois, ils vont même jusqu’à prendre les jeunes carrément pour des imbéciles, en témoigne cette question (tirée elle aussi du «basic-check»):

basiccheck1.jpg

Dans quel sens faut-il tourner la scie pour qu’elle produise un effet?
a) dans le sens contraire des aiguilles d’une montre
b) dans le sens des aiguilles d’une montre
c) ce ne joue aucun rôle
(pour ceux qui auraient un doute, la réponse est b))

La sélection obtenue «grâce» à ces tests est donc, en plus d’être discriminante, tout sauf sérieuse. Mais cela n’empêche pas leurs inventeurs de s’en mettre plein les poches. Aux dépens des jeunes à la recherche d’une place d’apprentissage. Je déposerai donc un amendement pour interdire ces tests payants dans le canton de Vaud.

Les fonds pour la formation professionnelle passent la Sarine!

Un résultat d’une votation cantonale est passé presque inaperçu en Suisse romande. Pourtant, le sujet mérite qu’on le relève: le succès du fonds pour la formation professionnelle zurichois. La nouvelle loi cantonale a en effet été largement acceptée en votation populaire (près de 60% de oui), malgré l’opposition de toute la droite (verts libéraux compris) et surtout des milieux patronaux, notamment de l’USAM, qui en avait fait une affaire de principe en lançant le référendum. C’est en effet la première fois qu’un grand canton alémanique se prononce sur ce sujet (SH avait rejeté un tel projet en juin dernier). Et le net succès du fonds zurichois donnera certainement des idées aux autres cantons germanophones. Il apportera aussi de l’eau au moulin des initiatives lancées par la jeunesse socialiste dans de nombreux cantons (dont BS et SG).
Il faut dire que ces fonds sont un réel succès. Dans les cantons romands qui les ont mis en place (GE, FR, NE, VS et JU) ils permettent de répartir les frais de la formation des apprenti-e-s non pas sur les seules entreprises formatrices, mais sur toutes les entreprises, y compris celle qui «resquillent» en profitant des efforts formateurs des autres. En cela, ils encouragement concrètement la création de places de formation pour les jeunes.
En Romandie, seul le canton de Vaud n’a pas (encore) de tel fonds. Mais, fort heureusement, la création d’un fonds est prévue dans la nouvelle loi cantonale pour la formation professionnelle, dont les travaux parlementaires débutent le 3 novembre (les documents soumis au grand conseil se trouvent ici). Je serai membre de la commission parlementaire et ne manquerai pas de revenir sur cet important sujet sur ce blog. Dans notre canton, l’introduction du fonds ne devrait toutefois pas être aussi ardue qu’à Zurich, car les milieux patronaux sont, contrairement à leurs homologues des bords de la Limmat, partisans d’un tel système. Ils ont en effet bien compris qu’il faut soutenir les entreprises qui forment la relève et faire payer celles qui négligent la formation professionnelle.

Retrait de mon postulat sur la pénurie de médecins

Au printemps passé, j’avais déposé un postulat demandant au conseil d’Etat d’étudier des mesures pour lutter contre la pénurie de médecins, notamment en augmentant le nombre de places de formation à l’université, ainsi que les places de stage pré- et postgradués dans les hôpitaux vaudois. Suite aux débat en commission, j’ai retiré ce postulat. En effet, le Conseil d’Etat a déjà pris des mesures pour palier à la pénurie de personnel soignant, en particulier de médecins de premier recours. Ces mesures ont été détaillées dans le rapport de politique sanitaire 2008 – 2012, publié en juillet (soit bien après le dépôt de mon postulat en avril). Mesures qui ont été complétées par la décision (prise entre temps, elle aussi) d’augmenter de 25% le nombre de places à la faculté de médecine. Il reste encore une série de point à régler, notamment en ce qui concerne le pilotage de la création de cabinet (p. ex. dans les régions périphériques, qui manquent de généralistes), mais le gouvernement a très clairement annoncé qu’il s’y atèle.

Mon postulat n’avait donc plus de raison d’être, sauf éventuellement pour informer en détail le Parlement -au prix de nombreuses séances- et produire pas mal de papier (rapport du conseil d’Etat, rapport(s) de la commission parlementaire). Je continuerai néanmoins à suivre le dossier, en premier lors des débats sur le rapport de politique sanitaire.

Comment transformer la privatisation de l’école en un attrayant « libre choix »?

Une initiative pour privatiser l’école publique vaudoise sera donc lancée cet automne. Cette initiative devrait demander l’introduction du bon scolaire, instrument permettant de subventionner la fréquentation de n’importe quelle école, y compris – et surtout- privée, école que l’on pourrait librement « choisir ». Les partisans de la privatisation sont malins. Ils évitent soigneusement de parler de « privatisation », de « libre marché », de « baisses des salaires des enseignants » ou de « subventionnement des bénéfices du privé avec de l’argent public », même si c’est bien de cela qu’il s’agit. Non, ils avancent masqués avec des arguments bien plus porteurs et bien moins connotés politiquement: le spectre de l' »école à deux vitesses », la « meilleure qualité de l’école privée » et la « débâcle de l’école publique ». Mais aucun de ces arguments ne tient la route.

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