Sondage RSR: L’intérêt des jeunes à la politique est-il vraiment si faible?

La radio suisse romande vient de lancer à grand bruit son sondage sur l’intérêt des jeunes à la politique. Elle tire une conclusion fracassante: «50% des jeunes trouvent la politique ennuyeuse». Ce qui est plutôt ennuyeux. En effet, la pérennité de notre démocratie est-elle garantie, si la moitié des futur-e-s citoyen-ne-s ne s’intéresse pas à la chose publique? Pire, la part des intéressés semble en recul depuis 1996 (56%). Autre constat plutôt inquiétant, plus l’on est formé, plus l’on a de l’intérêt pour les affaires publiques: les étudiant-e-s et gymnasien-ne-s votent plus et se préoccupent plus de l’actualité politique que les apprenti-e-s.
Mais au fond, tout cela ne contient rien de réellement nouveau. 50% d’intérêt? A comparer avec, bon an, mal an, 50% de participation aux scrutins…  Quant à l’adage «mieux formé, mieux informé », il ne vaut pas que chez les jeunes. Chez les moins jeunes aussi, on a tendance à plus s’impliquer à mesure que croît le niveau de formation.

Cependant, ce sondage révèle quelques conclusions plutôt intéressantes, qui devraient à mon avis plus secouer le cocotier que ces déclarations fracassantes:

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Génération stagiaire, génération précaire: une nouvelle étude de l’OFS

L’office fédéral de la statistique (OFS) vient de publier une étude menée auprès des diplômé-e-s des hautes écoles axée sur la problématique des stages. Il conclu que les diplômé-e-s s’intègrent plutôt bien dans le marché du travail et que le nombre de ceux qui doivent se contenter d’un stage est plutôt réduit, n’a pas évolué depuis une quinzaine d’années et ne peut en rien être comparé avec l’émergence d’une «génération stagiaire», à l’instar de ce que l’on constate en France ou en Allemagne, où les jeunes diplômés sont de plus en plus nombreux à s’enfermer dans une spirale de stages et autres «emplois» précaires successifs, ce qui finit par réduire à néant leurs chances de s’intégrer au marché du travail. L’OFS en conclut qu’aucune génération de ce genre n’est en train d’émerger en Suisse, que les stages ne sont pas un problème, et que tout va donc pour le mieux dans le meilleur des mondes. Certes, la «spirale des stages» n’est pas un phénomène de masse comme chez nos voisins (tant mieux!) mais une lecture attentive des chiffres de l’OFS soulève certains problèmes. Les «stages» sont dans de nombreux cas une façon de travestir le taux de chômage (à la baisse, bien sûr), et une part non négligeable des stagiaires est réellement menacée de précarité à long terme.

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Les radicaux mettent les pieds dans la taxe plate

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Le parti radical ne semble avoir qu’une seule idée en tête: Comment parvenir à baisser les impôts des hauts revenus tout en reportant la charge sur les classes moyennes? L’objectif est de contenter une petite minorité à la situation plus que confortable, afin d’éviter qu’elle ne passe à l’UDC, qui est, là encore, très habile pour se profiler comme le défenseur des nantis. Mais le PRD pense probablement qu’à force de charger la classe moyenne encore et encore, elle se laissera mieux convaincre par ses slogans de « moins d’Etat ».

Dernière idée en date: l’impôt à taux plat (flat-tax) de M. Merz. En mettant tout le monde au même taux, il est logique que cela ne profite qu’aux hauts revenus et que les revenus moyens subissent une hausse d’impôt. Les contribuables peuvent d’ailleurs s’en rendre compte en essayant le calculateur d’impôt du PS, qui compare IFD actuel et propositions radicales.

Certes, le système fiscal mérite d’être simplifié. En effet, plus il est compliqué, plus il contient de petites subtilités que ne peuvent découvrir et dont ne peuvent se servir que ceux qui ont les moyens de s’offrir un conseiller fiscal. Et plus le salarié-locataire moyen s’offusque d’un système qui multiplie les déductions en faveur des propriétaires-indépendants-actionnaires-(de-holding)-détenteurs d’un pilier 3a-etc. Mais toute simplification qui rime avec allégement de la charge fiscale des hauts revenus aux dépens des autres (voir à ce sujet ce petit florilège) est inacceptable!

Au sujet de la flat-tax, un article de Daniel Oesch, secrétaire central de l’USS (page 159ss. de la lettre d’information de l’USS du 16.12.05)

Un épisode des Simpson pour fêter le film: Krusty député au congrès

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Grand amateur des Simpson, j’ai beaucoup aimé les Simpson-Le film. Voici un épisode qui convient particulièrement à mon blog de député au grand conseil: Le député Krusty (Mr Spitz goes to Washingston, Saison 14, épisode 14). Une excellente satire de campagne électorale! (Cliquer sur le lien ou sur l’image pour voir l’épisode sur simpson-tv.)

Pas le bon passeport? Pas de place d’apprentissage! Chronique d’une politique migratoire à contre-emploi

La politique migratoire suisse est dictée par l’UDC, qui, il faut le lui accorder, manie fort bien l’amalgame étrangers = dangereux criminels = voleurs d’emplois= profiteurs des assurances sociales, etc. Et qui est aussi fort habile pour taire le fait que les migrant-e-s cotisent plus aux assurances sociales qu’ils n’en bénéficient, ou que les responsable de la sous-enchère salariale ne sont pas les salariés , mais les patrons tricheurs (lesquels d’ailleurs souvent membres de l’UDC). Voici une anecdote qui démontre non seulement à quel point cette politique migratoire , obtenue à coup de campagnes xénophobes, a des effets contraires à ceux vantés lors des campagnes de votation, mais surtout que cela est probablement voulu.

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Pétition européenne pour le service public

D’habitude, je n’aime pas trop les pétitions. Je trouve qu’on a en général assez à faire avec les initiatives et autres référendums (d’autant plus que ça fuse, ces derniers temps, en matière de récoltes de signature, entre la révision de l’AI, la réforme de l’imposition des entreprises II, la privatisation du service des automobile vaudois, les initiatives du PS pour la justice fiscale, pour la protection du climat et j’en passe…) et que récolter des signatures pour une pétition dont on ne sait même pas si elle sera lue me semble être souvent un gaspillage de ressource. Je signe certes régulièrement des pétitions, mais je ne récolte que très rarement de manière active et ne suis presque jamais partisan du lancement d’une pétition.
Mais voici cependant une pétition qui mérite qu’on s’y arrête et surtout qui mérite qu’on récolte beaucoup de signatures: la pétition européenne pour les services publics. Cette pétition a été lancée par la confédération des syndicats européens (CES – ETUC), qui vise un million de signatures dans tous les pays de l’UE (pour le moment, il y en a environ 417’000). Cette pétition mérite à mon avis d’être soutenue pour les raisons suivantes:
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Et une campagne pour la formation professionnelle, une!

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Décidément, rien ne vaut une bonne campagne en faveur de la formation professionnelle. L’an passé déjà, quoi qu’un peu plus tôt dans l’année, mais peut-être était-ce un cadeau d’adieu de Joseph Deiss, la Confédération lançait avec les cantons et les « organisations du monde du travail » (un joli néologisme introduit par la nouvelle loi fédérale sur la formation professionnelle pour ne pas avoir à dire « partenaire sociaux ») une campagne de promotion de l’apprentissage: « chance06.ch« . Cette année, elle est remplacée par (respirez un bon coup, le mot est long) formationprofessionnelleplus.ch (expirez). Bravo et chapeau bas. Mais pour l’innovation, il faudra repasser.

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Le dimanche; priez, bossez!

Tout le monde ne demande que de travailler le dimanche. Je dirais même plus: tout le monde a-do-re-rait ça. Pas seulement les étudiants sans bourse ou les travailleurs précaires alléchés par de mirobolants suppléments salariaux. D’ailleurs, mon patron est venu l’autre jour me demander de bosser le dimanche. Comme il avait son grand sourire y’en-a-des-tas-qui-seraient-ravis-d’avoir-ton-job, je me suis dit que, moi aussi, je ne rêve que de bosser le dimanche. Tant mieux, car le dimanche, on s’emmerde sec. A l’église, par exemple, y’a personne. C’est nul. Voir la famille ou les amis? m’en parlez pas. Quant aux loisirs, c’est pour les feignasses. Alors, tant qu’à faire, autant aller au turbin.

Donc, après la libéralisation du travail dominical dans les commerces et services des grandes gares, les zones touristiques ou pour les jeunes de plus de 18 ans, saluons la possibilité d’autoriser quatre dimanche de travail de plus par an. Comme ça, on habituera gentilment toute la population à bosser le dimanche. Elle s’en réjouit déjà.

Chronique de politique chronique parue dans le journal satyrique le tromblon.

Les postulations anonymes contre le discrimination à l’embauche

Les jeunes migrants sont particulièrement touchés par les tensions qui persistent sur le marché des places d’apprentissage. Le Programme national de recherche sur l’enfance et la jeunesse (PNR 52 sur le même sujet) a récemment mis en évidence le fait que les inégalités les frappent de plein fouet. Face à l’embarras du choix, nombreuses sont les entreprises, notamment les PME, à céder aux fantasmes selon lesquels les jeunes issus de l’immigration «poseraient problème». D’où leur réaction souvent expéditive: elles n’entrent tout simplement pas en matière sur les postulations des jeunes qui ont la «mauvaise» nationalité ou le «mauvais» nom de famille. Deux études ont révélé que l’arbitraire règne en maître et que les entreprises qui se plient à ces préjugés agissent souvent contre leur propre intérêt.

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