Une initiative pour privatiser l’école publique vaudoise sera donc lancée cet automne. Cette initiative devrait demander l’introduction du bon scolaire, instrument permettant de subventionner la fréquentation de n’importe quelle école, y compris – et surtout- privée, école que l’on pourrait librement « choisir ». Les partisans de la privatisation sont malins. Ils évitent soigneusement de parler de « privatisation », de « libre marché », de « baisses des salaires des enseignants » ou de « subventionnement des bénéfices du privé avec de l’argent public », même si c’est bien de cela qu’il s’agit. Non, ils avancent masqués avec des arguments bien plus porteurs et bien moins connotés politiquement: le spectre de l' »école à deux vitesses », la « meilleure qualité de l’école privée » et la « débâcle de l’école publique ». Mais aucun de ces arguments ne tient la route.
La migros, aux nues? Aux gémonies!
Ce n’est pas parce qu’on est le premier août qu’il faut renoncer à s’attaquer à un symbole national. Je veux parler de la Migros. Qui a une jolie semaine derrière elle. D’abord, elle est, selon un sondage, en tête du classement des entreprises préférées des Suisses. Ensuite, elle fait un joli coup en nommant à son conseil d’administration Paola Ghillani, ancienne directrice de l’entreprise de commerce équitable Max Havelaar. Qui a droit à deux pages de panégyrique dans «le Matin» d’hier. Dans lequel elle ne manque pas de tresser des lauriers à l’entreprise qui l’emploie désormais, qu’elle considère comme «un société modèle». Forcément, puisque c’est aussi l’avis des sondés. D’ailleurs, Mme Ghillani ne voit aucune contradiction entre son nouveau mandat et son statut d’ex-grande prêtresse du commerce équitable (dont elle fait toujours son fonds de commerce grâce à l’entreprise de conseil en la matière qu’elle dirige). En effet, selon elle, Migros « se comporte de manière respectueuse avec ses fournisseurs et qu’elle a intégré les dimensions environnementales et sociales dans ses processus. En cela elle respecte les principes du commerce équitable et elle fait du commerce équitable.» Ah bon.
Mme Ghillani devrait mieux s’informer, car sur au moins deux points, la Migros foule largement aux pieds les principes du commerce équitable, notamment les droits des salariés. En Suisse et à l’étranger. Continuer la lecture
Pouvoir d’achat: y’en a qui en parlent, y’en a qui en perdent
En France, le gouvernement Sarkozy se fend d’une réclame télévisée pour vanter son combat pour le pouvoir d’achat (voir aussi la réplique du PS français). En Suisse, le pouvoir d’achat des salariées et salariés a reculé en termes réels pour la première fois depuis huit ans: Selon l’OFS, les hausses salariales négociées entre les partenaires sociaux ont atteint +2,2% en moyenne, alors que l’inflation est de 2,5%. Cette régression des salaires réels suit plusieurs années de stagnation, durant lesquelles les entreprises n’ont pas reversé à leurs salariés les gains de productivité réalisés. Cette stagnation était déjà scandaleuse en soi, vus la croissance économique soutenue, l’augmentation de la productivité, le chômage en baisse et les exportations en hausse sur la même période – sans compter les primes d’assurances maladies qui rognent une part toujours plus importante du budget. Confrontés à une telle baisse de revenu, alors que l’augmentation des rémunérations des dirigeants de grandes entreprises continue à ne pas connaître de limites et que les baisses d’impôts ne s’adressent qu’aux (gros) actionnaires, les salariés ont toutes les raisons d’être fâchés.
Ils devraient l’être encore plus en apprenant l’intolérable ingérence que se sont permise un membre du directoire de la Banque Nationale Suisse, M. Jordan, et le chef du Seco, M. Gerber. Ces messieurs se permettent d’appeler les syndicats à de la modération en matière de revendications salariales, par peur d’alimenter la spirale de l’inflation (qui a soit dit en passant pour principal défaut de nuire à la rémunération du capital). M. Jordan menace annonce même des mesures de rétorsion, sous forme de hausse des taux de la BNS, si les négociations de cet automne devaient être trop favorables aux salariés. En somme, ces deux experts (au demeurant grassement rémunérés, rémunération qui ne risque pas de baisser, elle) prescrivent une baisse de salaire à la quasi-totalité de la population, alors que celle-ci n’a pas encore touché sa part des bénéfices des bons résultats économiques.
Frein à l’endettement pour assurances sociales; y’en a qui ne sont pas gonflés
Les milieux patronaux proposent de soumettre les assurances sociales à un «frein à l’endettement» pour éviter qu’elles ne représentent bientôt «les deux-tiers du budget de la Confédération» (ce qui arrivera soit dit en passant plutôt parce que ledit budget diminuera, avec le soutien des associations patronales, grâce aux cadeaux fiscaux déjà distribués ou devant bientôt l’être…). S’il est louable de vouloir limiter les dépenses, cette proposition des milieux patronaux est sacrément gonflée. En effet, ces dernières années, ils ont refusé toute une série de mesure qui auraient permis de diminuer ces dépenses, non pas en limitant l’accès aux assurances sociales ou en rognant sur les prestations, mais en évitant que des personnes ne soient contraintes d’y faire recours.
Science-traction
3 juillet 2058. Ronald Rochat rentre du boulot. Genève-Lausanne, comme tous les jours. Debout et coincé, bien sûr. Et 3 heures de trajet, ça fait long. Ben ouais, faut souvent attendre aux croisements pour laisser passer d’autres convois. Et, de toute façon, faut pas rouler trop vite, le train risque de dérailler. Déjà que l’argent prévu pour la troisième voie ne suffit pas à réparer la deuxième… Mais c’est pas grave, tout ça. Ronald a une distraction. De quoi rêver en attendant la semaine de congé annuelle (dans 6 mois): Mater les belles bagnoles sur l’autoroute adjacente. Qui peuvent foncer, forcément, y’a trois pistes. Dans chaque sens, s’il vous plaît. Et presque vides avec ça, au prix où est le pétrole. Mais on s’en remet, paraît-il, du prix du pétrole, vu qu’avec la réforme de l’imposition des entreprises VI, on peut déduire les trois premiers millions de frais de carburant. Tiens, il y a le 4X4 du CEO de la lake of geneva rail Ltd qui passe en trombe. Ronald n’est pas fâché de savoir que le prix de son ticket serve au moins à ce que quelqu’un soit confortablement transporté.
Chronique de politique chronique parue dans «Le tromblon».
Le canton de Vaud doit s’opposer à toute nouvelle centrale nucléaire
Le groupe ATEL a déposé une demande de concession pour construire une nouvelle centrale nucléaire, à Gösgen (SO), à moins de 80 km des frontières du canton de Vaud. Le lobby pro-nucléaire montre sa puissance, qui fait fi de la problématique des déchets, des dangers du nucléaire (dernier incident en date, Krsko, Slovénie, le 4 de ce mois) et de la pénurie d’uranium qui s’annonce. Mais elle pose la question du respect des décisions démocratiques par les autorités vaudoises, ainsi que sur la façon dont elles gèrent leurs participations. En effet, la nouvelle consitution cantonale prévoit, à son art. 56 al. 4, que les autorités «collaborent aux efforts tendant à se passer de l’énergie nucléaire». Et, à l’al. 3 du même article, elles «favorisent l’utilisation et le développement des énergies renouvelables». Ce que le nucléaire n’est pas. Or, via ses participations dans la Romande Energie et EOS, le canton détient de fait une part du capital d’ATEL, avec qui EOS est d’ailleurs appelée à fusionner. Nul doute qu’une telle fusion irait à l’encontre des objectifs constitutionnels votés par le peuple vaudois. C’est ce qui conduit le PSV à demander à ce que le processus de fusion entre ATEL et EOS soit suspendu. Les participations de l’Etat dans les entreprises électriques doivent servir activement la politique cantonale.
Faits intéressants, la ville de Genève a annoncé vouloir faire opposition à ce projet de centrale nucléaire et celle de Zürich a décidé de ne pas acquérir de nouvelles participations à la centrale de Gösgen.
J’ai donc développé aujourd’hui cette interpellation (08_INT_111.pdf) devant le Grand Conseil:
163 «non» contre 6 «oui»
… c’est la baffe monumentale que l’assemblée des délégué-e-s du PSS a infligé aujourd’hui à la proposition néolibérale de Chantal Galladé (CN/ZH) en faveur du libre choix de l’école. Le PS est donc bien le parti qui se bat pour une école publique de qualité, contre une formation à deux vitesses et contre le subventionnement public des bénéfices du privé.
A nouveau, l’aile libérale du PSS a tenté de tirer le parti à droite. Et à nouveau, et comme à chaque fois, la base à répondu de la plus claire des façons.
Divergences de vue sur l’aide à la création d’entreprises
Les débats d’hier au grand conseil ont à nouveau montré à quel point la droite bourgeoise se soucie peu des petites entreprises. Une proposition socialiste pour développer le micro-crédit a été en effet balayée, dans un rapport purement gauche + verts contre droite.
Pourtant, le micro-crédit est un instrument efficace pour soutenir la création d’entreprise, notamment par des chômeurs ou des personnes à l’aide sociale. Mais, pendant toute la durée des débats, les arguments de la majorité n’ont tourné qu’autour du refrain «ce n’est pas à l’Etat de s’en mêler». La droite s’en tient donc à ses méthodes: baisser les impôts des actionnaires des grandes entreprises, tout en prétendant bien entendu que ces mesures «aident les PME». Un nouvel exemple de réforme-miracle se trouve dans le paquet fiscal du gouvernement vaudois: seules 50 grandes entreprises se taillent une part de 50% du gâteau de la réduction de l’impôt sur le capital. Autant dire qu’une fois encore, les vraies PME n’en toucheront que des clopinettes et que cette mesure ne créera pas le moindre emploi.
Et lorsque le PS vient avec des propositions intelligentes et dont l’efficacité est unanimement saluée, les œillères idéologiques restent en position.
Des oeuvres pour le musée de Bellerive
On a (enfin) commencé à montrer les oeuvres superbres- comme ce magnifique Hodler représentant le golfe de Cully- qui croupissent dans les caves du canton parce qu’on ne peut les exposer, faute de lieux adaptés. Pour lesquelles il faut absolument construire le nouveau musée cantonal des Beaux-Arts de Bellerive. A moins bien entendu que l’on ne préfère garder ces oeuvres à l’abri des regards, ou, dans le cas des collections qui seront données à l’Etat si le musée se fait d’ici à la fin de l’année, les laisser être vendues à des privés, pour qu’elles ne soient vues que dans les cercles confidentiels d’initiés.
En dévoilant une partie de ces oeuvres, le Conseil d’Etat fait un pas important pour convaincre la population de l’importance et de l’utilité de ce musée. Jusqu’à maintenant, le débat avait surtout tourné autour de photo-montages sur lesquelles on s’est contenté de remplir de gris les gabarits. Maintenant, on sait ce que contiendra le futur musée. Et ça fait envie.
La démocratisation de la culture, ce n’est pas seulement faire en sorte que les chefs-d’oeuvre appartiennent aux collectivités puliques. C’est aussi, et surtout, les montrer et les rendre accessible à toutes et tous.
Le dossier complet sur le site de l’Etat.
Interpellation sur le travail temporaire à l’Etat de Vaud
Voici le texte d’une interpellation que j’ai développé aujourd’hui au grand conseil:
L’Etat de Vaud aurait signé un accord de partenariat et d’exclusivité avec la société Manpower SA pour l’engagement de personnel temporaire.
Etant donné que, lors d’une location de services, le contrat de travail est en général conclu entre le travailleur et le bailleur, il n’est pas sûr qu’un tel accord respecte la loi sur le personnel de l’Etat. Un accord de partenariat exclusif pourrait en outre découler de la volonté d’augmenter la part du travail temporaire à l’Etat, et ce sur le long terme.
J’ai donc l’avantage de poser au Conseil d’Etat les questions suivantes :