Dans un petit pays multilingue à forte diversité culturelle comme la Suisse, il est indispensable de pouvoir compter sur des médias de service public forts. Sans médias de service public, il n’y aurait en effet pas de marché suffisant pour des chaînes régionales ou locales en Suisse romande, ni d’ailleurs pour des chaînes italophones ou de langue romanche. En Suisse romande, nous n’aurions qu’à nous contenter des médias audiovisuels français. Et même en Suisse alémanique, les chaînes allemandes seraient probablement la seule offre (ce n’est d’ailleurs pas étonnant que l’adversaire la plus violente du service public est une de mes collègues UDC/ZH qui travaille… pour une agence qui vend des fenêtres publicitaires aux chaînes de TV allemandes).
Par ailleurs, des médias de service publics sont capitaux pour le bon fonctionnement d’une démocratie comme la nôtre. En effet, seul le service public garantit que l’information ne soit pas en grande partie contrôlée soit par de grands groupes monopolistiques comme Tamedia, soit par des partis qui en font un pur instrument de propagande (comme l’UDC avec la Weltwoche ou la Basler Zeitung). En outre, la diversité médiatique fond comme neige au soleil en Suisse, et ce recul frappe davantage les médias indépendants. Les médias de service public (de la SSR, mais aussi des chaînes locales comme « La Télé ») sont donc plus que jamais indispensable pour garantir une information équitable du public avant les votations et élections, dans toutes les langues nationales et dans toutes les régions du pays.
La révision de la loi sur la radio-TV (LRTV) sur laquelle nous sommes appelés à nous prononcer le 14 juin répond à ces exigences de renforcement du service public. Ses adversaires l’ont bien compris et ils ont déjà averti qu’en cas de refus, ils s’attaqueront frontalement au service public, p. ex. en supprimant certains programmes gratuits, comme le sport.
Cette révision a pour principal objectif de faire baisser la facture de la redevance pour les ménages de 462 à 400.—Fr. par an, notamment en faisant plus contribuer les grandes entreprises (même si 75% d’entre elles resteront exonérées et que 9% seulement paieront plus de 400.—Fr. ). La suppression de la distinction entre redevance radio et redevance TV et de la redevance liée à l’appareil tient compte du fait que la consommation de médias ne se limite plus à un seul canal, mais permet aussi de simplifier sa perception. Les frais de fonctionnement de Billag vont donc diminuer, car les contrôles ne seront plus nécessaires. Il convient de préciser que ce vote n’est pas un vote « pour ou contre Billag », qui continuera à exister en cas de non. Et non seulement Billage continuera d’exister en cas de refus de la LRTV, mais il coûtera plus cher qu’en cas de oui. Certes, on peut discuter de la pertinence d’une redevance par tête (et donc indépendante du revenu) ou du mode de financement de la SSR et des chaînes locales. Mais, encore une fois, ce n’est pas l’objet de la votation, qui aura seulement pour effet de rendre la redevance moins chère. L’objet de la votation n’est enfin pas non plus la qualité des programmes de la SSR/RTS ou des chaînes locales comme « La Télé ».
Il est certain qu’en cas de refus, les adversaires du service public auront une occasion en or de s’en prendre directement à la qualité et à la diversité. En revanche, un oui à la révision de la LRTV renforcerait la diversité et la représentativité. Un oui renforcerait donc la Suisse !
Si c’est une «redevance», il y a quelque chose de gênant à faire payer tout le monde! On devrait, dès lors, faire pareil avec la vignette autoroutière ou même pour les transports publics!? Tout le monde a besoin d’un réseau de transports… sauf ceux qui n’ont pas de permis, pas d’autoroutes à proximité…
Ceux qui n’ont pas de télé, ceux qui n’écoutent jamais les chaînes nationales doivent se sentir lésés!
Et la «liberté d’expression» des services publics est un leurre, une illusion! Les émissions à tendance «critique» disparaissent: plus de «tartine» depuis longtemps, le fond de la corbeille est nettoyé, la «soupe» est tarie, «l’agence» est bouclée, les «forums » sont animés par Lüthi ou Rime … l’économie résonne de raisonnements consensuels, la politique de consensus très raisonnables… Les exceptions demeurent, évidemment! Ce qui donne une image globale illusoire d’un débat équilibré! Il nous reste à peine 26 minutes pour se marrer!!!
Aucune démocratie ne peut fonctionner sans médias. Personne ne peut donc se targuer de ne pas avoir besoin des programmes des médias de services publics. Même si je ne les suis pas tous, même si je ne les apprécie pas tous, je suis persuadé qu’un pays tel que le nôtre a besoin de programmes dans toutes les langues nationales et dans toutes les régions, indépendamment de leur rentabilité.