Fumée passive: les cantons peuvent persévérer

Le conseil national vient de prendre la décision d’autoriser les cantons à adopter une législation plus stricte en matière de lutte contre la fumée passive. Heureusement. Car on était pas loin d’une législation fédérale contraignante pour les cantons, mais truffée d’exceptions à l’interdiction de fumer dans les lieux publics, en particulier sur les lieux de travail.

En effet, la majorité de droite de la chambre du peuple avait adopté une série d’exceptions qui auraient vidé l’interdiction de fumer de sa substance: fumoirs, possibilités de créer des établissements fumeurs ou des zones « fumeurs » avec service dans la plupart des restaurants. Leur patrons n’auraient eu qu’à démontrer qu’une séparation entre fumeurs et non-fumeurs  » ne peut pas être exigée raisonnablement ». La protection de la santé du personnel de l’hôtellerie-restauration (dont les conditions de travail sont déjà déplorables) aurait été réduite en peau de chagrin. Cette loi, qui fait la part belle aux revendications des cafetiers-restaurateurs, aurait été véritablement catastrophique si elle avait été contraignante pour les cantons: Les initiatives contre la fumée passive adoptée récemment à Genève et en bonne voie de l’être bientôt dans le canton de Vaud auraient été rendues caduques, purement et simplement. Il n’en sera par bonheur pour le moment rien. Espérons que les Etats suivront.

Postulat contre la pénurie de médecins.

(Postulat déposé aujourd’hui au grand conseil)
En octobre 2007, le Conseil suisse de la science et de la technologie (CSST) a publié un rapport indiquant que la Suisse ne forme pas assez de médecins et évite pour l’instant une grave pénurie, grâce à un afflux croissant de médecins formés à l’étranger. Le CSST conclu que le nombre d’étudiants en médecine devrait être augmenté d’au moins 20%. La pénurie se fait d’ores et déjà sentir dans certaines régions situées hors des centres urbains et concerne surtout les médecins «de famille».
Pourtant, les études de médecine connaissent un attrait croissant. Mais les facultés de médecine manquent drastiquement de places depuis plusieurs années. Certaines ont même instauré un numerus clausus pour limiter le nombre d’étudiants. Cette mesure d’économie à courte vue est en grande partie la cause de la pénurie actuelle. On ne peut donc que saluer la politique du canton de Vaud de ne pas introduire de numerus clausus à l’université de Lausanne, ainsi que son opiniâtreté à résister à la «mode» de la restriction d’accès aux études et de la dévalorisation de la maturité.

En conséquence, nous avons l’avantage de prier le Conseil d’Etat de présenter un rapport sur la pénurie de personnel soignant dans le canton, notamment de médecins et d’étudier des solutions pour y remédier, notamment en donnant à la faculté de biologie et de médecine les moyens d’accueillir plus d’étudiantes et étudiants en médecine et en augmentant le nombre de places de stages et de formation post-graduées dans les hôpitaux vaudois.

La majorité du grand conseil tire à grosses bouffées…

La majorité bourgeoise du grand conseil vient d’accepter la motion de M. Haury pour introduire les tests de consommation de cannabis dans les écoles vaudoises. Elle souhaite ainsi détourner l’école de son rôle et d’en faire une instance répressive, dotée des mêmes devoirs d’investigation que la justice pénale, sans toutefois en appliquer les procédures et les sanctions. Et tant pis si les professionnels des dépendances trouvent cette idée mauvaise, contraire à l’éthique et au droit (communiqué_du 17 avril (pdf). Tant pis si les tests sont peu fiables, peuvent conduire à des résultats inutilisables dans une optique éducative, quand ils ne sont pas tout simplement arbitraires. Tant pis si cela déresponsabilise les parents. Tant pis si ces mesures répressives entravent l’encadrement et l’accompagnement des jeunes concernés. Et surtout, tant pis si les écoles vaudoises ont déjà et la volonté et les moyens d’agir, en interdisant toute consommation de cannabis et en sanctionnant les élèves responsables. Malgré ces réalités, la droite a voulu montrer qu’elle cède à la mode du tout répressif. Même si cela implique des mesures néfastes et inutiles.

Initiative contre la fumée passive: pourquoi s’encombrer d’un contre-projet?

Le Conseil d’Etat souhaite opposer un contre-projet à l’initiative « fumée passive et santé« , qui préconise l’interdiction de la fumée dans les lieux publics. Le contre-projet permettrait entre autre l’installation de fumoirs, fermés, ventilés et sans service. Favorable à l’initiative, je regrette ce contre-projet et plaiderai au grand conseil pour que l’initiative seule soit soumise au peuple. Rapidement.

En effet, les fumoirs ne sont pas une solution praticable. D’une part, il n’est de loin pas sûr que la technique permette d’installer une ventilation suffisamment efficace pour que la fumée ne se répande pas dans tout l’établissement. Et, dans tous les cas, de telles installations seront certainement hors de prix, ce qui provoquerait une discrimination entre les cafetiers qui ont les moyens de la financer et les autres. Mais surtout, prétendre que ces fumoirs seront « sans service » est un leurre. Certains cafetiers auront beau jeu d’y envoyer leurs employés sur base « volontaire », en leur faisant comprendre que, s’ils ne sont pas « volontaires », d’autres le seront certainement… Or, le personnel des établissements de l’hôtellerie restauration paie un lourd tribut à la fumée passive.

Enfin, il y a malheureusement fort à parier que la loi d’application du contre-projet servira les intérêts des adeptes des manoeuvres dilatoires pour retarder l’entrée en vigueur de l’interdiction de fumer dans les lieux publics. Mis sous pression par les excellents résultats des initiatives populaires sur ce sujet, notamment l’écrasante victoire de l’initiative genevoise (par 79,2% de « oui »), les milieux de l’hôtellerie-restauration font en effet tout pour retarder l’inéluctable.

Comment l’UDC a manœuvré pour supprimer le libre choix du médecin. Mais après les élections, s’il vous plaît.

Le 1er juin, nous voterons sur un nouvel article constitutionnel sur la santé. Cet article est un contre-projet à l’initiative lancée en 2003 par le parti de M. Blocher. Cette initiative visait à introduire plus de concurrence dans le domaine de la santé, se basant sur la fiction qui veut que plus de concurrence = baisse des coûts. La concurrence entre les caisses maladies n’ayant pas réussi à endiguer la hausse des coûts et l’ayant même probablement encouragé, il est facile de se rendre compte à quel point cet adage repose sur du sable.
Cela n’a pas empêché les chambres fédérales, dont on connaît la propension à faire les quatre volonté des assureurs-maladie, d’élaborer un contre-projet à l’initiative de l’UDC. Celle-ci s’en est contentée et a retiré son initiative. Non sans avoir manœuvré auparavant pour que cela se passe après les élections fédérales. Car il eût été fâcheux d’avoir à affronter les slogans «voter UDC nuit à la santé» ou «voter UDC: libre choix supprimé».

Continuer la lecture

Limiter la vente d’alcool?/ Les sachets d’alcool fort «devil bag» refont parler d’eux

La police cantonale zurichoise mène une enquête au sujet des sachet d’alcool fort «devil bag», dont j’avais demandé l’interdiction dans un postulat transmis directement au Conseil d’Etat en décembre dernier. Cette information est tirée du gratuit alémanique du soir «heute» (l’article est en allemand). Ces sachets, dont le graphisme est au demeurant sexiste, encouragent la consommation d’alcool fort en tout temps et en tout lieu, s’adressent spécifiquement aux jeunes et vont donc à l’encontre de tous les messages de prévention. Interdits à l’importation par le canton de Zoug, ces sachets sont donc toujours disponibles sur internet, avant d’être certainement bientôt à nouveau disponibles dans le commerce, dès que le fabricant aura adapté l’emballage à la législation sur les denrées alimentaires.
devilbag.jpg

Le débat sur les problèmes de surconsommation d’alcool rebondit suite à un sondage mené par le «matin dimanche» d’aujourd’hui.

Succès de mon postulat demandant d’agir contre la surconsommation d’alcool fort chez les jeunes

Le Grand Conseil a accepté aujourd’hui par 74 voix contre 60 de transmettre directement au Conseil d’Etat un postulat demandant au d’agir contre la surconsommation d’alcool fort chez les jeunes, que j’avais déposé la semaine passée. Une (grosse) minorité, emmenée par le député radical et président de GastroVaud M. Haenni, proposait de passer par la case «examen préalable en commission», mais j’ai maintenu de ma proposition de transmettre mon postulat directement au gouvernement et le Parlement m’a suivi par 77 voix contre 66. L’urgence de la situation me paraît suffisante pour éviter de prolonger les débats parlementaires en commission.

Sur ce sujet, un article de «24 heures».

Et suite au succès de mon postulat, un interview sur TRVL.

(ajouté le 15 janvier) Le débat rebondit aujourd’hui dans «24 heures» suite à la proposition (à mon avis pas pertinente du tout) d’interdire carrément la vente de vin et de bière aux moins de 18 ans.

Haro sur le Haury

Aujourd’hui, M. Haury, député libéral exclu de son parti et passé chez les pronucléaires d’écologie libérale, développait sa motion pour que les écoles testent systématiquement si leurs élèves ont consommé du Cannabis. Si toutefois ils parviennent pour en consommer à se soustraire du champ des caméras de surveillance que demandent M. Haury et ses amis 😉 …

Mais il n’y a pas eu de débat: M. Haury n’a pas jugé bon de débattre de son texte et l’a fait renvoyer séant en commission. Il a probablement jugé que le débat n’était pas nécessaire, puisqu’il s’est déroulé hors-parlement, par médias interposés.
Je veux pour autre preuve que cette proposition de M. Haury n’était faite que pour épater la galerie (ce qui est, il faut l’admettre, une réussite totale, sa proposition ayant notamment fait la une du matin orange) cet extrait du rapport du préposé fédéral à la protection des données et à la transparence concernant les tests obligatoires de dépistage de la consommation de cannabis auxquels certaines entreprises soumettent tous leurs apprenti-e-s, voire tou-te-s leurs employé-e-s de moins de 40 ans (p. ex. les CFF).

Continuer la lecture

Jeunes salariés: une ordonnance peu protectrice

Le conseil fédéral a lancé la consultation pour une nouvelle ordonnance à la loi sur le travail (LTr), spécialement consacrée à la protection des jeunes salariés. Cette ordonnance doit être mise en vigueur en même temps que l’abaissement à 18 ans de l’âge de protection, abaissement que j’ai combattu depuis 2004, d’abord en tant que membre du comité directeur du Conseil Suisse des Activités de Jeunesse (CSAJ), puis en tant que président de la commission de jeunesse de l’USS. Lors des débats au Parlement, Joseph Deiss, alors conseiller fédéral en charge du dossier, a fait la promesse suivante, tirée du bulletin officiel des chambres fédérales: «Un argument de poids en faveur de l’abaissement de l’âge de protection est qu’un âge limite fixé à 18 ans (…) on offre la possibilité de mettre en place une protection mieux ciblée et plus rigoureusement appliquée aux jeunes âgés de moins de 18 ans.». Syndicat et association de jeunesse attendaient donc avec impatience une nouvelle ordonnance qui protège réellement mieux les travailleurs âgés de moins de 18 ans, notamment les apprentis. Le projet mis en consultation en est malheureusement bien éloigné. Au mieux, il conserve le statu quo, au pire, il dégrade la situation.

Continuer la lecture