Patrons alarmistes…

Lorsqu’en février dernier, l’USS annonçait son pronostic de 30’000 jeunes chômeurs inscrits d’ici à 2010, beaucoup ont crié à l’alarmisme de mauvais aloi, à l’exagération, à la recherche d’attention médiatique, à la manipulation des chiffres. Quelques mois plus tard, c’est au tour de l’union patronale suisse d’y aller de son pronostic dans l’édition de ce mois de son journal « L’employeur suisse« . Selon la faîtière patronale nationale, il pourrait y avoir en 2010 jusqu’à… 43’000 jeunes chômeurs inscrits. Soit 13’000 de plus que le pronostic avancé par l’USS (pronostic basé sur les prévisions – inférieures aux prévisions actuelles – de février 2009 au sujet du taux général de chômage pour 2010). Bref, des chiffres dignes d’une organisation révolutionnaire dont l’unique objectif est de mettre le feu aux poudres.

Alors, alarmisme ou réalisme? Et si on cessait de tergiverser?

Ce banquier, quel cas (y ment)!

Y’a des jours où je préférerai être citoyen-contribuable (surtout contribuable, à dire vrai) de Singapour ou des Îles Caïmans. Il faut dire qu’ils savent s’y prendre en matière d’intervention publique quand une banque est en danger. Singapour, d’abord. Alors que le conseil fédéral accepte de dépenser 68 milliards pour sauver l’UBS (tout en expliquant que 800 millions pour l’AVS flexible, c’est niet), il n’est pas question ni d’obtenir un droit de regard dans la gestion de la banque, ni d’entrer au conseil d’administration. C’est vrai que la finance, c’est devenu tellement la honte qu’on peut comprendre que ces braves gens ne veulent pas se salir les mains. En revanche, lorsque le fond souverain singapourien investit dans l’UBS, il entre dans le capital (avec tous les droits qui vont avec) et au conseil d’administration (avec tous les droits qui vont avec). Y’en a qui savent prendre soin de leurs sous. Et qui comprennent l’adage «qui paie commande».
Et, quand il s’agit de domicilier la société spéciale devant liquider tous les actifs «toxiques» d’UBS, pas question de la domicilier dans un paradis fiscal bien de chez nous, genre Zoug, Buchillon ou Wollerau. Les Îles Caïmans sauront faire ça bien mieux. Décidément, le savoir-faire helvétique fout l’camp.

Chronique de politique chronique parue dans le «Tromblon».

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UBS: généreux boni, généreuse avec les partis

Le «sonntagsblick» (repris par le «matin dimanche») le révèle aujourd’hui: UDC, radicaux et PDC sont financés depuis des années par l’UBS. A hauteur de plusieurs centaines de milliers de francs annuels. Et, probablement par le plus grand des hasards, ces partis s’opposent à une plus forte régulation du secteur bancaire et prétendent, malgré les échecs patents du libéralisme, que l’Etat n’a pas à s’en mêler. Ils s’apprêtent en outre à accepter l’injection d’argent public dans l’UBS, sans conditions, sans contrepartie, sans entrée de la Confédération dans le capital, sans droit de regard ni de codécision. Et ne bronchent pas lorsqu’il s’agit de domicilier la société de gestion des actifs «pourris» dans un paradis fiscal. Tout au plus demandent-ils aux managers fautifs de «rendre leurs boni», bien conscients que ce genre de déclarations n’ont aucun effet si elles ne sont pas accompagnées de mesures contraignantes. Mesures contraignantes qu’ils refusent, bien entendu. Seront-ils cohérents et rendront-ils les montants que leur a généreusement alloué l’UBS ces dernières années?

Ah oui, j’allais presque l’oublier. Ces même partis, tout heureux qu’ils sont d’être financés par les instigateurs de la crise financière, s’opposent vigoureusement à toute transparence dans le financement des partis politiques, malgré les nombreuses propositions du PS au niveau national comme cantonal

Scandale de l’UBS: signez la pétition du PSS!

Le dossier du PSS sur la crise financière

L’UDC et ses tricheurs

L’UDC prétend combattre la criminalité. Spécialement la criminalité étrangère. Elle prétend en outre défendre les « valeurs suisses ». Pourtant, ses élus n’agissent pas vraiment en fonction de ces principes. Un de ses élus les plus en vues vient en effet d’avouer avoir commis une action illégale, avec la complicité d’un étranger. Action illégale qui cause du tort à l’un des fleurons de l’industrie suisse, l’horlogerie.

La presse alémanique rapporte que le conseiller national UDC argovien Ulrich Giezendanner a acheté 15.-Fr. à l’étranger une fausse montre d’une grand marque helvétique (Rolex, selon l’édition alémanique de « 20 minutes », Breitling selon le « Bilck »). A un revendeur dépourvu de passeport suisse. Puis, il l’a importée illégalement dans notre pays. En effet, depuis l’entrée en vigueur de la nouvelle législation, acheter et importer des contrefaçons est un délit, même pour un usage privé. Il faut dire que les contrefaçons sont un véritable fléau qui coûte chaque année des milliards de francs à l’industrie suisse. Et menace des centaines d’emplois.

Il y a deux morales à cette histoire. La première: Pour que l’UDC apprenne à respecter la loi, il faut un petit délai. M. Giezendanner, après avoir clamé que « tout ceci n’est pas bien sérieux », a fini par faire amende honorable et annonce qu’il détruira la fausse montre. Et la deuxième: Ce n’est pas la première fois que des élus UDC se font prendre la main dans le sac en train de tricher. Ils ont raison de voir des abus partout…

Visionnaires vs. pisse-vinaigre

Demain, le canton inaugure dans la liesse le métro M2. Parmi le concert (justifié) des louanges et des superlatifs, difficile de trouver une voix discordante. Même les opposants de naguère semblent être devenus des partisans convaincus (il faut dire qu’il y a de quoi s’enthousiasmer!). Et pourtant.

Souvenons-nous des débats qui précédèrent le vote des vaudoises et vaudois. Charles Favre, alors conseiller d’Etat responsable des finances, avait proposé posé cette condition, qui s’apparentait à une forme de chantage: « pas de M2 sans vente des actions de la BCV » (« 24 heures » d’hier le rappelle dans le portrait de Philippe Biéler qui n’est pas disponible en ligne). Le grand argentier radical n’acceptait la réalisation d’un des chantiers majeurs du service public vaudois qu’à condition de privatiser la banque cantonale. Il se servait ainsi abusivement d’un projet nécessaire au développement du canton pour faire passer en force une idée néolibérale. Quelques années et trois votes populaires plus tard, Vaud inaugure son métro avec fierté (même si la voie unique entre gare et Grancy démontre à quel ridicule peut mener l’orthodoxie budgétaire), la banque cantonale est restée majoritairement en mains publiques suite à la victoire du référendum socialiste… et Charles Favre n’a pas été élu au conseil des Etats, entraînant la perte d’un siège que les radicaux considéraient pourtant comme leur.

Militantisme à deux balles (la signature)

Ces derniers jours, j’ai été plusieurs fois abordé à la gare de Lausanne par des étudiant-e-s qui tentaient de faire adhérer les passantes et passants à moult œuvres dites de bienfaisance pour le compte d’une entreprise spécialisée dans le démarchage «jeune et sympa», genre corris. On y entend de tout. De l’obséquieux «bonjour, jeune homme» au faussement familier «salut chef!». Ces récolteurs de fonds sont bien gentils, bien rodés et ont réponse à tout. A ma question «êtes-vous membre de l’association à laquelle vous voulez me faire adhérer», la réponse fuse sans hésitation: «bien sûr, depuis trois ans». Vu l’âge de celle qui me répondait, j’ai eu un peu de peine à le croire. Mais bon, après tout, pourquoi pas. En tout cas, j’ignorai que «save the children» (ou quelque chose comme ça), une association dont je n’avais jamais entendu parler auparavant, avait autant de militant-e-s. D’ailleurs, les récolteurs semblent aussi s’étonner d’apprendre que les organisations pour lesquelles ils recrutent ont déjà des membres. Ainsi, lorsqu’on me demande un autre jour «tu es déjà membre d’amnesty international?» (le tutoiement semble de rigueur) et que je réponds «oui» (même si amnesty ne paraissait pas enchantée que je le fasse savoir), on me rétorque «vraiment?» d’un ton incrédule et sur l’air du «c’est ce qu’ils répondent tous». Et le récolteur de fonds d’insister pour me faire remplir un bulletin. Heureusement, à la gare, la bonne excuse du train à prendre marche à tous les coups.
Ces méthodes de pseudo-militantisme sont agaçantes. Et elles se répandent de plus en plus, même pour l’exercice des droits populaires. Ainsi, on apprenait récemment («24heures» du 4 août, l’article n’est plus en ligne) que les opposants à un nouveau musée des beaux-arts pour tous les vaudois ainsi que les partisans de l’initiative pour l’épargne-logement avaient rémunéré des «militants» à la signature. Si même les initiatives et référendums s’achètent… Et, à force, les organisations qui les emploient risquent de perdre toute crédibilité et surtout toute capacité d’action.Car la force d’une association, ce sont d’abord ses militant-e-s qui portent son message et ses valeurs. Les remplacer par des donateurs recrutés à la sauvette remplira peut-être leurs caisses, mais ne leur donnera aucun poids.