L’office fédéral de la statistique (OFS) vient de publier une étude menée auprès des diplômé-e-s des hautes écoles axée sur la problématique des stages. Il conclu que les diplômé-e-s s’intègrent plutôt bien dans le marché du travail et que le nombre de ceux qui doivent se contenter d’un stage est plutôt réduit, n’a pas évolué depuis une quinzaine d’années et ne peut en rien être comparé avec l’émergence d’une «génération stagiaire», à l’instar de ce que l’on constate en France ou en Allemagne, où les jeunes diplômés sont de plus en plus nombreux à s’enfermer dans une spirale de stages et autres «emplois» précaires successifs, ce qui finit par réduire à néant leurs chances de s’intégrer au marché du travail. L’OFS en conclut qu’aucune génération de ce genre n’est en train d’émerger en Suisse, que les stages ne sont pas un problème, et que tout va donc pour le mieux dans le meilleur des mondes. Certes, la «spirale des stages» n’est pas un phénomène de masse comme chez nos voisins (tant mieux!) mais une lecture attentive des chiffres de l’OFS soulève certains problèmes. Les «stages» sont dans de nombreux cas une façon de travestir le taux de chômage (à la baisse, bien sûr), et une part non négligeable des stagiaires est réellement menacée de précarité à long terme.
Archives de catégorie : emploi/travail
Les postulations anonymes contre le discrimination à l’embauche
Les jeunes migrants sont particulièrement touchés par les tensions qui persistent sur le marché des places d’apprentissage. Le Programme national de recherche sur l’enfance et la jeunesse (PNR 52 sur le même sujet) a récemment mis en évidence le fait que les inégalités les frappent de plein fouet. Face à l’embarras du choix, nombreuses sont les entreprises, notamment les PME, à céder aux fantasmes selon lesquels les jeunes issus de l’immigration «poseraient problème». D’où leur réaction souvent expéditive: elles n’entrent tout simplement pas en matière sur les postulations des jeunes qui ont la «mauvaise» nationalité ou le «mauvais» nom de famille. Deux études ont révélé que l’arbitraire règne en maître et que les entreprises qui se plient à ces préjugés agissent souvent contre leur propre intérêt.
Il faut créer 5000 places d’apprentissage!
Chaque année, 2500 jeunes se retrouvent sans solution à la sortie de l’école obligatoire (c’est ce que détaille une étude de l’OFFT dont il a oublié de se vanter). Et entre 15000 et 20000 (plus de 20% d’une classe d’âge) doivent se contenter d’une solution transitoire et tentent leur chance pour obtenir une place d’apprentissage l’année suivante, voire celle d’après. Je n’ai pas besoin de revenir en détails sur les conséquences à long terme de ces difficultés: Sans formation post-obligatoire, ils risquent de ne jamais occuper d’emploi autre que précaire, de n’avoir jamais accès à la formation continue voire même de dépendre durablement de l’assistance publique.
La commission de jeunesse de l’USS présentait donc vendredi ses solutions face à la pénurie de places de formation. Et, une fois n’est pas coutume, l’OFFT et son baromètre des places d’apprentissage, confirme nos vues: il manque au moins 5000 places d’apprentissage!
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Votations du 17 juin: Oui au fond jurassien pour la formation professionnelle!
Le peuple jurassien, même si j’espérai qu’il serait progressiste jusqu’au bout en accordant le droit d’éligibilité aux étrangers, a fait aujourd’hui un grand pas en faveur de l’emploi des jeunes en acceptant à une très large majorité (68,6% de oui) le fond cantonal pour la formation professionnelle. Il a balayé le référendum lancé par quelques associations patronales, qui ont démontré à quel point elles se désintéressent de l’avenir professionnel des jeunes.
Dumping salarial sous le nez des barons de l’UDC
Unia vient de dénoncer une des affaires de sous-enchère salariale les plus flagrantes de ces derniers mois à laquelle son mêlé plusieurs pontes de l’UDC, dont leur future tête de liste vaudoise Guy Parmelin.
L’emploi au rabais ne diminue pas le chômage des jeunes
J’ai publié aujourd’hui une colonne dans le quotidien «le Temps» sur les jobs au rabais et l’emploi des jeunes. Sa question centrale: Un emploi de mauvaise qualité vaut-il mieux que pas d’emploi du tout? Ma position: Les problèmes du marché de l’emploi ne justifient pas que l’on dégrade les conditions de travail et de formation. Et d’ailleurs, cela ne crée même pas de places…
Précarité: les nouvelles méthodes
La précarité, notamment celle du travail, est un grave problème. Le nombre de travailleurs pauvres (ou «working poors» c’est-à-dire des salariés en-dessous du seuil de pauvreté, malgré le fait qu’ils travaillent à 100%) croît, parallèlement à l’émergence d’une «génération stagiaire»; des jeunes, qui malgré leur(s) diplôme(s) (parfois universitaires), n’arrivent pas à trouver un emploi autre qu’un «stage» sous-payé, pour des travaux peu qualifiés (en tout cas sans rapport avec leurs qualifications), sans réelle perspective de formation ni de carrière, stages qu’ils enchaînent, sans jamais pouvoir vraiment s’insérer dans le marché du travail. Ce ne sont d’ailleurs pas les seules formes de travail précaire; le travail temporaire, les contrats à durée limitée, le travail sur appel etc. prennent eux aussi de l’ampleur. Cet état de fait est renforcé par deux méthodes particulièrement insidieuses, mise en place par les autorités, soit pour institutionaliser la précarité, soit pour mettre au pas les salariés qui souhaiteraient se défendre: les «jobs à 1000.—Fr.» (introduit par une municipale des verts) et la pression sur les conditions de travail.
Voici sur ce thème un article que j’ai écris pour «koopera» (en allemand), nouveau journal des militant-e-s alémaniques de la jeunesse Unia, paru hier.
Ce que cache la baisse du chômage
On ne peut que se réjouir de la baisse du taux de chômage (voir les chiffres du SECO), spécialement de la baisse plus marquée chez les jeunes. Même si ces statistiques ne prennent en compte que les chômeurs inscrits et occultent donc une bonne partie des sans-emplois (par exemples les personnes –chez les moins de 25 ans, une sur deux– qui ne s’inscrivent pas au chômage, les chômeurs-euses en fin de droit, les gens poussés vers l’AI ou mis à la retraite anticipée parce que l’économie n’en veut plus, etc.), la baisse est indéniable. Alors, Mme Leutahrd, les milieux économiques, les politiques, etc. ont-ils remplis leur tâche? Peuvent-ils passer à autre chose et considérer leur politique de l’emploi comme un succès? Certainement pas.
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Jeunes chômeurs : Pouce M. Daum !
Lors d’un entretien dans l’émission « mise au point« , le nouveau directeur de l’Union Patronale Suisse, Thomas Daum propose des économies scandaleuses sur le dos des jeunes chômeurs: réduire de 400 à 250 le nombre de leurs indemnités journalières. Voici ma réaction.
La première intervention de Thomas Daum en tant que nouveau patron des patrons a très certainement plu à la force montante de milieux économiques helvétiques, l’UDC, qui doit se réjouir de voir une de ses récentes propositions remise sur le devant de la scène. Il s’agit d’économiser dans l’assurance-chômage en diminuant les indemnités journalières des moins de 25 ans de 400 à 250. Selon le nouveau directeur de l’Union Patronale, il ne s’agit que de « quelques économies », qui plus est « raisonnables, vu que les jeunes chômeurs retrouvent de toute façon un emploi beaucoup plus rapidement que leurs aînés ». Mais cet argument camoufle mal une volonté systématique de rogner sur les droits des catégories les plus fragilisées de la population. Les invalides sont les premiers sur la liste, et les jeunes, à en croire M. Daum, n’attendront pas bien longtemps avant d’essuyer une nouvelle salve.