Petits boulots pendant les vacances – En toute sécurité et pour un salaire honnête

Pour une fois, un article qui ne contient pas de positions politiques, mais plutôt des conseils pratiques

L’été est là, et avec lui les grandes vacances. Pour de nombreux écoliers, écolières, gymnasiennes, gymnasiens, étudiantes et étudiants, c’est aussi le temps des petits boulots qui permettront d’arrondir l’argent de poche, d’en mettre de côté pour les prochaines vacances et, très souvent, de financer les études. Lorsqu’on occupe un tel petit emploi, on est un salarié, ou une salariée comme les autres. Et qui dit salarié(e), dit règles du droit du travail. Et, bien sûr, salaire. Mais aussi: sécurité au travail. Continuer la lecture

Les acteurs culturels paieront un lourd tribut à la révision de l’assurance-chômage

Nombre d’acteurs culturels vivent dans la précarité – ou à la limite -, car ils enchaînent les engagements de courte durée, cumulent les situations de salarié-e et d’indépendant-e – parfois contre leur gré – et voient leur revenu et leurs taux d’activité varier fortement d’un engagement à l’autre. Ils subissent en outre le chômage bien plus fréquemment que la moyenne. Au final, beaucoup passent entre les mailles du filet social. Et la collectivité doit verser aide sociale et prestations complémentaires. Un rapport du Conseil fédéral considère d’ailleurs que la situation des acteurs culturels est symptomatique de la multiplication des rapports de travail atypiques et précaires; cela, même s’il préconise, étonnamment, de ne rien faire…
La révision de la loi sur l’assurance-chômage (LACI) pourrait aggraver la situation de nombreux acteurs culturels. L’USS la combat par référendum, un référendum auquel se sont jointes d’autres organisations culturelles, à l’instar de leur faîtière Suisseculture, de l’Association des Créateurs du Théâtre indépendant (ACT) ou du Syndicat Suisse Romand du Spectacle (SSRS). Voici trois points de la révision de la LACI qui leur seraient particulièrement dommageables. Continuer la lecture

Répit de courte durée

Le Conseil fédéral a donc accepté la demande des cantons du Jura et de Genève d’augmenter temporairement à 520 (au lieu de 400) le nombre d’indemnités journalières de chômage. C’est une bonne nouvelle pour les chômeurs des cantons concernés, durement touchés par la crise (le canton de Genève se montrait d’ailleurs assez fataliste à ce sujet): bénéficiant plus longtemps des prestations de l’assurance-chômage, ils risqueront moins d’épuiser leurs droits et de devoir faire appel à l’aide sociale s’ils ne retrouvent pas d’emploi (ce qui risque d’être difficile dans une région où le taux de chômage est supérieur à la moyenne). Auparavant, les cantons de Berne (pour le Jura Bernois), Jura (pour une première période de 6 mois), Neuchâtel et Vaud avaient fait la même demande et obtenu gain de cause.
Malheureusement, ce répit pourrait bien être de courte durée. En effet la 4ème révision de l’assurance-chômage prévoit de supprimer purement et simplement cette possibilité. Pourtant, cette mesure a fait ses preuves et elle n’est pas entièrement à la charge de l’assurance-chômage, puisque les cantons y participent à hauteur de 20%. Elle tient compte de deux éléments: tout d’abord du fait que le chômage n’est pas un fléau équitablement réparti sur l’ensemble du territoire et que certaines régions sont plus touchées que d’autres. En outre, elle permet de soutenir temporairement des régions qui dépendent plus fortement d’un secteur économique durement touché par la crise, p. ex. l’industrie d’exportation. Cette mesure permet donc une gestion du chômage adaptée aux réalités locales et évite d’aggraver la crise dans les régions qui la subissent déjà de plein fouet. En effet, les chômeurs qui épuisent leurs droits et deviennent bénéficiaires de l’aide sociale voient leur pouvoir d’achat se réduire drastiquement.
Mais tout n’est pas encore perdu. Cette mesure déraisonnable peut être renvoyée à son expéditeur avec une simple signature, puis un simple bulletin de vote, grâce au référendum lancé par les syndicats et le PS.

Référendum contre les coupes dans l’assurance-chômage: c’est parti!

Au départ, une révision de la loi sur l’assurance-chômage (LACI) trop optimiste: En 2002, le financement de l’assurance-chômage (AC) a été modifié en se basant sur des prévision de chômage sur l’ensemble d’un cycle conjoncturel irréalistes (100’000, alors que le taux moyen sur l’ensemble du cycle tourne plutôt aux alentours de 125’000). Les partis bourgeois, emmené par M. Couchepin, ont donc fait accepter une baisse des cotisations paritaires de 3 à 2%, malgré le fait que ce niveau de prélèvement avait permis un assainissement rapide de l’AC. Quelques années plus tard, la note est salée: Les dettes de l’AC dépassent 7 milliards de francs.
Le conseil fédéral a donc décidé d’assainir l’AC. Mais, même si la Confédération est capable d’aligner les milliards sans poser de questions lorsqu’il s’agit d’aider les banques à verser de nouveaux bonus, il s’agit cette fois de faire payer la quasi-totalité de la note aux salariés et aux chômeurs. Et le gouvernement n’y est pas allé de main morte. Continuer la lecture

Les casseurs de prix allemands pris au piège de la sous-enchère

En Allemagne, la question des salaires minimaux a longtemps été taboue, y compris du côté syndical. L’opinion dominante était alors que l’Etat n’avait pas à se mêler du partenariat social, grâce auquel patronat et syndicats garantissaient des salaires minimaux de branche convenables. Puis est venue la montée en force du travail précaire (souvent encouragée par des réformes sociales peu pertinentes), la perte d’influence syndicale et l’augmentation du nombre de salariés non-couverts par des conventions collectives. La question des salaires minimaux est donc arrivée en force et a reçu un soutien syndical décidé. Elle vient de recevoir un autre soutien, plus inattendu: celle du casseur de prix du commerce de détail Lidl.
Pourtant, Lidl (de même que son comparse Aldi) n’est pas connu pour être favorable à ses employés. Au contraire, c’est avant tout sur leur dos qu’il casse les prix: bas (voire très bas) salaires, contrats précaires, surveillance constante – par vidéo jusque dans les toilettes, harcèlement, non-respect de la liberté syndicale, aucune négociation, etc. Et ces pratiques détestables ont malheureusement fait tache d’huile dans l’entier de la branche (et menacent aussi notre pays, où Lidl et Aldi s’implantent). Conséquence: si les prix dans le commerce de détail ont effectivement baissé, c’est au prix de conditions de travail inacceptables et, si création d’emplois il y a eu, ce sont surtout des travailleurs pauvres (ou working poors), dépendants de l’assistance publique. A tel point que la spirale de sous-enchère est devenue intenable, même pour ceux qui l’ont sciemment provoqué.
Les casseurs de prix ont donc été pris à leur propre piège. Au point d’abandonner un des dogmes les plus tenaces de la politique néolibérale de l’emploi, à savoir que l’Etat n’aurait pas à se mêler des rapports de travail, en particulier de la politique salariale. Dogme qui ne résiste décidément pas à la réalité actuelle du monde du travail.

Réponse du Conseil d’Etat à mon interpellation sur les faux indépendants

En dernier, j’avais interpellé le Conseil d’Etat suite à un appel d’offre du SDT ouvrant la porte à l’engagement de faux indépendants par le Canton. Le Gouvernement a publié aujourd’hui sa réponse à cette interpellation:

http://www.bicweb.vd.ch/seance.aspx?pObjectID=327761&date=03.03.2010

Liens direct vers la réponse: http://www.publidoc.vd.ch/guestDownload/direct?path=/Company%20Home/VD/CHANC/SIEL/antilope/objet/CEGC/R%C3%A9ponse%20du%20CE/2010/01/334569_09_INT_296_Texte%20adopt%C3%A9%20par%20CE_20100304_776752.pdf

Un commentaire détaillé suivra.

Loi sur l’assurance-chômage: le Conseil des Etats n’a pas adouci sa position

S’il y a bien une idée qui est tenace en ce moment, c’est que le Conseil des Etats vient de faire une fleur aux jeunes chômeurs, en n’approuvant pas toutes les mesures discriminatoires que le Conseil national leur avait réservé dans le cadre de la révision de la loi sur l’assurance-chômage (LACI). Ainsi, le site de la RSR titrait «Chômage: Les Etats pour un projet édulcoré». Les jeunes chômeurs, dont le nombre a explosé avec la crise (+80%!), peuvent-ils pour autant respirer? Que nenni.
Car si la chambre des cantons a quelque peu revu la copie de la chambre du peuple sur quelques points, elle n’en a pas moins durci sa propre position. Revenons sur l’historique du projet. Continuer la lecture

La droite vaudoise ne veut pas soutenir la formation professionnelle supérieure

Le Grand Conseil a rejeté ce matin (par 69 voix contre 65) ma motion (pourtant transformée en postulat) en faveur d’un vrai soutien à la formation professionnelle supérieure, au moyen de bons de formation de 5’000.—Fr. destinés à tous les titulaires vaudois d’un CFC (ou titre équivalent du secondaire II).
Nul n’a mis en doute l’utilité et l’importance de la formation professionnelle supérieure (brevet, maîtrise): tant pour les personnes qui en bénéficient (augmentation du revenu, diminution des risques de chômage), que pour l’Etat (hausse des recettes fiscales, baisse des dépenses sociales) et l’économie (meilleure qualité de la main d’œuvre, personnel mieux à même de s’adapter aux mutations technologiques). En outre, personne n’a contesté ouvertement que l’accès à la formation professionnelle supérieure est très inégalitaire: p. ex. seules 14% de femmes y ont accès, contre 30% des hommes. Et, plus on a un niveau de formation élevé, plus on travaille dans une grande entreprise, plus on a un revenu important, meilleures sont les chances de bénéficier de la formation continue.
Mais, malgré ces constats, il n’y a eu que deux voix radicales (face à l’opposition frontale du reste du groupe PRD, des libéraux et de l’UDC) à se joindre à la gauche et aux verts pour accepter un soutien ciblé aux jeunes qui ont terminé leur formation initiale et souhaitent se lancer dans une formation professionnelle supérieure, mais renoncent à cause des obstacles financiers. Une telle formation peut en effet coûter plusieurs milliers de francs et, si on a pas la chance de travailler dans une branche qui a prévu un mécanisme de financement (p. ex. un fond paritaire) ou un CCT octroyant des congés payés de formation continue, les salariés qui souhaitent s’y lancer doivent y aller entièrement de leur poche.
Bref, comme souvent en matière de formation continue: Tout le monde en parle, tout le monde est pour, mais quand il s’agit de mesures concrètes, impossible de compter sur la majorité bourgeoise. Qui n’a, faut-il le rappeler, pas proposé d’alternative.

L’extrême-droite vaudoise et la libre circulation des personnes: de la parole aux actes

L’UDC fait en ce moment campagne contre la libre circulation des personnes, qu’elle accuse d’aggraver le chômage. On sait que c’est faux: les travailleurs venant de l’UE ne font qu’occuper les emplois dont les Suisses ne veulent pas et permettent aux entreprises suisses de palier à la pénurie de main d’œuvre qui sévit encore dans de nombreuses branches (p. ex. la santé).
Certes, des abus existent: dans certaines branches, la sous-enchère salariale est un risque à prendre au sérieux. Les craintes de la population sont donc justifiées et il faut y apporter une réponse. Or le meilleur moyen d’empêcher les abus est de renforcer les contrôles et les sanctions. Et c’est là que l’on s’aperçoit, qu’en réalité, l’UDC souhaite maintenir le satus quo et, qu’avec elle, les tricheurs peuvent dormir tranquilles. Son groupe au Grand Conseil Vaudois l’a à nouveau démontré aujourd’hui.
Le groupe socialiste proposait d’augmenter de 2 le nombre d’inspecteurs du marché du travail. Ce qui permettrait de faire plus de contrôles, d’attraper et de sanctionner plus de patrons tricheurs et de mettre plus de cas de sous-enchère à jour. Bref, de veiller à ce, qu’en Suisse, on pratique de conditions de travail et de salaire suisses.
Le groupe UDC s’est unanimement opposé à cette proposition. Mais peut-être est-ce pour protéger ses membres: On se souvient de Jean Fattebert, alors vice-président de l’UDC Suisse, qui employait des Polonais au noir. On se souvient aussi de This Jenny, entrepreneur conseiller aux Etats UDC/GL, contraint de rembourser 250’000.—Fr à ses employés parce qu’il avait pratiqué la sous-enchère…
Le centre droit s’est également opposé à cette augmentation des contrôles, qui a donc été refusée. A lui désormais de porter la responsabilité des craintes légitimes de la population face aux risques de sous-enchère.

(Les débats budgétaires se poursuivent…)

Privés de shopping!

«Les Romands privés de shopping le dimanche» titre aujourd’hui le cahier «économie» du «le Matin dimanche». Mais qu’ont-ils donc fait, ces pauvres Romands pour mériter pareille punition? Car, vu le ton, ça m’a tout l’air d’une punition: «T’es pas sage/ t’as pas fini ton assiette/ t’as pas été poli avec la dame/ t’as pas dit merci; alors, privé de shopping!»
Sauf que, les Romands ne sont pas privés de magasinage dominical, même si c’est ainsi qu’aime à le présenter la presse – souvent unanimement favorable à la libéralisation des heures d’ouverture (il faut dire que les pleines pages de pub des géants du commerce de détail, grands bénéficiaires d’une libéralisation, ça aide). Non, les Romands, que ce soit dans les urnes (Fribourg, Neuchâtel et, espérons-le, bientôt Genève) ou par leurs Parlements (Vaud, Valais), ont décidé non pas de se «priver de shopping», mais de continuer à s’accorder un jour de repos commun, consacré à la famille, aux amis, aux activités sportives ou associatives, ou tout simplement à ne rien faire. Ils ont aussi décidé de ne pas dégrader un peu plus les conditions de travail du personnel de la vente, soumis à des salaires très bas, des horaires très flexibles (travail sur appel, temps partiels imposés) et une quasi-absence de protection conventionnelle. Pas plus qu’ils ne gobent les promesses mirifiques de croissance et d’emploi qu’on leur fait à chaque fois qu’on parle de libéraliser les heures d’ouvertures des commerces, sachant bien qu’un franc dépensé le dimanche ne peut plus l’être la semaine.
Bref, réjouissons-nous de voir que la population ne soit pas prête à sacrifier sa qualité de vie à une consommation débridée. Et tant pis pour ceux prétendent que mettre un frein aux ouvertures dominicales, c’est seulement «priver les gens de shopping».