La retraite anticipée est un fait : plus de la moitié des personnes actives cessent de travailler avant l’âge limite de 65 ans pour les hommes et 64 ans pour les femmes. Malheureusement, c’est aussi un privilège : Ne peuvent prendre une retraite anticipée dans de bonnes conditions (c’est-à-dire sans diminution drastique du revenu) que celles et ceux qui en ont les moyens, ou qui disposent d’une solution de branche (fonction publique, maçonnerie, second œuvre romand, horlogerie). Pour les autres, c’est souvent une retraite forcée, car le marché du travail accepte de moins en moins les plus de 55 ans, qui plus est synonyme de baisse de la qualité de vie et du revenu. Pour ces gens, l’AVS ne remplit pas son rôle constitutionnel, qui est d’empêcher que vieillesse ne signifie précarité. Autre constat inquiétant : les riches vivent mieux et plus longtemps que les moins riches. En refusant l’initiative de l’Union Syndicale Suisse, le Conseil fédéral fait scandaleusement fi de cette réalité du monde du travail. Quant à Moritz Leuenberger, avec sa proposition de «compromis» pour «sauver la collégialité» d’entrer en matière sur une élévation de l’âge de la retraite à 67 ans, il est non seulement à côté des réalités, mais il poignarde dans le dos son propre camp.
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Cuisiner pour lutter contre l’obésité
Que faire pour éviter que les enfants ne deviennent obèses? Alors qu’en Suisse, 10% d’entre eux sont aujourd’hui classés dans cette catégorie, le socialiste Jean Christophe Schwaab (27 ans) aimerait contraindre les jeunes vaudois à suivre des cours de cuisine.
(Le matin dimanche, 17.12.2006)
Une bonne journée pour la formation professionnelle vaudoise.
Les partenaires sociaux (association patronale GIM-CH) et syndicat (Unia) ont présenté aujourd’hui les résultats de la fondation vaudoise pour la formation professionnelle dans l’industrie des machines, électrotechnique et mécanique (MEM). Ce fonds, financé par des cotisation patronales et salariales a permis de créer des places d’apprentissage dans l’industrie, alors que celle-ci était confrontée à la fois une baisse drastique du nombre de place de formation et à un manque croissant de main d’œuvre qualifiée. C’est un véritable succès du partenariat social, dont on ne peut qu’espérer qu’il se répande dans d’autres branches ou cantons. Et, le même jour, le Conseil d’Etat a –encore une bonne nouvelle– annoncé vouloir privilégier les entreprises formatrices lors de l’attribution des mandats publics. Bref, une bonne journée pour la formation professionnelle vaudoise !
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Péréquation ? péré…quoi, au juste ?
Elu au conseil communal de Riex j’étais lundi soir rapporteur de la commission des finances sur le budget 2007. Ce budget, qui prévoit (comme d’habitude) un déficit et l’exercice correspondant devrait, à mon avis, boucler avec un bénéfice (comme d’habitude, là aussi). Cependant, les prévisions financières deviennent de plus en plus difficiles à faire. La faute à une péréquation tellement hermétique, que personne, ni boursier communal, ni services de l’Etat, ne semble en mesure d’en saisir, et encore moins d’en expliquer, les arcanes. Ainsi, les communes reçoivent une facture, tenant compte des dépenses, du taux d’impôt, de la valeur du point d’impôt, et probablement de l’âge du capitaine (ce qui est particulièrement frustrant pour une commune qui, comme Riex, n’a pas d’accès au Lac et donc pas de débarcadère CGN). Point barre.
Ces calculs amphigouriques que personne ne comprend nuisent à la crédibilité de la péréquation intercommunale, qui est pourtant indispensable. Il est en effet nécessaire que les communes riches (qui le sont en général non pas parce qu’elles gèrent mieux leurs derniers, mais parce qu’elles sont petites, ont peu d’infrastructures ou de problèmes sociaux et dont la vue sur le lac permet d’attirer quelques contribuables « intéressants », ce qui permet de baisser le taux d’impôt, pour en attirer d’autres et ainsi de suite) soutiennent financièrement les communes moins riches ou qui ont beaucoup d’infrastructures de service public, par exemple les villes-centres. Malheureusement, ces calculs obscurs accroissent le ressentiment des petites communes contre l’Etat et contre les grandes villes (surtout Lausanne), parce qu’elles ont l’impression qu’on les tond. Un peu de clarté ne nuirait donc pas.
Je vais d’ailleurs commencer à me pencher plus en détail sur cette fameuse péréquation, pour voir si un non-mathématicien peut en perce les hermétiques secrets.
Pour lire mon article dans le «Régional» sur le même sujet, cliquer ici.
Places d’apprentissage : le conseil fédéral se fend d’un rapport.
A force d’insister, ça finit par rentrer : le Conseil fédéral, en réponse à un postulat de la conseillère nationale socialiste zurichoise Chantal Galladé, publie un rapport sur l’état du marché des places d’apprentissage. Alors que la dernière rengaine officielle était « circulez, y’a rien à voir, tout va bien », le rapport avoue enfin, chiffres à l’appui, que la situation est « tendue ». Quelle évolution depuis les paroles de la nouvelle directrice de l’OFFT, Ursula Renold, qui, en août 2005, prétendait dans la Mittelllandzeitung « qu’il n’y a pas de crise des places d’apprentissage » ! Certes, le mot « crise », qui serait particulièrement adapté à la situation, n’apparaît pas dans le rapport. Mais on sent un début de prise de conscience.
Toutefois, rapport et changement de vocabulaire ne signifient pas que des mesures efficaces vont suivre. Le Conseil fédéral reste persuadé que la démographie va tout arranger et qu’il suffit de donner un coup de main aux jeunes en difficulté. En outre, il avance quelques statistiques faussées, histoire d’enjoliver tout de même la situation. Par exemple, il prétend que près de 30% des entreprises sont formatrices (alors que le recensement des entreprises 2001 de l’Office Fédéral de la statistique en compte à moins de 18%…). Mais pour cela, il ne prend en compte que les entreprises qu’il définit lui-même et arbitrairement comme « potentiellement formatrices ». Et vu qu’il ne considère qu’il n’y a guère de problème au niveau des entreprises formatrices, il se contente de demi-mesures, comme soutenir « speranza », dont on peut découvrir les défaut ici.
Bref, c’est encore insuffisant. Allez, encore un effort !
Les jeunes ne sont ni paresseux, ni démotivés, ni des bons à rien !
A entendre de nombreux patrons, les jeunes chômeurs sont les principaux responsables de leur sort. Ainsi, Bernard Nicod, roi de l’immobilier vaudois, avouait l’an dernier dans le magazine «Bilan» (23.03.2005) qu’il ne forme aucun apprenti, malgré ses quelque 200 employés, car les jeunes sont «nuls et paresseux». Et il n’est pas le seul à se plaindre : la présidente radicale de la société vaudoise des pharmaciens et le directeur des ressources humaines d’Audemars Piguet font le même constat catastrophé, quand ils ne préconisent pas «des coups de pieds au c…» des concernés. Ainsi, les jeunes d’aujourd’hui seraient mal élevés, pas motivés, irresponsables et ne maîtrisent pas les savoirs de base telle que la lecture, l’orthographe ou le calcul. En plus, aux dernières nouvelles, un sur deux courbe l’école ! Et Thomas Daum, patron des patrons d’en tirer les conclusions : coupons dans les indemnités des jeunes chômeurs, pour leur apprendre à être aussi paresseux ! (sur ce sujet) Fort heureusement, l’étude COCON de l’Univesité de Zürich bat en brèche ces certitudes : les jeunes sont bien plus responsables, motivés et concernés par leur avenir qu’on ne le pense.
Formation professionnelle : les romands gaspillent-ils ?
Une étude de PriceWaterhouseCoopers (disponible sur le site de l’OFFT) sur les coûts de la formation des apprenti-e-s évoquée dans la « NZZ am Sonntag » (désolé, l’article n’est pas disponible en ligne…) et « le Temps » (en espérant que l’article restera en ligne…) montre que la formation professionnelle est beaucoup plus chère en Romandie et dans les cantons-villes que dans le reste de la Suisse. Ainsi, une formation initiale coûte en moyenne suisse 14400.—Fr. contre 15900.—Fr. dans le canton de Vaud, 19600.—Fr. à Neuchâtel, 25600.—Fr. à Genève et seulement 5200.—Fr. à Appenzell Rhodes Intérieures. En cause, le plus grand nombre de places de formation professionnelle en école à plein temps (école de commerce, école des métiers). Les romands gaspillent-ils ?
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Places d’apprentissage « speranza » : de la propagande électorale… mais de la bonne !
Qui a dit que les radicaux négligeaient l’apprentissage ? Otto Ineichen, entrepreneur iconoclaste et conseiller national radical a lancé « speranza », un projet de création des places de formation, avec le soutien de la Confédération (comme quoi le libéralisme n’empêche pas de demander des subventions…). Son objectif de 2’000 nouvelles places, notamment d’apprentissage avec attestation (nouvel apprentissage en deux ans pour les élèves en difficultés scolaires) est presque atteint : près de 1800 places ont été créées.
Qu’en penser ? Si l’on ne peut que se réjouir de ces nouvelles places, il faut s’inquiéter du nombre important de places de « stages » ou de « préapprentissage » qui n’offrent guère de perspectives professionnelles aux jeunes. Et il faut surtout regretter que le parti radical ne se préoccupe des problèmes des jeunes qu’en période pré-électorale…
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Confédération Internationale des Syndicats
Mon activité syndicale m’a ammené à être présent, à quelques jours d’intervalle, à deux congrès de grande envergure: le congrès fondateur de la Conférération Syndicale Internationale et le 53ème congrès ordinaire de l’Union Syndicale Suisse. Voici un billet d’ambiance paru dans Domaine Public.
Mme Leuthard et la crise des places d’apprentissage
Doris Leuthard vient de présenter, conjointement avec les partenaires sociaux, quelques mesures pour lutter contre la pénurie des places d’apprentissage et le chômage des jeunes. Première bonne nouvelle : Mme Leuthard semble prendre le problème au sérieux. Seconde bonne nouvelle : les mesures proposées, pour peu qu’elles soient appliquées, sont de bonne facture. Mais il subsiste un bémol de taille : rien n’est prévu pour encourager la création de places de formation. Or c’est là que se situe à mon avis la clef du problème.