Finances communales : la « facture sociale » se joue à Berne

Bon nombre de communes vaudoises connaissent une situation financière compliquée. Notamment à cause de la fameuse « facture sociale ». Le PLR et l’UDC n’ont donc de cesse de conspuer ces dépenses sociales dont la croissance « sans fin », « étoufferait les communes » et « accablerait les contribuables ». Et tout ça pour des prestations sociales si « généreuses », si « luxueuses » qu’elles « inciteraient au laisser-aller » et ne feraient qu’aggraver les problèmes sociaux. Rien que ça. Et je caricature à peine. La solution que préconise la droite : baisser les prestations sociales. Et tant pis pour les plus faibles de notre société, dont la situation est déjà critique. Pourtant, si l’on examine la situation d’un peu plus près c’est bien la droite, par le truchement de ses élus fédéraux, qui est responsable de la croissance des dépenses sociales à la charge du Canton et des communes. Continuer la lecture

Evaluation par les clients : l’employeur ne peut pas en faire ce qu’il veut

Cela fait quelques années que je m’intéresse à l’évaluation des travailleurs par leur employeur et à ses conséquences en droit suisse du travail. J’ai déjà notamment traité des évaluations en courbe de Gauss (forced ranking), mais aussi des achats-test et des clients-mystère. J’ai récemment publié un article dans une revue scientifique de droit du travail (ARV-DTA pour ne pas la nommer) une analyse de la nouvelle tendance qu’ont certains employeurs de confier à leur clients l’évaluation de leur personnel (avec, en prime, une brève histoire de l’évaluation dans le monde du travail). Cette mode est grandement facilitée par les nouveaux outils numériques, qui permettent de donner son avis sur tout, tout le temps sur tout et en quelques clics seulement. En voici un résumé :  Continuer la lecture

Questionnaires électoraux – pire que smartvote: vimentis (encore)

Il y a quatre ans, je prétendais que vimentis prenait les gens pour des imbéciles. Je maintiens. Contrairement à smartvote, ils n’ont rien amélioré. Pis, certaines erreurs sont si flagrantes que ça en devient franchement pathétique.

Il ne s’agit pas seulement, comme smartvote, de questions vagues ou imprécises, ni de blabla de café du commerce. Plusieurs des questions sont truffées de fautes grossières et ont manifestement été rédigées par des gens qui n’y connaissent rien. Ou qui ne se sont pas donné la peine de se renseigner. Voyons plutôt : Continuer la lecture

Une analyse critique du questionnaire « smartvote » 2019 (2/2)

Dans mon dernier billet, je vous avais promis une analyse détaillée de certaines des questions de smartvote. J’en ai choisi quelques-unes particulièrement mal posées, même si elles portent sur des sujets d’une grande importance qui mériteraient d’être un peu détaillés. Continuer la lecture

Une analyse critique de « smartvote » version 2019 (1/2)

Celles et ceux qui me lisent régulièrement savent que je n’aime pas trop le site de recommandation électorale « smartvote ». Ce site prétend vous aider à trouver les candidats qui vous correspondent le plus. Il est adoré par les médias, qui peuvent reprendre ses jolis graphiques colorés en forme de toile d’araignée (« smartspider »), comparer les réponses des candidats et des partis ou débusquer ceux qui ont un avis divergent, le tout sans beaucoup se fatiguer, car il n’y a qu’à repomper les analyses livrées clef en main par l’algorithme. Les articles à son sujet sont souvent exempts de toute once d’esprit critique, en témoigne ce récent reportage de « RTS on en parle ».

Pourtant, je l’ai démontré à maintes reprises, smartvote se caractérise surtout par le manque total de sérieux de ses questions. Continuer la lecture

Les algorithmes votent à la place des citoyens : un cauchemar signé avenir.suisse

Récemment, avenir.suisse, qui nous avait plutôt habitué à son mépris pour la démocratie tant directe que parlementaire, a publié un document sur la démocratie directe numérique. J’ai d’ailleurs déjà abordé leurs fadaises à propos du vote électronique. Mais une lecture attentive d’une de leurs propositions passée inaperçue fait autrement plus froid dans le dos que les grandes lignes dont ont parlé les médias. En effet, une de leurs propositions n’est rien de moins que la réalisation d’une des pires dystopies qui soit : le remplacement due la volonté populaire par celles des algorithmes. Continuer la lecture

avenir.suisse nous refait le coup de la « génération Z » et du vote électronique

Voilà un soutien dont le vote électronique se serait bien passé. Alors que la Confédération vient d’y renoncer pour les prochaines élections fédérales, que La Poste/Scytl abandonnent leur système pour des raisons de sécurité, que les Cantons commencent à se rendre compte que cela va terminer en coûteux fiasco et que la publication des rapports d’audit mandatés par la Chancellerie fédérale confirme que ce n’est pas du tout au point, voilà que la boîte à idées néolibérale (ou ultralibérale, je ne sais plus trop) avenir.suisse publie un plaidoyer pour la « démocratie directe numérique » qui prône sa généralisation. Arguant que le vote électronique « renforcerait la démocratie » (rires enregistrés), que ce serait « sûr » (rires enregistrés), plus sûr même que le vote traditionnel sur papier (énormes éclats de rires enregistrés) et que… roulement de tambour… cela permettrait d’éviter que la « génération Z », (enfin, les millenials, quoi) ne se détourne des urnes. Car c’est bien connu, cette fameuse « génération » ne vit que par le numérique et ne veut que du numérique.

Alors celle-là, ça faisait longtemps qu’on ne l’avait plus entendue. Continuer la lecture

Les cyberattaques russes contre les élections US montrent (à nouveau) les risques du vote électronique

La NZZ a récemment présenté un rapport de la commission des services secret du Sénat étatsunien sur les tentatives russes d’ingérence dans le processus électoral de 2016. S’il est clair que les enjeux géopolitiques dépassent largement ce qui se passe en Suisse, ce rapport n’en est pas moins fort intéressant dans un contexte où diverses organisations (notamment celle des Suisses de l’étranger) et administrations (certains cantons, dont FR et NE) veulent instaurer coûte que coûte le vote électronique. Il est aussi fort regrettable qu’aucun média romand n’en ait parlé. Il est vrai que ces derniers semblent être plutôt favorables au vote électronique.

Ce rapport est très inquiétant. Il montre en effet que des hackers ont mené tentatives de manipuler les résultats dans tous les états US. Continuer la lecture

Une assurance générale du revenu pour combler les lacunes du filet social et répondre à la précarisation

Les assurances sociales sont sous le feu d’une droite de plus en plus libérale et donc de moins en moins attachée au principe de solidarité. Même après avoir été rejetée deux fois en votation, la hausse de l’âge de l’AVS revient de façon lancinante, présentée à chaque fois par ses partisans comme « inéluctable ». L’assurance-chômage (AC) a subi plusieurs durcissements, qui ont tous entraîné une augmentation des dépenses d’aide sociale et donc un report de charge sur les contribuables des cantons et des communes. Quant à l’assurance-invalidité (AI), la quasi-totalité des réformes qui la concernent ne visent qu’à en durcir l’accès et à rogner les prestations. Les indécentes campagnes de l’UDC contre les « faux invalides » ont laissé des traces. Dernière attaque en date : la baisse de 25%, aussi brutale qu’injustifiée, des rentes pour enfants. Là encore, les économies ne sont qu’une façade : si elle est définitivement validée, cette mesure entraînera une augmentation des dépenses de prestations complémentaires de plus de 45 millions de francs par an.

Pourtant, ce n’est pas comme si notre système d’assurances sociales garantissait à toutes et tous une couverture confortable en cas de n’importe quel coup dur. Continuer la lecture

Vote électronique Scytl/La Poste: c’est bien pire qu’une « simple » faille

Hier, une faille importante a été révélée dans le logiciel de vote électronique de La Poste. Ce n’est hélas pas un énième problème de sécurité informatique. C’est bien pire. Car, en plus de la faille elle-même (qu’un expert à qualifié de « stupéfiante » et qu’un autre a considéré comme relevant « d’une programmation négligente »), ce sont les circonstances de sa découverte et la réaction tant de La Poste que des autorités qui doivent fortement nous inquiéter.  Continuer la lecture