Libéralisation, piège à qui?

Avec la libéralisation des services de renseignement téléphoniques, on allait voir ce qu’on allait voir. La fin du monopole du 111 ouvrait des jours radieux de baisses des prix et de hausse de la qualité. Il faut dire que la libéralisation des télécoms repose sur le solide a priori comme quoi elle aurait fait massivement baisser les prix. Mais, lorsqu’on avance cet argument, on oublie souvent de dire que cette libéralisation a eu lieu en même temps qu’une explosion technologique (boum de la téléphonie mobile et d’internet) qui, a elle seule était propice à des baisses massives de tarifs.
Mais revenons à la fin du monopole du 111. Force est de constater qu’aucune baisse de prix n’est en vue. Pire, selon la RSR («on en parle» d’aujourd’hui), les prix ont même augmenté d’environ 8% pour les renseignements nationaux chez swisscom et de plus de 20% chez son principal concurrent, le 1818. Les opérateurs «concurrents» poussent le tour de force d’arriver à augmenter leurs tarifs, malgré la concurrence des services gratuits sur internet. Bref, l’adage «concurrence = baisse de prix» prend une fois de plus du plomb dans l’aile. Quant à l’augmentation de la qualité du service, on a beau chercher…
Et dire qu’il y en a pour suivre les idées néolibérales de l’UDC et vouloir infliger plus de concurrence à la santé publique.

Initiative contre la fumée passive: pourquoi s’encombrer d’un contre-projet?

Le Conseil d’Etat souhaite opposer un contre-projet à l’initiative « fumée passive et santé« , qui préconise l’interdiction de la fumée dans les lieux publics. Le contre-projet permettrait entre autre l’installation de fumoirs, fermés, ventilés et sans service. Favorable à l’initiative, je regrette ce contre-projet et plaiderai au grand conseil pour que l’initiative seule soit soumise au peuple. Rapidement.

En effet, les fumoirs ne sont pas une solution praticable. D’une part, il n’est de loin pas sûr que la technique permette d’installer une ventilation suffisamment efficace pour que la fumée ne se répande pas dans tout l’établissement. Et, dans tous les cas, de telles installations seront certainement hors de prix, ce qui provoquerait une discrimination entre les cafetiers qui ont les moyens de la financer et les autres. Mais surtout, prétendre que ces fumoirs seront « sans service » est un leurre. Certains cafetiers auront beau jeu d’y envoyer leurs employés sur base « volontaire », en leur faisant comprendre que, s’ils ne sont pas « volontaires », d’autres le seront certainement… Or, le personnel des établissements de l’hôtellerie restauration paie un lourd tribut à la fumée passive.

Enfin, il y a malheureusement fort à parier que la loi d’application du contre-projet servira les intérêts des adeptes des manoeuvres dilatoires pour retarder l’entrée en vigueur de l’interdiction de fumer dans les lieux publics. Mis sous pression par les excellents résultats des initiatives populaires sur ce sujet, notamment l’écrasante victoire de l’initiative genevoise (par 79,2% de « oui »), les milieux de l’hôtellerie-restauration font en effet tout pour retarder l’inéluctable.

Des baisses d’impôt oui, mais des baisses équitables

Les baisses d’impôts, rabais fiscaux et autres allègements, sont à la mode. Malgré la dette publique encore importante (4 milliards), malgré les indéniables besoins de rattrapage en matière d’investissements et de prestations à la population, malgré les sacrifices infligés au personnel de l’Etat qu’il faudra compenser, c’est la baisse de la fiscalité qui occupe le devant de la scène. Il faut le regretter, mais en prendre acte.
Il y a deux méthodes pour baisser les impôts.

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Encourager les PME formatrices

Le recensement des entreprises 2005 de l’OFS montre que la part des apprentis n’a que très légèrement augmenté dans les PME : 6,6% des personnes employées par les PME sont des apprentis, contre 6,4% en 1998. Parallèlement, le nombre de personne employées dans les PME a connu une augmentation nettement plus importante (+1,84%). Les grandes entreprises restent à la traîne, avec une part d’apprentis d’un peu plus de 4%.
On peut en tirer trois conclusions.

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Manifestation de solidarité avec les grévistes de CFF Cargo, 28 mars, 17h30, gare de Lausanne

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La débâcle de CFF cargo démontre à quelle absurdité mène la logique néo-libérale appliquée au service public. Forcer une entreprise telle que CFF Cargo à être rentable sans subventions publiques est insensé: C’est le meilleur moyen de l’empêcher d’assurer correctement sa mission (le transfert de la route au rail) et de maintenir des emplois dans les régions les moins favorisées, ce qui fait aussi partie des tâches du service public. En échec également, la volonté de retirer toujours plus de compétences aux élu-e-s, pour les confier à des conseils d’administration difficilement contrôlables et qui ne se préoccupent guère de l’intérêt général, mais sont plutôt assujettis à la logique du marché.

La grève et la colère du personnel de CFF Cargo et de la population tessinoise face à une entreprise que l’on démantèle petit à petit, sans consultation du personnel ni des autorités politiques sont donc légitimes. Mais le Tessin, Fribourg et Bâle ne sont pas les seuls concernés. Comme l’ont montré les discussions de ces derniers jours, les CFF sont prêts à faire jouer les sites les uns contre les autres, menaçant les ateliers d’Yverdon-les-Bains. Les vaudoises et vaudois sont donc appelés à témoigner de leur solidarité avec les grèvistes lors d’une manifestation le vendredi 28 mars, à 17h30 devant la gare CFF de Lausanne. Cette manifestation est notamment soutenue par le PSV, la JSV, l’USV, le SEV, Unia et le SSP.

Le site de soutien aux ateliers de Bellinzone.

Le tract unitaire (pdf) de la manifestation.

 

Nouvelle victoire contre les émetteurs anti-jeunes « mosquitos »!

Le tribunal administratif du canton des Grisons vient de rejeter la plainte d’un hôtelier de Coire qui avait installé un émetteur d’onde anti-jeunes mosquito. Suite à des plaintes, la police est intervenue et l’a démonté. L’exécutif communal, auprès duquel l’hôtelier anti-jeunes contestait l’intervention policière, lui a donné tort. Il a alors saisi le tribunal administratif cantonal, qui l’a débouté aussi.

Le tribunal s’appuie sur le droit cantonal grison (loi sur la police), qui est une base légale suffisante pour interdire ce genre d’appareil. Le droit fédéral ne suffit pas. Vu que le canton de Vaud ne dispose pas d’une telle base légale, ma motion (dont je donnerai bientôt des nouvelles, promis – la commission s’est réunie en février dernier) reste donc nécessaire pour bannir de notre canton cet instrument discriminatoire et dangereux qu’est le mosquito.

Source: 20min.ch

Le jugement (en allemand), se trouve ici.

La lutte s’organise en Belgique, avec cette pétition pour l’interdiction des mosquitos.

La Suisse et ses intermittents du spectacle

Il y a quelques années, l’été des festivals français était tenu en haleine par les «intermittents du spectacle», qui protestaient de manière spectaculaire contre leur mauvaise couverture par les assurances sociales. Dans notre pays, la situation des acteurs culturels n’est guère meilleure, mais bien moins médiatisée. En effet, la plupart des acteurs culturels (musiciens, acteurs, danseurs, écrivains, journalistes indépendants, etc.) cumulent les emplois atypiques, de courte durée, à temps partiel, les situations d’indépendant (souvent contre leur gré), de salariés, les bas salaires, les petits honoraires, les maigres sommes destinées à encourager la création artistique. Leur taux de chômage est de 50% plus élevé que celui des personnes actives. Certaines catégories, par exemple les danseurs, ont en outre une carrière très courte, qui se termine bien souvent en «retraite anticipée», parfois aux frais de l’assurance-invalidité. Or, notre système d’assurances sociales n’assure de manière optimale que les personnes qui travaillent à plein temps (ou avec un pensum élevé), régulièrement et sur une longue durée.

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Comment l’UDC a manœuvré pour supprimer le libre choix du médecin. Mais après les élections, s’il vous plaît.

Le 1er juin, nous voterons sur un nouvel article constitutionnel sur la santé. Cet article est un contre-projet à l’initiative lancée en 2003 par le parti de M. Blocher. Cette initiative visait à introduire plus de concurrence dans le domaine de la santé, se basant sur la fiction qui veut que plus de concurrence = baisse des coûts. La concurrence entre les caisses maladies n’ayant pas réussi à endiguer la hausse des coûts et l’ayant même probablement encouragé, il est facile de se rendre compte à quel point cet adage repose sur du sable.
Cela n’a pas empêché les chambres fédérales, dont on connaît la propension à faire les quatre volonté des assureurs-maladie, d’élaborer un contre-projet à l’initiative de l’UDC. Celle-ci s’en est contentée et a retiré son initiative. Non sans avoir manœuvré auparavant pour que cela se passe après les élections fédérales. Car il eût été fâcheux d’avoir à affronter les slogans «voter UDC nuit à la santé» ou «voter UDC: libre choix supprimé».

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Vilains petits tricheurs

Si l’UDC part en guerre contre les «abus» et les «tricheurs» (enfin, pas tous, si vous fraudez le fisc, pas de soucis, elle ne viendra pas vous embêter), c’est qu’elle en connaît un rayon en la matière. En effet, deux élus de ce parti, dignes successeurs de Jean Fattebert qui employait des travailleurs étrangers au noir, viennent de se faire prendre la main dans le sac.
Jürg Leuthold était député au grand conseil zurichois. Il touchait indûment une rente AI depuis plusieurs années, car on le croyait invalide à 100%, vu qu’il ne pouvait -prétendait-il- pas s’asseoir (ce qui ne devait pas être très pratique pour siéger). Débusqué, condamné.
This Jenny, conseiller aux Etats glaronnais, lui, se spécialise dans la sous-enchère salariale. Entrepreneur dans le bâtiment, il ne respectait pas les salaires minimaux (mais il faut lui reconnaître une certaine cohérence: il milite pour la dénonciation de la convention collective et donc l’abolition des minima salariaux). Il doit donc rembourser 250’000 aux employés qu’il a grugé. Et se prend lui aussi une jolie amende.
Il ne manquerait plus que la mascotte du parti de M. Blocher, le bouc Zottel, touche abusivement des subventions européennes…

Chronique de politique chronique parue dans le Tromblon.