Comment l’UDC a manœuvré pour supprimer le libre choix du médecin. Mais après les élections, s’il vous plaît.

Le 1er juin, nous voterons sur un nouvel article constitutionnel sur la santé. Cet article est un contre-projet à l’initiative lancée en 2003 par le parti de M. Blocher. Cette initiative visait à introduire plus de concurrence dans le domaine de la santé, se basant sur la fiction qui veut que plus de concurrence = baisse des coûts. La concurrence entre les caisses maladies n’ayant pas réussi à endiguer la hausse des coûts et l’ayant même probablement encouragé, il est facile de se rendre compte à quel point cet adage repose sur du sable.
Cela n’a pas empêché les chambres fédérales, dont on connaît la propension à faire les quatre volonté des assureurs-maladie, d’élaborer un contre-projet à l’initiative de l’UDC. Celle-ci s’en est contentée et a retiré son initiative. Non sans avoir manœuvré auparavant pour que cela se passe après les élections fédérales. Car il eût été fâcheux d’avoir à affronter les slogans «voter UDC nuit à la santé» ou «voter UDC: libre choix supprimé».


Car le contre-projet ne vise rien de moins que la suppression de l’obligation de contracter, donc la suppression du libre choix du médecin. En effet, le texte soumis au vote (projet d’art. 117a al. 2 2ème phrase Cst «Les personnes assujetties à l’assurance obligatoire des soins peuvent choisir librement un des assureurs-maladie reconnus ainsi que les fournisseurs de prestations autorisés à pratiquer à la charge de l’assurance-maladie.») est une base légale suffisante pour autoriser les assureurs à ne collaborer qu’avec les «fournisseurs autorisés», c’est-à-dire choisir avec qui ils souhaitent travailler (liberté de contracter). Il est certes moins clair que celui de l’initiative (projet d’art. 117a Al. 2 Cst «Les assureurs proposant l’assurance de base et les fournisseurs de prestations médicales et de soins concluent des contrats de prestations qui répondent aux besoins des assurés.»), mais c’est probablement dans le dessein de tromper l’électeur. Il n’en signifie pas moins la fin du libre choix du médecin, mais aussi du lieu de traitement, ce «libre» choix ne pouvant s’effectuer que parmi les médecins et hôpitaux «autorisés» à pratiquer par les caisses.
Ce seront les personnes âgées ou souffrant de maladies chroniques qui en subiront les conséquences. Leurs médecins, qui leur prescrivent des traitements coûteux, seront exclus, car trop chers, par les assureurs. Leurs patients n’auront plus d’autre choix que de changer de médecin (à moins que leur nouveau médecin ne subisse le même sort) ou de renoncer au remboursement de leurs soins. Et qu’adviendrait-il des patients forcés d’aller se faire soigner loin de chez eux, parce que l’hôpital de leur région n’a pas été agréé par leur assureur?
Le 1er juin, à moins de vouloir expérimenter ce que donnent les méthodes de l’UDC appliquées à notre santé, votons non à l’article constitutionnel.


3 réflexions sur « Comment l’UDC a manœuvré pour supprimer le libre choix du médecin. Mais après les élections, s’il vous plaît. »

  1. Bonjour,

    Nous nous permettons de vous contacter suite à votre texte du 18 mars 2008 « Comment l’UDC a manœuvré pour supprimer le libre choix du médecin ».

    Avec un groupe d’amis et connaissances, nous nous mobilisons pour informer et sensibiliser le plus grand nombre de personnes possibles aux enjeux réels de cette votation. Pour ce faire, nous avons formé un groupe, le GRAMI (Groupe d’Appui à la Médecine Intégrale).

    Nous partons du principe que les diverses méthodes thérapeutiques existantes sont complémentaires les unes par rapport aux autres. C’est pourquoi nous parlons de médecine intégrale qui inclut, entre autres, la médecine conventionnelle et la médecine précoce, qui soigne les troubles psycho-énergétiques d’une personne dont les troubles ne présentent pas encore une maladie constituée, ce qui permet une grande économie de temps et d’argent.

    De nombreuses personnes sont déjà conscientes et sensibles à ces questions. Se regrouper permet d’intensifier ce mouvement et de lui donner un véritable poids juridique, économique et politique, permettant d’induire un nouvel état d’esprit concernant les soins médicaux, au niveau de nos plus hautes instances gouvernementales.

    Nous avons apprécié votre point de vue sur la question et nous aimerions savoir si vous seriez disposé à collaborer avec notre groupe. Nous accueillons toute aide quelle qu’elle soit, ponctuelle ou plus soutenue, selon votre intérêt, vos compétences et votre bonne volonté. Toute idée, réflexion ou projet pouvant faire avancer ce débat sera bienvenue.

    Dans le vif intérêt de vous lire, nous vous adressons nos plus cordiales salutations.

    Dr Marie-France de Meuron Corinne Pareja
    mf.meuron@bluewin.ch corinne.1200@hotmail.com

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