En matière d’AVS, M. Couchepin, les partis bourgeois et les milieux économiques n’ont qu’une méthode: faire peur. Aux salariés, aux retraités, aux jeunes. A tous, le message est le même: « l’AVS est en faillite ». Ou presque. Ou alors elle le sera après-demain. Si c’est pas le jour d’après. Mais dans tous les cas, ça va mal et il faut craindre pour les retraites. Cette politique de la peur poursuit un double objectif: Forcer le souverain à accepter des coupes dans les retraites et le dissuader d’améliorer l’AVS, p. ex. en introduisant la retraite flexible en libre choix dès 62 ans. Il faut dire que M. Couchepin et consorts ne défendent guère l’AVS, formidable outil de redistribution des richesses, mais plutôt les intérêts du puissant lobby des caisses de pensions. Et, quand il s’agit de prendre de l’argent dans les caisses de l’AVS, par exemple lors de la réforme de l’imposition des entreprises II, ils n’hésitent pas, oubliant leurs prévisions alarmistes! Continuer la lecture
Archives de catégorie : politique sociale/assurances sociales
Débat sur la retraite flexible
J’étais ce soir l’invité du journal de 19h00 sur TSR1 pour débattre avec Claude Ruey de l’initiative de l’USS pour le libre choix de l’âge de la retraite dès 62 ans.
J’aurai l’occasion de revenir sur ce sujet dans ce blog.
En attendant, vous pouvez visiter le site de campagne et adhérer à la cause sur facebook. Le 30 novembre, oui à l’âge de l’AVS flexible.
L’endettement des jeunes est dramatique. Et certains aimeraient l’aggraver.
La société de recouvrement intrum justicia, qui fait pourtant commerce des difficultés de paiement, tire aujourd’hui la sonnette d’alarme: les jeunes sont de plus en plus touchés par le surendettement. Ce constat n’est malheureusement pas nouveau et l’on sait que c’est bien souvent la collectivité qui doit payer les pots cassés, lorsque les familles surendettées sont mises à l’aide sociale. Et la crise du crédit privé qui s’annonce aux Etats-Unis laisse augurer que cela pourrait devenir bien pire encore.
Pourtant, il est très difficile, voire impossible, de faire passer des mesures pour limiter les risques d’endettement. Ainsi, le canton refuse de faire appliquer l’interdiction de la publicité pour le petit crédit (crédit à la consommation), dont on connaît pourtant les dégâts. Le parti socialiste et les associations de défense des consommateurs continuent à se mobiliser.
Pire, les propositions pour aggraver l’endettement des jeunes et des familles ne manquent pas. Dernière en date, le projet de la conférence des directeurs cantonaux de l’instruction publique d’accord intercantonal sur les bourses d’études, qui fait la part belle au remplacement des bourses par les prêts, remplissant ainsi une des revendications de longue date des milieux économiques. Qui devraient pourtant bien se rendre compte qu’il est difficile de fonder une famille ou une entreprise lorsqu’on achève ses études avec des dettes de plusieurs dizaines de milliers de francs. Ou que la perspective de l’endettement découragerait bien des jeunes issus des familles modestes de se former. Et que la situation actuelle de l’endettement des jeunes devrait amener à faire des propositions plus raisonnables.
Le mauvais coup de l’UDC aux retraités modestes
En perte de vitesse et dans les sondages, et dans les urnes, et en membres, et en élus dans les exécutifs, et en crédibilité (pour peu qu’elle n’en ait jamais eu), l’UDC tente de faire oublier ses déboires en lançant une proposition pour se rallier les retraitées et les retraités. Et le parti de M. Blocher ne fait pas dans la dentelle, vu qu’il s’agit carrément de défiscaliser les rentes AVS. Un moyen de «les remercier pour une vie d’efforts et pour ce qu’ils font en faveur de leurs (petits) enfants». On en pleurerait tellement c’est beau. Mais qu’on ne se leurre pas. L’UDC joue ainsi un sale tour à la solidarité entre les générations, sans parvenir à faire oublier qu’elle ne soutient jamais de proposition en faveur des retraités modestes.
Ainsi, ces dernières années, l’UDC a systématiquement refusé tout ce qui pouvait améliorer concrètement la situation des retraités. Elle a par exemple soutenu la 11ème révision de l’AVS, qui prévoyait de n’indexer les rentes que tous les trois ans au lieu de tous les deux ans. En ces temps d’inflation, cette proposition aurait signifié une nette péjoration du pouvoir d’achat des aînés, notamment de ceux qui n’ont que l’AVS pour vivre (un rentier sur deux). Ensuite, lorsque PS et USS ont proposé l’introduction d’une 13ème rente AVS, le parti d’extrême-droite a dit niet, alors qu’il s’agirait là encore d’une mesure très favorable aux bas revenus. Quant aux baisses d’impôt, pas questions non plus pour l’UDC d’accepter l’exemption du minimum vital. Ce qui montre bien là où veut en venir le parti blochérien : ce sont les impôts des retraités aisés qu’il veut baisser. Car, lorsqu’on a un revenu très bas, on ne paie que peu ou pas d’impôt. Par exemple, pour une retraitée touchant la rente AVS miniale (13260.—Fr. par an), les 9600 premiers francs sont exemptés d’impôt fédéral direct et chaque tranche suivante de 100.—Fr. n’est imposée que de… 77 centimes, ce qui fait 27.7.—Fr d’IFD. Exempter la rente AVS ne rapporte donc que des cacahuètes. Sauf pour les retraités aisés, qui disposent d’un 2ème, voire d’un 3ème pilier…
En revanche, une telle exemption d’impôt, qui coûterait au bas mot dans les 4,7 milliards aux caisses publiques chaque année, ne manquerait pas d’entraîner des coupes budgétaires, que devrait subir l’entier de la population, retraités inclus. A titre d’exemple, les dépenses des pouvoirs publics en prestations complémentaires à l’AVS se montaient à 1,8 milliards en 2007 (source). Soit plus de deux fois moins que le «cadeau» que prétend faire l’UDC aux retraités.
Sur le même sujet, un interview du prof. Tanquerel parue dans le « Matin » du 28 août. Et un article de Pierre Imhof sur domainepublic.ch.
Frein à l’endettement pour assurances sociales; y’en a qui ne sont pas gonflés
Les milieux patronaux proposent de soumettre les assurances sociales à un «frein à l’endettement» pour éviter qu’elles ne représentent bientôt «les deux-tiers du budget de la Confédération» (ce qui arrivera soit dit en passant plutôt parce que ledit budget diminuera, avec le soutien des associations patronales, grâce aux cadeaux fiscaux déjà distribués ou devant bientôt l’être…). S’il est louable de vouloir limiter les dépenses, cette proposition des milieux patronaux est sacrément gonflée. En effet, ces dernières années, ils ont refusé toute une série de mesure qui auraient permis de diminuer ces dépenses, non pas en limitant l’accès aux assurances sociales ou en rognant sur les prestations, mais en évitant que des personnes ne soient contraintes d’y faire recours.
La Suisse et ses intermittents du spectacle
Il y a quelques années, l’été des festivals français était tenu en haleine par les «intermittents du spectacle», qui protestaient de manière spectaculaire contre leur mauvaise couverture par les assurances sociales. Dans notre pays, la situation des acteurs culturels n’est guère meilleure, mais bien moins médiatisée. En effet, la plupart des acteurs culturels (musiciens, acteurs, danseurs, écrivains, journalistes indépendants, etc.) cumulent les emplois atypiques, de courte durée, à temps partiel, les situations d’indépendant (souvent contre leur gré), de salariés, les bas salaires, les petits honoraires, les maigres sommes destinées à encourager la création artistique. Leur taux de chômage est de 50% plus élevé que celui des personnes actives. Certaines catégories, par exemple les danseurs, ont en outre une carrière très courte, qui se termine bien souvent en «retraite anticipée», parfois aux frais de l’assurance-invalidité. Or, notre système d’assurances sociales n’assure de manière optimale que les personnes qui travaillent à plein temps (ou avec un pensum élevé), régulièrement et sur une longue durée.
Assurance-chômage: aux jeunes, aux vieux, aux faibles de payer?
Le chômage reste, selon le sondage annuel du crédit suisse, une des peurs les plus importantes des Suissesses et des Suisses. Cela n’a malheureusement rien d’étonnant, malgré la haute conjoncture. En effet, le taux de chômage a certes diminué de manière spectaculaire, mais la précarité (recours à l’aide sociale, travail temporaire, sur appel, sous-emploi, travailleurs pauvres, sous-enchère salariale, vides conventionnels, etc.) est en augmentation. Et les difficultés des jeunes et des plus de 55 ans à trouver un emploi restent conséquentes. Beaucoup ont donc peur de perdre leur emplois et ces craintes doivent être prises au sérieux. Le plein-emploi est en core loin.
Trois propositions du Conseil fédéral pour assainir l’assurance-chômage sont donc plutôt choquantes: l’augmentation de la durée de cotisation de 12 à 15 mois pour toucher 400 indemnités journalières, l’augmentation de la durée de cotisation pour bénéficier de 520 indemnités si l’on a plus de 55 ans et l’augmentation du délai d’attente de 6 à 12 mois pour les jeunes sans formation. Ces mesures s’en prennent à trois catégories des chômeurs particulièrement exposées et vulnérables: les travailleurs temporaires, les chômeurs âgés et les jeunes qui n’ont pas trouvé de place d’apprentissage. Or, il s’agit justement de trois catégories qui sont en augmentation, malgré la bonne santé du marché de l’emploi. Le nombre de travailleurs temporaires a pris l’ascenseur ces dernières années et il y a toujours plus de 23’000 jeunes en liste d’attente d’une place de formation. Quant aux difficultés des chômeurs de plus de 55 ans pour retrouver un emploi, elles sont de notoriétés publique. Augmenter la durée de cotisation et le délai d’attente avant de bénéficier des prestations de l’assurance-chômage, c’est exclure toujours plus de monde de cette assurance sociale et reporter les coûts sur l’assistance publique. En outre, les cantons auront droit à moins de moyens pour financer les mesures du marché du travail (3000 Fr. au lieu de 3500): les chômeurs auront donc droit à moins de prestations et les cantons à moins de moyens pour les aider à se réinsérer… Quant aux cantons les plus touchés par le chômage, ils ne pourront plus augmenter le nombre d’indemnités de leurs demandeurs d’emplois.
Cependant, les propositions du conseil fédéral ne sont pas toutes bonnes à jeter. En effet, l’augmentation des cotisations salariales, en particulier du pour-cent de solidarité prélevé sur les hauts salaires, va dans la bonne direction. Car nous devons utiliser la bonne conjoncture actuelle pour assainir l’assurance-chômage en prévision de la prochaine récession. Mais cela ne doit pas se faire sur le dos des (futurs) chômeurs et chômeuses.
Deux visions de la fiscalité
La direction du PS Suisse vient de faire connaître une proposition innovante en matière de financement des assurances sociales: soumettre les dividendes à une cotisation sociale de 5% en faveur de l’AVS, l’AI, etc. Ce serait normal, logique et juste. Et cela éviterait d’avoir recours à une augmentation de la TVA, notamment pour refinancer l’AI, et donc de frapper durement les classes moyennes.
Pascal le Prophète (-à-claques)
Chronique de politique chronique parue dans le Tomblon no1
M. Couchepin est un prophète. Un as de la divination, de la cartomancie, des horoscopes. Les marcs (de café, voyons, il travaille!) n’ont pas de secret pour lui. C’est lorsque qu’il prédit l’évolution de nos caisses de retraites que notre prophète est au faîte de son art. Ainsi, en 2003, il prédisait une apocalypse à l’AVS. Le déficit du premier pilier devait se monter à plus d’1,2 milliard en 2006. Autant de bonnes raisons pour accepter de couper dans les retraites (11ème révision de l’AVS) et encourager les d’jeunz radicaux à proposer une augmentation de l’âge de la retraite à 70 ans (il y en a toujours pour vouloir être prophète à la place du prophète). Mais le peuple préfère les voyants de qualité, les vrais artisans qu’on ne peut joindre qu’avec un appel surtaxé. Il ne s’est donc pas laissé berner. 4 ans plus tard, les retraités ont touché une augmentation de leurs rentes pour laquelle ils auraient dû attendre jusqu’à l’an prochain, si l’on avait pris les prophéties couchepiniennes au sérieux. Et l’AVS fait, au lieu du déficit annoncé, un bénéfice de 2,7 milliards.
M. Couchepin a une autre qualité. Il dure. Assez longtemps pour voir que ses prédictions ne se sont pas réalisées. Est-ce assez pour comprendre que gouverner, ce n’est pas deviner?
Aide sociale : les chiffres qui font mal
La prise de position de la conférence suisse des institutions d’aide sociale (CSIAS) sur les jeunes et l’assistance publique confirme que socialistes et syndicats ont raison lorsqu’ils revendiquent un droit à une formation post-obligatoire. En effet, 3,9% des jeunes de 18 à 25 ans sont dépendant-e-s de l’aide sociale, contre 3% de l’ensemble de la population (seuls les enfants sont plus touchés, avec 4,4%). En cause (notamment), le manque de formation: 65% des jeunes bénéficiaires de l’aide sociale n’ont pas de formation post-obligatoire (maturité, CFC, etc.), contre 46% de tous les bénéficiaires de l’aide sociale et 23% de l’ensemble de la population. Conclusion: l’Etat doit garantir le droit à la formation post-obligatoire pour tous et donc mettre lui-même à disposition les places manquantes, par exemple en ouvrant des écoles des métiers, des écoles de commerce ou toute autre forme de formation à plein temps menant à une qualification. Un tel droit aurait certes son coût: mais il vaut à mon avis bien mieux investir aujourd’hui dans la formation, plutôt qu’assumer à long terme les coûts croissants de l’aide sociale.
La CSIAS soutient désormais cette revendication syndicale de longue date. Du côté des opposants, toujours les même : les milieux patronaux (l’USAM en tête) et l’inévitable OFFT, décidément peu au fait de la situation de l’emploi des jeunes.
Le site de la CSIAS et sa prise de position détaillée.