Réforme des retraites: le bilan final est positif (si le conseil des Etats l’emporte)

Lors de son congrès extraordinaire du 4 mars 2000, l’UDC a adopté une prise de position sur les assurances sociales. Elle y revendiquait la transformation de l’AVS en un système de retraites par capitalisation au lieu d’un système par répartition, la privatisation des assurances sociales et l’individualisation de la prévoyance-vieillesse et des assurances maladie et invalidité. Cela aurait signifié la fin de la solidarité dans la prévoyance-vieillesse et la suppression de l’AVS. L’UDC ne menait alors pas ce combat toute seule. C’était l’heure de gloire des idéologues néolibéraux.

17 ans plus tard, avec la réforme de la prévoyance-vieillesse 2020, la Suisse est à l’orée d’un renforcement du premier pilier au détriment du deuxième. C’est exactement le contraire de ce que Blocher et consorts voulaient. La proposition du Conseil des Etats qui est actuellement en discussion est une victoire majeure contre l’aile dure des néolibéraux. Continuer la lecture

L’« Ubérisation » des emplois, c’est de la sous-enchère

A première vue, tout le monde devrait se réjouir de l’essor de l’« économie du partage » (sharing economy) et de la digitalisation croissante du marché du travail. Les premiers à se réjouir sont les consommateurs, qui profitent de services innovants et de prix en baisse. Viennent ensuite les prestataires de ces nouveaux services, qui ont l’occasion de goûter aux délices de l’auto-entrepreneuriat. Il y a aussi les adversaires des cartels, prébendes, corporations et autres niches. Et enfin les ayatollahs de l’innovation, qui aiment à se prosterner devant toute entreprise qui aura la bonne idée de s’appeler, « start-up », « made in Silcon Valley », « machinchose 4.0 », ou, encore mieux, « licorne ». Il est vrai que, dans une économie de marché, il faut en principe se réjouir de voir de nouveaux arrivants innovants gagner des parts de marché au détriment de vieux acteurs engoncés dans leurs certitudes et leurs privilèges. Mais, à examiner de plus près les conséquences de ce qu’on appelle désormais « ubérisation », il y a de quoi déchanter. Continuer la lecture

Retraites : massacre à la tronçonneuse

Le glissement du Conseil National vers la droite dure aura des conséquences difficiles pour les retraité-e-s et futurs retraité-e-s modestes et de la classe moyenne. Retour sur des débats qui ont vu l’idéologie battre l’équilibre à plates coutures. Continuer la lecture

Le « social », première dépense de l’Etat. Mais pourquoi ?

Lors de la présentation du budget 2017 du canton de Vaud, un chiffre a interloqué : ce sont désormais les affaires sociales, et non plus la formation, qui sont la première dépense publique. Bien entendu, la droite, probablement agacée de voir la majorité de gauche présenter son cinquième budget excédentaire sur cinq, a rouspété, entonnant le couplet du « il vaut mieux investir dans la formation ». Un couplet d’autant plus hypocrite que le PLR et l’UDC ont récemment refusé d’augmenter les crédits fédéraux en faveur de la formation, mais revenons à nos moutons. Certes, on pourrait considérer que cette pole position du « social » est le terrible aveu d’échec d’une politique qui répare plus les dégâts de la précarité qu’elle n’investit dans son avenir. Mais à y regarder de plus près, cette augmentation des coûts des affaires sociales est tout à fait explicable… par de nombreuses mesures d’économies imposées par la droite et auxquelles le PS s’était opposé en avertissant, malheureusement en vain, que ces « économies » ne seraient que des reports de coûts. Continuer la lecture

Non à la guerre des générations!

Dans deux semaines, nous votons sur l’initiative populaire „AVS plus“. Cette initiative demande une augmentation des rentes AVS de 10% pour toutes les retraitées et tous les retraités. Même si cette revendication n’a rien d’exagéré et que son financement ne poserait aucun problème, les arguments des partisan-e-s de l’initiative se heurtent au mur de béton idéologique des médias helvétiques. Visiblement, cette initiative dérange. Mais voilà que cette campagne malhonnête atteint de nouveaux sommets : sous le titre cynique de « l’équité entre les générations », quelques titres en mal de publicité et une poignée de filles et fils-à-papa bourgeois allant des jeunes PLR à Opération Libero, tentent de déclencher une véritable guerre des générations (cf. les articles récents dans « Watson », le « Bilck » ou la « Schweiz am Sonntag »). Derrière ces attaques se trouvent bien entendu les assureurs privés, grands pourvoyeurs d’annonces dans les médias. Continuer la lecture

Ne plus dépendre des prestations complémentaires grâce à AVSplus : une chance !

S’il y a bien un argument détestable du côté des adversaire de l’initiative « AVSplus », c’est bien celui qui consiste à faire peur aux bénéficiaires de prestations complémentaires (PC) en arguant qu’augmenter l’AVS leur fera perdre leur droit aux PC, voire péjorerait leur revenu disponible. Cette hypocrisie est révoltante. Il s’agit bien d’hypocrisie, car la droite n’a d’une part de cesse de stigmatiser les personnes à l’aide sociale et d’autre part de vouloir couper dans les PC : tant dans les cantons qu’au niveau de la Confédération, elle fait des propositions pour diminuer les montants des PC et y restreindre l’accès. Certaines coupes sont d’ailleurs déjà en vigueur, comme dans le canton de Berne.

Ensuite, il est révoltant de considérer que les bénéficiaires de PC sont contents de leur sort, alors que les PC sont une sorte d’aide sociale qu’il faut demander en mettant sa situation financière à nu et après avoir épuisé ses propres économies. Continuer la lecture

AVSplus : un renforcement de nos retraites raisonnable et nécessaire!

La situation financière de nombreux retraités et futurs retraités se dégrade. Ceux qui ont un deuxième pilier doivent subir hausses des cotisations, baisses des rentes et incertitudes croissantes. Il y a aussi de nombreux retraités qui n’ont pas de deuxième pilier, ou qui ne disposent que d’un tout petit avoir de prévoyance : petits artisans et paysans, travailleurs précaires, à temps partiel ou qui ont consacré du temps à l’éducation de leurs enfants (souvent les femmes). Ceux-ci ne peuvent compter que sur des rentes AVS dont l’indexation n’a pas suivi l’évolution des salaires et des prix, sans parler des primes d’assurance-maladie. Beaucoup doivent alors demander les prestations complémentaires (PC), une sorte d’aide sociale, malgré une vie entière de travail. Ces situations sont indignes d’un pays riche comme la Suisse et force est de constater que le 1er et le 2ème piliers ne remplissent plus leur mandat constitutionnel de garantir un niveau de vie décent à la retraite.

L’initiative « AVS+ » propose une solution concrète, simple et raisonnable : augmenter toutes les rentes AVS de 10%. Continuer la lecture

L’AVS : une presque septuagénénaire en pleine forme

Rarement les attaques de la droite contre la prévoyance vieillesse n’auront été aussi brutales : baisses des rentes, hausse de l’âge de la retraite à 67 ans. Comme à chaque fois, un seul argument est évoqué : la situation « catastrophique » des finances d’une AVS qui souffre d’une pyramide des âges chaque jour plus défavorable. Mais si un argument méritait le titre du mensonge qui a été répété le plus souvent, c’est bien celui-ci. Car la situation financière de l’AVS est saine et son mécanisme de financement solide, même si des moyens supplémentaires seront nécessaires à terme. Voyons plutôt. Continuer la lecture

Réduire la précarité et les inégalités après le non au RBI

Le peuple et les cantons suisses ont rejeté de manière sèche et cinglante le revenu de base inconditionnel (RBI). Cette décision concrète, qui fait mentir les sondages faits dans divers pays qui laissaient entendre que « la population serait favorable au RBI », enterre pour longtemps, en Suisse en tout cas, l’idée même de RBI. En effet, comme les initiants l’ont martelé pendant toute la campagne, nous votions « sur le principe » et c’est donc le principe du RBI qui a été rejeté. Ce rejet est par ailleurs intervenu après une campagne intense, aux débats nourris, ce qui démontre que la décision populaire a été prise en toute connaissance de cause.

Mais même si le RBI n’aurait pas atteint les objectifs que lui donnaient certains initiants, en particulier la réduction des inégalités, de la précarité au travail, et des conséquences néfastes de l’automatisation et de la numérisation de l’économie, ces problèmes demeurent. Comme cela a été dit à maintes reprise pendant la campagne (même si bon nombre de partisans n’ont pas voulu l’entendre ou fait comme si rien n’avaient été fait ni proposé avant eux), le PS se bat depuis longtemps sur ce terrain et va continuer à le faire, avec une motivation d’autant plus renforcée que le résultat des urnes est conforme à sa recommandation de vote. La position du PS n’a d’ailleurs jamais été celle de se satisfaire du statu quo, notamment quand il s’agit de renforcer l’Etat social.

Voici donc, en quelques lignes, des pistes de réflexion (qui méritent d’être approfondies et je me réjouis d’ors et déjà de lire vos commentaires) : Continuer la lecture

RBI : une initiative mi-coquille vide, mi-boîte de Pandore 

Contrairement à ce que prétendent bon nombre des partisans de l’initiative pour le « revenu de base inconditionnel » (RBI), qui ont malheureusement assez tendance à retrancher derrière la formule « si vous êtes contre, c’est que vous n’avez rien compris », je me suis penché très attentivement sur ce concept. Et suis parvenu à la conclusion que ce n’est pas une bonne idée. Mais, au-delà de l’idée de base qu’elle véhicule, l’initiative soumise au vote du peuple et des cantons le 5 juin prochain comporte de réels dangers, en particulier pour les assurances sociales. Et elle fait totalement fi de l’hostilité répétée (et récemment aggravée) de la majorité des chambres fédérales envers les intérêts des personnes que les initiants – je les rejoins sur ce point – souhaitent défendre. Continuer la lecture