A force d’insister, ça finit par rentrer : le Conseil fédéral, en réponse à un postulat de la conseillère nationale socialiste zurichoise Chantal Galladé, publie un rapport sur l’état du marché des places d’apprentissage. Alors que la dernière rengaine officielle était « circulez, y’a rien à voir, tout va bien », le rapport avoue enfin, chiffres à l’appui, que la situation est « tendue ». Quelle évolution depuis les paroles de la nouvelle directrice de l’OFFT, Ursula Renold, qui, en août 2005, prétendait dans la Mittelllandzeitung « qu’il n’y a pas de crise des places d’apprentissage » ! Certes, le mot « crise », qui serait particulièrement adapté à la situation, n’apparaît pas dans le rapport. Mais on sent un début de prise de conscience.
Toutefois, rapport et changement de vocabulaire ne signifient pas que des mesures efficaces vont suivre. Le Conseil fédéral reste persuadé que la démographie va tout arranger et qu’il suffit de donner un coup de main aux jeunes en difficulté. En outre, il avance quelques statistiques faussées, histoire d’enjoliver tout de même la situation. Par exemple, il prétend que près de 30% des entreprises sont formatrices (alors que le recensement des entreprises 2001 de l’Office Fédéral de la statistique en compte à moins de 18%…). Mais pour cela, il ne prend en compte que les entreprises qu’il définit lui-même et arbitrairement comme « potentiellement formatrices ». Et vu qu’il ne considère qu’il n’y a guère de problème au niveau des entreprises formatrices, il se contente de demi-mesures, comme soutenir « speranza », dont on peut découvrir les défaut ici.
Bref, c’est encore insuffisant. Allez, encore un effort !
Archives de catégorie : politique de la jeunesse
Les jeunes ne sont ni paresseux, ni démotivés, ni des bons à rien !
A entendre de nombreux patrons, les jeunes chômeurs sont les principaux responsables de leur sort. Ainsi, Bernard Nicod, roi de l’immobilier vaudois, avouait l’an dernier dans le magazine «Bilan» (23.03.2005) qu’il ne forme aucun apprenti, malgré ses quelque 200 employés, car les jeunes sont «nuls et paresseux». Et il n’est pas le seul à se plaindre : la présidente radicale de la société vaudoise des pharmaciens et le directeur des ressources humaines d’Audemars Piguet font le même constat catastrophé, quand ils ne préconisent pas «des coups de pieds au c…» des concernés. Ainsi, les jeunes d’aujourd’hui seraient mal élevés, pas motivés, irresponsables et ne maîtrisent pas les savoirs de base telle que la lecture, l’orthographe ou le calcul. En plus, aux dernières nouvelles, un sur deux courbe l’école ! Et Thomas Daum, patron des patrons d’en tirer les conclusions : coupons dans les indemnités des jeunes chômeurs, pour leur apprendre à être aussi paresseux ! (sur ce sujet) Fort heureusement, l’étude COCON de l’Univesité de Zürich bat en brèche ces certitudes : les jeunes sont bien plus responsables, motivés et concernés par leur avenir qu’on ne le pense.
Places d’apprentissage « speranza » : de la propagande électorale… mais de la bonne !
Qui a dit que les radicaux négligeaient l’apprentissage ? Otto Ineichen, entrepreneur iconoclaste et conseiller national radical a lancé « speranza », un projet de création des places de formation, avec le soutien de la Confédération (comme quoi le libéralisme n’empêche pas de demander des subventions…). Son objectif de 2’000 nouvelles places, notamment d’apprentissage avec attestation (nouvel apprentissage en deux ans pour les élèves en difficultés scolaires) est presque atteint : près de 1800 places ont été créées.
Qu’en penser ? Si l’on ne peut que se réjouir de ces nouvelles places, il faut s’inquiéter du nombre important de places de « stages » ou de « préapprentissage » qui n’offrent guère de perspectives professionnelles aux jeunes. Et il faut surtout regretter que le parti radical ne se préoccupe des problèmes des jeunes qu’en période pré-électorale…
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Mme Leuthard et la crise des places d’apprentissage
Doris Leuthard vient de présenter, conjointement avec les partenaires sociaux, quelques mesures pour lutter contre la pénurie des places d’apprentissage et le chômage des jeunes. Première bonne nouvelle : Mme Leuthard semble prendre le problème au sérieux. Seconde bonne nouvelle : les mesures proposées, pour peu qu’elles soient appliquées, sont de bonne facture. Mais il subsiste un bémol de taille : rien n’est prévu pour encourager la création de places de formation. Or c’est là que se situe à mon avis la clef du problème.
Marché des places d’apprentissage, la détente ou le miroir aux alouettes ?
Selon le récent « baromètre des places d’apprentissage », il y a plus de places d’apprentissage et moins de jeunes qui en cherchent. Mmes Leuthard (conseillère fédérale) et Renold (directrice de l’OFFT) peuvent-elles donc plastronner ? Les syndicats avaient-ils tort de s’alarmer ? Et ont-ils tort de continuer à peindre le diable sur la muraille (voir le communiqué de l’USS) ? Malheureusement pas.
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Débat contre Suzette Sandoz sur le droit de vote à 16 ans
TSR 1, journal de 19h, le 18 octobre 2006.
Le débat sur le droit de vote à 16 ans refait surface suite à l’intéressante proposition glaronnaise. Mais est-ce vraiment une bonne solution pour augmenter l’intérêt des jeunes à la chose publique ? Ma réponse : oui, mais cela ne doit pas être une mesure isolée.
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Jeunes chômeurs : Pouce M. Daum !
Lors d’un entretien dans l’émission « mise au point« , le nouveau directeur de l’Union Patronale Suisse, Thomas Daum propose des économies scandaleuses sur le dos des jeunes chômeurs: réduire de 400 à 250 le nombre de leurs indemnités journalières. Voici ma réaction.
La première intervention de Thomas Daum en tant que nouveau patron des patrons a très certainement plu à la force montante de milieux économiques helvétiques, l’UDC, qui doit se réjouir de voir une de ses récentes propositions remise sur le devant de la scène. Il s’agit d’économiser dans l’assurance-chômage en diminuant les indemnités journalières des moins de 25 ans de 400 à 250. Selon le nouveau directeur de l’Union Patronale, il ne s’agit que de « quelques économies », qui plus est « raisonnables, vu que les jeunes chômeurs retrouvent de toute façon un emploi beaucoup plus rapidement que leurs aînés ». Mais cet argument camoufle mal une volonté systématique de rogner sur les droits des catégories les plus fragilisées de la population. Les invalides sont les premiers sur la liste, et les jeunes, à en croire M. Daum, n’attendront pas bien longtemps avant d’essuyer une nouvelle salve.