Il ne faut jamais, mais alors jamais, faire des économies sur le dos de la formation.

Hier, deux nouvelles (pénurie de médecins, pénurie de mécaniciens) ont une fois de plus mis au grand jour que les économies en matière de formation ne sont jamais une bonne idée. Et donnent un avant-goût de ce à quoi va ressembler notre pays suite à la défaite électorale du PSS. Car, l’influence de l’UDC allant croissant, les programmes d’économie et les cadeaux fiscaux privant l’Etat de moyens vont aller en augmentant. L’UDC ne souhaitait en effet qu’une augmentation minimale (4,5%, alors que les socialistes voulaient 10%) des crédits à la formation et présente aujourd’hui ses propositions de coupes dans les budgets de l’Etat.
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Ordonnance de protection des jeunes travailleurs: le conseil fédéral nous a bien c…

Vendredi passé, en plein session (et campagne électorale) le conseil fédéral a publié la version définitive de la nouvelle ordonnance 5 à la loi sur le travail (OLT 5) « protégeant » les jeunes travailleurs et travailleuses. Cette nouvelle ordonnance, censée mieux protéger les jeunes salariés, entrera en vigueur le premier janvier 2008, en même temps que l’abaissement de l’âge de protection. Dont elle était aussi censée atténuer les effest négatifs sur la santé des apprenti-e-s. Mais que pouic. Ces derniers ne seront pas mieux protégés. Sur ce coup, il faut bien dire que le conseil fédéral nous a vraiment bien eu.

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Et pourtant elles ne forment pas…

L’étude du centre de recherche sur l’économie de l’éducation de l’Université de Berne («Coûts et bénéfices de la formation des apprentis pour les entreprises suisses») présentée aujourd’hui par l’Office fédéral de la formation professionnelle et de la technologie (OFFT) confirme ce que tout le monde savait depuis 2003: former des apprenti-e-s est rentable pour les deux tiers des entreprises. Mais malgré cela, les entreprises ne forment pas assez.

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+6%, c’est mesquin…

Encore une fois, la logique des comptes d’épicier aura prévalu au moment d’accorder les crédits pour l’éducation et la recherche. Les chambres fédérales ont tranché et n’ont accordé qu’une hausse de 6%. Certes, c’est mieux que rien, me rétorquera-t-on. C’est certainement mieux que ce que revendiquait l’UDC (+4,5%), sempiternelle adversaire des investissements en faveur de l’innovation. Cela n’en reste pas moins insuffisant. Pour ne prendre que l’exemple de la formation professionnelle, une hausse de 7 à 8% est nécessaire, ne serait-ce que pour maintenir le statu quo et permettre à la Confédération de remplir ses obligations légales envers les cantons (sur le même sujet). Mais, en matière de formation, notre seule matière première faut-il le rappeler, il ne s’agit pas de maintenir le statu quo. Il faut investir. Massivement. C’est pourquoi les socialistes revendiquaient une hausse de 10 % (les radicaux aussi, mais ils exigeaient en échange la privatisation de swisscom – ah bon, où est le rapport?). La majorité bourgeoise en a décidé autrement. Malgré ses belles promesses (celles du PDC, celles des radicaux). Et parfois avec des arguments surprenants. Par exemple, le PDC prétend qu’avec +6% seulement, on limite le risque de coupes budgétaires. Mais qui vote les coupes budgétaires? Le Parlement, souvent avec l’aval des élus démocrates-chrétiens… En outre, il eût été plus facile de soutenir la proposition socialiste de soustraire ces crédits des coupes budgétaires. Mais là encore, les bourgeois n’ont rien voulu savoir. Pour voter en faveur de la formation et de la recherche le 21 octobre, on sait désormais vers qui se tourner.  

Des prêts à la place des bourses: certains jeunes socialistes genevois prêtent à rire.

La campagne semble faire tourner la tête à quelques-uns de mes camarades de la jeunesse socialiste genevoise. Aurélie Gavillet, soutenue par Sébastien Chazaud (tous deux sont candidats au conseil national sur la liste JS-GE ) détaille sur son blog une proposition pour « aider les étudiants »: Les prêts d’étude sans intérêts. Ils justifient cette position avec des arguments assez faibles, du genre « c’est politiquement faisable », « c’est réaliste », quand ils ne sont pas directement sortis d’un argumentaire d’economiesuisse: « il n’y a plus d’argent dans les caisses publiques ». C’est une proposition pour le moins étonnante, pour ne pas dire révoltante, surtout sous la plume de membres du PS.

A mon avis, les socialistes doivent s’opposer au remplacement des bourses par les prêts avec la plus grande fermeté. Les prêts sont en effet contraire au principe de l’égalité des chances, restreignent le libre choix des études, nuisibles à l’entrée dans la vie active des jeunes diplômé-e-s et, ce n’est pas le moindre, inefficaces.

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Génération stagiaire, génération précaire: une nouvelle étude de l’OFS

L’office fédéral de la statistique (OFS) vient de publier une étude menée auprès des diplômé-e-s des hautes écoles axée sur la problématique des stages. Il conclu que les diplômé-e-s s’intègrent plutôt bien dans le marché du travail et que le nombre de ceux qui doivent se contenter d’un stage est plutôt réduit, n’a pas évolué depuis une quinzaine d’années et ne peut en rien être comparé avec l’émergence d’une «génération stagiaire», à l’instar de ce que l’on constate en France ou en Allemagne, où les jeunes diplômés sont de plus en plus nombreux à s’enfermer dans une spirale de stages et autres «emplois» précaires successifs, ce qui finit par réduire à néant leurs chances de s’intégrer au marché du travail. L’OFS en conclut qu’aucune génération de ce genre n’est en train d’émerger en Suisse, que les stages ne sont pas un problème, et que tout va donc pour le mieux dans le meilleur des mondes. Certes, la «spirale des stages» n’est pas un phénomène de masse comme chez nos voisins (tant mieux!) mais une lecture attentive des chiffres de l’OFS soulève certains problèmes. Les «stages» sont dans de nombreux cas une façon de travestir le taux de chômage (à la baisse, bien sûr), et une part non négligeable des stagiaires est réellement menacée de précarité à long terme.

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Pas le bon passeport? Pas de place d’apprentissage! Chronique d’une politique migratoire à contre-emploi

La politique migratoire suisse est dictée par l’UDC, qui, il faut le lui accorder, manie fort bien l’amalgame étrangers = dangereux criminels = voleurs d’emplois= profiteurs des assurances sociales, etc. Et qui est aussi fort habile pour taire le fait que les migrant-e-s cotisent plus aux assurances sociales qu’ils n’en bénéficient, ou que les responsable de la sous-enchère salariale ne sont pas les salariés , mais les patrons tricheurs (lesquels d’ailleurs souvent membres de l’UDC). Voici une anecdote qui démontre non seulement à quel point cette politique migratoire , obtenue à coup de campagnes xénophobes, a des effets contraires à ceux vantés lors des campagnes de votation, mais surtout que cela est probablement voulu.

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Et une campagne pour la formation professionnelle, une!

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Décidément, rien ne vaut une bonne campagne en faveur de la formation professionnelle. L’an passé déjà, quoi qu’un peu plus tôt dans l’année, mais peut-être était-ce un cadeau d’adieu de Joseph Deiss, la Confédération lançait avec les cantons et les « organisations du monde du travail » (un joli néologisme introduit par la nouvelle loi fédérale sur la formation professionnelle pour ne pas avoir à dire « partenaire sociaux ») une campagne de promotion de l’apprentissage: « chance06.ch« . Cette année, elle est remplacée par (respirez un bon coup, le mot est long) formationprofessionnelleplus.ch (expirez). Bravo et chapeau bas. Mais pour l’innovation, il faudra repasser.

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Les postulations anonymes contre le discrimination à l’embauche

Les jeunes migrants sont particulièrement touchés par les tensions qui persistent sur le marché des places d’apprentissage. Le Programme national de recherche sur l’enfance et la jeunesse (PNR 52 sur le même sujet) a récemment mis en évidence le fait que les inégalités les frappent de plein fouet. Face à l’embarras du choix, nombreuses sont les entreprises, notamment les PME, à céder aux fantasmes selon lesquels les jeunes issus de l’immigration «poseraient problème». D’où leur réaction souvent expéditive: elles n’entrent tout simplement pas en matière sur les postulations des jeunes qui ont la «mauvaise» nationalité ou le «mauvais» nom de famille. Deux études ont révélé que l’arbitraire règne en maître et que les entreprises qui se plient à ces préjugés agissent souvent contre leur propre intérêt.

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Il faut créer 5000 places d’apprentissage!

Chaque année, 2500 jeunes se retrouvent sans solution à la sortie de l’école obligatoire (c’est ce que détaille une étude de l’OFFT dont il a oublié de se vanter). Et entre 15000 et 20000 (plus de 20% d’une classe d’âge) doivent se contenter d’une solution transitoire et tentent leur chance pour obtenir une place d’apprentissage l’année suivante, voire celle d’après. Je n’ai pas besoin de revenir en détails sur les conséquences à long terme de ces difficultés: Sans formation post-obligatoire, ils risquent de ne jamais occuper d’emploi autre que précaire, de n’avoir jamais accès à la formation continue voire même de dépendre durablement de l’assistance publique.
La commission de jeunesse de l’USS présentait donc vendredi ses solutions face à la pénurie de places de formation. Et, une fois n’est pas coutume, l’OFFT et son baromètre des places d’apprentissage, confirme nos vues: il manque au moins 5000 places d’apprentissage!
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