Il est désormais habituel de constater que les élus de l’UDC prennent plutôt à la légère le respect des lois qu’ils prônent dans leur programmes électoraux. Un nouveau cas a été dévoilé par la «Solothurner Zeitung» et repris par «20 Minuten» du 4 décembre:
Il s’agit du député soleurois et président du parti cantonal Heinz Müller, qui est sous le coup d’une enquête pénale pour fraude fiscale. Ce qui montre qu’en protégeant la concurrence déloyale en matière fiscale, l’UDC ne pensait pas uniquement aux cantons qui abusent de la concurrence fiscale, mais aussi à ses membres qui traitent les lois par-dessus la jambe. Au sein de son parti, aucune demande de démission n’est audible, pour autant qu’il y en ait. Cette attitude est d’ailleurs parfaitement cohérente avec la pratique du parti blochérien, qui passe en général rapidement l’éponge sur les délits de ses élus. Ainsi, tant M. Fattebert que M. Jenny, condamnés pour travail au noir respectivement sous-enchère salariale, n’ont subi aucune sanction interne, le premier ayant même été appelé à la vice-présidence du parti.
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Re-re-retournement de veste
Les jeunes PLR avaient défrayé la chronique en demandant le retrait de la révision de la loi sur l’assurance-chômage (LACI). Ce qui peut se comprendre de la part d’un parti de jeunes, même libéral, tant cette révision est défavorable aux jeunes chômeurs et chômeuses, qui verraient leurs indemnités de chômage divisées par trois s’ils ne trouvent pas d’emploi dès la fin de leur formation et par deux s’ils ont moins de 25 ans. Et, tant qu’ils ont moins de 30 ans, ils pourraient être obligés d’accepter n’importe quel emploi, même s’il n’a rien à voir avec leurs qualifications. Cette position était plutôt surprenante quand on sait que leur vice-président était venu quelques mois plus tôt défendre la révision de la LACI sur la plateau d’infrarouge, sur l’air du «les jeunes motivés n’ont aucun problème à trouver du travail».
Or voilà t’y pas que l’assemblée des délégués du PLR a décidé à l’unanimité de recommander le «oui» aux coupes dans l’assurance-chômage. Ce qui laisse songeur sur la façon dont les jeunes PLR ont appliqué leur propre position lors de cette assemblée.
Voici donc un petit quiz de l’été pour connaître la ou les raisons de cette belle unanimité:
a) Il n’y avait pas de représentant des jeunes PLR à l’assemblée des délégués du PLR.
b) La demande de «retrait» ne visait que le retrait des mesures défavorables aux plus de 30 ans.
c) La précédente prise de position des jeunes PLR n’avait pour unique objectif que d’épater la galerie.
d) UBS est intervenue en coulisse.
e) Santésuisse est intervenue en coulisse.
f) Economiesuisse est intervenue en coulisse.
g) _________(compléter) est intervenu(e) en coulisse.
h) UBS, santésuisse, economiesuisse et quelques autres sont intervenus en coulisse.
i) Les délégués des jeunes PLR n’étaient pas dans la salle au moment où l’assemblée parlait des jeunes.
j) Les caméras de la TV n’étaient pas dans la salle au moment où l’assemblée parlait des jeunes.
k) Les délégués des jeunes PLR n’ont pas voulu nuire à la belle unanimité de leur parti (il faut dire que ce pauvre en a bien besoin).
l) Les délégués des jeunes PLR ont voulu imiter l’UDC et ses fréquents re-re-revirements.
m) Autre raison:___________(compléter)
Plusieurs réponses sont possibles. Si vous avez une bonne idée pour g) et m), merci de l’indiquer. La meilleure réponse gagne une bouteille de Lavaux.
L’UDC rejoint le PLR dans la défense des abuseurs
Le parti de M. Blocher vient donc de tourner casaque sur l’accord Suisse-USA en faveur de l’UBS: Désormais, elle le soutient, avec les libéraux-radicaux. Que M. Blocher soit du côté des banques n’est guère étonnant, lui qui avait en son temps rêvé d’entrer au conseil d’administration de l’UBS ou qui avait soutenu son ami Martin Ebner dans ses multiples attaques spéculatives contre l’industrie. Mais il vaut la peine de se pencher sur la condition que l’UDC met à son revirement, plus surprenante quand on connaît son soutien à l’initiative «Minder» sur les rémunérations abusives: D’accord de servir la soupe aux grande banques, mais à condition qu’il n’y ait pas d’impôt sur les bonus excessifs.
Le parti d’extrême-droite prend donc clairement position en faveur des mécanismes qui ont provoqué la crise. Il apporte son soutien aux rémunérations abusives et souhaite donc que la loi de la jungle continue à régner dans le secteur bancaire. Il refuse que l’Etat, qui sera pourtant tôt ou tard appelé à nouveau pour sauver la mise des établissements à la taille disproportionnée, puisse fixer des conditions pour éviter que la crise ne recommence. Il est d’accord que les contribuables paient la note, mais souhaite laisser filer les vrais coupables, qui pourront continuer à s’enrichir de manière scandaleuse.
Une fois de plus, l’UDC fait le choix de privilégier d’une petite minorité, qui plus est une minorité aux agissements dangereux. Elle privilégie les intérêts des dirigeants de la place financière aux dépens de ceux du peuple. Fort heureusement, ce dernier aura la possibilité de désavouer la droite et de mettre le holà aux rémunérations abusives en acceptant l’initiative «Minder» et celle de la jeunesse socialiste «1 à 12».
Bärengraben
Ça devait finir par arriver. Occupé à rattraper sa carte naruto qu’un coup de vent a emporté, le petit Kevin Imobersteg est tombé dans la fosse aux ours. L’ours Grunt, récent chouchou du public et amateur de chair fraîche, s’est rué sur lui. Affolé, le Bärenwachtmeister Stämpfli téléphone au Kommandant von Graffenried, chef de la police municipale.
– Chef, z’est horribleu, il y a Grunt qui bouffe un betit gamin gui est tombé dans le Bärengraben!
-Pas de panik, Stämpfli, prozédure habituelle. Tu détournes l’attenzion de l’ours afec des karottes, etzetera. Et zi za fa pas, tu rappelles, iverstande?
– Jawohl Chef! Zu Befehl!
(…)
– Chef, z’est terribleu. Grunt ne veut pas lâcher le bueb. Pourtant, on a tout essayé, karottes, zaucisses, requérant d’asile pien dodu, nüt funktioniert.
– Pas de panik, Stämpfli, prozédure habituelle. Si le Bär ne réagit pas, tu peux tirer. Alors, tu vas chercher le fusil, tu le mets en joue et tu me rappelles. Klar?
– Jawohl chef! Zu Befehl!
(…)
– Chef, za y est, ch’ai l’ours dans mon fiseur. Autorzation de faire feu, chef?
– Désolé, Stämpfli, y’a Maîtreu Ponzet, l’avocat de Grunt qui a téléphoné entre temps. Il nous menace de poursuites judiciaires si on tire. En plus, si l’ours mange le gamin, z’est qu’il était mal nourri et l’avocat dit que za pourrait jouer contre nous au prozès. Tant pis pour le bueb. Rrrompez!
– Jawohl chef! Zu Befehl!
Chronique de politique chronique parue dans le Tromblon.
Privés de shopping!
«Les Romands privés de shopping le dimanche» titre aujourd’hui le cahier «économie» du «le Matin dimanche». Mais qu’ont-ils donc fait, ces pauvres Romands pour mériter pareille punition? Car, vu le ton, ça m’a tout l’air d’une punition: «T’es pas sage/ t’as pas fini ton assiette/ t’as pas été poli avec la dame/ t’as pas dit merci; alors, privé de shopping!»
Sauf que, les Romands ne sont pas privés de magasinage dominical, même si c’est ainsi qu’aime à le présenter la presse – souvent unanimement favorable à la libéralisation des heures d’ouverture (il faut dire que les pleines pages de pub des géants du commerce de détail, grands bénéficiaires d’une libéralisation, ça aide). Non, les Romands, que ce soit dans les urnes (Fribourg, Neuchâtel et, espérons-le, bientôt Genève) ou par leurs Parlements (Vaud, Valais), ont décidé non pas de se «priver de shopping», mais de continuer à s’accorder un jour de repos commun, consacré à la famille, aux amis, aux activités sportives ou associatives, ou tout simplement à ne rien faire. Ils ont aussi décidé de ne pas dégrader un peu plus les conditions de travail du personnel de la vente, soumis à des salaires très bas, des horaires très flexibles (travail sur appel, temps partiels imposés) et une quasi-absence de protection conventionnelle. Pas plus qu’ils ne gobent les promesses mirifiques de croissance et d’emploi qu’on leur fait à chaque fois qu’on parle de libéraliser les heures d’ouvertures des commerces, sachant bien qu’un franc dépensé le dimanche ne peut plus l’être la semaine.
Bref, réjouissons-nous de voir que la population ne soit pas prête à sacrifier sa qualité de vie à une consommation débridée. Et tant pis pour ceux prétendent que mettre un frein aux ouvertures dominicales, c’est seulement «priver les gens de shopping».
D’oh! (Ou: La critique sociale en dessin animé mérite-t-elle un avertissement?)
La diffusion des «Simpson» sur la chaîne alémanique SF2 sera désormais assortie d’un avertissement, indiquant que les moins de 12 ans feraient mieux de ne pas regarder. Pourtant le seul risque que courent ces chères têtes blondes est d’être confrontés à une des critiques sociales les plus pointues et pertinentes qui soient.
A regarder les Simpson (j’avoue, je suis un fan absolu), on en apprend notamment beaucoup sur les conséquences de la sous-couverture d’assurance-maladie (Simpsons roasting on an open fire, saison 1), de la destruction de l’environnement et du réchauffement climatique (On a Clear Day, i can’t see my Sister, saison 16), des délocalisations (Kiss-kiss-bang-Bangalore, saison 17), du vote électronique (Horror Show XIX, saison 20), de la crise des subprimes (No Loan Again, Naturally, saison 20), des inégalités scolaires (Lisa’s Sax, saison 9), des abus de la société de consommation et de la pub (Grift of the Magi, saison 11), des sectes (Faith Off, saison 11), de la privatisation des tâches de sécurité publique (The seven-beer snitch, Saison 16) etc. (bien entendu, cette liste est loin d’être exhaustive!).
Mais il y a aussi de beaux exemples de mobilisation syndicale (Last Exit to Springfield, saison 4), de l’intelligence des forces armées (G.I. D’oh, saison 18), ainsi qu’un magnifique décodage des méthodes de la droite xénophobe (Much Apu about Nothing, saison 7) et quelques belles satires électorales (Two Cars in Every Garage and Three Eyes on Every Fish, saison 2 ou Mr Spitz goes to Washington, saison 14).
Bref, que des problèmes auxquels il vaut mieux éviter de confronter les jeunes, qui auront tout le temps de les découvrir quand ils seront grands. C’est vrai que ça mérite un avertissement.
Ce que nous promet la révision de la LACI
Directive du SECO no X27-3000PI/28 à l’attention des offices cantonaux du chômage
Suite à la révision de la loi sur l’assurance-chômage (LACI), les procédures ont changé. Voici donc une marche à suivre pour vous y retrouver. Elle devrait être aussi très utile pour accélérer le traitement des demandes. En effet, nos services ont remarqué que, pour une raison que nous ignorons encore, les files d’attentes sont de plus en plus longues dans les ORP.
Merci de votre coopération.
Votre dévoué Secrétariat d’Etat à l’Economie
1. Le client est:
* Jeune, allez en 2
* Pas si jeune que ça, allez en 3
* Un vieux schnoque, allez en 9
2. Dites au client : «Alors, tu vas te décider à bosser, petit con?»
Si le client a:
* Moins de 25 ans, allez en 4
* Entre 25 et 30 ans, allez en 5
3. Dites au client: «Z’avez pas mieux à faire que de devenir chômeur, non?», puis allez en 6.
4. Dites au client: «Tu n’as plus droit qu’à 130 indemnités journalières au lieu de 400, ça la fout mal, hein?» Puis allez en 7.
5. Dites au client: «Tu n’as plus droit qu’à 260 indemnités journalières au lieu de 400. Ça t’apprendra à être jeune.» Puis, allez en 7.
6. Si le client a cotisé:
* moins de 12 mois: allez en 9
* plus de 12, mais moins de 18 mois: allez en 8
* au moins 18 mois: Dites au client: «Rien n’a changé, mais méfiez vous de la prochaine révision de la LACI! Au suivant!» (Fin de la procédure)
7. Dites au client: «Ah oui, au fait, tu es désormais obligé d’accepter n’importe quel emploi, même si ça n’a rien à voir avec ce que tu sais faire…». Puis, allez en 9.
8. Dites au client: «Vos prestations ont été drastiquement réduites, mais fallait bien économiser quelque part.» Puis, allez en 9.
9. Donnez au client l’adresse de l’aide sociale, puis dites-lui: «On ne peut rien faire pour vous, désolé, mais vous êtes foutu, au suivant!» (Fin de la procédure)
Chronique de politique chronique parue dans le Tromblon
Il paraît que qui paie commande…
Ça devient une manie. Investir des milliards de fonds publics pour sauver une entreprise privée de la débâcle où l’avait plongé la seule incompétence de ses managers néolibéraux, puis s’en désengager le plus rapidement possible. Sans avoir ne serait-ce que tenté d’exercer la moindre once d’influence, ni fait usage des droits que pourtant chaque investisseur mettant de telles sommes sur la table n’aurait de cesse d’exiger (en appliquant, lui, le slogan «qui paie commande»).
Il y a d’abord eu Swissair, dont le sauvetage – ou plutôt l’atterrissage un peu moins brutal que si on avait laissé faire le marché – a coûté 2 milliards de francs. Socialisation des pertes. L’on s’est ensuite empressé de céder à bas prix la compagnie qui lui a succédé à Lufthansa, pour que ce soit cette dernière qui encaisse les premiers profits. Privatisation des bénéfices.
Et voilà que ça recommence avec UBS. Plusieurs dizaines de milliards dépensés en quelques heures, pas le moindre début d’une volonté de veiller à ce que la banque utilise à bon escient l’argent public en ne retombant pas dans ses travers de course effrénée aux risques et aux boni, puis revente la plus rapide possible, avec pour seul argument que l’Etat n’a pas à détenir des participations dans le secteur privé. La revente dégage cette fois un petit bénéfice, certes, mais sans garantie qu’une nouvelle intervention publique au secours de la banque ne sera pas nécessaire d’ici quelques mois (intervention dont la probabilité sera d’autant plus élevée si – hors de tout contrôle public – UBS recommence à jouer au casino). Comme si l’idéologie néolibérale n’avait pas fait assez de dégâts ces derniers temps…
Moritz Leuenberger, conseiller fédéral assidu
Doyen de fonction du conseil fédéral, mon camarade Moritz Leuenberger semble plus que jamais vouloir s’accrocher à son mandat. C’est regrettable. D’autant plus qu’il commence à donner des signes de lassitude bien plus graves que quelques réflexions désabusées sur un blog: Il vient en effet d’avouer dans la presse dominicale alémanique que, parfois, il ne lit pas les documents des séances (du conseil fédéral) auxquelles il participe.
Bien entendu, ses adversaires politiques se sont empressés de condamner (dans le «Blick am Abend» d’hier (cf p. 2 du pdf) cette attitude désinvolte, inacceptable de la part d’un élu d’exécutif. La jeunesse socialiste les a à juste titre rejoint dans leur critique.
Pour Moritz Leuenberger, il est donc plus que temps de penser à démissionner. M. Couchepin, en fin stratège (pour une fois) a pensé à démissionner suffisamment de temps avant les élections fédérales pour que la personne qui lui succédera ait le temps de faire sa place et pour que ceux et celles qui auront postulé sans succès à son siège puissent se profiler et assurer leur réélection en 2011. Le PS aurait lui aussi bien besoin de sang neuf au sein du conseil fédéral. D’une part, parce qu’il dispose d’une relève compétente et d’autre part, parce qu’il aurait besoin du tremplin que représente un nouvel élu ou une nouvelle élue au gouvernement. Avec la récession qui prend de l’ampleur, la Suisse aura plus que jamais besoin d’un parti socialiste fort, car il n’y a que lui pour défendre efficacement les salariés, les retraités, les assurés. Or, le PS ne peut que souffrir d’un conseiller fédéral inactif (surtout s’il se ridiculise en avouant être inactif). A plus forte raison s’il détient un département permettant d’agir en matière d’écologie et ce alors que le PS a de la peine à rendre ses propositions en matière d’environnement visibles, notamment par rapport à celles –quasi similaires — des verts.
Passe-droit à la sauce UDC
Une éminente élue UDC accordant un passe-droit pour que l’employée de maison bulgare d’un haut fonctionnaire reçoive une autorisation de séjour que l’office fédéral des migrations, se basant sur la nouvelle législation sur les étrangers, ne veut pas lui donner? Allons, vous n’y pensez pas. Jamais une UDC ne s’engagerait pour l’accès d’une bulgare au marché du travail suisse; l’UDC s’est opposée à l’extension de la libre circulation des personnes à la Bulgarie. Et jamais une UDC ne se serait opposée aux décisions d’un office fédéral qui dépendait alors de son chef de file Christoph Blocher. Et puis d’ailleurs, jamais une UDC ne remettrait en cause une législation sur les étrangers largement inspirée des positions de ce parti.
C’est pourtant ce qui serait arrivé à Rita Fuhrer, conseillère d’Etat en charge de l’économie, proche de Christoph Blocher et égérie de l’aile dure zurichoise de l’UDC. Comme le rapporte aujourd’hui le Tages-Anzeiger (qui titre: « politique des petits copains »), Mme Fuhrer, outrepassant ses droits, serait intervenue personnellement pour que l’employée de maison bulgare (avant l’entrée en vigueur de l’extension de la libre circulation) du directeur du théâtre de la ville de Zürich se voie accorder une autorisation de séjour. Ce qui n’a pas été possible: L’office fédéral des migrations (qui dépendant à l’époque de M. Blocher) lui a rétorqué que cela serait illégal. A cause de la loi sur les étrangers, soutenue par l’UDC. N’ayant pas pu accorder l’autorisation de séjour, les services de Mme Fuhrer auraient ensuite, sciemment et sur l’ordre de la cheffe du département, ignoré ce cas de travail au noir. Ce qui fait désormais l’objet d’une plainte administrative.
Moralité, lorsqu’il s’agit d’accorder des passe-droits, l’UDC, même sa section zurichoise, est capable de violer la législation sur les étrangers qu’elle a elle-même contribué à durcir.