Suite à l’adoption d’une nouvelle législation fédérale, notre canton doit revoir de fond en comble sa loi sur la formation professionnelle. Un avant-projet a été mis en consultation à la fin de l’été dernier par notre conseillère d’Etat Anne-Catherine Lyon. Il est le fruit d’un long processus participatif, auquel ont été associés tous les acteurs de la formation professionnelle, notamment les partenaires sociaux.
La révision de cette loi est un enjeu majeur pour les socialistes, qui se battent depuis toujours pour l’accès de toutes et tous à la formation post-obligatoire. Ces dernières années, le taux d’accès a stagné au niveau Suisse : seuls 89% d’une classe d’âge accèdent au post-obligatoire. Ceux qui n’y parviennent pas sont particulièrement désavantagés sur le marché du travail. En effet, plus des deux-tiers des bénéficiaires de l’aide sociale n’ont pas continué leur formation au-delà de l’école obligatoire. La cause en est notamment la pénurie des places d’apprentissage. Dans notre canton de gros efforts ont été fournis et ils ont permis d’augmenter le nombre de places d’apprentissage de 35% depuis 2002. Cela n’est cependant pas suffisant pour faire face à la croissance démographique. Parallèlement, le nombre d’interruptions de contrat d’apprentissage a augmenté. La nouvelle loi vaudoise sur la formation professionnelle (nLVFPr) doit répondre à ces défis.
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Archives de catégorie : emploi/travail
Offensive fiscale socialiste – la droite rejette le salaire minimum vaudois
Ce matin, la majorité bourgeoise du grand conseil a rejeté l’initiative d’AGT pour l’introduction d’un salaire minimum légal. La gauche a tenté en vain de démonter tous les jugements préconçus qui règnent au sujet du salaire minimum, mais qui n’ont jamais pu être démontrés. Non, le salaire minimum ne nuit pas à l’emploi. Non, il ne provoque pas la fuite des entreprises. Non, il ne tire pas tous les salaires vers le bas. Non, il n’entrave pas le partenariat social.
Le grand conseil a raté une belle occasion de prendre une mesure concrète contre la sous-enchère salariale et contre le phénomène des travailleurs pauvres. Le groupe socialiste reviendra avec de nouvelles propositions.
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Le groupe socialiste a déposé aujourd’hui une série d’interventions parlementaires sur le thème de la fiscalité. Il a notamment déposé une interpellation sur les accords de «ruling», passé entre le canton et les multinationales concernant l’imposition de leurs bénéfices. L’intervention du président du Conseil d’Etat sur M6 au sujet des forfaits fiscaux a jeté le trouble sur cette pratique contestable et nous demandons que toute la transparence soit faite. Le principe de l’égalité devant l’impôt est très important et il faut veiller à ce que les citoyens qui paient normalement leurs impôts ne se sentent pas lésés.
Dans cette optique, le groupe socialiste a aussi demandé l’augmentation d’un tiers du nombre des inspecteurs fiscaux. Nous nous engageons pour le respect des lois et souhaitons que la «chasse aux abus» se concentre sur ceux dont l’ampleur et les conséquences sur la collectivité dans son ensemble sont les plus graves. La soustraction fiscale fait à n’en pas douter partie de cette catégorie. En effet, les sommes soustraites au fisc manquent pour financer des projets dont bénéficie l’entier de la population, fraudeurs compris. La soustraction fiscale est en outre une concurrence déloyale: les entreprises honnêtes se retrouvent désavantagées et leurs concurrents malhonnêtes profitent tout de même des infrastructures publiques auxquelles ils ne contribuent pas, ou pas comme la loi les y obligerait. Enfin, la soustraction fiscale choque l’immense majorité de gens honnêtes autant qu’elle les gruge et, si elle n’est pas punie, laisse planer un doute sur l’efficacité et l’équité des services de l’Etat. Lutter contre la soustraction fiscale est donc une lutte pour la démocratie et l’Etat de droit.
Les deux interventions: Interpellation ruling.pdf Postulat inspecteurs fiscaux.pdf
Pas de congé paternité pour le personnel de l’Etat de Vaud: dommage!
Le grand conseil a malheureusement jeté hier aux oubliettes une motion de l’ancienne députée PS Mariella Muri-Guirales qui proposait d’introduire un modeste congé paternité d’un mois (dont dix jours payés) pour le personnel de l’Etat. Pourtant, le congé paternité, soutenu par une part de plus en plus importante de la population, est l’expression de l’évolution de notre société et du marché du travail. Le partage des rôles dit traditionnel (maman aux fourneaux, papa au boulot) appartient au millénaire précédent et l’heure est tant une participation égale des pères à l’éducation des enfants et aux tâches ménagères qu’à l’intégration des mères sur le marché du travail. Le congé parental est aussi un moyen d’augmenter le taux de natalité.
Débat sur le salaire minimum vaudois dans «24 heures»
«24 heures» publie aujourd’hui un face-à-face qui m’oppose à la députée libérale Claudine Amstein, directrice de la chambre vaudoise du commerce et de l’industrie (CVCI) sur l’introduction d’un salaire minimum vaudois. Le Grand Conseil se prononce en effet prochainement sur une initiative parlementaire de Jean-Michel Dolivo (AGT) qui demande l’introduction d’un salaire minimum dans la constitution cantonale. Le salaire minimum est un instrument efficace pour lutter contre le phénomène des travailleurs pauvres (working poors), la sous-enchère salariale et le travail au noir. La majorité de la commission parlementaire (dont je suis le rapporteur) recommande d’accepter l’initiative. Mais les débats devant le plénum seront à n’en pas douter hauts en couleurs et leur résultat incertain. Et serré…
Le texte de Mme Amstein et le mien.
Pour en savoir plus:
Le rapport de l’OFS sur la pauvreté des actifs en 2007 (pdf)
Assurance-chômage: aux jeunes, aux vieux, aux faibles de payer?
Le chômage reste, selon le sondage annuel du crédit suisse, une des peurs les plus importantes des Suissesses et des Suisses. Cela n’a malheureusement rien d’étonnant, malgré la haute conjoncture. En effet, le taux de chômage a certes diminué de manière spectaculaire, mais la précarité (recours à l’aide sociale, travail temporaire, sur appel, sous-emploi, travailleurs pauvres, sous-enchère salariale, vides conventionnels, etc.) est en augmentation. Et les difficultés des jeunes et des plus de 55 ans à trouver un emploi restent conséquentes. Beaucoup ont donc peur de perdre leur emplois et ces craintes doivent être prises au sérieux. Le plein-emploi est en core loin.
Trois propositions du Conseil fédéral pour assainir l’assurance-chômage sont donc plutôt choquantes: l’augmentation de la durée de cotisation de 12 à 15 mois pour toucher 400 indemnités journalières, l’augmentation de la durée de cotisation pour bénéficier de 520 indemnités si l’on a plus de 55 ans et l’augmentation du délai d’attente de 6 à 12 mois pour les jeunes sans formation. Ces mesures s’en prennent à trois catégories des chômeurs particulièrement exposées et vulnérables: les travailleurs temporaires, les chômeurs âgés et les jeunes qui n’ont pas trouvé de place d’apprentissage. Or, il s’agit justement de trois catégories qui sont en augmentation, malgré la bonne santé du marché de l’emploi. Le nombre de travailleurs temporaires a pris l’ascenseur ces dernières années et il y a toujours plus de 23’000 jeunes en liste d’attente d’une place de formation. Quant aux difficultés des chômeurs de plus de 55 ans pour retrouver un emploi, elles sont de notoriétés publique. Augmenter la durée de cotisation et le délai d’attente avant de bénéficier des prestations de l’assurance-chômage, c’est exclure toujours plus de monde de cette assurance sociale et reporter les coûts sur l’assistance publique. En outre, les cantons auront droit à moins de moyens pour financer les mesures du marché du travail (3000 Fr. au lieu de 3500): les chômeurs auront donc droit à moins de prestations et les cantons à moins de moyens pour les aider à se réinsérer… Quant aux cantons les plus touchés par le chômage, ils ne pourront plus augmenter le nombre d’indemnités de leurs demandeurs d’emplois.
Cependant, les propositions du conseil fédéral ne sont pas toutes bonnes à jeter. En effet, l’augmentation des cotisations salariales, en particulier du pour-cent de solidarité prélevé sur les hauts salaires, va dans la bonne direction. Car nous devons utiliser la bonne conjoncture actuelle pour assainir l’assurance-chômage en prévision de la prochaine récession. Mais cela ne doit pas se faire sur le dos des (futurs) chômeurs et chômeuses.
RIP: repos dominical
Le Conseil des Etats vient d’accepter l’initiative parlementaire Wasserfallen, qui autorise quatre ouvertures dominicales des commerces sans qu’un besoin urgent soit établi. C’est une nouvelle tranche de la stratégie du salami, dont se servent les milieux économiques pour vider le congé du dimanche de sa substance. Défaits dans les urnes en 1996 alors qu’ils avaient tenté de généraliser le travail dominical, ils sont revenus à la charge par petites tranches, histoire de faire avaler la pilule plus facilement. Et malheureusement, force est de constater que ça fonctionne: Le travail du dimanche est désormais possible sans restriction dans les commerces des grandes gares, l’interdiction de travailler la nuit et le dimanche est tombée pour les apprenties et apprentis de moins de 20 ans et même de moins de 18 ans dans de nombreuses branches. Avec l’initiative Wasserfallen, les cantons pourront autoriser quatre dimanches de travail supplémentaires dans les commerces. Le personnel, qui tient à son dimanche de repos, y est fermement opposé, et cela d’autant plus que, plus on travaille le dimanche, moins on a droit à un supplément salarial. En effet, dès 6 dimanches travaillés par an, les salariés n’ont plus doit au supplément (Art.19 de la loi sur le travail), car ce n’est plus du travail dominical temporaire, mais du travail dominical régulier.
En outre, la majorité UDC-PDC-PRD du conseil des Etats a refusé la proposition de minorité qui voulait que les cantons qui autorisent le travail dominical soumette cette décision au référendum facultatif et à l’obligation de conclure une convention collective de travail pour mieux protéger les employés. Preuve en est qu’une fois de plus, la majorité bourgeoise n’a tenu compte que des intérêts patronaux.
Cette attaque contre le repos dominical, jour de congé commun à toute la population, est grave, car elle en annonce d’autres. Après le personnel de la vente, c’est la totalité des salariés qui risque de bientôt devoir faire une croix sur son repos du dimanche.
Ordonnance de protection des jeunes travailleurs: le conseil fédéral nous a bien c…
Vendredi passé, en plein session (et campagne électorale) le conseil fédéral a publié la version définitive de la nouvelle ordonnance 5 à la loi sur le travail (OLT 5) « protégeant » les jeunes travailleurs et travailleuses. Cette nouvelle ordonnance, censée mieux protéger les jeunes salariés, entrera en vigueur le premier janvier 2008, en même temps que l’abaissement de l’âge de protection. Dont elle était aussi censée atténuer les effest négatifs sur la santé des apprenti-e-s. Mais que pouic. Ces derniers ne seront pas mieux protégés. Sur ce coup, il faut bien dire que le conseil fédéral nous a vraiment bien eu.
Le grand conseil frappe un grand coup en faveur de l’égalité des salaires! Et soutient la Boillat.
Le grand conseil vaudois a adopté tout à l’heure la motion de la socialiste Fabienne Freymond-Cantone demandant que le Conseil d’Etat agisse avec plus de vigueur en faveur de l’égalité salariale entre femmes et hommes, dans l’administration cantonale, dans le para public et dans le cadre des marchés publics. Car de trop nombreuses salariées de l’Etat de Vaud sont victimes d’une discrimination salariale inacceptable. Le débat a révélé que l’égalité a encore du chemin à faire dans bien des esprits, notamment à droite. Nombreuses furent en effet les interventions de député-e-s bourgeois-e-s niant qu’il existe une discrimination salariale réelle. Mais les faits sont malheureusement têtus: En effet, plus de la moitié de la différence entre les salaires des hommes et des femmes (sur le même sujet) est due à des critères subjectifs, donc discriminatoires. La motion socialiste, que le Parlement a d’ailleurs refusé de transformer en un postulat moins contraignant pour le gouvernement, demande donc que le canton généralise le calculateur de salaires LOGIB, afin d’identifier la discrimination salariale. Car, si la Constitution et la loi fédérale sur l’égalité (LEg) interdisent cette discrimination, cette dernière n’en demeure pas moins difficile à traquer. L’emploi de LOGIB permettra de révéler les inégalités, puis des le corriger. Ce dont il faut se réjouir.
Le grand conseil a également soutenu (pour une voix!) la pétition de soutien à la Boillat à Reconvilier. La majorité du Parlement a admis que l’économie de marché –surtout depuis que le court terme y règne en maître– génère inéluctablement des abus, abus qui mènent à des pertes d’emplois et de savoir-faire. L’Etat, pour le moment fort démuni face au attaques scandaleuses de certains financiers contre notre place industrielle, se doit d’au moins mener la réflexion sur les moyens de contrer ces pratiques destructrices.
Débat télévisé sur les salaires et l’égalité salariale
J’étais hier soir l’invité d’infrarouge sur TSR 1. J’y suis intervenu sur le thèmes des salaires des salarié-e-s du service public et sur l’égalité salariale entre femmes et hommes.
(pour visionner l’émission, cliquer sur l’image)
Le débat ayant malheureusement changé de sujet suite à ma seconde intervention sur l’égalité entre femmes et hommes, je n’ai pas eu la possibilité de répliquer à ce qu’a dit Mme von der Weidt. Elle a prétendu à tort qu’il n’y a pas ou très peu de discrimination salariale. C’est erroné. Certes, une part de la différence entre les salaires des femmes et ceux des hommes est dû au moins bon niveau de formation des femmes et au fait qu’elle n’aient pas accès autant que les hommes aux fonctions dirigeantes. Ce qui est déjà une discrimination inacceptable en soi. En revanche, au moins la moitié de la différence salariale entre salariées et salariés (près de 20%, soit 1172 Fr. par mois au niveau du salaire médian!) est de la discrimination pure et simple. Il faut donc, comme le revendiquent les syndicats, soumettre toutes les grandes entreprises, y compris les administrations publiques, au test « LOGIB » pour traquer la discrimination salariale, puis la supprimer. L’USS revendique donc à juste titre une hausse de salaire supplémentaire de 1% pour les femmes, afin d’éradiquer cette discrimination choquante et… illégale.
Le dossier d’Unia sur l’égalité salariale.
Plains-toi pas c’est l’plein emploi!
C’est pas que la reprise de l’école ou du boulot, c’est la reprise tout court. Le chômage décroît, y’a d’la joie, c’est l’plein-emploi! Enfin, c’est ce que clament les manchettes, les responsables RH qui-ne-trouvent-pas-la-perle-rare, les chasseurs de tête qui n’ont jamais fait autant d’affaires, et enfin les salariés, ravis de toucher une prime parce qu’ils ont conseillé à leur patron d’engager la belle-sœur de leur petit cousin.
Alors, si c’est le plein-emploi, cela signifie que les chômeurs restants n’ont vraiment pas envie de travailler, ceux qui n’ont qu’un emploi temporaire sont tellement instables qu’ils seraient de toute façon incapables de conserver longtemps la même place et les travailleurs pauvres sont trop tire au flanc pour quitter leur emploi précaire pour un autre mieux payé. C’est pratique, le plein-emploi; Si t’as pas (assez) de boulot, c’est ton problème!
Sauf que… 160’000 chômeurs, 260’000 personnes en sous-emploi, 300’000 travailleurs pauvres, 700’000 pauvres, le travail temporaire multiplié par quatre en quelques années, ça ne fait pas très «plein» emploi, vous ne trouvez pas ?
Chronique de politique chronique parue dans le numéro 3 du Tromblon, qui tiendra un stand à l’occasion du festival international de BD de Lausanne, qui se déroulera s’est déroulé les vendredi 7 (14h – 20h), samedi 8 (10h – 20h) et dimanche 9 septembre (10h – 18h). Venez J’espère que vous êtes venu-e-s y découvrir une partie de la rédaction et certains dessinateurs à l’espace fanzine, sur l’esplanade du Flon!