Alors que les débats au plénum sur le vote électronique approchent, l’Organisation des Suisses de l’Etranger (OSE) se livre à un travail de lobby intensif contre la motion interpartis contre le vote par internet. Selon l’OSE et le rapport de minorité, les réticences soulevées par la motion, partagées par la majorité de la commission, ne pèseraient pas bien lourd face à la volonté légitime de faciliter l’accès au vote en Suisse aux Suisses de l’Etranger.
Certes, cette volonté est légitime et les efforts des autorités pour favoriser la participation électorale des Suisses de l’Etranger est à saluer. Cela dit, le vote par internet ne saurait être considéré comme une solution valable et l’OSE, plutôt que de défendre bec et ongle le vote électronique, ferait mieux de proposer des alternatives qui ne mettent en cause ni la sécurité du vote, ni la confiance que les citoyens placent en lui. Continuer la lecture
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Quelques commentaires à chaud sur le nouveau programme du PS
Les médias se sont déjà déchaînés contre le projet de nouveau programme du parti socialiste suisse. «Belles théories!» sont-ils ainsi nombreux à scander. Sur l’autre bord, l’extrême-gauche prédit déjà au PS «une rupture avec sa base». Ces attaques venant des deux bords démontrent que le projet est probablement beaucoup plus équilibré et sensé que ne veulent le laisser entendre nos contradicteurs. Dont certains, il faut le rappeler, font de la critique de tout ce que pourront faire ou dire les socialistes une de leur, si ce n’est leur unique raison d’exister.
Quoi qu’il en soit, le projet de nouveau programme mérite largement que l’on s’y penche sérieusement. Ne serait-ce qu’à cause de la place du PS, principale force de progrès social en politique Suisse depuis plus d’un siècle ou à cause du mode d’élaboration du programme: N’en déplaise à certains de nos contradicteurs, au PS, c’est en effet toujours la base qui a le dernier mot. Le projet de programme sera soumis pour consultation à l’ensemble du parti, et c’est un congrès qui décidera démocratiquement de son sort.
Voici donc un premier commentaire à chaud et non-exhaustif de ces propositions (à lire ici en pdf). Continuer la lecture
Répit de courte durée
Le Conseil fédéral a donc accepté la demande des cantons du Jura et de Genève d’augmenter temporairement à 520 (au lieu de 400) le nombre d’indemnités journalières de chômage. C’est une bonne nouvelle pour les chômeurs des cantons concernés, durement touchés par la crise (le canton de Genève se montrait d’ailleurs assez fataliste à ce sujet): bénéficiant plus longtemps des prestations de l’assurance-chômage, ils risqueront moins d’épuiser leurs droits et de devoir faire appel à l’aide sociale s’ils ne retrouvent pas d’emploi (ce qui risque d’être difficile dans une région où le taux de chômage est supérieur à la moyenne). Auparavant, les cantons de Berne (pour le Jura Bernois), Jura (pour une première période de 6 mois), Neuchâtel et Vaud avaient fait la même demande et obtenu gain de cause.
Malheureusement, ce répit pourrait bien être de courte durée. En effet la 4ème révision de l’assurance-chômage prévoit de supprimer purement et simplement cette possibilité. Pourtant, cette mesure a fait ses preuves et elle n’est pas entièrement à la charge de l’assurance-chômage, puisque les cantons y participent à hauteur de 20%. Elle tient compte de deux éléments: tout d’abord du fait que le chômage n’est pas un fléau équitablement réparti sur l’ensemble du territoire et que certaines régions sont plus touchées que d’autres. En outre, elle permet de soutenir temporairement des régions qui dépendent plus fortement d’un secteur économique durement touché par la crise, p. ex. l’industrie d’exportation. Cette mesure permet donc une gestion du chômage adaptée aux réalités locales et évite d’aggraver la crise dans les régions qui la subissent déjà de plein fouet. En effet, les chômeurs qui épuisent leurs droits et deviennent bénéficiaires de l’aide sociale voient leur pouvoir d’achat se réduire drastiquement.
Mais tout n’est pas encore perdu. Cette mesure déraisonnable peut être renvoyée à son expéditeur avec une simple signature, puis un simple bulletin de vote, grâce au référendum lancé par les syndicats et le PS.
Référendum contre les coupes dans l’assurance-chômage: c’est parti!
Au départ, une révision de la loi sur l’assurance-chômage (LACI) trop optimiste: En 2002, le financement de l’assurance-chômage (AC) a été modifié en se basant sur des prévision de chômage sur l’ensemble d’un cycle conjoncturel irréalistes (100’000, alors que le taux moyen sur l’ensemble du cycle tourne plutôt aux alentours de 125’000). Les partis bourgeois, emmené par M. Couchepin, ont donc fait accepter une baisse des cotisations paritaires de 3 à 2%, malgré le fait que ce niveau de prélèvement avait permis un assainissement rapide de l’AC. Quelques années plus tard, la note est salée: Les dettes de l’AC dépassent 7 milliards de francs.
Le conseil fédéral a donc décidé d’assainir l’AC. Mais, même si la Confédération est capable d’aligner les milliards sans poser de questions lorsqu’il s’agit d’aider les banques à verser de nouveaux bonus, il s’agit cette fois de faire payer la quasi-totalité de la note aux salariés et aux chômeurs. Et le gouvernement n’y est pas allé de main morte. Continuer la lecture
Haras… les mottes
D’un côté, il y a le chef du département fédéral des finances, le libéral-radical Merz, qui, qui n’en est pas à son galop d’essai en matière de coupes budgétaires. Avec le plein soutien du groupe libéral-radical des chambres, tellement engoncé dans ses œillères du «moins d’Etat» qu’exiger une diminution des dépenses publiques est pour ainsi dire devenu le dada. Et qui ne peut donc que piaffer d’impatience à l’annonce du nouveau train de mesures d’économie annoncé par le conseil fédéral (économiser 1,5 milliard alors qu’on fait 2,7 milliard de bénéf’… cherchez la logique).
Et de l’autre, il y a tous les parlementaires libéraux-radicaux de la Broye, qui ne semblent pas se réjouir autant de ces nouvelles mesures d’économie. En effet, dès qu’une d’entre elles, la suppression du haras fédéral d’Avenches, a été rendue publique (de manière plutôt cavalière il est vrai), ils sont montés sur leurs grands chevaux pour défendre, mors aux dents, cette vénérable institution et condamner sa suppression qu’ils jugent «brutale» et «irréfléchie». Quel camp tournera sa bride lors de la prochaine assemblée du PLR?
Chronique de politique chronique parue dans le Tromblon.
Et maintenant, les retraités!
L’avenir des retraites est au cœur de l’actualité. Une tentative d’affaiblir le 2ème pilier à peine repoussée, la discussion se focalise sur le 1er, l’AVS. Après s’être attaqués aux actifs en tentant de baisser leurs futures rentes LPP, les partis bourgeois s’en prennent désormais aux retraités. Sur la table: une limitation de l’indexation des rentes au renchérissement, donc une diminution de leur pouvoir d’achat.
Les partisans de l’affaiblissement des assurances sociales ont commencé par tenter de monter les retraités contre les actifs, en prétendant que l’on puise dans le capital de prévoyance des retraités actuels pour assurer celui des futurs retraités. Fort heureusement, cet argument qui ne reposait sur aucune base sérieuse n’a pas pris et l’ampleur du rejet de la baisse des rentes démontre que les retraités ont en majorité voté en faveur des actifs.
Nouvel objet, nouveaux arguments, mais la stratégie reste la même: monter les actifs contre les retraités. Continuer la lecture
Les casseurs de prix allemands pris au piège de la sous-enchère
En Allemagne, la question des salaires minimaux a longtemps été taboue, y compris du côté syndical. L’opinion dominante était alors que l’Etat n’avait pas à se mêler du partenariat social, grâce auquel patronat et syndicats garantissaient des salaires minimaux de branche convenables. Puis est venue la montée en force du travail précaire (souvent encouragée par des réformes sociales peu pertinentes), la perte d’influence syndicale et l’augmentation du nombre de salariés non-couverts par des conventions collectives. La question des salaires minimaux est donc arrivée en force et a reçu un soutien syndical décidé. Elle vient de recevoir un autre soutien, plus inattendu: celle du casseur de prix du commerce de détail Lidl.
Pourtant, Lidl (de même que son comparse Aldi) n’est pas connu pour être favorable à ses employés. Au contraire, c’est avant tout sur leur dos qu’il casse les prix: bas (voire très bas) salaires, contrats précaires, surveillance constante – par vidéo jusque dans les toilettes, harcèlement, non-respect de la liberté syndicale, aucune négociation, etc. Et ces pratiques détestables ont malheureusement fait tache d’huile dans l’entier de la branche (et menacent aussi notre pays, où Lidl et Aldi s’implantent). Conséquence: si les prix dans le commerce de détail ont effectivement baissé, c’est au prix de conditions de travail inacceptables et, si création d’emplois il y a eu, ce sont surtout des travailleurs pauvres (ou working poors), dépendants de l’assistance publique. A tel point que la spirale de sous-enchère est devenue intenable, même pour ceux qui l’ont sciemment provoqué.
Les casseurs de prix ont donc été pris à leur propre piège. Au point d’abandonner un des dogmes les plus tenaces de la politique néolibérale de l’emploi, à savoir que l’Etat n’aurait pas à se mêler des rapports de travail, en particulier de la politique salariale. Dogme qui ne résiste décidément pas à la réalité actuelle du monde du travail.
Le «libre choix» de l’école prend l’eau de toute part
Il n’y a pas que les assureurs privés et leurs sbires de l’UDC, du PLR et du PDC qui se sont pris une bonne gifle dans les urnes hier. Il y a eu aussi les partisans de la privatisation de l’école, le «lobby parents suisses». Qui, après Bâle-Campagne et ses 79% de «non» au «libre choix de l’école», a vu une autre de ses initiatives demandant l’introduction d’un financement public des écoles privées et du libre choix de l’école primaire sombrer corps et biens avec plus de 83% de «non», dans un canton très marqué à droite. C’est pourtant à droite qu’elle avait reçu le plus de soutien, notamment à l’UDC, au PLR et à l’UDF.
La campagne du «lobby parents» en faveur du bon scolaire ou chèque-éducation est donc en train de se transformer en fiasco. Deux initiatives ont déjà été balayées dans les urnes. Ses initiatives lancées dans les cantons de ZH, BS, SG et SO devraient à n’en pas douter subir le même sort. Et, dans le canton de Vaud, ses velléités de lancer une initiative populaire se sont, suite à la déconvenue bâloise, transformées en une simple pétition (que le Grand conseil aura à traiter ces prochaines semaines). L’école publique a donc encore de beaux jours devant elle.
Réponse du Conseil d’Etat à mon interpellation sur les faux indépendants
En dernier, j’avais interpellé le Conseil d’Etat suite à un appel d’offre du SDT ouvrant la porte à l’engagement de faux indépendants par le Canton. Le Gouvernement a publié aujourd’hui sa réponse à cette interpellation:
http://www.bicweb.vd.ch/seance.aspx?pObjectID=327761&date=03.03.2010
Liens direct vers la réponse: http://www.publidoc.vd.ch/guestDownload/direct?path=/Company%20Home/VD/CHANC/SIEL/antilope/objet/CEGC/R%C3%A9ponse%20du%20CE/2010/01/334569_09_INT_296_Texte%20adopt%C3%A9%20par%20CE_20100304_776752.pdf
Un commentaire détaillé suivra.
Loi sur l’assurance-chômage: le Conseil des Etats n’a pas adouci sa position
S’il y a bien une idée qui est tenace en ce moment, c’est que le Conseil des Etats vient de faire une fleur aux jeunes chômeurs, en n’approuvant pas toutes les mesures discriminatoires que le Conseil national leur avait réservé dans le cadre de la révision de la loi sur l’assurance-chômage (LACI). Ainsi, le site de la RSR titrait «Chômage: Les Etats pour un projet édulcoré». Les jeunes chômeurs, dont le nombre a explosé avec la crise (+80%!), peuvent-ils pour autant respirer? Que nenni.
Car si la chambre des cantons a quelque peu revu la copie de la chambre du peuple sur quelques points, elle n’en a pas moins durci sa propre position. Revenons sur l’historique du projet. Continuer la lecture