Le PLR (fait semblant de) s’intéresse(r) au numérique.

Quand j’ai appris que le PLR allait adopter une prise de position consacrée aux défis du numérique et de la digitalisation de l’économie, je me suis réjoui de pouvoir en débattre. En effet, il était temps que ce parti de gouvernement se penche enfin sur ces questions importantes, même si c’est un an après le PS, qui a adopté un vaste papier de position sur les questions politiques liées à internet en décembre 2015.

Mais, à la lecture de cette prise de position, quelle déception ! Non pas pour des questions de fond. Au contraire, j’aurais adoré quelques propositions bien tranchées sur lesquelles le débat aurait été possible. Et certainement passionné. Continuer la lecture

Nouvelle loi sur le renseignement (LRens): inefficace contre le terrorisme, nuisible pour nos libertés 

Comme toutes les lois estampillées « lutte contre le terrorisme », la nouvelle Loi sur le renseignement (LRens) sert surtout à renforcer la surveillance préventive de masse, grâce à des moyens invasifs que le Service de Renseignement de la Confédération (SRC) peut mettre en oeuvre sur la base de simples soupçons ou grâce à l’« exploration du réseau câblé », qui permet de surveiller l’entier des communications électroniques, y compris le flux internet Suisse-Suisse (qui transite souvent par des serveurs étrangers). Ces mesures restreignent beaucoup plus les libertés fondamentales qu’elles ne permettent de lutter contre le terrorisme. Continuer la lecture

La saga de la page facebook (1/2; carnet de campagne, épisode 1)

Comme cela fait quelques temps que j’ai atteint la limite fatidique de 5000 « ami-e-s » sur facebook, je me suis résolu à transformer mon profil en page, ce qui permet un nombre de contacts illimité. Ce qui devait être une opération facile s’est avéré beaucoup plus ardu que je ne le pensai, n’a pas donné exactement le résultat annoncé et m’a permis d’en apprendre un peu plus sur le fonctionnement du plus grand réseau social au monde (même si ça reste très opaque). L’histoire mérite donc d’être racontée. A vous de juger si elle mérite d’être lue ! Continuer la lecture

Quelques préjugés sur la protection des données personnelles

Les données personnelles sont l’or du XXIème siècle dit-on. L’ancienne commissaire européenne à la protection des consommateurs Meglena Kuneva les considère à juste titre comme « le pétrole de l’Internet » et « la monnaie du monde digital ». S’il est difficile d’évaluer exactement leur valeur, il est possible de s’en faire une idée lorsqu’on constate la capitalisation boursière et le bénéfices des grandes entreprises de l’Internet, dont le capital est essentiellement composé… des données personnelles de leurs utilisateurs (obtenues souvent grâce à un « travail » gratuit de ces derniers). Par exemple, des chercheurs du McKinsey Global Institute ont évalué en 2011 que le big data générerait 300 milliards de USD de création de valeur rien qu’aux USA, un chiffre en augmentation de 40 MiaUSD par an ! En Europe, la valeur totale des données personnelles des consommateurs était évaluée à 315 milliards d’Euros en 2011 par le Boston Consulting Group, qui estimait que cette valeur pourrait atteindre 1000 milliards en 2020 !

Si les données personnelles ont autant de valeur, il est important que ceux qui les génèrent, vous, moi, tous les utilisateurs, en restent ou en (re)deviennent les maîtres. Cela passe d’abord par une prise de conscience de leur importance et de leur valeur. Or, de nombreux préjugés circulent à ce sujet. Ce billet a donc pour but d’en démystifier quelques-uns. Ce qui devrait aussi contribuer à renforcer l’évidence d’un renforcement de la loi sur la protection des données comme le préconise le groupe d’expert mandaté par le Conseil fédéral !

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« Control by design »: Renforcer les droits de propriété pour empêcher les connexions indésirables.

Les objets connectés – l’«internet des objets» – connaissent un essor sans précédent. De nombreux objets de la vie quotidienne peuvent ainsi être connectés à internet, aux réseaux de téléphonie ou à d’autres réseaux. Parfois, ils le sont par défaut, sans que leur propriétaire n’en sache rien, voire, en ayant été informé, ne puisse supprimer une connexion indésirable. Les objets connectés sont très divers: Outre les téléphones intelligents, on trouve par exemple des ustensiles électroménagers (sèche-cheveux, frigo), des véhicules, des bâtiments ainsi que des lunettes multifonctions (p. ex. Google Glasses). Continuer la lecture

Les nouveaux défis de la protection des données doivent s’aborder dès la conception

La protection des données n’a pas uniquement gagné en importance à cause de l’interconnexion galopante ou des nombreuses tentatives d’espionnage de masse. L’essor de l’informatique en nuages (cloud computing) montre aussi que notre forte protection des données est un avantage concurrentiel supplémentaire pour notre pays. Mais nous devons prendre garde à ne pas nous faire marginaliser : L’UE est en effet en train de renforcer sa directive sur la protection des données et la Suisse pourrait bientôt perdre son statut de pays sûr en la matière. Nous devons donc nous aussi renforcer la protection des données personnelles.

Un vrai renforcement passe cependant par un changement de paradigme : ce ne sont plus les utilisateurs seuls qui doivent se charger de la protection de leurs données. Ceux qui proposent des services en ligne ou produisent des objets connectés doivent aussi avoir leur part de responsabilité, et ce dès la conception ou le développement desdits services et objets. Continuer la lecture

Privacy by design / by default – Inverser la logique de protection des données en faveur des utilisateurs

J’ai déposé cette semaine au Conseil national deux postulats demandant au Conseil fédéral d’étudier l’opportunité d’inscrire dans la loi sur la protection des données, qui devrait être révisée à partir de l’an prochain, les concepts de protection des données dès la conception (privacy by design) et de protection des données par défaut (privacy by default). Il s’agit d’inverser la logique qui prévaut actuellement et de donner la priorité à la de protection des données. Le plus haut niveau de protection possible doit être garanti par défaut et non plus sur demande des utilisateurs comme c’est souvent le cas aujourd’hui. Et lorsqu’une nouvelle technologie est créée, la question de sa compatibilité avec la protection de la sphère privée doit se poser dès la conception et pas seulement une fois les problèmes concrets apparaissent. Continuer la lecture

«Accord» fiscal avec les USA: Les partenaires sociaux ont pris leurs responsabilités

L’an passé, la livraison de données de milliers de collaborateurs de banques aux USA avait à juste titre provoqué un tollé. Des employés de base, souvent sans le moindre lien avec la clientèle étatsunienne et qui n’avaient pas encouragé l’évasion fiscale, se retrouvent jetés en pâture à des autorités dont on connaît les méthodes parfois brutales. Plus choquant encore, ces employés payent pour des erreurs que leurs dirigeants n’auraient jamais dû commettre: Depuis l’affaire UBS, il était clair que tenter d’attirer l’évasion fiscale ne pouvait mener qu’à des catastrophes. Continuer la lecture

Les internautes suisses ont aussi droit à l’oubli numérique

J’ai déposé un postulat pour charger le Conseil fédéral d’étudier l’opportunité d’ancrer et/ou de préciser dans la législation un droit à l’«oubli numérique», en particulier en ce qui concerne les réseaux sociaux et les moteurs de recherche sur internet. Il étudiera en outre comment en faciliter l’usage par les consommateurs.
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