Lors des discussions à propos des nouvelles lignes de bus longue distance destinées à concurrencer les CFF à des conditions de qui relèvent de la sous-enchère, un argument m’a particulièrement frappé : « des transports à bas prix, c’est bon pour les pauvres, qui pourront enfin se déplacer sans se ruiner en billets de train ». L’argument est même venu d’une ancienne collègue syndicaliste, qui négociait avec les grandes enseignes du commerce de détails connues pour leurs très bas salaires, et à qui il ne serait jamais venu à l’idée (en tout cas à l’époque) de revendiquer des baisses de salaire pour le personnel des grandes surfaces, au motif que cela permettrait de « baisser les prix et rendrait donc service aux pauvres ». C’est vrai qu’à première vue, l’argument peut sembler pertinent. Il est vrai que le prix des transports publics est trop cher pour certains. D’aucun peuvent donc en tirer la conclusion qu’il faut le baisser en privilégiant les offres à bas coûts, quitte à pour cela générer une concurrence sauvage dont les autres prestataires de service public feront les frais. Mais cette argumentation – outre le fait qu’elle vient souvent de personnes qui se soucient comme d’une guigne des pauvres et de leur sort – est bancale pour deux raisons. Continuer la lecture
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Le coût réel (et astronomique) de l’initiative sur le service public
L’initiative prétendument « en faveur » du service public veut interdire aux entreprises du service public de viser un but lucratif. Cela part d’une bonne intention, mais enfonce aussi des portes ouvertes en ce qui concerne les CFF, qui réinvestissent déjà tous leurs bénéfices et ne distribuent pas de dividende. Mais, concrètement, cela pourrait surtout avoir des conséquences importantes sur les finances publiques en provoquant des baisses importantes de recettes et des dépenses extraordinaires colossales. Continuer la lecture
L’initiative sur le service public ne baissera pas les salaires que l’on croit
L’initiative prétendument « en faveur du service public » contient un point intéressant (même s’il ne justifie en aucun cas que l’on accepte cette initiative trompeuse) : la limitation des salaires des employés des entreprises publiques. Le texte de l’initiative dit : « La Confédération veille à ce que les salaires et les honoraires versés aux collaborateurs de ces entreprises ne soient pas supérieurs à ceux versés aux collaborateurs de l’administration fédérale. ». Le but est d’éviter que les dirigeants de swisscom, de la Poste ou des CFF ne gagnent plus qu’un conseiller fédéral. Cela part d’une bonne intention, car il n’y a pas de raison valables, d’une part pour que ces salaires soient si élevés (1,8 million pour le directeur de swisscom, environ 1 million pour les dirigeants des CFF et de la Poste) et d’autre part pour que ces gens gagnent autant qu’un membre du gouvernement fédéral devant assumer des responsabilités bien plus importantes. Mais cette disposition, mis à part le fait qu’elle ne prévoit pas qu’un dirigeant d’entreprise publique gagne moins qu’un conseiller fédéral, pourrait avoir des effets pervers, qui justifient encore plus que l’on vote non. Continuer la lecture