L’égalité? Encore?

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Lorsqu’on parle d’égalité des sexes, on nous rabâche souvent que «l’égalité femmes-hommes est atteinte», que «c’est entré dans les mœurs», que «pour les jeunes générations, ça va de soi», que «le féminisme, c’est ringard», que «les victimes d’inégalités, aujourd’hui, ce sont surtout les hommes (âge de la retraite plus tardif, service militaire, garde des enfants en cas de divorce etc.)», qu’«on a un article constitutionnel, une loi, le droit de vote et que ça suffit comme ça», qu’il y a «d’autres enjeux plus importants», etc., etc.
Voici quelques chiffres pour nous rappeler que le combat pour l’égalité est loin d’être terminé et à quel point la mobilisation pour le 14 juin (c’est demain) est nécessaire. Continuer la lecture

Allocation universelle: panacée ou miroir aux alouettes?

Un titre en forme de question, afin de lancer un débat qui est en train de prendre de l’ampleur et sur lequel mon opinion n’est pas définitivement arrêtée (je compte d’ailleurs sur vos commentaires pour l’approfondir! 🙂 ): l’allocation universelle, ou revenu inconditionnel garanti ou encore revenu de base.

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Motion: Favoriser la révélation des faits répréhensibles, mieux protéger les lanceurs d’alertes (whistleblowers)

Plusieurs événements récents ont montré l’importance des lanceurs d’alerte (ou dénonciateurs, en anglais: whistleblowers). Sans informations données par des personnes à l’interne, des faits répréhensibles commis au sein d’administrations publiques ou d’entités parapubliques n’auraient pas pu être découverts.
Cependant, les lanceurs d’alertes sont très mal protégés. En effet, ils risquent souvent des représailles, pouvant aller jusqu’au licenciement, en passant par la «mise au placard» ou le harcèlement psychologique, car on leur reproche d’avoir violé leur devoir de fidélité envers leur employeur. Or, en «lançant l’alerte», ils ont au contraire voulu faire preuve de loyauté. En outre, durant la procédure permettant d’établir qu’ils ont bel et bien rendu service à leur employeur en dénonçant un fait répréhensible, ils sont souvent injustement mis au ban de leur profession et peinent à retrouver un emploi.
Toutefois, une amélioration de la protection des lanceurs d’alertes ne va pas sans quelques règles pour éviter les dénonciations abusives. Ainsi, il faut veiller à ce que des possibilités de dénoncer irrégularités et faits répréhensibles existent à l’interne, pour éviter que l’opinion publique ne soit immédiatement alertée. Il convient aussi d’éviter les dénonciations qui ne sont pas faites de bonne foi, ou, pis, dans l’intention de nuire. De nombreuses entreprises publiques et privées ont ainsi créé des instances internes indépendantes auxquelles les dénonciateurs peuvent s’adresser en toute confidentialité, avec l’assurance que les dénonciations seront traitées sérieusement.
L’Etat de Vaud ne dispose pas de telle instance, par plus que d’une disposition protégeant les dénonciateurs de bonne foi. Or, l’administration cantonale a intérêt à ce que les éventuels faits répréhensibles qui pourraient être commis par ses agents soient rapidement découverts. L’administration fédérale a fait ce pas depuis peu et s’est doté d’une disposition protégeant les lanceurs d’alerte: l’art. 22a LPers, en vigueur depuis le 1er janvier de cette année. Le canton de St. Gall a fait de même en adoptant l’art. 62 de la nouvelle loi cantonale sur le personnel (Personalgesetz du 1er décembre 2010, pas encore entré en vigueur). Le canton de Zürich envisage lui aussi d’introduire une telle disposition pour l’administration cantonale et communale, comme le lui a recommandé un audit du Prof. G. Müller suite à un cas de corruption au sein de la caisse de pension cantonale.

Par la présente motion, nous avons donc l’honneur de demander au Conseil d’Etat de prévoir
1. une instance indépendante permettant la dénonciation interne de faits répréhensibles découverts par le personnel de l’administration cantonale;
2. une disposition protégeant efficacement les lanceurs d’alertes dans l’administration cantonale. Cette disposition définira en outre à quelles conditions ces derniers peuvent être protégés (en particulier: bonne foi, dénonciation d’abord à l’interne).

(motion déposée le 24 mai 2011 au Grand Conseil)

L’UDC veut de la sous-enchère salariale

Au détour d’un entretien donné au «Temps», le stratège de l’UDC M. Blocher met les cartes sur la table: Il déclare ouvertement soutenir la suppression des contrôles salariaux dont l’objectif est de lutter contre la sous-enchère. Il souhaite donc laisser libre cours aux patrons sous-enchérisseurs. Et se moque pas bien mal de la baisse des salaires que cela entraînerait. Il évoque aussi son hostilité à ce qui pourtant garantit un bon niveau salarial dans les branches qui en bénéficient: les convention collectives de travail (CCT). Continuer la lecture

L’horaire du car postal dira bientôt «Lavaux»

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Quelle ne fut pas ma surprise de tomber sur une monumentale erreur de l’horaire de la ligne de car postal Cully-Chexbres-Puidoux (qui faisait d’ailleurs partie des lignes menacées par l’hystérique politique d’austérité du département fédéral des finances), intitulée: «ligne du Lavaux» (voir la photo).

Or, il faudrait écrire «ligne de Lavaux».
Lavaux s’écrit en effet sans article, car ce mot, qui vient de « la vaux (la vallée) de Lutry», en contient déjà un et se comporte comme «La Vallée». On dit donc: «de Lavaux», «à» ou «en Lavaux», mais pas «du Lavaux» ou «au Lavaux» pour parler de la région. « Le » Lavaux, c’est le vin de Lavaux.
Ce n’est malheureusement pas la première fois que cette erreur est commise. Tous les médias y ont par exemple passé, des journaux locaux «Le Régional», «24 heures», et «La Liberté» jusqu’au magazine des CFF «via».
J’ai donc écrit à «car postal» pour signaler le cas. La réponse m’est parvenue le lendemain et la filiale de la Poste assure que l’erreur sera corrigée lors de l’entrée en vigueur du nouvel horaire, en décembre prochain. Voilà qui mérite d’être salué.

La bonne vielle ficelle des prestations «exportables»

Le projet de loi est très clair sur le sujet: ni les PC familles, ni les rentes-pont ne sont exportables à l’étranger. Pourtant, les opposants à des conditions de vie décentes pour les familles de travailleurs pauvres et les chômeurs âgés persistent à clamer sur leurs multiples affiches et annonces que le contraire serait vrai. L’UDC est bien entendu à la pointe de ce combat, elle qui n’en est pas à son coup d’essai de faire croire qu’une prestation sociale profite avant tout aux étrangers, pour mieux inciter les Suisses à la refuser, ou, on l’a vu dans le cas de la loi sur l’assurance-chômage, à l’affaiblir. Remettons les choses au point. Continuer la lecture

Rentes-pont: La dignité pour les chômeuses et chômeurs âgés

Les personnes qui perdent leur emploi à un âge avancé ont peu de chance d’en retrouver. Le taux de chômage des plus de 60 ans est en effet beaucoup plus élevé que celui des autres classes d’âge. Même s’ils refusent toute forme de retraite flexible, les employeurs ont plutôt tendance à ne pas engager les travailleurs de plus de 55 ans. Souvent parce qu’il privilégient la productivité à l’expérience, ou craignent des coûts de 2ème pilier plus élevés. Or, les assurances sociales n’offrent qu’une protection très lacunaire aux chômeurs âgés. Continuer la lecture

Les adversaires du salaire minimum ont-ils un autre exemple que la France ?

Les adversaires du salaire minimum (dernière en date: Claudine Amstein) n’ont qu’un seul exemple à la bouche lorsqu’ils tentent de faire croire que le salaire minimum 1. tire tous les salaires vers le bas et 2. provoque du chômage. «Voyez la France!» clament-ils, «son taux de chômage astronomique!», «le pays où tout le monde est au SMIC!» (n’exagérons tout de même pas: même si c’est un nombre important, il ne s’agit que de 15% des salariés), etc., etc.
Or, comme tous les autres pays qui connaissent le salaire minimum ont fait des expériences positives avec cet instrument pour garantir des salaires décents, c’est le seul exemple qu’ils sont capables de dénicher pour attribuer au salaire minimum tous les maux possibles et imaginables. Et, manque de chance, cet unique exemple est en plus particulièrement mal choisi, car SMIC et salaires minimaux tels qu’ils existent en Suisse (p. ex. les salaires minimaux des CCT ou des CTT obligatoires) ne sont pas vraiment comparables. Voici deux différences fondamentales: Continuer la lecture

Franz Weber: deux, Lavaux: zéro?

Le Grand Conseil s’apprête à examiner la révision de la Loi sur la protection de Lavaux (LLavaux). Une révision nécessaire pour trois raisons: Il s’agit en premier lieu d’améliorer la protection de ce site exceptionnel, de tenir compte ensuite de son inscription au patrimoine mondial de l’UNESCO et enfin de répondre aux critiques lancinantes de Franz Weber comme quoi «Lavaux se dégraderait inexorablement et les autorités ne feraient rien». Ces arguments ont présidé au lancement de l’initiative «sauver Lavaux 3». Or, si les deux premières initiatives «sauver Lavaux» étaient indéniablement nécessaires et ont fortement contribué à la sauvegarde du site, la 3ème initiative n’est rien d’autre qu’une tentative de mettre la région sous cloche en figeant totalement son développement, et par là-même son existence. Fort heureusement, la Cour constitutionnelle a invalidé cette initiative jusqu’au-boutiste. Continuer la lecture

Un projet sans nouvel «effet de seuil»

Tous s’accordent à dire qu’en matière de politique sociale, il convient d’éliminer les «effets de seuil». Ils sont induits par des limites de revenu dans les barèmes qui conditionnent l’octroi des prestations et ont pour conséquence négative que les personnes dont le salaire dépassent le seuil se retrouvent dans une situation financière moins bonne qu’avant, même si leur revenu est censé être supérieur.
A peine les effets de seuil ont-ils été éliminés dans l’aide sociale vaudoise que les milieux patronaux souhaitent en introduire de nouveau. Continuer la lecture