Les gendarmes doivent-ils servir et se taire?

Les syndicats de gendarmes vaudois n’ont pas fait que des heureux en lançant l’initiative dite «opération d’Artagnan» pour une police unifiée (que je soutiendrai à titre personnel). Vu l’ampleur d’une telle réforme et les changements en profondeur qu’elle implique, on peut sans problème l’imaginer. Ce qui est en revanche plus surprenant, c’est la façon qu’ont certains de se plaindre que les gendarmes participent ainsi au débat démocratique. Ainsi, on a pu lire et entendre de nombreux députés de tous bords (radicaux, UDC, socialistes) avant (voir cet article du Temps évoqué sur politis.ch – le blog de Lyonel Kaufmann) et pendant les débats parlementaires de déplorer que les gendarmes soient «allés trop loin», ou qu’ils aient carrément «outrepassé leur devoir de loyauté» en «développant une logique propre et indépendante» dans un contexte de manifestations, grève des amendes et de négociations salariales plutôt musclées. Et un député UDC de clamer aujourd’hui que les gendarmes auraient dû purement et simplement «se soumettre à leurs supérieurs et retirer leur initiative». Allons bon!

«D’Artagnan» a eu le mérite de débloquer plusieurs années d’atermoiement en matière de police. Alors que les cantons voisins ont su faire le choix de la police unifiée, la discussion vaudoise s’enlisait. Ce débat, ce sont les gendarmes qui l’ont provoqué. En cela, ils n’ont ni fait preuve de déloyauté, ni fait pression sur les élus, ni développés une logique propre. Ils ont tout simplement fait une proposition crédible (le fait que le Conseil d’Etat se soit senti obligé d’y opposer un contre-projet le prouve – quel que soit l’avis que l’on puisse avoir sur le fonds) sur un sujet qu’ils connaissent de près. Pour un syndicat, quoi de plus normal en effet que de participer au débat public en faisant usage des droits démocratiques? Cela ne les empêchera pas, quels que soient le déroulement de la campagne et le résultat de la votation, de faire preuve la loyauté envers le pouvoir politique qu’exigent les règles de l’Etat de droit.

L’UDC vote – de nouveau – contre la sécurité

Habituée à faire de la sécurité son fonds de commerce, l’UDC a été une nouvelle fois prise la main dans le sac. Cet après-midi au grand conseil, la totalité du groupe UDC a refusé d’augmenter de 6 postes l’effectif de la police cantonale (proposé par le parti socialiste). Le parti de M. Blocher a beau prôner plus de sécurité à tout bout de champ, quand il s’agit de dépenser de l’argent pour améliorer concrètement la sécurité publique, l’extrême-droite se dégonfle.

Il faut noter que la quasi-totalié des élus radicaux et libéraux ont aussi refusé cette modeste proposition (qui a été refusée, certains verts s’étant abstenus…). Bref, améliorer la sécurité, pour les partis bourgeois, c’est plus facile à dire qu’à faire.

Nouvelle victoire contre les émetteurs anti-jeunes « mosquitos »!

Le tribunal administratif du canton des Grisons vient de rejeter la plainte d’un hôtelier de Coire qui avait installé un émetteur d’onde anti-jeunes mosquito. Suite à des plaintes, la police est intervenue et l’a démonté. L’exécutif communal, auprès duquel l’hôtelier anti-jeunes contestait l’intervention policière, lui a donné tort. Il a alors saisi le tribunal administratif cantonal, qui l’a débouté aussi.

Le tribunal s’appuie sur le droit cantonal grison (loi sur la police), qui est une base légale suffisante pour interdire ce genre d’appareil. Le droit fédéral ne suffit pas. Vu que le canton de Vaud ne dispose pas d’une telle base légale, ma motion (dont je donnerai bientôt des nouvelles, promis – la commission s’est réunie en février dernier) reste donc nécessaire pour bannir de notre canton cet instrument discriminatoire et dangereux qu’est le mosquito.

Source: 20min.ch

Le jugement (en allemand), se trouve ici.

La lutte s’organise en Belgique, avec cette pétition pour l’interdiction des mosquitos.

Forces de l’ordre: la privatisation n’est plus rampante, mais évidente

Longtemps, même les plus convaincus des ultralibéraux prétendaient que certaines tâches publiques, parmi elles la police ou l’armée, ne sauraient être privatisées. Oh, il y avait bien quelques tentatives de confier quelques mandats à des securitas, mais elles se limitaient en général à des tâches de la police qui ne relèvent pas directement de la sécurité publique, comme faire la circulation ou contrôler du stationnement. Ces tentatives étaient déjà inacceptables. Les vraies bases légales permettant une privatisation de larges pans des tâches des forces de l’ordre sont rares, mais existent, par exemple en Argovie. 

Cette époque est bel est bien révolue et, désormais, les partisans de la privatisation totale de la police avancent à visage découverts. Et donnent le ton.

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