Initiatives phytos : c’est non

Je dois avouer que j’ai eu de la peine à me forger un avis sur l’initiative « pour une eau potable propre et une alimentation saine ». En tant que municipal en charge de l’eau potable qui a dû affronter une contamination au chlorothalonil, je dois dire que son titre m’a d’abord séduit. Et puis j’ai lu le texte en détail. Et discuté avec des vignerons et vigneronnes. J’en conclus qu’il s’agit – à nouveau – d’une initiative au titre séduisant, mais au contenu trompeur, car elle ne tiendra pas ses promesses et créera au final plus de problèmes qu’elle ne veut en résoudre. Le même raisonnement est valable pour l’initiative sur les pesticides de synthèse. Je vais donc voter 2x non aux initiatives agricoles le 13 juin.

Certes, il ne faut en aucun cas négliger le grave problème de la qualité de nos eaux. Mais l’initiative dite « pour une eau potable propre » ne résoudra rien. D’une part, parce qu’en excluant des paiements directs les producteurs qui utilisent des produits phytosanitaires… elle ne les interdit pas ; les exploitations qui peuvent se le permettre continueront à les utiliser. Quant aux utilisations qui ne proviennent pas de l’agriculture ou de la viticulture (et qui menacent aussi la qualité de nos eaux), l’initiative ne les concerne pas. Elle tente donc de faire porter uniquement le chapeau aux agriculteurs-trices et viticulteurs-trices, alors que les vrais responsables de la pollution sont surtout les entreprises qui commercialisent ces produits (et tentent par tous les moyens de continuer à faire des profits, à l’instar de Syngenta qui recourt contre l’interdiction du chlolothalonil). De leur côté, les producteurs-trices font de plus en plus d’efforts et il vaudrait mieux les soutenir que leur enfoncer la tête sous l’eau.

D’autre part, l’initiative ne dit rien sur les produits importés. Comme la production indigène va baisser en cas de oui, il faudra fatalement importer plus de produits agricoles, lesquels ne seront pas soumis aux mêmes conditions que ceux produits en Suisse. En ne réglant pas ce point, les auteurs de l’initiative partent donc de l’idée que les produits phytosanitaires ne posent pas de problème du moment qu’ils sont utilisés loin de chez nous (sans parler des conditions de travail à la limite de l’esclavage ou du travail forcé que connaissent de nombreuses exploitations à l’Etranger). Je trouve cela assez absurde.

Celles et ceux qui veulent vraiment défendre l’environnement et prendre des mesures contre le changement climatique feraient mieux de voter OUI à la nouvelle Loi sur le CO2. Elle n’est pas parfaite et aurait pu aller plus loin, c’est vrai, mais c’est un bon début et, vu la catastrophe climatique qui nous menace, nous ne pouvons plus nous permettre de tergiverser ! Surtout quand les principaux vainqueurs en cas de refus seraient les importateurs d’hydrocarbures et ceux qui nient le réchauffement climatique.

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