Le bilan des quatre sessions 2016 (1)

2016 a été marquée par l’entrée en force d’une nouvelle majorité de droite dure au Conseil national : le PLR et l’UDC y disposent désormais de la majorité absolue. Et ils s’en servent, sans vergogne, pour défendre les intérêts de tant de leurs mécènes – caisse-maladies, grandes entreprises (et leurs actionnaires), assureurs-vie – que de leur clientèle : agriculteurs, partisans d’une armée dépensière, employeurs. Ceux qui souhaitaient un virage à droite n’ont certainement pas été déçus. Ceux qui en revanche on cru que voter pour le PLR et l’UDC allaient améliorer quoi que ce soit aux conditions de vie de la population en auront été pour leurs frais.

Politique de droite = coûts énormes pour les classes moyenne et modeste

Car cette politique de droite à un coût, et ce coût est à la charge de la majorité de la population, des classes moyenne et modeste. Ce coût se résume ainsi : les cadeaux fiscaux vident les caisses et provoquent une succession de mesures d’austérité, dont sont épargnées les dépenses agricoles et militaires, mais qui touchent des domaines aussi centraux que la formation et la recherche ou les subsides aux primes d’assurance-maladie. Il est d’ailleurs intéressant de constater que la droite dure, qui n’est d’habitude pas avare en matière de conseils pour équilibrer les finances publiques, a déjà gaspillé sec : rien que l’armée bénéficiera de 200 millions de francs supplémentaires par an sur 4 ans et le programme d’armement a bénéficié d’une rallonge de près de 900 millions.

Et même quand la droite se rend compte, mais un peu tard, que les coupes budgétaire qu’elle a voulu provoquent des dégâts économiques importants ou vont à l’encontre de ses positions politiques, p. ex. quand il est impossible d’engager de nouveaux gardes-frontière, que l’on ferme des douanes ou que l’on coupe dans les budget de Fedpol consacré à la lutte contre la pédophilie sur Internet, elle finit par maintenir ses coupes, montrant par là que son premier objectif n’est pas de tenir ses promesses en matière de sécurité, mais au contraire d’affaiblir les collectivités publiques.

Politique de droite = moins d’impôts pour les grandes entreprises, moins d’argent pour les  (futurs) retraités

Dans plusieurs dossiers-clef, la majorité de droite a imposé sa marque. Ainsi, la mouture concoctée par le PLR et l’UDC de la réforme des retraites « prévoyance-vieillesse 2020 » peut se résumer ainsi : coupes dans les rentes AVS, augmentation massives (surtout pour les jeunes) des cotisations du 2ème pilier… sans augmentation des rentes. Cotiser plus sans toucher plus, en somme. Quant à la RIE 3, son coût pour la Confédération, les cantons et les communes est passé de 500 millions de francs (un compromis sur lequel le PS serait entré en matière), à plus de 4 milliards de pertes fiscales, sans oublier que le Conseil fédéral est incapable de chiffrer certains aspects de la réforme (notamment des « patent box »), à propos desquels il ne donnera d’ailleurs des précisions… qu’après la votation du 12 février.

Politique de droite = sabotage de la protection des travailleurs

La droite dure se sert également de sa nouvelle majorité pour attaquer frontalement la protection de la santé et de la sécurité au travail. Ces attaques ne sont pour l’heure que des interventions parlementaires, mais la menace est sérieuse. Sous le couvert de « moderniser le droit du travail » et de l’« adapter aux nouvelles réalités », la droite propose de déréguler le temps de travail, de limiter le temps de repos des travailleurs, de les rendre disponibles sur de plus longues périodes (y compris le soir et le dimanche), tout en supprimant toutes les mesures permettant de contrôler que les durées maximales du travail soient respectées (même si c’est dans l’intérêt de la santé publique) (cf. les propositions Burkart et Graber/Keller-Suter). Quant aux entreprises comme Uber qui fondent leur modèle d’affaire sur la sous-enchère et le non-respect de toutes les règles d’intérêt public, la droite leur déroule le tapis rouge et veut supprimer les mesures de protection des travailleurs et des autres usagers de la route, même si Uber a déclaré qu’elle ne comptait de toute façon pas les respecter.

« Les élections, ça ne change jamais rien ». La bonne blague !

Une dernière remarque à l’intention ceux qui croient que les rapports de force politiques sont « stables » en Suisse ou que, « de toute façon, les élections ne changent jamais rien » : sur bon nombre de dossiers importants (réforme des retraites, congé-paternité, lutte contre le travail au noir, transparence du marché locatif pour lutter contre la pénurie de logements, obligation d’annoncer les cas de maltraitance d’enfants, examiner la création d’un fond souverain pour lutter contre la surévaluation du Franc, etc.), la majorité l’a emporté d’exactement le nombre de sièges gagnés par le PLR et l’UDC. Les quelques sièges qui ont basculé de la gauche et du centre vers la droite dure ont eu un impact sur de nombreux votes cruciaux. Il faudra s’en souvenir dans trois ans.

Comme lors des précédentes années (cf. p. ex. mon « bilan des quatre sessions 2015 »), je publierai d’ici quelques jours un compte-rendu des principaux dossiers que j’ai traité au Parlement. D’ici là, je vous souhaite à toutes et tous de très belles fêtes et une année 2017 à la hauteur de vos espérances !

 

3 réflexions sur « Le bilan des quatre sessions 2016 (1) »

  1. Ping : Le bilan des quatre sessions 2016 (chapitre 2) | Jean Christophe Schwaab

  2. Ce texte est un peu comme un discours de Georges Bush :)’

    Il faut oser écrire ce truc en sachant que les socialistes, aidés du PLR, ont tout simplement vidé l’article constitutionnel de son contenu pour en faire une absurde contrainte pour les entrepreneurs et une invitation au chômeurs de toute l’Europe à se faire aider par nos ORP…

    Oui, il faut une dose de mépris massive pour écrie un tel article. Le PS est clairement devenu l’assistant zélé des créateurs de misère. Et en bon assistant zélé, il n’a plus peur de rien.

    • Vous n’êtes pas sérieux? Savez-vous quelle misère et quelle sous-enchère les anciens contigents et le status de saisonniers ont créé? Si vous souhaitez revenir à cette époque où les travailleurs étrangers étaient exploités, n’avaient pas le droit de vivre près de leur proches, où les enfants étaient clandestin et ou les travailleurs victimes de sous-enchère ne pouvaient pas se défendre, car s’ils perdaient leur emploi, ils perdaient leur permis de séjour, c’est votre problème. Mais, heureusement, le peuple suisse, lui, a montré quatre fois qu’il ne voulait plus de ce système aussi économiquement nuisible qu’humainement inique.
      http://www.uss.ch/themes/politique-syndicale/article/details/anciens-contingents-inhumains-et-economiquement-nuisibles/

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