Bilatérales: Blocher ne biche pas

Lors de la campagne en faveur de l’extension de la libre circulation des personnes à la Roumanie et à la Bulgarie, l’UDC prétendait, promis, juré, qu’elle ne souhaitait pas la fin des accords bilatéraux. Il ne fallait en effet pas (trop) se fâcher avec les milieux économiques, grands bailleurs de fonds du parti d’extrême-droite, qui osait alors prétendre que refuser d’étendre l’accord aux deux nouveaux Etats membres ne remettrait pas en cause tout l’édifice de rapprochement avec l’UE.
Or voilà que son chef de file, M. Blocher, vient de demander carrément l’abrogation de l’accord sur la libre circulation des personnes. Ce qui entraînerait, clause «guillotine» oblige, la caducité de tous les accords bilatéraux. Les masques sont donc tombés. Ce n’est pas seulement à la Bulgarie et à la Roumanie qu’en voulait l’UDC, mais c’est à toute forme de rapprochement avec l’UE, fût-il favorable à la croissance et à l’emploi dans notre pays.
Pour étayer sa proposition, le conseiller fédéral déchu ressort son bon vieil argument des «étrangers qui piquent les boulots des Suisse». Avec dans le viseur les «milliers d’Allemands» dont nous aurions quotidiennement à subir le débarquement. Comme le MCG a déjà épuisé le filon des frontaliers, il fallait bien que l’UDC ne se laisse pas dépasser sur sa droite et dégotte dare-dare un autre bouc émissaire.
Mais, une fois de plus, les arguments de M. Blocher sont faux et mettent à jour les contradictions de son parti. D’une part, parce que les travailleurs issus des Etats membres de l’UE sont beaucoup plus victimes du chômage que les Suisses (taux de chômage des étrangers en octobre 2009: 7,6%; taux des Suisses: 2,9%!). Ils ne leur prennent donc pas leurs emplois, puisqu’ils les perdent en premier. Et, d’autre part, parce que les travailleurs étrangers occupent soit des emplois dont les Suisses ne veulent pas (notamment des emplois peu qualifiés), soit travaillent dans des secteurs où sévit une pénurie de main d’œuvre. Pénurie provoquée notamment par les positions de l’UDC, qui, tout en s’appliquant à vider les caisses de l’Etat à coups de baisses fiscales inutiles, refuse systématiquement tout nouvel investissement dans la formation et la recherche, toute amélioration de la formation continue, toute mesure efficace destinée à encourager les entreprises à engager des apprentis, etc. Une preuve parmi d’autres: l’acharnement des élus de ce parti à combattre les mesures de formation contenues dans la «3ème phase de mesures de stabilisation» du Conseil fédéral. (Ce qui prouve soit dit en passant que lutter contre le chômage, l’UDC s’en contrefiche.)
Et dire que c’est sur la base de cette argumentation bancale que M. Blocher se propose jeter aux orties l’entier des accords bilatéraux, dont tout le monde s’accorde pourtant à dire qu’ils sont responsables d’une bonne partie de la croissance économique des années qui ont précédé la crise financière.
Cela dit, il ne faut pas nier que la libre circulation des personnes ne va pas sans entraîner des problèmes sur le marché du travail: les risques de sous-enchères sont réels et il faut constamment veiller à une application stricte et à un renforcement des mesures d’accompagnement. Ah oui, au fait, devinez qui est opposée à ces mesures de luttes contre la sous-enchère? Vous avez tout juste, c’est l’UDC.

1 réflexion sur « Bilatérales: Blocher ne biche pas »

  1. Bonjour,

    J’ai lu quelques lignes de l’interview de Micheline Calmy Rey sur TSR.ch / Infrarouge, je vois:

    – « Engagez des résidents suisses en priorité »
    – L’entrée dans l’UE? Ni pour ni contre

    Les socialistes (Très majoritairement) mettent la Suisse à genoux depuis que je m’intéresse à la politique (Peut être depuis plus longtemps, mais comme on dit: les absents ont toujours tort) et, dans ce cas:

    Ils militent (Vous?) pour entrer dans l’europe, soit. MAIS qu’ILS NE DISENT PAS que ca n’a pas ou peu de conséquences sur l’emploi. Quand Mme Calmy Rey demande à engager des résidents suisses en priorité, c’est la preuve que le couteau s’est retourné contre eux: pourquoi engager un Suisse? Un français accepte le minimum syndical. De plus, je discutais avec un responsable RH horloger, ILE NE VONT PAS A L ARMEE dixit ce monsieur. Mais ca ce n’est pas pris en compte. Bien sur, je suis certain de bientôt entendre le PS crier au scandale que les patrons qui engagent les frontaliers sont UDC/libéraux/de droite. Malheureusement, ce sont souvent les seuls qui créent ces emplois. (Sans parler du fait que l’armée devrait être abolie)!!

    Autre sujet, mais si proche puisqu’on parle de l’UE:

    Les couvertures sociales que vous défendez tant, et qui sont uniques au monde (presque) ne sont possibles que pour et PAR l’eco-systeme économique qu’est (était?) la Suisse. Il ne sera JAMAIS possible d’avoir notre système de santé et de couverture sociale en s’alignant sur les pays voisins.

    Le PS ne cesse de niveler par le bas et je commence doucement à m’y faire. Un jour, je ne serai plus triste de voir que la Suisse et tout ce qu’elle représente, n’est plus.

    Au fond, puisque l’Europe est si bien, pourquoi le PS ne déménage pas?

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