Le peuple suisse vient d’accepter la 4ème révision de la loi sur l’assurance-chômage (LACI), malgré l’opposition de tous les cantons latins. Il faut en prendre acte. Le Conseil fédéral fera entrer en vigueur ces modifications au 1er janvier 2011. Or, ces mesures, qui frappent en premier lieu les catégories les plus vulnérables de chômeurs et chômeuses (personnes âgées de plus de 55 ans, malades, mères qui reviennent sur le marché du travail), ainsi que les chômeurs domiciliés dans les régions très touchées par la crise (dont de nombreux vaudois), pourraient avoir pour effet de pousser de nombreuses personnes vers l’aide sociale et donc d’en augmenter les coûts. Ainsi, le Conseil d’Etat, dans sa réponse à l’interpellation 10_INT_322, s’attend à une augmentation des dépenses sociales allant jusqu’à 15 millions de francs par an pour notre canton.
Dans l’intérêt de tous, il s’agit d’éviter que de trop nombreuses personnes soient contraintes de faire recours à l’aide sociale une fois leurs droits épuisés, surtout s’ils s’épuisent plus rapidement à cause des nouvelles dispositions de la LACI. Pour cela, il s’agit de renforcer les mesures d’intégration sur le marché du travail, en particulier les mesures de formation. Une augmentation des arrivées en fin de droits étant malheureusement à craindre, il convient de prévoir dès à présent d’intensifier les mesures de soutien aux personnes sans emploi, en particuliers ceux qui épuisent leurs droits aux indemnités de chômage. Il convient aussi d’intensifier le soutien aux catégories de chômeurs les plus touchées par la révision de la LACI.
J’ai donc interpellé le Conseil d’Etat aujourd’hui et lui ai posé les questions suivantes:
1. Comment le Conseil d’Etat évalue-t-il la situation de catégories de chômeurs qui vont subir des diminutions de prestations suite à l’entrée en vigueur de la 4ème révision de la LACI?
2. Le Conseil d’Etat entend-il mener, sur les deux prochaines années qui suivent l’entrée en vigueur des modifications de la LACI, une étude de suivi de la situation des personnes qui risquent d’épuiser leurs droits aux indemnités, afin de clarifier l’impact sur l’aide sociale des diminutions des prestations de l’assurance-chômage?
3. Quelles mesures entend-il prendre rapidement pour soutenir les chômeurs et chômeuses épuisant leurs droits aux indemnités?
4. Quels moyens supplémentaires entend-il mettre à la disposition de la réinsertion professionnelle des catégories concernées par les diminutions de prestations de la 4ème révision de la LACI?
5. Quelles mesures de réinsertion professionnelle entend-il renforcer? Entend-il en introduire de nouvelles? Si oui, lesquelles? Si non, pourquoi?
6. Comment compte-t-il faire la promotion des mesures existantes efficaces, mais peu utilisées, par exemple les allocations de formation (art. 66a LACI)?
7. Comment compte-t-il encourager la reconversion professionnelle dans les métiers et les branches à pénurie de main d’œuvre qualifiée?
Bravo pour votre interpellation très pertinente. Mais vous auriez pu aussi déplorer que cette (nouvelle) régression des acquis sociaux a été imposée par la majorité alémanique, alors que le canton de Vaud et toute la Suisse latine a très nettement refusé la modification de la loi avec près de 60 % de non en Romandie ! Le fossé culturel entre Alémaniques et Latins se manifeste une nouvelle fois au grand jour comme c’est souvent le cas lors de votations à caractère social, malgré les dénégations de certains journalistes et politiques (la réaction du président du PDC Christophe Darbellay fut particulièrement ahurissante en accusant Christian Levrat de « vouloir la belgicisation de la Suisse » !). Il est vrai que Darbellay est considéré par les médias zurichois comme le « meilleur parlementaire romand », le critère d’évaluation des compétences le plus important étant naturellement… la maîtrise du schwyzerdütsch !!!
Les Alémaniques, qui s’efforcent de masquer leur égoïsme et leur absence de solidarité pour leurs compatriotes moins bien lotis, invoquent « la responsabilité individuelle » pour justifier l’acceptation des réductions des prestations à l’assurance-chômage, comme si les chômeurs étaient « responsables » de leur situation peu enviable !
Tout à fait d’accord avec vous. Ce matin, dans mon développement oral (que l’on peut voir ici http://www.sonomix.ch/gcvd/130 en vidéo), j’ai dénoncé la régression sociale de la révision de la LACI et rappelé le fait que les vaudois l’ont refusé.
Pouvez-vous m’expliquer en quoi les Alémaniques sont mieux lotis que les Romands? Pourquoi les Alémaniques sont égoïstes lorsqu’ils votent? N’est-ce pas le même égoïsme que de critiquer ce vote ainsi?
Veuillez svp faire part de la réaction ahurissante, celle d’un enfant à qui l’on a volé sa sucette, de M. Levrat après cette claque politique! Je me souviens suivant l’éviction de M. Blocher du Conseil Fédéral, qu’il jubilait avec son ami Montandon. Tout cela manque de pragmatisme, accepter les défaites comme rester humble dans la victoire devrait être obligatoire!
« Pouvez-vous m’expliquer en quoi les Alémaniques sont mieux lotis que les Romands? »
Habite en Suisse-Allemande et tu comprendras pourquoi! Leur réseau est bien plus étendu. Si pour un suisse-allemand, travailler à Genève ou à Lausanne est possible « malgré un français approximatif » (on apprend en faisant..), l’inverse n’est pas possible. (j’habite Berne depuis 3 ans et je pense savoir de quoi je parle). Les exigences sont simplement plus élevées pour un Romand. Qui malgré tout… reste un Romand. Et les préjugés sont tenaces! Qu’on le veuille ou non..
Je suis romand, je travaille à Zurich, je ne suis pas bilingue, j’ai appris l’allemand à l’école publique. Qu’est-ce que je peux ajouter?