Quelques commentaires à chaud sur le nouveau programme du PS

Les médias se sont déjà déchaînés contre le projet de nouveau programme du parti socialiste suisse. «Belles théories!» sont-ils ainsi nombreux à scander. Sur l’autre bord, l’extrême-gauche prédit déjà au PS «une rupture avec sa base». Ces attaques venant des deux bords démontrent que le projet est probablement beaucoup plus équilibré et sensé que ne veulent le laisser entendre nos contradicteurs. Dont certains, il faut le rappeler, font de la critique de tout ce que pourront faire ou dire les socialistes une de leur, si ce n’est leur unique raison d’exister.
Quoi qu’il en soit, le projet de nouveau programme mérite largement que l’on s’y penche sérieusement. Ne serait-ce qu’à cause de la place du PS, principale force de progrès social en politique Suisse depuis plus d’un siècle ou à cause du mode d’élaboration du programme: N’en déplaise à certains de nos contradicteurs, au PS, c’est en effet toujours la base qui a le dernier mot. Le projet de programme sera soumis pour consultation à l’ensemble du parti, et c’est un congrès qui décidera démocratiquement de son sort.

Voici donc un premier commentaire à chaud et non-exhaustif de ces propositions (à lire ici en pdf).

Démocratie économique
Fort attendue par tous nos contradicteurs était la question du dépassement du capitalisme. Les uns se seraient réjouis de son abandon, prétendant que cette position «fleure bon la Guerre Froide» (et oubliant que la controverse est beaucoup plus ancienne), d’autres n’auraient pas manqué de fustiger un PS devenu «social-traître» pour mieux se poser en «seuls et uniques champions de la vraie gauche authentique AOC». Les deux bords ont de quoi être déçus. Car les nouvelles propositions du PS font mieux que prôner le «dépassement» du capitalisme. Elles analysent son échec actuellement flagrant et tracent les pistes du dépassement: la démocratisation de l’économie. Concept pour lequel les exemples pratiques ne manquent pas (comités d’entreprises, droits de codécision, coopératives), mais que l’ensemble de la gauche a quel que peu négligé ces dernières années. Ce retour en force de la démocratie économique est à saluer et promet des débats intéressants faces aux tenants d’un capitalisme qui crée en permanence les conditions de son propre fiasco.

Politique sociale offensive
Autre point très intéressant dans le nouveau programme du PS: la politique sociale préventive. Même si la priorité actuelle est plutôt à la défense du filet social (qu’on se souvienne du référendum gagné contre la baisse des rentes du 2ème pilier, du référendum en cours contre la révision de l’assurance-chômage ou des référendums à venir contre la baisse de l’indexation des rentes AVS ou la privatisation partielle de l’assurance-accident), le PS compte mettre l’accent sur une politique sociale qui, tout en assurant un filet social de qualité (p. ex. grâce à une assurance perte de gains universelle ou un renforcement du premier pilier), permet une réintégration réelle sur le marché du travail, notamment grâce à un soutien accru à la formation.

Défense des salaires décents
Le projet de nouveau programme n’oublie pas les conditions de travail et le pouvoir d’achat. Lutte contre la sous-enchère, lutte contre la précarisation, développement des normes internationales du travail, politique en faveur du plein-emploi, égalité des sexes, sans oublier la question de la démocratisation de l’économie au profit des salariés.

Quelques défauts dont il faudra débattre
Le projet de programme n’est pas exempt de défauts, p. ex. l’absence d’un chapitre sur la sécurité publique au sens étroit du terme (lutte contre la violence et la criminalité) ou sur la politique de la jeunesse. Pourtant, ce n’est pas que le PS soit en manque de propositions sur ces sujets. En outre, on peut regretter une position de principe par trop favorable à la globalisation, ou qui du moins insiste plus sur ses aspects prétendument positifs que sur ses défauts (qui sont tout de même largement évoqués). Sur ces points, ainsi que sur d’autres, les débats démocratiques internes seront nécessaires et à n’en pas douter fort intéressants.

16 réflexions sur « Quelques commentaires à chaud sur le nouveau programme du PS »

  1. Bonjour Christophe,

    J’ai 19 ans et fais partie du Parti des Jeunes Libéraux-Radicaux. Tout d’abord je tiens à féliciter ton engagement pour au sein du Parti Socialiste. Il est nécessaire que des jeunes s’impliquent dans la société.

    Je ne suis toutefois pas d’accord avec certains points. Je trouve que les Socialistes manquent en général de réalisme. Par exemple lors des votations de mars dernier. Lorsque tu as parlé des assurance 2ème pilier. Je ne me rappelle plus vraiment de la chose car je ne suis pas un expert. (Je ne possède pas beaucoup d’expérience.) Il s’agissait d’une information erronée.

    Le deuxième point auquel je n’adhère pas est que le parti socialiste fait un programme clair et complet. Mais trop théorique. Impossible de concrétiser un projet d’une telle ampleur, à mon sens!!! On ne peut pas être à la foire et aux moulins…

    J’espère une chose: que tu ais des idées à gauche ou à droite m’est complètement égal. Mais ne tombe pas dans l’idéalisme comme c’est trop souvent le cas.

    En te souhaitant succès pour la suite avec les jeunes socialistes (et aussi les moins jeunes^^).

    Cordialement

    Benoit

  2. Cher Benoit

    Merci beaucoup pour ton commentaire!

    Je ne suis pas vraiment d’accord avec toi au sujet de la votation de mars dernier sur les rentes du 2ème pilier. Le peuple nous a donné raison, et plutôt deux fois qu’une. Savoir si notre position manque de réalisme est une question de point de vue, mais en l’espèce, le peuple à tranché de manière assez nette.

    Sur la question du programme du PSS, je ne te suis pas non plus: Certes, le projet est peut-être théorique sur bien des points, mais un programme de parti valable une génération doit l’être. Il s’agit d’une vision à long terme, une feuille de route générale. En revanche, tu as raison sur ce point, cela ne remplace pas les propositions concrète qu’il faut régulièrement faire, notamment dans le cadre des programmes électoraux (ce que le PS fait aussi, d’ailleurs). Sans propositions concrètes, aucun parti n’aurait de succès (heureusement, d’ailleurs).

    Je te souhaite tout de bon pour ton engagement en politique. C’est toujours une bonne chose de voir que des jeunes s’engagent pour la cause publique, quelle que soit leur couleur et leur avis!

    Cordialement

    Jean Christophe

  3. Cher J.-C.

    Après avoir lu notre cher quotidien préféré des Romands du dimanche, je suis extrêmement consterné de voir que les socialiste souhaitent faire fondre la Suisse dans la masse européenne dans un premier temps, en faisant disparaître des cantons (Selon l’analyse, cela ferait tomber le système bicaméral, et enlèverait un frein à l’adhésion à l’union européenne, ce qui j’imagine est fortement possible)

    Je veux juste insister sur un point: l’union européenne est un projet purement politique. Très joli de loin, un peu comme le nouveau programme du PS. Soit dit en passant, cela aurait pu fonctionner si seule la politique était concernée.

    Maintenant, cela vaudrait la peine que vous alliez discuter avec un économiste à propos du système économique et en particulier de l’Euro. Bien sûr vous allez crier sur les toits que l’impérialisme économique, le capitalisme empêche un développement harmonieux de cette monnaie… Simplement jetez un oeil sur la situation de la Grèce et de l’europe du nord vis-à-vis de la Grèce. Pourquoi vous ne vous préoccupez pas des conséquences économiques de vos propositions? Dans ce cas, qui va payer la note pour les pays suivant: la Grèce, le Portugal, peut-être l’Espagne?

    Ces pays qui ont un taux de productivité bien au dessous des pays du nord, qui ont un grande partie de leur économie qui est grise… foncée donc non taxée, donc des Etats qui ne percoivent que peu de revenus. La France subit un déficit de plus de 8%. De l’autre côté, l’Allemagne, Les Pays-bas, les pays nordiques qui ne peuvent pas se permettre d’augmenter leurs dépenses sans compter. Comment va faire l’Euro pour survivre à des dfficultés pareilles et pourquoi la Suisse devrait entrer dans un système mal pensé, auquel elle n’aura rien à dire?

    Je suis d’avis que les Euro-optimistes devraient tout simplement déménager dans l’Union européenne en gardant leur passeport suisse (Et j suis gentil) pour revenir le jour ou ils auront compris (Parce qu’ils le comprendront vite!) que la situation suisse est bien plus stable/pratique/réfléchie que celle de l’union.

    Abolition de l’armée, adhésion à l’UE, démocratie économique= la France, je vous invite à y déménager.

    Salutations,

    Richard

  4. Je vous souhaite, comme Benoît, plein succès pour la suite, et me réjouis déjà de la déculottée que vous allez ramasser en 2011…

  5. Cher Richard, prétendre que UE=France est un raisonnement simpliste et erroné. Vous vous en doutez d’ailleurs bien. En outre, vous n’êtes pas sans savoir qu’adhérer à l’Union Européenne ne signifie pas forcément adhérer à la monnaie unique. Ce qui peut comporter certains avantages comme certains risques, on le voit avec la Grande-Bretagne et la Livre qui s’effondre…

  6. Le cours actuel £ / EUR n’a rien à voir avec la participation de la Grande-Bretagne au système monétaire européen, sauf si vous estimez que si la monnaie de la Grande-Bretagne était l’Euro, le problème de taux de change ci-dessus serait résorbé, ce qui est une évidence…

  7. Effectivement. Je souhaite souligner que l’Euro est passé de 1.65 à 1.43 contre le franc suisse, et de 1.50 à 1.35 actuellement contre le dollar suite à la tragicomique débandade grecque (entre autres) La Suisse ne partage pas, ni l’idéologie politique des pays voisins (Quoique peut-être l’Autriche?) ni économique.

    Changez de camp M. Schwaab! Joignez un autre parti, créez le vôtre, mais devenez plus pragmatique!

  8. Je pense que l’on a le droit d’être partagé sur un sujet dans un même parti.

    Vous, socialistes, êtes-vous tous pro-européen?

    Il y a seul l’UDC qui est farouchement opposé à l’adhésion de la Suisse à l’UE.

    Je pense qu’à terme, quoiqu’il advienne, la Suisse devra bien un jour adhérer à l’Europe.

    Toutefois, je ne pense pas que cela soit avant 3 ans.

    Je constate aussi autre chose: le PBD, le Mouvement citoyen, Ecologie libérale et encore Lausanne Libre, Parti des pirates suisses et encore un autre de gauche de Monsieur Zysiadis.

    Tous ces partis qui naissent, c’est une manie? Comment pourront-ils faire leur place au Conseil National s’ils n’ont pas 5% d’élus?

    A bon entendeur…

  9. Cher Benoit, je pense que les socialistes sont en majorité pro-européens, certainement à des degrés divers, des euro-turbo qui souhaitent l’adhésion tout de suite à n’importe quel prix aux plus réticents qui souhaitent des mesures d’accompagnement sociales.
    Néanmoins, je partage votre avis, à terme, la Suisse risque de n’avoir pas d’autre choix que celui de l’adhésion. L’Islande, eurosceptique farouche, a été contrainte de déposer une demande d’ahésion en quelques semaines parce qu’elle devait faire face à une crise bancaire très grave. Certes, la Suisse n’en est fort heureusement pas encore là, mais son isolement commence à être de plus en plus pénible (secret bancaire, affaire Kaddhafi, etc.).

  10. « son isolement commence à être de plus en plus pénible  » En êtes-vous sûr? Je pense plutôt pour le contraire, losrqu’on voit se qui se passe en Europe (taux de chômage, poids de l’Etat, surendettement (Grèce), etc.). Un grand nombre d’Européens, s’il le pouvait, reviendrait en arrière…

  11. Philippe, pensez à l’affaire Lybienne ou au secret bancaire. Si nous étions membre de l’UE, les choses ne se seraient certainement pas passées de la même façon. Votre condamnation de la situation dans l’UE est trop forfaitaire pour être sérieuse: Certes, l’économie de certains Etats membres va (nettement) moins bien que l’économie Suisse, mais il y en a d’autres qui ont un taux de chômage comparable au nôtre. La question de l’endettement, du poid de l’Etat (qui n’est d’ailleurs pas une tare) n’a rien à voir avec l’adhésion et vous le savez bien.

  12. Au contraire, je pense quela Suisse a plus à gagner à rester à l’extérieur de l’UE. je travaille dans une multinationale, et j’en vois la preuve tous les jours…

  13. Merci Philippe, je confirme.

    Le cas Kadhafi a été très mediatisé mais n’est RIEN comparé à la situation de la zone Euro (J’aimerais souligner le RIEN). Par ailleurs, le fils Kadhafi a tabassé sa femme à Londres depuis son coup médiatique à Genève et c’est passé comme une lettre à la poste… Pas de réaction de l’Angleterre ou de l’UE. Les pressions de l’UE pour libérer Max Goldi n’ont quand à elles aucun poids, le dictateur lybien ayant en tête qu’une cible, la Suisse, dans ou hors l’UE…

    Le secret bancaire est un autre problème, mais je suis surpris qu’en temps que socialiste vous utilisiez cela comme argument pour entrer dans l’UE, puisque vous êtes logiquement contre, et que l’UE se serait chargée de démonter ce système de toute manière dès que la Suisse aurait mis un pied dans le club.

    Je suis profondément navré de lire ce genre de choses

    Sincèrement

    Richard

  14. Richard, la Bulgarie sitôt entrée dans l’UE, elle a reçu son appui pour faire libérer ses ressortissantes otages (les infirmières). Si la Suisse avait été membre de l’UE elle n’aurait probablement pas été lâchée par la diplomatie de nos voisins.
    Quant au secret bancaire, je ne suis pas si sûr de ce que vous avancez. Les paradis fiscaux membres de l’UE (en particulier les îles anglo-normandes) n’ont pas été inquiétés lors des récents débats sur le sujet. Et même si je suis personnellement opposé au secret bancaire, je ne fais que constater qu’isolée, la Suisse est moins forte.

  15. Mmmmh, cher Jean-Christophe, nos points de vue s’opposent mais l’urgence vis-à-vis des infirmières était légèrement différente puisqu’elles étaient condamnées à mort…!

    Et le secret bancaire, c’est certain puisque il a été abandonné par le Luxembourg lors de la création de la fameuse liste grise…

    Vraiment, ca me fait mal de voir qu’il y a autant de personnes qui souhaitent adhérer à l’Europe qui finalement n’a PAS les mêmes idéaux que la Suisse. Ce qui me hérisse le poil c’est de voir que les socialistes vontnous remettre le vote sous le nez autant de fois qu’ils le peuvent sans prendre en compte la volonté du peuple et surtout sans comprendre qu’ils agissent contre l’intérêt des Suisses…

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