En perte de vitesse et dans les sondages, et dans les urnes, et en membres, et en élus dans les exécutifs, et en crédibilité (pour peu qu’elle n’en ait jamais eu), l’UDC tente de faire oublier ses déboires en lançant une proposition pour se rallier les retraitées et les retraités. Et le parti de M. Blocher ne fait pas dans la dentelle, vu qu’il s’agit carrément de défiscaliser les rentes AVS. Un moyen de «les remercier pour une vie d’efforts et pour ce qu’ils font en faveur de leurs (petits) enfants». On en pleurerait tellement c’est beau. Mais qu’on ne se leurre pas. L’UDC joue ainsi un sale tour à la solidarité entre les générations, sans parvenir à faire oublier qu’elle ne soutient jamais de proposition en faveur des retraités modestes.
Ainsi, ces dernières années, l’UDC a systématiquement refusé tout ce qui pouvait améliorer concrètement la situation des retraités. Elle a par exemple soutenu la 11ème révision de l’AVS, qui prévoyait de n’indexer les rentes que tous les trois ans au lieu de tous les deux ans. En ces temps d’inflation, cette proposition aurait signifié une nette péjoration du pouvoir d’achat des aînés, notamment de ceux qui n’ont que l’AVS pour vivre (un rentier sur deux). Ensuite, lorsque PS et USS ont proposé l’introduction d’une 13ème rente AVS, le parti d’extrême-droite a dit niet, alors qu’il s’agirait là encore d’une mesure très favorable aux bas revenus. Quant aux baisses d’impôt, pas questions non plus pour l’UDC d’accepter l’exemption du minimum vital. Ce qui montre bien là où veut en venir le parti blochérien : ce sont les impôts des retraités aisés qu’il veut baisser. Car, lorsqu’on a un revenu très bas, on ne paie que peu ou pas d’impôt. Par exemple, pour une retraitée touchant la rente AVS miniale (13260.—Fr. par an), les 9600 premiers francs sont exemptés d’impôt fédéral direct et chaque tranche suivante de 100.—Fr. n’est imposée que de… 77 centimes, ce qui fait 27.7.—Fr d’IFD. Exempter la rente AVS ne rapporte donc que des cacahuètes. Sauf pour les retraités aisés, qui disposent d’un 2ème, voire d’un 3ème pilier…
En revanche, une telle exemption d’impôt, qui coûterait au bas mot dans les 4,7 milliards aux caisses publiques chaque année, ne manquerait pas d’entraîner des coupes budgétaires, que devrait subir l’entier de la population, retraités inclus. A titre d’exemple, les dépenses des pouvoirs publics en prestations complémentaires à l’AVS se montaient à 1,8 milliards en 2007 (source). Soit plus de deux fois moins que le «cadeau» que prétend faire l’UDC aux retraités.
Sur le même sujet, un interview du prof. Tanquerel parue dans le « Matin » du 28 août. Et un article de Pierre Imhof sur domainepublic.ch.