Libéralisation de la poste: Pas de trêve pour les ultralibéraux.

Les récents déboires de la libéralisation du marché postal en Europe devraient inciter à la prudence. En Suède, seuls les gros clients ont vu leurs tarifs baisser, alors que les petits clients (particuliers et PME) ont subi des hausses tarifaires. Et, en Allemagne, la sous-enchère salariale massive que créent les concurrents de la Deutsche Post a forcé le gouvernement à instaurer un salaire minimum de branche en quatrième vitesse, salaire qui reste cependant nettement inférieur à celui des employés du service public. Dans notre pays, les derniers votes populaires contre la libéralisation du marché de l’électricité, contre la privatisation de services publics cantonaux et communaux, ainsi que la très courte défaite de l’initiative syndicale «service postal pour tous» auraient dû suffire à démontrer que la population ne se laisse pas berner et ne croit pas un seul instant que libéralisation rime avec amélioration des prestations. Une étude mandatée par le DETEC parue peu de temps avant Noël confirme que la libéralisation totale du marché postal mettrait en danger le service universel, entraînerait la fermeture de bureaux de poste et une dégradation des conditions de travail et de salaire pour les postiers-ères.


Pourtant, avides de nouveaux marchés et de nouveaux profits, les partis bourgeois et les milieux économiques font campagne pour une libéralisation totale du marché postal. Et reçoivent malheureusement le soutien du gouvernement. Actuellement, le monopole de la poste couvre les lettres jusqu’à 100g. Selon le projet mis en consultation par le Conseil fédéral, ce monopole doit abaissé à 50g aux alentours de 2011, avant d’être certainement totalement supprimé.
Les socialistes doivent s’opposer à cette nouvelle avancée de la libéralisation. Moritz Leuenberger semble malheureusement n’y livrer qu’une résistance marginale, malgré les prises de positions on ne peut plus claires de son parti, pour lesquelles la JSS s’est d’ailleurs battue sans compter depuis de nombreuses années. En effet, une libéralisation supplémentaire serait à coup sûr synonyme d’une dégradation des prestations pour les particuliers, surtout dans les régions périphériques, alors que seules quelques grandes entreprises sises dans les agglomérations pourraient profiter de tarifs plus bas. L’emploi et les conditions de travail du personnel pâtiraient certainement d’une concurrence accrue: de nombreuses suppressions de postes sont en effet d’ors et déjà prévisibles, ainsi qu’une flexibilisation et une précarisation supplémentaires des contrats de travail. Les bénéfices que fait actuellement la poste passeraient en mains privées, mais c’est la collectivité qui devrait prendre en charge les dépenses sociales qu’entraîneraient inévitablement ce démantèlement. Une fois encore, l’adage «les bénéfices pour les privés, les coûts pour la collectivité» se vérifierait.
S’opposer à ces plans de destruction du service public sera plus difficile au Parlement: le PS a perdu des sièges, dont certains sont allés au camp bourgeois et d’autres à des membres des verts qui, sans être verts libéraux, sont favorables aux libéralisations. L’occasion est donc bonne à prendre pour les socialistes pour démontrer aux personnes qu’il défend qu’il a besoin de renforcer sa présence dans les parlements pour être efficace et qu’il peut retrouver sa combativité pour défendre le service public.

Texte paru dans «infrarouge», mensuel de la jeunesse socialiste suisse.

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