…ou de faire part de ses critiques à l’interne!
Disons-le tout net, j’aime beaucoup les positions, les actions et le style de Micheline Calmy-Rey. Notamment les rencontres avec la population qu’elle organise en tant que présidente de la Confédération. Mais je ne peux en aucun cas approuver les critiques qu’elle fait au PSS (voir le résumé sur le site de la radio romande).
Pour une fois que notre conseillère fédérale s’exprime sur un sujet qui ne relève pas de son dicastère, elle adresse à son parti –dans une situation délicate, il faut bien le reconnaître, même si les médias montent l’affaire en épingle– des critiques injustifiées. Alors que selon moi, les membres de gouvernement devraient servir de locomotives à leurs partis, comme le fait d’ailleurs à merveille l’UDC de M. Blocher. Ce qui n’est d’ailleurs pas impossible chez les socialistes: dans le canton de Vaud, Pierre-Yves Maillard est à la fois un parfait membre de collège et un porte-drapeau efficace des idées et campagnes du parti, la caisse unique étant un excellent exemple.
Des critiques, oui, mais à l’interne!
Revenons-en à notre Micheline. Sur la forme: Si critiques il y a, elles doivent être faites d’abord à l’interne. Le parti est tout ce qu’il y a de plus démocratique et toute critique fondée peut y être discutée, débattue et avoir éventuellement des conséquences. Cela étant, jeter l’opprobre sur son propre parti sur la place publique à quelques mois des élections fédérales, c’est irresponsable. Si elle souhaite vraiment secouer le cocotier socialiste, et Dieu sait s’il en a besoin, Micheline a assez de poids pour faire passer ses remarques à l’interne.
Non le PS n’est pas en manque de propositions!
Sur le fond: Micheline a tort, le PS n’est pas en manque d’idées. Certainement pas sur les sujets (par exemple pour la violence des jeunes) qu’évoque notre ministre. Et si tel devait être vraiment le cas, elle pourrait, à l’interne là encore, inverser la tendance, elle qui a accès à tous les organes du parti. De manière générale, si elle estime nécessaire de faire des propositions pour son parti, rien ne l’empêche de le faire. Mais pas besoin pour cela de le procéder de la sorte. A plus forte raison à quelques mois d’élections cruciales.
Cette histoire repose finalement, l’éternelle question de la participation du PS dans un gouvernement. Elle n’est à mon avis une bonne chose que si les résultats suivent et que les élus socialistes savent s’opposer à la majorité bourgeoise quand il le faut, si nécessaire en public. Sinon, nos succès sont invisibles et ce sont d’autres qui récoltent les fruits de l’opposition que mènent les socialistes dans les parlements, les urnes et les rues.
Sur le même sujet, le dessin de pal degome…
Salut Jean Christophe !
A propos d’opposition au parlement, tu ne crois pas que le PS aurait dû soutenir ou lancer un référendum contre la Loi fédérale sur l’approvisionnement en électricité ? C’est très clairement une attaque contre le service public, et le non-respect de la volonté populaire de 2002.
Ohoh, c’est une question piège!
Désolé de n’y avoir pas pu répondre tout de suite. Ta question mérite une réponse un peu circonstanciée, et j’étais trop à la bourre ces derniers temps.
Avec la nouvelle loi sur l’approvisionnement en électricité et l’opportunité de lancer le référendum ou pas se pose l’éternelle question des principes, du compromis et de qui l’emporte dans quel cas.
Je reste opposé aux libéralisations, mais ne soutiendrai pas le référendum pour les raisons suivantes:
Stratégiquement, c’est une victoire magistrale pour les syndicats de l’USS et le PS: Lors du débat sur la loi sur le marché de l’électricité en 2002, nous n’avions pas planté le moindre clou. Après la victoire devant le peuple (après une campagne à 500000 francs contre à peu près 25 millions!), syndicats et PS ont posé leurs conditions. Elles ont toutes acceptées par la majorité bourgeoise, et toutes les tentatives pour péjorer le compromis ont été repoussées. Sinon, un nouveau référendum aurait été parfaitement justifié. C’est extrêmement rare que la gauche et les syndicats obtiennent tout ce qu’ils demandent. Un autre exemple est le deuxième train de mesures d’accompagnement à la libre circulation des personnes. Mais, je te l’accorde, ça ne marche pas encore parfaitement…
Ensuite, nous sommes déjà face à une libéralisation de fait, surtout pour les gros clients, qui négocient déjà de gros rabais sur leur facture d’énergie, dans l’opacité la plus totale. La commission de la concurrence et le tribunal fédéral ont ouvert le marché, par le biais de la loi sur les cartels (sur ce sujet: http://www.domainepublic.ch/scripts/articles.php?action=detail&id=8296&page=1&mois_im=&annees=2004&search=jcs ). Le conseil fédéral aurait pu faire valoir un intérêt public prépondérant, mais refusé de faire usage de son droit (Art. 8 LCart). La preuve qu’une majorité est difficile à trouver en notre faveur… Sans loi, nous nous trouverions face à un marché ouvert, sans régulation aucune ni société publique pour gérer le réseau. Le référendum ne ferait que confirmer cet état de fait et soutiendrait donc de facto la libération sauvage en cours. En outre, et c’est une victoire importante de la gauche du Parlement, la seconde étape de l’ouverture du marché (qui serait cette fois une ouverture totale; car n’oublions pas qu’il ne s’agit pas d’une ouverture totale du marché) sera soumise au référendum. Et là, j’espère qu’il y en aura un.
Enfin, la nouvelle loi permet d’encourager (enfin) les énergies renouvelables. En cas de succès d’un référendum ou d’une libéralisation sauvage, il n’en serait rien. Et je doute fort que nous aurions réussi à en obtenir autant s’il n’y avait pas eu ce compromis donnant-donnant.
En résumé, c’est pour moi un bon compromis, où nous avons gagné sur toute la ligne. Et quand un compromis est bon, il serait irresponsable de ne pas saisir l’occasion! Cette position est celle de l’USS et, surtout de l’assemblée des délégué-e-s du SSP-VPOD, qui organise les salariées et salariés concernés, par plus de 4 contre un.
La position de l’USS se trouve ici: http://www.uss.ch/fr/f-download/18_RZ_Approvisionnement_electricite.pdf